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3.39/5 (sur 60 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Gijón , le 18/02/1971
Biographie :

Ricardo Menéndez Salmón est un romancier, essayiste et traducteur espagnol.

Il est licencié en philosophie de l'Université d'Oviedo, il a été chroniqueur du journal El Comercio et critique littéraire dans le supplément culturel du quotidien ABC.

Actuellement, il collabore à divers journaux espagnols.

Il a reçu plus de 40 prix littéraires, dont le prix Juan Rulfo 2003 décerné par Radio France International et l'Institut du Mexique de Paris pour "Los caballos azules" ("Les chevaux bleus", non traduit) et le prix de la nouvelle courte Casino Mieres en 2006 pour "La Noche Feroz".

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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le Mal, avec une majuscule. Un des mot les plus courts, un des plus longs voyages.
(...)
C'est le bien qui demande un pourquoi, une cause, un motif. C'est le bien qui, en fait, constitue la plus profonde des énigmes.
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- Envoyez-moi un médecin, s'il vous plaît, j'ai perdu connaissance.
Perdre connaissance. Analysé froidement, le langage est terrifiant.
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Quand je ferme la fenêtre, on n'entend passer que le silence.
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Mais un corps peut-il démissionner de la réalité ? Face à l'agression du monde, face à la laideur du monde, fasse à l'horreur du monde, un corps peut-il se soustraire à ses fonctions, se refuser à être un corps, suspendre sa raison d'être, peut-il simplement abdiquer ; c'est-à-dire abdiquer son état de machine sensible ? Un corps peut-il dire : " Assez, je ne veux pas aller au-delà, c'est trop pour moi" ? Un corps peut-il s'oublier ?
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Vi la marca, dijo el hombre. Desde el umbral de mi casa. Usted es un lector, anadio. Un riente.
Traduction libre du contributeur: J'ai vu le signe, dit l'homme. Depuis le seuil de ma porte. Vous êtes un lecteur, ajouta-t'il. Un rieur.
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Suivirent d'autres journées de trêve, durant lesquelles Antares apprit à vivre avec le malheur et son contraire, qui n'est pas le bonheur, mais l'absence d'événements. Car de même que le contraire de l'amour n'est pas la haine, mais l'indifférence, celui de la peine n'est pas l'allégresse, mais le calme.
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Nous vivons comme nous rêvons - seuls.
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Ce qui éloigne de façon décisive l’homme politique de l’écrivain, c’est leur relation inverse aux détails. La politique, par définition, est le règne de la négation du détail. George Walker Bush dit dans un micro ouvert : « Il faut en finir avec cette merde », et « cette merde », c’est le Liban, c’est le Hezbollah, la Syrie, c’est Israël, c’est la Palestine, c’est une histoire millénaire fondée sur l’intolérance religieuse et nourrie par des intérêts économiques qui portent préjudice à des millions de personnes.
La littérature, quant à elle, est par définition la fraternité du détail, une pratique déjà millénaire qui se nourrit du détail, un exercice exigeant qui trouve dans le détail sa récompense et sa raison profonde d’exister. Car l’écrivain, dans ce cas précis, doit plonger dans le détail et expliquer ce que diable incarne « cette merde », pourquoi cela sent si mauvais, qui l’a générée, qui la tolère et la permet, qui en a fait son mode de vie. L’écrivain est l’individu qui analyse « cette merde » abstraite que l’homme politique répand sur les cartes. Et c’est dans cette leçon d’eschatologie méticuleuse et parfois déplaisante, dans ce délicat processus d’exploration des détails qui font que « cette merde » est ce qu’elle est et pas autre chose, que l’écrivain trouve sa récompense essentielle : la dignité.
Pervertir la réalité au moyen du langage, parvenir à faire en sorte que le langage dise ce que la réalité nie, voilà l’une des conquêtes majeures du pouvoir. La politique devient ainsi l’art de déguiser le mensonge.
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Un coup de fusil résonne dans la salle de classe. Une crampe parcourt l’avant-bras d’Homero, qui lâche son crayon avec appréhension. En bas vers la rivière et là-haut vers les collines, dans l’immense caisse de résonance que forme la vallée, la détonation se réverbère comme un bourdonnement.
Sur la table, près du cahier à couverture bleue tout usé, entre l’équerre et le demi-carré, la règle, la boîte de craies, un cylindre de plomb et un cendrier plein de mégots, Homero a ouvert sa Longines à savonnette.
Il est onze heures et quart. Cela fait presque deux heures qu’il a commencé à écrire et c’est à peine s’il a pu accoucher de six paragraphes d’une beauté douteuse et d’une rigueur scientifique plus douteuse encore.
De l’autre côté du cahier, entre la bougie de spermaceti et une petite figurine en bois de santal qui représente une goélette à trois mâts, repose une édition in-octavo des Démons de Dostoïevski. Face à Homero, qui par moments sent le sommeil et le froid envahir chaque pore de sa peau, enfermée dans un humble cadre de pin verni, on peut voir la photo d’une femme.
Une deuxième détonation descend sur la classe comme une violente averse. Les coups de feu viennent du sud, d’un endroit situé entre le cœur du bois et Villa Atenas, la propriété d’Irizábal.
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Quand le premier train a explosé, déversant sur nos petites vies courageuses un flot de sang, de colère et de peur, j’étais assis devant ma vieille table en frêne d’Australie et je corrigeais un jeu d’épreuves des Démons de Fedor Dostoïevski.
Je m’appelle Vladimir – jeune, mon père était passionné par la révolution russe – et je suis correcteur. Et j’oserai affirmer que Fedor Dostoïevski est mon écrivain préféré. (Peut-être que dix ans plus tôt, quand j’avais vingt-cinq ans, j’aurais affirmé que mon écrivain préféré était Albert Camus, et probablement que dans dix ans, quand j’en aurai quarante-cinq, je pencherai plutôt pour Stendhal ou Platon.)
À 7 h 37 le jeudi 11 mars 2004, je me trouvais donc, tout frais, après avoir pris mon petit-déjeuner, une belle lumière d’hiver pénétrant par la fenêtre comme un trait de givre, en train de lire un jeu d’épreuves composées en caractère typographique bembo, corps 12, au moment où Alexeï Kirilov avoue à Piotr Verhovenski que « la peur est la malédiction de l’homme », quand le premier train a explosé et que soudain nos compteurs ont été remis à zéro.
Aujourd’hui, évidemment, alors que tant de choses sont arrivées depuis et que les émotions ont été passées au tamis de la réflexion, tout apparaît de façon moins confuse, plus aisée à comprendre, mais, durant les heures que décrit cette chronique, nous tous qui étions là (et je crois que tout le monde, d’une façon ou d’une autre, était là) avons senti que les temps heureux avaient touché à leur fin.
Bien sûr, les temps heureux s’approchaient de leur fin depuis déjà pas mal de printemps, et périodiquement, comme si nous avions besoin de corroborer l’idée subtile qu’Alexeï Kirilov exposait à Piotr Verhovenski pendant que les premières bombes transformaient l’acier des trains en lave brûlante et les os des victimes en poussière ; périodiquement, donc, bien sûr, nous sentons la nécessité de nous infliger les uns aux autres de quoi nous rappeler, sans laisser de place au doute, que, un beau jour, tout foutra le camp, tout simplement.
Nous les hommes, sans exception, noirs et blancs, heureux et tristes, intelligents et idiots, nous sommes ainsi : nous arborons des drapeaux que d’autres détestent, nous adorons des dieux qui offensent nos voisins, nous nous entourons de lois qui insultent ceux qui nous entourent. La conséquence est facile à déduire : de temps en temps, sous le soleil ou sous la neige, en démocratie ou sous l’égide de quelque fasciste déguisé en inspecteur des finances, nous venons écraser des avions sur des gratte-ciel, nous bombardons des pays déjà dénués de toute richesse et nous nous embarquons dans des croisades aussi atroces qu’injustes.
Quand le téléphone a sonné, aux environs de 8 h 50, j’avais mis de côté les pages lumineuses, fascinantes dans lesquelles Alexeï Kirilov expose les raisons de son suicide imminent, et j’étais sur le point d’allumer la première cigarette de la journée. À ce moment-là, évidemment, je ne savais encore rien, et c’est seulement a posteriori, aidé par mon bagage littéraire et mon inclination pour la fiction, que j’ai pu donner une forme artistique à cette première impression, que je n’eus en réalité que soixante-dix ou quatre-vingts minutes après cet instant où le premier train a imprégné l’air de Madrid d’une odeur de viscères.
« Tu es au courant ? »
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UN tour en forêt ?? 🌳 🍂

Comme je descendais les allées impassibles ... Enfin, je marchais d'un bon pas dans ma campagne. Les vaches mâchent, les pies nichent, les chats chassent, les buis bruissent, les coucous couvent et voilà que j'arrive dans une forêt décidue. "Décidue" ???

la faune y est abondante et variée
les résineux y dominent et ça embaume
c'est une vraie symphonie de chants d'oiseaux
ah non ! il y règne un silence de cathédrale
pas du tout ! l'épais tapis de feuilles mortes crisse à chaque pas
d'accord, mais tous ces arbres tirés au cordeau, c'est monotone
faut bien ! la société de bûcheronnage les destine à la production de pâte à papier

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Thèmes : vocabulaire , botanique , arbres , feuillus , forêts , baba yaga , historiettesCréer un quiz sur cet auteur
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