Je me suis approchée. Et le regard que tu as posé sur moi était si triste que je n'ai pas pu le soutenir. Ta bouche s'est ouverte. Oui, ta bouche s'est ouverte. Rien n'en est sorti. Pourtant tu as essayé. De toutes tes forces tu as essayé. Mais rien n'en est sorti. Je me suis agenouillée devant toi. Mon enfant, j'ai murmuré. J'ai voulu ma voix douce. Pour te rassurer. Te rassurer pour que tu puisses dire ce qu'il y avait. Et tu as essayé de nouveau.De toutes tes forces, tu as essayé de nouveau. De ta bouche ouverte, tu as essayé à nouveau mais de ta bouche ouverte rien rien n'est sorti. Des larmes sur tes joues. Des larmes rondes. De grosses larmes rondes qui coulaient sur tes joues. Lentement, ces grosses larmes rondes coulaient sur tes joues.
A l'intérieur de la gendarmerie, le chef des gendarmes essuyait ses larmes.
A force d'enquêter, à force de surveiller, à force de vérifier, de réprimer, d'observer, à force d'écouler la circulation en cas d'accidents sur la chaussée, il savait ce qu'il en était des hommes.
Ou du moins, il le croyait.
On est tous là. Lui, c'est pas l'un de nous. Lui, c'est peut-être un enfant mais c'est pas un enfant du village. C'est pas ...non. C'est pas...
On n'en veut pas.
Ma mère dit qu'il est peut-être orphelin...Ma mère dit que si personne ne vient le réclamer, il faudrait peut-être l'adopter.
Mais on n'en veut pas.
Non, non, On n'en veut pas !
Je veux vous entendre plus fort qu'on n'en veut pas !
On n'en veut pas !
Encore plus fort !
On n'en veut pas !
Il faut que nos parents nous entendent. Nos parents ils disent que c'est un enfant sans papiers, un ange, un démon, un sourd-muet tétraplégique, etc., non c'est pas un enfant sans papiers, un ange, un démon, un sourd-muet tétraplégique. C'est un coucou !