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4.21/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Toulouse , le 01/02/1908
Mort(e) à : Paris , le 05/10/1973
Biographie :

Spécialiste de la littérature du 20ème siècle.
Editeur (révéla "Paroles" de Jacques Prévert).
Il collabore à la revue Les Cahiers Libres, à Toulouse, avant d’en assurer la rédaction en chef de 1928 à 1933. Parallèlement à son activité d’enseignant au collège Saint-Louis-de-Gonzague, à Paris, il publie, en août 1936, une plaquette Le Jugement du Vent, illustrée par Bryon Gysin, aux éditions G.L.M. Il écrit également pour diverses revues.
Vient la guerre, Bertelé est mobilisé, puis démobilisé quelques mois plus tard, il gagne la zone sud et s’installe à Marseille où il collabore au mouvement Jeune France, fondé en 1940, par Pierre Schaeffer. Il a en charge une anthologie de la jeune poésie française et rencontre Henri Michaux pour la première fois. Une fois cette organisation dissoute en 1942, il propose ses services à Robert Laffont, alors jeune éditeur à Marseille.
De retour à Paris en 1943, Bertelé et Michaux se rencontrent régulièrement. Leur relation devient plus profonde après la mort de Marie-Louise, l’épouse de Michaux. C'est à Bertelé que Michaux montrera ses premières aquarelles. Un privilège dont « le plus encourageant des compagnons » mesura toute la portée. Aussi, est-ce à ce confident admiratif que l'auteur dut la première monographie sur son oeuvre. Cinquième de la collection « Poètes d'aujourd'hui » après Eluard, Aragon, Max Jacob et Cocteau, le Michaux de Bertelé amènera beaucoup de lecteurs au poète. En publiant dix de ses textes, parmi les plus importants, Bertelé devient son premier éditeur.
Le 10 janvier 1946, Bertelé fonde les Éditions du Point du Jour, où il publie très rapidement avec succès Prévert, puis Guillevic, Tzara et Michaux. Le Point du Jour sera repris, grâce à Jean Paulhan, par les éditions Gallimard.

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Source : bnf
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Ce qu'il faut d'abord dire, c'est que l'univers d'Henri Michaux n'a rien de voulu, de concerté, de construit. Quelque étrange qu'il ait pu paraître à certains, il n'a rien que de spontané, de naturel. D'où sans doute son authenticité. Déjà, l'auteur de Qui je fus y remarquait : "On s'est mis en commun pour les besoins du ventre, il faut se faire entendre du boulanger pour avoir du pain. On fait effort continuel pour se banaliser. Le rêve qui paraît drôle, provient de ce que l'homme se parlant à lui-même cesse de se gêner." Le rêve est naturel – et toute poésie qui revient à ses sources : c'est alors qu'elle effarouche ceux qui n'aiment justement pas rêver.
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Rends-toi, mon cœur
Nous avons tant lutté
Et que ma vie d'arrête.
On n'a pas été des lâches,
On a fait ce qu'on a pu.

Oh mon âme
Tu pars ou tu restes
Il faut te décider.
Ne me tâte pas ainsi les organes,
Tantôt avec attention, tantôt avec égarement,
Tu pars ou tu restes,
Il faut te décider.

Moi, je n'en peux plus.
Seigneurs de la Mort
Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.
Ayez pitié de moi, voyageur déjà de tant de voyages sans valises,
Sans maître non plus, sans richesse, et la gloire s'en fut ailleurs,
Vous êtes puissants assurément et drôles par-dessus tout,
Ayez pitié de cet homme affolé qui avant de franchir la barrière vous crie déjà son nom,
Prenez-le au vol,
Qui'il se fasse, s'il se peut, à vos tempéraments et à vos humeurs,
Et s'il vous plaît de l'aider, aidez-le, je vous prie.
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“Contre !”

«Je vous construirai une ville avec des loques, moi !
Je vous construirai sans plan et sans ciment
Un édifice que vous ne détruirez pas,
Et qu'une espèce d'évidence écumante
Soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire au nez,
Et au nez gelé de tous vos Parthénons, vos arts arabes, et de vos Mings.

Avec de la fumée, avec de la dilution de brouillard
Et du son de peau de tambour,
Je vous assoirai des forteresses écrasantes et superbes,
Des forteresses faites exclusivement de remous et de secousses,
Contre lesquelles votre ordre multimillénaire et votre géométrie
Tomberont en fadaises et galimatias et poussière de sable sans raison.

Glas ! Glas ! Glas sur vous tous, néant sur les vivants !
Oui, je crois en Dieu ! Certes, il n'en sait rien !
Foi, semelle inusable pour qui n'avance pas.

Oh monde, monde étranglé, ventre froid !
Même pas symbole, mais néant, je contre, je contre,
Je contre et te gave de chiens crevés.
En tonnes, vous m'entendez, en tonnes, je vous arracherai ce que vous m'avez refusé en grammes.

Le venin du serpent est son fidèle compagnon,
Fidèle, et il l'estime à sa juste valeur.
Frères, mes frères damnés, suivez-moi avec confiance.
Les dents du loup ne lâchent pas le loup.
C'est la chair du mouton qui lâche.

Dans le noir nous verrons clair, mes frères.
Dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite.
Carcasse, où est ta place ici, gêneuse, pisseuse, pot cassé?
Poulie gémissante, comme tu vas sentir les cordages tendus des quatre mondes !
Comme je vais t'écarteler !»
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Intervention

Autrefois, j'avais trop le respect de la nature. Je me mettais devant les
choses et les paysages et je les laissais faire.
Fini, maintenant "j'interviendrai"
J'étais donc à Honfleur et je m'y ennuyais. Alors résolument, j'y mis du chameau. Cela ne paraît pas fort indiqué.
N'importe, c'était mon idée. D'ailleurs, je la mis à exécution avec la plus
grande prudence. Je les introduisis d'abord les jours de grande affluence, le samedi sur la place du Marché. L'encombrement devint indescriptible et les touristes disaient : " Ah ! ce que ça pue ! Sont-ils sales les gens d'ici ! " L'odeur gagna le port et se mit à terrasser celle de la crevette. On sortait de la foule plein de poussières et de poils d'on ne savait quoi.
Et, la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux quand ils
essayaient de franchir les écluses , gong ! gong ! sur le métal et les madriers !
L'envahissement par les chameaux se fit avec suite et sûreté.
On commençait à voir les Honfleurais loucher à chaque instant avec
ce regard soupçonneux spécial aux chameliers, quand ils inspectent
leur caravane pour voir si rien ne manque et si on peut continuer à faire
route ; mais je dus quitter Honfleur le quatrième jour.
J'avais lancé également un train de voyageurs. Il partait à toute allure de
la Grand'Place, et résolument s'avançait sur la mer sans s'inquiéter de la
lourdeur du matériel ; il filait en avant, sauvé par la foi.
Dommage que j'aie dû m'en aller, mais je doute fort que le calme renaisse
tout de suite en cette petite ville de pêcheurs de crevettes et de moules.

Henri Michaux, in La nuit Remue, 1930

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Projection

Cela se passait sur la jetée d’Honfleur, le ciel était pur. On voyait très clairement le phare du Havre. Je restai là en tout bien dix heures. A midi, j’allai déjeuner, mais je revins aussitôt après.

Quelques barques s’en furent aux moules à la marée basse, je reconnus un patron pêcheur avec qui j’étais déjà sorti et je fis encore quelques autres remarques. Mais en somme, relativement au temps que j’y passai, j’en fis excessivement peu.

Et tout d’un coup vers huit heures, je m’aperçus que tout ce spectacle que j’avais contemplé pendant cette journée, ça avait été seulement une émanation de mon esprit. Et j’en fus fort satisfait, car justement je m’étais reproché un peu avant de passer mes journées à ne rien faire.

Je fus donc content et puisque c’était seulement un spectacle venu de moi, cet horizon qui m’obsédait, je m’apprêtais à le rentrer. Mais il faisait fort chaud et sans doute j’étais fort affaibli, car je n’arrivai à rien. L’horizon ne diminuait pas et, loin de s’obscurcir, il avait une apparence peut-être plus lumineuse qu’auparavant.

Je marchais, je marchais.

Et quand les gens me saluaient, je les regardais avec égarement tout en me disant : « Il faudrait pourtant le rentrer cet horizon, ça va encore empoisonner ma vie, cette histoire-là », et ainsi arrivai-je pour dîner à l’hôtel d’Angleterre et là il fut bien évident que j’étais réellement à Honfleur, mais cela n’arrangeait rien.

Peu importait le passé. Le soir était venu, et pourtant l’horizon était toujours là identique à ce qu’il s’était montré aujourd’hui pendant des heures.

Au milieu de la nuit, il a disparu tout d’un coup, faisant si subitement place au néant que je le regrettai presque.

Henri Michaux, La nuit remue
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La Cordillera de los Andes

La première impression est terrible et proche du désespoir.
L'horizon d'abord disparaît.
Les nuages ne sont pas tous plus hauts que nous.
Infiniment et sans accidents, ce sont, où nous sommes,
Les hauts plateaux des Andes qui s'étendent, qui
s'étendent.

Le sol est noir et sans accueil.
Un sol venu du dedans.
Il ne s'intéresse pas aux plantes.
C'est une terre volcanique.
Nu ! et les maisons noires par-dessus,
Lui laissent tout son nu ;
Le nu noir du mauvais.

Qui n'aime pas les nuages,
Qu'il ne vienne pas à l'Equateur.
Ce sont les chiens fidèles de la montagne,
Grands chiens fidèles ;
Couronnent hautement l'horizon ;
L'altitude du lieu est de 3,000 mètres, qu'ils disent,
Est dangereuse qu'ils disent, pour le coeur, pour la respiration, pour l'estomac
Et pour le corps tout entier de l'étranger.

Trapus, brachycéphales, à petits pas,
Lourdement chargés marchent les Indiens dans cette ville,
collée dans un cratère de nuages.
Où va-t-il, ce pèlerinage vouté ?
Il se croise et s'entrecroise et monte ; rien de plus : c'est la vie quotidienne.
Quito et ses montagnes.
Elles tombent sur lui, puis s'étonnent, se retiennent, calment leur langues!
c'est chemin ; sur ce, on les pave.
Nous fumons tous ici l'opium de la grande altitude, voix basse,
petit pas, petit souffle.
Peu se disputent les chiens, peu les enfants, peu rient.
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Le front qu'il oppose tout jeune au monde et qu'il ne cessera par la suite de lui opposer, n'est pas un no man's land commode où ses échos viennent se perdre, mais un mur résistant et sonore, fait d'une matière étrangement sensible, "conductrice" au plus haut point, qui répercute en les intensifiant tous les chocs qui viennent du dehors. Sa poésie, plus tard, sera avant tout la manifestation nécessaire d'un processus de défense contre ces chocs trop pressants.
Non pas absent au monde, non pas indifférent certes, mais trop présent et trop exposé de par son extrême sensibilité: alors, avec des mots, comme avec des armes, il lui faudra bientôt défendre une autonomie toujours menacée. Ecrire sera son combat pour sauvegarder sa singularité et son altérité. Mais chez lui, jamais l'imagination ne sera un mécanisme facile d'évasion. Seulement un moyen de salut. D'où l'essentielle tonicité de cette oeuvre qui condamne toute démission et tout abandon aux pressions de l'extérieur et qui n'exalte les pouvoirs de l'imagination que pour sauver ce qui, de son moi profond, lui apparaît comme irréductible et irremplaçable.
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‘’Le Grand Combat»

«Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine... mais en vain.
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et vous regarde,
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.»

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Ferveurs mystiques coupées de "grands désirs fous", effusions par des images ou des sons plus que découvertes intellectuelles proprement dites, pressentiment en toutes choses d'un mystère ineffable, quête d'une révélation par quoi on peut percer "la façade et la croûte des choses" : telles furent les prémices de cette sensibilité si fine, si fluide et si complexe, qui devait faire de l'homme toujours un écorché vif.
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