Dès le lendemain de ses noces, Eugénie se consacra à ses nouvelles tâches : cuisiner, coudre, tailler, tisser et rapiécer les vêtements, filer la laine et apporter sa contribution au soin des animaux. Elle apprit peu à peu à préparer le feu dans l'âtre, à pétrir le pain, à écrémer le lait de leur unique vache et à baratter le beurre dans la petite laiterie adjacente à la maison, un appentis fermé qui servait aussi de garde-manger.
Au fil des saisons, en plus de l'entretien de la maison, salie par les résidus de l'étable et le bourbier causé par le dégel, Eugénie devrait aussi aider son mari aux semailles, faire les foins et s'occuper des récoltes, depuis l'aube jusqu'à la brunante. Elle apprendrait à saler le cochon que François aurait tué, à faire de la tête fromagée, ainsi qu'à fumer l'anguille ou à la conserver dans une barrique de saumure. Elle se familiariserait avec la préparation des produits de l'érable et fabriquerait même de la bière avec l'orge, le blé et le sarrasin qui resteraient des récoltes… Page 33
La dot en nature
Épouser une fille du Roy représentait la richesse pour la plupart des célibataires, en raison de leur dot. Celle-ci était généralement versée sous forme de biens: un bœuf, une vache, un cochon, une truie, un coq, une poule, deux barils de lard salé et onze écus. Cette dot constituait un attrait non négligeable pour tout colon en train de s'installer. L'intendant Talon exigeait cependant que le mariage eût lieu dans les trois semaines suivant l'arrivée des filles. P 277
Eugénie était donc demeurée à Paris jusqu'à son départ pour Honfleur, en mai 1666. Elle y avait été accueillie par les Récollettes, où elle avait rencontré le groupe de jeunes immigrantes conduites par madame Anne Bourdon C'était au monastère qu'elle avait fait la connaissance de Mathilde et de Violette. Les trois jeunes filles partageaient la même chambre et étaient rapidement devenues de vraies amies. Page 195
Ça prend du courage et de la ténacité, même de la témérité, pour agir selon ses convictions. Quand la paix reviendra, nous en sortirons meilleurs.
La guerre nécessitait une forte garnison à Michillimakinac et la traite était indispensable pour renforcer la loyauté des tribus alliées des Français. Michillimakinac était considéré comme la capitale du castor, la plaque tournante de tout le commerce de l'Ouest. Les voyageurs, marchands, truchements et pagayeurs y venaient des quatre points cardinaux.
Michillimakinac était aussi un petit paradis terrestre bâti au pied de falaises couvertes de forêts de conifères odorants et entouré d'un chapelet d'îles et d'étangs. La brise légère tempérait en permanence le climat idyllique de ce coin de terre. Page 261
Les opinions politiques divisent toujours le peuple, les fusils encore plus.
Notre pays n’est pas votre pays, comme votre roi George n’est pas notre roi! Le nôtre, c’est le roi Louis de France, et notre pays, c’est le Canada! Nous n’avons rien à voir dans cette guerre entre Britanniques! Nous n’appuierons pas les tuniques rouges! Nous n’appuierons pas les Anglais!
Les curés ont bien raison de se méfier de la danse, même à la noce. Les jeunes gens commencent par se tenir la main, et Dieu sait ce qu’ils peuvent avoir en tête après!
Bien des hommes mariés sont volages, même si c’est péché. En temps de guerre, c’est encore pire, puisqu’on dirait que le fait d’être soldat leur donne la permission de tout faire avec les filles qui rôdent autour de leur campement.
La guerre n’est pas pour moi source de divertissement, bien au contraire. Elle a ses contraintes, qu’il serait mieux de fuir, si nous le pouvions. Certains, hélas, trouvent dans la souffrance de l’ennemi un plaisir coupable…