Tuer les Juifs était admis comme une nécessité historique, le soldat devait le "comprendre"; et si pour un motif quelconque on lui ordonnait d'aider les SS et la Police dans leur travail, il était supposé obéir. Mais s'il tuait un juif spontanément, de sa volonté personnelle, sans ordre et du seul fait qu'il "avait envie" de tuer, alors il commettait un acte anormal, digne peut-être d'une "Européen oriental" - d'un Roumain par exemple - mais qui compromettait la discipline et le prestige de l'armée allemande. Là se situait la différence cruciale entre l'homme qui se "surmontait" lui-même pour tuer et celui qui se rendait coupable d'atrocités gratuites. Le premier était jugé bon soldat et nazi convaincu , le second ne savait pas se maîtriser et, de retour au pays après la guerre, représenterait un péril pour la communauté allemande.
Il y a eu,depuis le iv siecle de notre ere,trois politiques antijuives successives;celle de la conversion,celle de l'expulsion et celle de l'annihilation.La 2e parut en remplacement de la 1er,et la 3e surgit en remplacement de la 2e.Le processus de destruction nazie ne se developpa nullement par generation spontanee;,il fut le sommet d'une nouvelle evolution cyclique,semblable a celles que nous avons vues se dessiner dans l'action des artisans des précédentes politiques antijuives.Les missionnaires du christianisme avaient fini par dire en substance:"vous n'avez pas le droit de vivre parmi nous si vous restez juif."Apres eux,les dirigeants séculiers avaient proclame:"vous n'avez pas le droit de vivre parmi nous".Enfin,les nazis allemands proclamèrent:"vous n'avez pas le droit de vivre".
Le 26 avril 1938, la bureaucratie ministérielle prit une nouvelle mesure décisive pour abaisser les prix : désormais, tout contrat transférant une entreprise des mains d'un Juif à celles d'un Allemand serait soumis à l'approbation administrative. Un mois après la publication du décret, le Regierungsrat docteur Gotthardt, du ministère de l'Économie, en expliquait les effets à un des dirigeant de la Dresdner Bank. D'après lui, les acheteurs avaient jusqu'alors dû payer non seulement les actifs matériels des entreprises, mais en outre les actifs immatériels, la "valeur morale de la firme", c'est-à-dire ses marques de fabrique, sa réputation, ses contrats avec la clientèle, et autres facteurs impondérables qui relevaient d'autant l'estimation globale du prix de vente d'une entreprise. Cette "valeur morale", l'acheteur ne la paierait plus, car les établissements non aryens "n'avaient plus de valeur morale".
En règle presque générale, les romanciers, les journalistes, voire les historiens sont à l’affût de phénomènes bizarres ou insolites survenant dans un cadre prosaïque ; or je faisais l'inverse. Pour moi, la destruction des Juifs fournissait déjà le cadre, la réalité immuable, et dans cette extraordinaire conflagration, je cherchais touts les éléments ordinaires. Je l'avais fait dès le début, quand je me penchais sur la bureaucratie au quotidien, et je m'attachais à présent au même objet en scrutant la vie des gens. Dans leurs activités journalières, ces individus, comme les divers bureaux, cherchaient la stabilité, et en particulier leur équilibre personnel. Qu'importe qu'ils fussent exécuteurs, victimes ou témoins : ils avaient pour dénominateur commun ce besoin de continuité et d'équilibre.
Dans ses réactions aux pressions allemandes, le gouvernement de Vichy tenta de maintenir le processus de destruction à l’intérieur de certaines limites […]. Quand la pression allemande s’intensifia en 1942, le gouvernement de Vichy se retrancha derrière une seconde ligne de défense. Les Juifs étrangers et immigrants furent abandonnés à leur sort, et l’on s’efforça de protéger les Juifs nationaux. Dans une certaine mesure, cette stratégie réussit. En renonçant à épargner une fraction, on sauva une grande partie de la totalité.
"Les 3 étapes furent : en 1er, la conversion, en 2nd l'expulsion, et la 3ème fut la solution territoriale, celle qui fut mise en oeuvre dans les territoires sous contrôle allemand, excluant l'émigration : la mort, la Solution Finale. Et la Solution Finale est véritablement finale car les convertis peuvent toujours rester Juifs en secret, les expulsés peuvent un jour revenir, mais les morts ne réapparaîtront jamais."
(Citation de son témoignage dans le documentaire "Shoah" par Claude Lanzmann)
C'est bien toute la société allemande, avec son organisation, ses ministères des Forces armées, les rouages du Parti et l'industrie, qui a contribué à la machine de destruction.
Aux Ve et VIe siècles, les missionnaires chrétiens avaient dit aux Juifs : "Vous ne pouvez pas vivre parmi nous comme Juifs." Les chefs séculiers qui suivirent, dès le Haut Moyen-Âge, décidèrent alors : "Vous ne pouvez plus vivre parmi nous." Enfin les nazis décrétèrent : "Vous ne pouvez plus vivre."
(Citation de son témoignage dans le documentaire "Shoah" par Claude Lanzmann)
La jurisprudence du décret Lösener montre une fois de plus que la définition initiale [du juif] ne se fondait sur aucun caractère "racial".
Quant à la détermination du statut des grands-parents, il demeurait présumé que ceux-ci étaient ou avaient été juifs s'ils appartenaient ou avaient appartenu à la communauté religieuse judaïque.