Reynal Sorel

Les Anciens admirent le kosmos. Dans sa vigueur native, le mot κόσμος exprime l’ordonnancement. Homère l’utilise pour désigner l’ensemble de la parure qu’Héra s’agence de la tête aux pieds pour détourner l’esprit de Zeus. L’ordre bien organisé, le kosmos, peut ainsi tromper. Les philosophes tenteront d’être attentifs à cet aspect. Le stratège, quant à lui, sera soucieux de la « bonne disposition » de ses troupes pour arracher la victoire. Le mot signifie encore l’ornement dont est paré un coursier pour contribuer à la renommée de celui qui le mène. Du bon ordre à l’ornement, le mot retient aussi le sens de l’arrangement efficace : « Chante l’arrangement (κόσμοv) du cheval de bois », puis celui d’un certain ordre convenu, tout misogyne soit-il : « La parure (kosmon) des femmes, femme, c’est le silence ».

Pythagore aurait, le premier, donné « le nom de kosmos à l’enveloppe de l’univers en raison de l’arrangement qui est en lui ». C’est parce que l’étant dans son ensemble apparaît ordonné, agencé, organisé, que l’antique mot kosmos s’impose à Pythagore, qui passe aussi pour avoir le premier soudé philo avec sophos. (pp. 79-80)