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Citations de Richard Morgiève (152)


J'ai dit, vois-tu, que tu étais un poids, que sans toi, je serais plus libre, plus léger. Oh non !C'est toi ma légèreté, toi qui me fais jeune et plein de désir et de promesses à tenir.
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Dans les années 20, le gouvernement des States avait développé le Zyclon B. Ils l'avaient essayé dans la zone frontalière El Paso/ Ciudad Juárez . Sans fanfaronner, sans pub, ni déclaration publique. En théorie pour éradiquer le choléra et le typhus. Ils passaient les chicanos, les Mexicains, au DDT, et leurs vêtements, les wagons dans lesquels ils avaient voyagé au Zyclon B. Très efficace. Les nazis en avaient entendu parler. Ils avaient drôlement aimé. Un de leurs médecins, en 38, avait écrit un article dans le genre: "Le Zyclon B à El Paso , la solution d'éradication".
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Après un grand silence qui m'a fait battre le cœur pour toute la vie, je me suis éveillé. J'ai touché mon visage, mon crâne, pour me rassurer. Vérifier si j'étais moi. J'étais perdu dans mon pyjama, perdu de partout. Comme si je venais d'essayer de photographier l'instant d'avant la création du monde. Je suis resté comme ça je ne sais combien de temps.
Je suis sorti de la chambre. Par la fenêtre, la clarté de la nuit éclairait l'escalier aux marches peintes en blanc, je n'ai plus bougé. Je ne voyais que le palier, le tapis bleu qui recouvrait en partie les marches, les appliques en bronze doré imitant des torchères, mon ombre sans trop d'ambition d'enfant. Je n'étais pas vieux, ça se lisait sur le mur. Je ne pouvais pas regagner mon lit, ça m'était interdit par une force inconnue. J'ai traversé le palier, découvert mon père, assis, plus bas. Je voyais ses épaules voûtées, sa nuque. Je l'ai rejoint et me suis assis à côté de lui, écrasé par un poids qui venait je ne sais d'où. Je me disais que je devais faire quelque chose pour lui, c'était capital.
Sinon nous irions en enfer. J'ai posé ma main sur sa cuisse, tout doucement pour qu'elle ne soit pas lourde, gênante. Je devais avoir dix ans. Je crois que c'était l'automne. Mon père s'est levé, il m'a tendu la main. C'était rare, j'étais heureux…
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C'était un individu qui était crade en sortant de la douche.
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Plus de portefeuille, plus de montre. Pas d'alliance, de bijou. C'était normal -par ici les manchots volaient des deux mains.
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Il y a un silence qui s'appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s'étourdissent de mots j'aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j'ai beaucoup vécu dans la mort j'en ai beaucoup parlé je l'ai brandie je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.
Ca voudrait dire que je joue avec une menace que je me fais peur et que je fais peur aux autres à ceux que j'aime avec la peur qui m'a frappé jadis ?

En conséquence
écrire comme l'exécution de la peine capitale : pour trancher une bonne fois pour toutes le mal. (p. 7)
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[...] et je pleure mais ce n'est pas la première fois ça fait du bien de toute façon et pardonner à l'autre c'est d'abord se pardonner n'est-ce-pas ? dans mon cœur et sous ma peau j'ai écrit ma vie folle dans mon cerveau j'ai écrit ma vie folle j'ai écrit ma vie folle dans mes peines dans mes amours dans tout ce que j'ai fait et les mots proposent leurs fins et la sagesse c'est d'écouter et de comprendre.
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Mon petit garçon est blanc dans l'obscurité, il dort souvent les bras rejetés en arrière. Je pose un baiser sur ses lèvres, sur son front. Mon petit garçon grandit, mon petit garçon rit, mon petit garçon. Mon petit garçon repose, je vais le voir à pas feutrés. Il semble luire dans l'obscurité, je me baisse vers lui comme les lèvres assoiffées vont à la source pure. Je ne peux même pas parler de mon émotion au fond. C'est mon petit garçon. J'ai été un petit garçon ? Je regarde mon petit garçon et je ne me souviens pas de moi petit garçon, ou si peu, et je pense que lui plus tard ne se souviendra pas de lui petit garçon. Mon petit garçon, tout petit, était déjà un petit garçon un peu en retrait, un petit garçon assis à l'écart sur le bord des bacs à sable. J'ai pensé que mon petit garçon me ressemblait, j'ai pensé que ce serait bien qu'il soit moins contemplatif, un peu plus dans l'activité. Mon petit garçon change, maintenant il se lance dans des jeux où son corps va chercher la réponse de l'aventure. Mon petit garçon est ma frontière d'avec toute fin. Je le sais, mais en ce moment je suis fatigué de lutter. Il faudrait que j'arrête de lutter et que je vive, calme, acceptant la vie. Je devrais le faire pour mon petit garçon. Quand je dis Mon petit garçon tout est beau et douloureux et calme et terrible en moi. Quand je dis Mon petit garçon, je ne peux rien dire de plus beau.
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Au début de la séparation, avec maman, seules toutes les deux dans cet espace où jadis on était quatre, on était toutes les deux, et sans même oser se dire qu'on y était mal à deux dans ce monde. Il fallait bâtir un nouveau monde dans un ancien monde. Il fallait oublier tous les échos du passé ; chaque tache sur les murs était comme une photographie qu'il fallait éviter de regarder si on ne voulait pas s'effondrer en larmes, tant elle rappelait un joyeux passé.
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Mon petit garçon est ma seule grâce, il faut que je tienne le coup pour lui donner ce que je sais, c’est son héritage tout ce qu’il peut attendre de moi, ce n’est que moi. Je n’ai rien d’autre à lui donner que moi. C’est peu. C’est le matin, c’est le soir, c’est l’automne, c’est le printemps, j’ai peur. L’aube, la pluie. Il faut que je résiste, il faut que je m’accroche, il faut que je trouve du sens à ma vie, j’ai du mal.
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[…] le sourire de ma Loraine, de ma filleule, de ma fille, oui de ma fille à moi, moi, mon, ma, mes, c’être les mots des gens libres, j’être libre et fort, et je te donne ma force, ce que je dire c’être pas clair, mais c’est mon cœur qui parler, alors je te le répète, plus belle maigrelette d’ici jusqu’à là-bas, où le soleil se couche, écoute, écoute, quand mes yeux mouriront, ils mouriront avec ton image dessus parole d’honneur.
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Je suis tout à fait perdu et abandonné. Je marche et c'est tout ce que je suis capable de faire et ce que Dieu et les anges savent et voient aucun être humain ne le sait ni ne le voit.
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Moss n’avait gardé qu’une seule chambre froide. Il l’avait fait couper en deux pour désinvestir, claquer le moins possible de fric en électricité. Si les macchabées avaient pu pédaler pour produire leur courant, il les aurait installés sur des vélos.
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[ Incipit ]

Il y a un silence qui s'appelle la mort il fait peur à ceux qui comme moi s'étourdissent de mots j'aimerais ne plus avoir peur de la mort et surtout ne plus y penser comme à une solution j'ai beaucoup vécu dans la mort j'en ai beaucoup parlé, je l'ai brandie, je la brandis encore telle une réponse voire une sorte de philosophie mais je ne me trouve pas sincère sinon je serais déjà mort.
Ça voudrait dire que je joue avec une menace que je me fais peur et que je fais peur aux autres à ceux que j'aime avec la peur qui m'a frappé jadis ?
En conséquence
écrire comme l'exécution de la peine capitale : pour trancher une bonne fois pour toutes le mal.
Aucun préjudice n'en découlera ? car je suis moi en moi tourné vers la lumière à laquelle je crois ?


Je m'excuse
acceptez toutes mes excuses.


Si j'ai tenu à m'excuser une fois pour toutes c'est parce que je passe mes journées et ma vie à m'excuser et mes nuits je m'excuse sans cesse je m'excuse tant et tant que ça ne peut que vouloir dire que je m'excuse de vivre il m'est arrivé de penser par rapport à mes excuses perpétuelles qu'elles cachaient une sorte de violence [...]
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L'an 2000 s'approche et nous ne savons rien de ce qui vient mais nous savons ce que nous voulons aimer celle qu'on aime par exemple profiter de sa chaleur attendre avec elle la nuit et s'aimer et attendre le jour et essayer de le saluer et essayer de saluer celle qu'on aime et essayer de ne pas céder à l'inertie et à l'habitude louer le présent et vivre au présent au fond je crois que c'est tout simplement prier au présent et faire comme les fleurs qui se tournent vers le jour et prier profiter des heures avec elle comme un homme saint égrène un chapelet et inventer si possible tous les jours un nouveau vers tous les jours la regarder comme le premier jour écouter proposer surprendre jouer et faire ces projets que l'on faisait jadis à notre aube des petits projets une heure ensemble une nuit ensemble en vérité c'est ça l'amour de petites demandes mais qui résonnent en nous comme les cris des grandes œuvres et !
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- Eh bien je pense qu'on peut dire que je suis ruiné, répond-t-il avec un sourire désarmant.
- Mais c'est terrible, s'exclame Joséphine.
- Pas tant que ça, dit-il, qu'est-ce que c'est que l'argent ? C'est rien d'autre qu'une manière de faire passer le temps aux mortels civilisés. Ca circule de main en main, ça va, ça vient. Riche hier, pauvre aujourd'hui, inch'Allah, demain il fera jour pour ceux qui verront le soleil.
- Qu'allez-vous faire ? demande madame mère. A vote âge ce n'est pas facile de recommencer à zéro.
- Vous voulez que je vous dise à quoi je rêve, dit-il, je rêve de ne rien faire, rien faire du tout, vivre en retraité, dans une petite ville de préférence. Vous savez, ce que je veux, c'est lire mon journal tranquillement, faire de bonnes balades et siroter de temps en temps une bière à la terrasse d'un café. Oui, c'est tout ce que je veux et il m'en faudrait pas plus pour être l'homme le plus heureux du monde.
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La prière était un acte égoïste, une caresse solitaire. Il n'y avait pas de mots pour parler à ceux qu'on aimait et qui n'entendaient plus.
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Il avait deux gros ganglions dans le pli de l'aine et des morpions. Fletcher l'a reculotté. Les morpions allaient de nouveau se retrouver dans le noir. Ils n'avaient qu'à s'acheter des phares.
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Les tueurs en série étaient des hommes du monde dit moderne, ce monde qui en réalité fonçait vers la fin. Les tueurs en série niaient la nature, c'était des hommes urbains.
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J'ai perdu tout le temps. Je ne peins plus. J'ai perdu mes enfants. Je suis seul. Je rôde. J'ai tout perdu tout le temps? Je n'ai rien que ce petit garçon, mon petit garçon. C'est tout ce que j'ai
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