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Citations de Régine Pernoud (186)


Galilée n'avait pas découvert que la terre était ronde; on le savait depuis quatre siècles. Ensuite il n'avait pas été brûlé vif, mais seulement emprisonné, ce qui était déjà une manière bien peu courtoise de traiter quelqu'un qui s'avisait pour la première fois que la terre tourne autour du soleil. Enfin le tout ne se passait pas au Moyen Age. Galilée, né en 1564, mort en 1642, était contemporain de Descartes. L'affaire Galilée a eu lieu cent ans après la naissance de Montaigne, plus de cent ans après la Réforme, presque 200 ans après l'invention de l'imprimerie...
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Je me rappelle l'entretien que j'avais eu avec un journaliste de la télévision catholique ; c'était à propos du procès de Jeanne d'Arc (...) Il me demandait comment étaient connus les actes du procès et je lui expliquai qu'on en possédait l'authentique, le relevé, fait par les notaires, comme dans toute action juridique à l'époque, des questions posées par le tribunal et des réponses faites par l'accusée.
- Mais alors on écrivait tout ?
- Oui, tout.
- Ça doit faire un gros dossier.
- Oui, très gros.
J'avais l'impression de converser avec un analphabète.
- Alors, pour le publier, il y a des gens qui ont tout recopié ?
- Oui, tout.
Et je le sentais plongé dans une stupéfaction si intense qu'insister eût été délicat ; il murmura pour lui-même : "On a du mal à croire que ces gens-là pouvaient faire les choses avec tant de soin..."
"Ces gens là... avec tant de soin..." A mon tour de m'étonner : ce journaliste n'avait donc jamais regardé une voûte gothique ? Il ne s'était jamais posé la question de savoir si pour tenir pendant bientôt un millénaire à quelques quarante mètres de haut, il ne fallait pas qu'elle eût été faite avec soin ?
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Le roi d'Angleterre était-il sourd et aveugle à ce qui se passait autour de lui? Ne voyait-il pas l'influence néfaste qu'Aliénor avait prise ces années dernières sur ses enfants>? Ne comprenait-il pas que tout un filet de conspiration avait été tressé maille après maille et que parmi les seigneurs poitevins ou aquitains il ne s'en trouvait pas un qui ne fût prêt à la trahison?
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et voilà qu'elle révèle un sens pratique, une conscience des besoins de son temps dont son époux, tout technicien qu'il fût en matière de bâtiments ou d'art militaire, n'a pas été capable. Qu'une même pièce de toile fût toisée s'une manière différente à York et à Londres, qu'une même quantité de froment fût mesurée de deux façons, selon qu'on se trouvait en Cornouailles ou dans le Surrey - c'était, de toute évidence, une profonde complication aussi bien pour les paysans que les marchands; quant à la monnaie, ses variations profitaient surtout aux changeurs. Or, dans un pays désormais en pleine prospérité économique, semblable unification s'imposait; mais il se passera longtemps, très longtemps avant qu'elle ne soit introduite en France.
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[...] gronde Etienne de Fougères, évêque de Rennes au XIIème siècle, critique sévère de la coquetterie :

" Des dames et des demoiselles,
Des chambrières, des ancelles (servantes)...
Se fait, de laide femme, belle,
Et de putain se fait pucelle..."
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C'est au milieu de ces circonstances dramatiques qu'Aliénor donne pleinement sa mesure. Sans cesse sur la brèche, expédiant lettre sur lettre, messager sur messager, se tenant en liaison avec les sénéchaux du continent comme avec les principaux barons d'Angleterre, elle réussit à la fois à déjouer les menaces que Philippe-Auguste et Jean ( 1 ) faisaient peser sur le royaume, et à mettre tout en jeu pour la libération de son fils, Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre.

NDL : en 1192, Richard, au retour de la 3è croisade ( contre Saladin ), en infériorité numérique, revient en Angleterre. Il est fait prisonnier par le duc d'Autriche. Le roi de France en profite pour s'approprier le Vexin Normand, et Jean sans Terre, petit frère instable de Richard, cherche à s'approprier l'Angleterre. C'est sans compter sur la reine mère Aliénor, 70 ans, qui veille au grain.
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En négligeant la formation du sens historique, en oubliant que l'Histoire est la Mémoire des peuples, l'enseignement forme des amnésiques. On reproche parfois de nos jours aux écoles, aux universités, de former des irresponsables, en privilégiant l'intellect au détriment de la sensibilité et du caractère. Mais il est grave aussi de faire des amnésiques. Pas plus que l'irresponsable, l'amnésique n'est une personne à part entière; ni l'un ni l'autre ne jouissent de ce plein exercice de leurs facultés qui seul permet à l'homme, sans danger pour lui-même et pour ses semblables, une vraie liberté.
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On ne réalise pas toujours en effet ce qu'était alors cet harassant métier. sur cette matière dure qu'est le parchemin -beaucoup moins souple que le papier qui ne commence à être utilisé, on le sait, que vers le milieu du XIIIe siècle - aligner l'un après l'autre les chapitres de traités comportant des deux cent ou trois cent folios (double page), cela ne représentait pas une mince tâche. Un copiste y insiste : "Celui qui ne sait écrire ne croit pas que c'est un travail. Il fatigue les yeux, il brise les reins et tord tous les membres. Comme le marin désire arriver au port, ainsi le copiste désire arriver au dernier mot"
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Dès l'instant où l'on abandonne les manuels pour se plonger dans les textes, cette notion des "trois classes de la société" vous apparaît comme factice et sommaire.
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Rappelons que c'est au XVIIe siècle seulement que la femme prend obligatoirement le nom de son époux [...]
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Quelle époque peut mieux que la nôtre comprendre l'Inquisition médiévale, à condition que nous transposions le délit d'opinion du domaine religieux au domaine politique? Il est même très surprenant pour l'historien de constater cette montée, envahissante en tous pays, de la sévérité envers le délit d'opinion politique. Tous les châtiments, toutes les hécatombes semblent en notre temps justifiés pour punir ou prévenir déviations ou erreurs quant à la ligne politique adoptée par les pouvoirs en exercice. Et dans la plupart des cas il ne suffit pas de bannir celui qui succombe à l'hérésie politique, il importe de convaincre, d'où les lavages de cerveau qui usent en l'homme la capacité de résistance intérieure. On peut se demander si en ce domaine du délit d'opinion la notion de progrès ne se trouve pas mise en échec.
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Ne serait-il pas temps d’en finir avec cette incuriosité systématique et d’admettre qu’on peut étudier dans le champ des sciences humaines, sans mépris ni complexe, ces mille années de notre histoire qui furent tout autre chose qu’un moyen terme ?
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( dans le post scriptum ) :

On pourrait faire remarquer que ce qui distingue une époque d'une autre, c'est l'échelle de valeurs : ainsi, au XIXè siècle, le terme même de "valeurs" désigne des actions susceptibles d'être cotées en Bourse ; au Moyen Age, on appelle ainsi l'estime que ses exploits valent au chevalier, sa beauté, son courage, etc.
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Deux femmes ont mené une action décisive du point de vue politique, l'une au XIVe siècle, l'autre au XVe siècle. Deux femmes qui ne doivent absolument rien à des privilèges de naissance et que rien n'appelait à jouer un rôle particulier : ni reines, ni princesses, ni nobles. Deux filles comme les autres, dont on a parlé dans tout le monde connu d'alors, et qui ont modifié en profondeur l'équilibre de ce monde : Catherine de Sienne et Jeanne d'Arc.
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le règne d'une femme avait paru tout naturel, en semblable circonstance, au XIIIe siècle. Et l'on n'en finirait pas d'énumérer, à l'époque féodale et encore aux temps médiévaux, les femmes qui ont dirigé et administré des domaines parfois très étendus.
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Je découvre cette personnalité étonnante d'une époque lointaine qu'est le Moyen-Âge... C'est incroyable de découvrir comment une femme a réussi à produire autant d'écrits et d'oeuvres, inspirée par la lumière divine, et a influencé ou guidé autant d'hommes de religion ou de pouvoir. Son humilité, sa sagesse et son don de soi sont une belle leçon d'humanité... Dommage qu'elle n'ait pas sa place dans les livres d'histoire !
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En 1350, l'homme, en Europe, vient d'être secoué par le plus violent cataclysme qu'il ait connu : la peste bubonique ou peste noire qui apparut, on le sait, en 1347-1348 et n'a pas touché moins d'un homme sur trois. Encore l'estimation demeure-t-elle au-dessous de la vérité partout où l'on a pu faire état de chiffres précis. Il suffit de rappeler qu'à Marseille par exemple les couvents de frères prêcheurs et de frères mineurs ont été entièrement dépeuplés, que
Certains villages de la campagne ont été totalement rayés de la carte.

450 - [Points Histoire n°38, p. 136]
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Dans le destin d'un individu, on voit se produire à nu la rencontre entre les déterminations et la liberté qui est le propre de l'aventure humaine. Je ne crois pas à l'idée ni à la possibilité de la table rase. On a toujours quelque chose de rrière soi, et c'était sans doute déjà vrai pour l'homme préhistorique.
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Erec et Enide exalté la grandeur du couple-non quand les amants jouissent l un de l autre,absorbés dans un bonheur qui les replié sur eux-mêmes, mais quand, poursuivant ensemble un but commun, ils sont pleinement le Chevalier et la Dame, et provoquent, par le don d eux-mêmes, et pour avoir ensemble affronté l aventure, la joie de la cour.
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On pourrait multiplier (…) les exemples de détails fournis par l’histoire du droit et celle des mœurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d’une législation «à la romaine» dont notre code est encore imprégné. Si bien qu’au temps où les moralistes voulaient voir «la femme au foyer», il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d’exiger que le foyer fût à la femme.

La réaction n’est venue qu’en notre temps. Elle est d’ailleurs, disons-le, fort décevante : tout se passe comme si la femme, éperdue de satisfaction à l’idée d’avoir pénétré le monde masculin, demeurait incapable de l’effort d’imagination supplémentaire qu’il lui faudrait pour apporter à ce monde sa marque propre, celle qui précisément fait défaut à notre société. Il lui suffit d’imiter l’homme, d’être jugée capable d’exercer les mêmes métiers, d’adopter les comportements et jusqu’aux habitudes vestimentaires de son partenaire, sans même se poser la question de ce qui est en soi contestable et devrait être contesté. A se demander si elle n’est pas mue par une admiration inconsciente, et qu’on peut trouver excessive, d’un monde masculin qu’elle croit nécessaire et suffisant de copier avec d’autant d’exactitude que possible, fût-ce en perdant elle-même son identité, en niant d’avance son originalité.

De telles constatations nous entraînent assez loin du monde féodal; elles peuvent en tout cas amener à souhaiter que ce monde féodal soit un peu mieux connu de celles qui croient de bonne foi que la femme « sort enfin du Moyen Âge » : elles ont beaucoup à faire pour retrouver la place qui fut la sienne au temps de la reine Aliénor ou de la reine Blanche…
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