Pourtant, très lentement, François débouche à nouveau la gourde. Au moment il lui tend, l'Allemand a une expression indéfinissable. Quand il boit, le bruit de l'eau qui coule dans sa gorge prend une importance démesurée, mais tous se taisent. Quand il la rend, il esquisse un léger sourire qui leur est à tous destinés.
La nuit s'est faite plus profonde.
C'est le moment pour eux tous d'accélérer l'allure. Roger, les mains crispées sur son volant, appuie sur l'accélérateur et règle sa vitesse sur le véhicule de tête. Derrière lui, il entend successivement trois moteurs qui se mettent à tourner plus vite. Ils sont cinq pick-up Dodge qui se suivent ainsi depuis deux jours.
Leur seconde nuit commence.
Tous les conducteurs s'efforcent, comme Roger, d'emprunter exactement les deux rails que laisse dans le sable le premier Dodge, commandé par le "group captain Simon". Il ne faut pas que les allemands puissent éventuellement les dénombrer....
(extrait du premier chapitre de l'édition parue chez "Presses Pocket" en 1961)