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Citations de Régine Pernoud (186)


Marguerite était alors sur le point d'accoucher. Elle vivait des journées d'angoisse terribles et des nuits pleines de cauchemars, que Joinville nous raconte de manière pathétique. Un pieux chevalier commis à sa garde, qui couchait au pied de son lit, la rassurait : "Madame, n'ayez pas peur, car je suis ici". Avant d'accoucher, elle fit sortir tout le monde de sa chambre, sauf ce chevalier, et lui fit prêter le serment "que si les Sarrasins prennent cette ville, vous me coupiez la tête avant qu'ils ne me prennent" ; et le chevalier répondit : "Soyez certaine que je le ferai volontiers, car je l'avais déjà bien pensé que je vous occirais avant qu'ils nous eussent pris". Un historien, Paul Deschamps, grand spécialistes des expéditions au Proche-Orient et des forteresses construites par les Croisés, a pu identifier le vieux chevalier. Sa promesse a servi de devise à sa famille depuis l'époque des Croisades : il s'appelait d'Escayrac et la devise est 《Y pensais》.
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"Il n'était donc pas inutile de rappeler par le texte et par l'image la place tenue dans l'expression littéraire comme dans la vie artistique par les femmes de cette époque encore si mal connue que nous appelons le "Moyen Âge". (P256)
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Aliénor avait pris la croix en même temps que son époux. Contrairement à ce qu'on croit quelquefois, il n'y avait rien là de très extraordinaire. Dès la première expédition, au contraire, nombreux avaient été les seigneurs qui emmenaient leur femme avec eux. [...] La femme méprisée, étrangère à la vie de son époux et recluse derrière les murailles d'un sombre château en attendant le retour de celui-ci reste une image solidement ancrée dans bien des esprits, mais qui n'offre guère plus de vérité que celle du serf battant les étangs pour faire taire les grenouilles, et autres sornettes héritées des temps classiques pour lesquels la barbarie du Moyen Âge était un dogme indiscuté.
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Cette époque, que nous avons toujours tendance à nous imaginer comme statique, est au contraire un temps où les départs sont faciles : il suffit de constater le nombre immense des pèlerins sur les routes et les relations qui se nouent d'un bout à l'autre de l'Europe, pour en être convaincu. Rappelons que, dès le XIe siècle, le petit-fils d'Hugues Capet épousait une princesse russe. Enfin, disons-le aussi, les transports par eau sont considérés comme plus accessibles que les transports par terre ; aussi ne trouve-t-on pas extraordinaire de prendre le bateau pour traverser cette Manche qui, pour tous, n'est qu'un « canal » : une voie de transport et non une barrière. On peut dire que l'Angleterre n'a commencé à être une « île » que beaucoup plus tard, passés les temps féodaux et même la période médiévale.
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C'est dans ce monde en plein essor que se situe, à une date difficile à mieux préciser, la naissance d'une petite fille dans une famille appartenant à la noblesse locale du Palatinat. ses parents, Hildebert et Mathilde (Mechtilde en allemand) sont probablement originaires de Bermersheim, dans le comté de Spanheim. Elle est la dixième enfant du ménage, et reçoit au baptême le prénom d'Hildegarde. Naissance sans éclat, dans une famille dont la noblesse ne s'est pas traduite par de grandes actions ; naissance pourtant qui se révélera singulièrement accordée à l'époque riche, effervescente qu'est ce tournant du siècle. L'année suivante, le 15 juillet 1099, les croisés s'empareront de Jérusalem.
Une petite fille comme les autres. Pas tout à fait cependant, car dès sa petite enfance elle étonne parfois son entourage. Une anecdote racontée tardivement (dans les actes de son procès de canonisation) la montre s'écriant devant sa nourrice : " Vois donc le joli petit veau qui est dans cette vache. Il est blanc avec des taches au front, aux pieds et au dos." Lorsque le veau naît quelques temps plus tard, on constate qu'il est exactement conforme à cette description. Hildegarde avait alors cinq ans.

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[Année 1152]
Henri et Aliénor passèrent en Aquitaine les premières semaines de leur mariage – trop occupés l'un de l'autre, sans doute, pour prêter grande attention aux vendanges qui, cette année-là comme la précédente, s'annonçaient mauvaises. Dans toute la France, on buvait de la bière, « ce qui ne s'était vu de mémoire d'homme », remarque un analyste du temps, visiblement plein d'amertume à ce souvenir ; les plus avisés tentaient de remettre en honneur d'antiques recettes pour fabriquer de l'hydromel.
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L'époque s'est exprimée dans le roman de chevalerie comme elle s'exprime sur les prestigieux tympans, sur les fresques et les chapiteaux des cathédrales romanes. Or, toutes les fois que l'on cherche à s'expliquer d'où est venue, comment s'est opérée cette fusion entre courtoisie, thèmes chevaleresques et mythes celtiques, on se trouve infailliblement ramené vers la cour d'Aliénor. Dans son sillage apparaissent les poètes qui rendront familiers non seulement Tristan et Iseut, mais Perceval et Lancelot, le roi Arthur et la fée Morgane, et la reine Genièvre, et l'enchanteur Merlin.
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Je dis que Droit est mort, et Loyauté éteinte
Quand le bon roi est mort, la créature sainte
Qui chacune et chacun faisait droit à sa plainte...
À qui se pourront mais les pauvres gens clamer
Quand le bon roi est mort qui les sut tant aimer ?

In Les Regrets de la mort de saint Louis
Lumière du Moyen-Âge, Régine Pernoud, p. 76
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Il est frappant de voir que les historiens qui auront connu Aliénor dans sa vieillesse font d'elle un éloge sans réserve ; entre autres, Richard de Devizes, ce moine de Winchester, qui s'écrie, en parlant d'elle : « Cette femme belle et chaste, imposante et modeste à la fois, humble et éloquente. » Tous, en revanche, montrent Henri sous un jour lamentable dans ses dernières années : celui qui, jadis, avait été un chevalier de si belle prestance, n'est plus, passé la cinquantaine, qu'un vieillard presque obèse, traînant une jambe blessée par un coup de pied de cheval et atteint, au dire de l'entourage, de la pire des maladies : celle qui consiste à ne pouvoir trouver le repos ; il ne peut tenir en place, agite fiévreusement les mains ; il avait toujours été négligé dans sa mise, et cette négligence, en vieillissant, est devenue désordre, reflétant le désordre intérieur d'un homme qui n'a pas su se maîtriser lui-même.
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Dès cette époque, les Françaises avaient une réputation d'élégance. Aliénor elle-même est peut-être responsable de la mode qui s'introduit alors : celle des robes à longues manches, traînant jusqu'à terre parfois, et s'ouvrant sur une doublure de soie pour dégager l'avant- bras étroitement gainé d'un satin clair qui mettait en valeur la finesse du poignet.
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C'est un jour d'avril – le mois préféré des troubadours parce que les nuits y sont courtes et l'air léger, que la sève commence à gonfler les branches et que, dans les bourgeons, éclatent toutes les promesses du printemps.
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Et l'on ne pourrait pas comprendre Aliénor si l'on omettait cet arrière-plan essentiel à sa personnalité comme à son époque : le goût de la splendeur qui s'exprime en toutes choses, dans les églises entièrement peintes où resplendissent les grands luminaires en couronne et les croix d'orfèvrerie, comme dans ces romans de chevalerie où les héros aux armes étincelantes livreront d'étourdissants combats et seront visités de songes lumineux. Trait d'époque qui s'exprime sous toutes les formes, depuis cette mystique de la lumière qui plus tard, s'épanouira aussi bien dans l'architecture gothique que dans les plus graves traités de philosophie [...], jusqu'à ce goût du "gold and glitter", de tout ce qui luit et brille, qui caractérise la mentalité du temps...
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Le médiéviste, s'il s'est mis en tête de composer un sottisier sur le sujet, se trouve comblé par la vie quotidienne. Pas de jour où il n'entende quelque réflexion dans le genre "Nous ne sommes plus au Moyen Age" ou "C'est un retour au Moyen Age" (...) Le Moyen Age fournit, à tous ceux pour lesquels l'Histoire n'est qu'un prétexte, un terrain de choix: une période que le grand public ignore, avec quelques noms qui émergent, Charlemagne, la Chanson de Roland, les troubadours(...) Tel est à peu près le bagage moyen. Si l'on souhaite le corser, on y ajoute le secret des Templiers et le trésor des cathares, ou inversement le secret des cathares et le trésor des Templiers.
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L'amour est incompatible avec la facilité
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William de Newburgh dit expressément qu'Aliénor a voulu se séparer du roi Louis VII et que celui-ci y a consenti.... Il dit aussi qu'elle a voulu ce mariage avec Henri Plantagenêt parce qu'il convenait mieux à sa personne que sa première expérience... En rencontrant Henri, elle avait trouvé l'homme qu'il lui fallait.

NDL : que j'aime cette femme : courageuse, et de caractère : moderne ! ... Il faudra aussi que je lise un truc sur Mathilde, sa belle-mère, et dernière Normande d'Angleterre.
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L'imitation du latin classique s'est étendue à l'étude de la langue. On a tenté de réduire la phrase française aux normes de la phrase latine ; d'où les ébouriffantes règles de grammaire et d'analyse logique qui furent imposées aux élèves, avec les « conjonctives de restriction » et autres sornettes nées dans la cervelle de grammairiens animés d'un sombre pédantisme. De là aussi notre orthographe l'une des plus extravagantes qui soient. C'est pour imiter l'Antiquité que le mot homme a été pourvu d'un h, qu'on a multiplié les ph, les redoublements de m et de n... Et la tendance était ainsi posée qu'on devait en venir, assez tardivement il est vrai, puisque cela ne s'est guère produit qu'au XIXè siècle - à juger de la culture d'un individu à son orthographe ! Certes, la règle s'est instaurée en même temps que l'imprimerie, qui avait imposé une certaine fixité dans l'usage. Mais ce fut un grand malheur pour des générations d'écoliers qui durent, et doivent encore, subir cette fantaisie des pédants de la Renaissance, calquée, comme tout le reste, sur ce que leur dictaient les inscriptions antiques. Nous assistons actuellement à l'éclatement de cet appareil. Certains en restent inconsolables. On peut pourtant se demander en quoi pareille tendance, réactionnaire dans son essence, était justifiée ; elle paraîtra aux générations qui vont suivre de moins en moins justifiable.
Répétons-le : l'admiration qu'on peut éprouver pour le monde antique n'est pas ici en question. Dans les lettres comme dans les arts - pour adopter les classifications toujours en usage - on n'avait cessé, au Moyen Âge, de puiser dans l'Antiquité, sans toutefois considérer ces œuvres comme des archétypes, des modèles. C'est au XVIè siècle que s'est imposée, dans ce domaine aussi, la loi d'imitation.
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Mais c'est ici que nous nous permettrons, nous, de trouver naïf l'historien incapable d'admettre qu'un homme puisse agir de façon différente en différentes périodes de sa vie. L'obsession du "bon" et du "méchant", du "loup" et de l'"agneau", de l'indien et du cow-boy, reste curieusement ancrée chez la plupart d'entre nous et demeure responsable d'un grand nombre d'erreurs; elles seraient probablement évitées si l'on s'en référait plus souvent à la vie quotidienne, à l'examen de nos semblables et de nous-mêmes. est-il rien de plus fréquent que de voir un même agir "bien" dans telle circonstance, et "mal" dans telle autre?
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... à Rome la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance ; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes" ; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chacun des garçons reçoive un praenomen (prénom), tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle ; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaïus Cornelius, tec. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.

234 - [Le Livre de Poche n° 5690, p. 23-24]
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On peut se demander quelle impression aura faite à la reine Aliénor prisonnière, ce pèlerinage à Cantorbéry, accompli côte-à-côte par les deux rois [ Louis VII de France pour que son fils se rétablisse, et Henri II Plantagenêt d'Angleterre pour se disculper du meurtre de l'archevêque Thomas Beckett ] qui avaient été ses époux, auprès desquels elle avait successivement porté la couronne. L'amour, elle l'avait inspiré au premier, éprouvé pour le second. A présent, ces deux hommes qu'elle avait divisés [ pour se venger de la belle Rosemonde ] se réconciliaient devant le Seigneur.
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On est frappé du dynamisme, de la capacité d'invention de ces femmes que l'Evangile a libérées. Un exemple est frappant : celui de Fabiola. Le nom évoque our nous un roman fameux qui avait pour cadre précisément l'Eglise des catacombes, mais la Fabiola de l'histoire,comme il arrive souvent dépasse sensiblement celle de la légende : elle fait partie de ces dames de l'aristocratie romaine qui sont devenues les disciples de saint Jérôme; frappée de voir le nombre de pèlerins qui viennent à Rome et là se trouvent sans ressources, elle fonde une "Maison des malades", nosokomion, à leur intention. Autrement dit, Fabiola fonde le premier hôpital.
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