AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de René Benjamin (38)


L'autre était tellement accablé de fatigue qu'il dit : "Laisse donc... c't'un infirmier, il t'voulait qu'du bien. Gaspard reprit :
- J'aime les infirmes. Pas les infirmiers !...Où qu'est ma blessure ? ça le regarde ? Est-ce que j'y demande si sa mère a fait un singe !
Commenter  J’apprécie          210
René Benjamin
A Madame Pauline de S…, à Aix en Provence

Ce que j’indique là est merveilleusement illustré par le fameux Mein Kampf.

Chère amie, si vous en avez le courage, ouvrez ce livre. Vous serez frappée surtout de son insolence et de son immodestie. C’est l’image même de l’esprit sans âme, du vaniteux qui ne voit que la stupidité de ses concitoyens, du faux orateur qui méprise ses auditoires, du primaire qui hait les artistes et les appelle « esthètes », de l’homme brutal, péremptoire, pressé, terriblement pressé, parce que les vues de son esprit simpliste le font délirer. Ah ! Lisez Mein Kampf. Puis pensez à Saint Louis. Tout s’éclairera pour vous. L’hitlérisme est une affreuse griserie « intellectuelle » où l’âme n’apparaît jamais ; ce qui est humain lui est étranger. Mais je crois que le vertige date de loin. La fameuse organisation scientifique allemande, devant laquelle avant l’autre guerre tous les nigauds d’Europe baillaient d’admiration, cette méthode de dissection boche qui avait envahi nos Universités, et faisait de nos études littéraires le symbole même de l’abrutissement dans la recherche, n’était en somme rien d’autre déjà que la négation de l’âme. Là où elle rayonne, dans les chefs-d’œuvre, l’Allemand passait à côté sans la soupçonner. Comment a-t-on trouvé tentant de l’imiter là-dessus !

Un gobe-mouches, comme M. Lanson, germanisé des pieds à la tête, autopsiait les textes après les avoir tués et croyait comprendre Bossuet en faisant le compte de ses subjonctifs. Aussi, depuis mon passage en Sorbonne, je frémis lorsque j’entends dire : « L’Allemagne, ce grand peuple… » Depuis longtemps, il n’y en a pas de plus acharné à tuer la vie spirituelle. Je demande le sens secret de l’adjectif grand.
Commenter  J’apprécie          210
La tranchée, lorsqu'on croit vivre sa dernière minute, est dure à escalader pour les reins. Puis, il y a la surprise de n'être plus enfoui ; on se trouve plus grand ; et, serrant son fusil , les doigts crispés, on marche gravement, avec des yeux qui cherchent les balles. Elles arrivent tout à coup, balayant toute la largeur de l'air, et quelques hommes s'effondrent, sans un cri , mais leur chute en avant est suspendue par l'arme, qui glisse et se fiche en terre, en sorte que le soldat tombe dessus, arrêté, empalé, dans une étrange et effrayante attitude, mort et presque debout, atroce à voir comme tous les cadavres qui n'ont pas l'air au repos.
Commenter  J’apprécie          202
Je flaire des imbéciles, et des imbéciles vaniteux, voilà pourquoi je suis content : ils sont une source éternelle de comique.
(Primaires).
Commenter  J’apprécie          170
Pourquoi est-ce que je suis sûr qu'une prison devrait avoir l'air juste ? ...
Commenter  J’apprécie          143
" Il existe tout un genre d'humains, gros et affectueux, que leurs amis, avec un sourire, appellent "bon vivant" et qui ne sont , par leur nature, préparés à aucun accident de la vie. La mort les surprend et les navre. Et la guerre éclate, ils sont désarmés, ayant dit et redit : " n'en parlons pas !...il sera temps, si un jour..." .Le jour est là : il faut le vivre. Alors ils s'affolent , et ils n'ont nul besoin d'être au danger pour se plaindre, car leur coeur est navré par la misère des autres ".
Commenter  J’apprécie          140
Et vous, cuistre, pâlis sur les bouquins, valez-vous tous ensemble un Gargantua buvant au pis de sa vache ? Jeanne chassa les Anglais ; Rabelais marqua les cuistres. La Touraine fut une province élue.

(Sur un coteau de Touraine).
Commenter  J’apprécie          130
La Loire est faite pour le plaisir, celui des sens, celui de l'esprit. Il faut l'admirer, la louer, l'aimer ; il ne faut pas dire qu'on la comprend. La Loire est belle, et la beauté est un secret.
Commenter  J’apprécie          120
D'ailleurs, je connais l'oiseau que je vais tirer. Plumage burlesque ; et il s'appelle le Cuistre ! Il y a le grand et le petit. Je n'ai encore chassé que le grand, dans les marais de Sorbonne. Quelle volaille !
Commenter  J’apprécie          123
Un mois avant, à l'hôpital, il avait vu sa femme, sa Bibiche. Il en parlait dans des termes assez peu amoureux ; il disait :
- Oh ! j'l'aime bien, mais ell' m'poisse !...J'espère qu'elle r'viendra pas d'si tôt. Elle peut pus m'voir sans pleurer. Et "mon pauv'e loup" par-ci, et "mon poulet" par-là, et "si c'est pas affreux comme ils t'ont arrangé!..."
Ah ! j'l'ai envoyée paître !...Elle cherche tout l'temps la jambe qu'y est plus. J'ai dit : "Regarde au moins l'aut'e, pisqu'il en reste une !" J't'en fiche ! Mon tit loup, mon pauv'e tit loup, hi hi !...Qu'est-ce qu'on va d'venir, hi hi !...Ton métier, hi hi !...l'est fichu, hi hi !..."
Qu'est-ça peut m'foute à moi ; y en a-t-il pas six cent mille des métiers ? J'peux pus bouger, ben j's'rai ministre : on les balade dans des landaus !
Commenter  J’apprécie          123
C'était la grande semaine d'août 1914, où chaque ville de chaque province offrit un régiment à la France.
A..., chef-lieu de terre normande, eut le sien, comme les autres, à assembler et à équiper.
Ses maisons et leurs habitants n'ont pourtant rien de guerrier.
Race avant tout pratique. Vous lisez clairement dans tous les yeux que deux et deux font quatre, dans certains le regret que deux et deux ne fassent cinq.
Mais dans aucun vous ne voyez briller le désir vibrant de sonner la charge.
Commenter  J’apprécie          120
Grand succès. Immédiat. Une certaine grossièreté touchant les pratiques religieuses est assurée, en France, de ravir toujours des auditeurs épais.
Commenter  J’apprécie          92
Collines molles et vallonnements larges, dans lesquels le régiment s'enfonçait sans effort, pour regrimper avec un refrain de chanson que Gaspard, nez en l'air, lançait aux nuages :

Paraît qu'la cantinière,
A de tous les côtés,
Par devant, par derrière
Des tas de grains d'beauté.

Elle en a des pieds jusqu'aux seins ;
On raconte un tas de machins ;
Vous n'y qui qui
Vous n'y com com
Vous n'y comprenez rien.
Commenter  J’apprécie          90
AU LECTEUR
Il serait bien inutile, à propos de ce portrait, de me demander encore :
- Est-ce de l'Histoire ? Est-ce du roman ?
Je répondrais :
- Je crois...que c'est du Théâtre, comme il convient à mon sujet.
- Mais si c'est du Théâtre, pourquoi est-ce un récit ?
Aux Buffons littéraires de décider du genre, de ce qui est vrai, de ce qui ne l'est pas, de ce qui l'est peut-être, de ce qui l'est presque.
Pourvu que moi, j'aie mes libertés !
(avertissement de l'auteur inséré en début du volume paru aux éditions de la librairie "Plon" en 1933)
Commenter  J’apprécie          90
C'est une des figures les plus libres, les plus fortes de ce temps.
Il a des joies explosives et des mépris muets.
Il est en train d'écrire, avec une âme de chevalier, dans une langue reforgée par lui, une oeuvre puissante, loin de la canaille ...
(Jean de La Varende)
Commenter  J’apprécie          70
- La mort qui habite en Bretagne, prononça-t-il en confidence ... On ne sait pas exactement où, mais on la sent de tous les côtés.
La Bretagne sait que la vie n'est qu'un songe, et les bretons sont tous des rêveurs éveillés ...
Commenter  J’apprécie          60
- Un vermouth-cassis, un !...Et présenté par mam'selle Annette !
Mlle Annette, il ne se cachait point pour dire tout haut qu'il la trouvait de son goût. C'était la petite bonne du café : vingt ans à peine, blonde, niaise, mais des lèvres fraîches et le trottinement drôle. Gaspard la regardait servir et soupirait :
- Nom d'une pipe ! J'en jouerais bien un air !
Commenter  J’apprécie          60
Or, du seul fait que j'étais Prix Goncourt, on se mit à me publier avec la plus extrême amabilité tous les textes qu'on m'avait refusés avec la plus extrême rigueur.
Commenter  J’apprécie          60
Acte premier
Chez Emmanuel. Un atelier qui est composé de plusieurs pièces, car les ameublements de plusieurs pièces y voisinent.
Acte II
Une salle d'examens à la Faculté de Paris
Acte III
Chez le docteur Denis
Acte IV
Une salle de correctionnelle. On jurerait le décor du II. C'est le même aspect d'une froideur officielle et un peu crasseuse. Il y a un comptoir à juges pareil au comptoirs à examinateurs.
(levers de rideau des quatre actes de "Les plaisirs du hasard" pièce parue dans "La petite illustration" en juin 1922)
Commenter  J’apprécie          60
Où était la police ? Il y avait bien un agent, mais d'un visage si fortement hébété qu'il évoquait une borne. On en tira cette simple déclaration :
- Vu que mon chef n'est pas dedans la salle, je n'ai à recevoir d'ordres de personne. Il n'y a que lui qu'ait le droit de me commander !
Commenter  J’apprécie          52



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de René Benjamin (65)Voir plus

Quiz Voir plus

Spy X Family

Quel est le nom de code de Yor FORGER ?

Princesse IBARA
Princesse LORELEI
Princesse NOCTURNA
Ce n'est pas dit

5 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Spy x Family, tome 1 de Tatsuya EndoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}