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Critiques de Richard Morgiève (142)
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Mouton

Michel Mouton est un homme bien rangé. Il vit dans une résidence à son image. Propre, discrète, conforme à l’idéal de vie d’un célibataire de la classe moyenne qui ne veut pas faire de vague. Il consomme comme la société lui demande, c'est-à-dire qu’il est capable d’épargner 6 mois de salaire pour s’acheter une PEUGEOT au-dessus de ses moyens qu’il bichonne et à qui il parle comme s’il s’agissait de sa femme. Au travail Mouton est « thanatopracteur », il prépare les corps des défunts, avec beaucoup de respect et de professionnalisme.

Tout est huilé dans cette vie insipide au sein de cette société bizarre. L’ambiance ressemble à ce qu’on pourrait imaginer être une fusion entre 1984 d’Orwell et la série Six feet Under. Le président décide qu’il faut abolir l’orthographe compliqué (les ique deviennent ic). Mouton parle aux morts qu’il conserve dans ses tiroirs surgelés.



Jusqu’au jour où un double de lui-même, un homonyme complétement barré, débarque dans son appartement et met tout sens dessus dessous. Cet autre Michel Mouton est-il réel ou le personnage principal devient il fou ? Quoiqu’il en soit, le « Mouton noir » traumatise tant le « Mouton blanc » que ce dernier va sortir des gongs de sa vie plate. D’abord sous l’effet des drogues que l’autre lui file en douce, puis sous l’effet de la rage et du désir de le tuer. Son éveil sexuel explose. La belle Jessica, hôtesse d’accueil nympho qui ne le regardait pas avant sa transformation lui saute littéralement à la braguette. Son bel appartement et sa magnifique PEUGEOT n’en réchapperont pas.



J’ai beaucoup aimé l’humour corrosif de ce roman et la griffe de l’auteur me pousse à dévorer ses autres romans. Un Tom Sharpe à la française. Plus poétique.



8 juin 2012

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La Fête des mères

Le nouveau roman de Richard Morgieve, auteur notamment du « Cherokee », m’a laissée complètement sonnée tant il est magnifiquement écrit (mais connaissant déjà la plume de l’auteur, je me doutais que j’allais une fois de plus être époustouflée par son style) et bouleversant.

Nous suivons l’histoire des tourments de Jacques Bauchot, le narrateur, de ses 10 ans dans les années 60, à l’âge adulte.

Nous plongeons ainsi au cœur d’une famille de la haute bourgeoisie versaillaise.

L’argent ne manque pas et l’adage selon lequel « l’argent ne fait pas le bonheur » est ici parfaitement illustré. Jacques, deuxième d'une fratrie de quatre, est admiratif d’un père banquier qui n’est jamais vraiment revenu des camps de concentration et brille par son absence. Jacques est totalement fou de sa mère, une femme sublime, envoûtante mais inaccessible, versatile, toxique, quelque part désœuvrée et absente elle aussi à sa façon. Une mère qui leur inflige une discipline de fer (régime alimentaire sévère, eau froide pour se laver, miroir placé trop haut afin de ne pas perdre de temps à s’admirer,etc) et les traîne à l’église.

Jacques, enfant, ne trouve pas de réconfort auprès de ses frères, haïssant l’aîné qui le martyrise et le petit dernier qu’il jalouse. Il va grandir et se construire comme il peut, marqué par les problèmes de santé et refusant l’amour…



C’est un roman qu’on peut rattacher au roman familial dans la veine de ceux de Mauriac ou encore Bazin, un roman sombre (mais parfois très drôle), poignant, d’une grande profondeur, sur la filiation, l’héritage et la prédestination.

Le roman en lui-même a une histoire particulière que je vous laisse découvrir grâce à une postface de l’auteur qui achève parfaitement le récit.

Un roman sublime qui est un des romans de cette rentrée littéraire absolument incontournable pour moi.

Richard Morgiève est un écrivain français qui mérite d’être beaucoup plus lu et mis en lumière car son talent est exceptionnel, son écriture d’une qualité rare et singulière.

Immense coup de cœur.

Je ne sais plus quel magazine titré « un chef d'oeuvre d'autofiction qui mettra le lecteur à terre ». Je suis absolument d’accord (sauf avec le terme « autofiction », il s’agit d’une véritable œuvre de fiction même si elle s’inspire de faits réels).
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Le Cherokee

🛸 Le Cherokee - Richard Morgiève 🛸

Editions Joelle Losfeld



1954, USA : alors qu'il fait sa tournée de nuit à la première neige, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l'Utah, le shérif Nick Corey découvre une voiture abandonnée. Au même moment, il voit atterrir un chasseur Sabre, sans aucune lumière. Et sans pilote. Le standard de la police a reçu énormément d'appels signalant l'apparition de soucoupes volantes. C'est le branle-bas de combat. L'armée et le FBI sont sur les dents, ils débarquent en nombre pour enquêter sur le Sabre. Jack White agent spécial rattaché au président, fait part de la progression de l'enquête à Corey et Corey lui parle de la sienne. Il poursuit un tueur en série qui pourrait bien être celui qui a tué ses parents, à l'époque c'est lui qui avait été accusé et emprisonné avant d'être innocenté mais la prison l'avait déjà bien changé et endurci. Corey et White se rapprochent de plus en plus car on peut tomber amoureux d'un agent du FBI.



J'ai adoré ce livre! Même si en toute honnêteté j'ai eu beaucoup de mal avec les trente premières pages, j'avais l'impression de passer à côté de tout, de ne pas saisir certaines choses, l'écriture était déroutante. Et puis je me suis habituée au style et je me suis régalée. Car oui il y a un style fort, qui joue avec les codes et avec l'absurde, c'est savoureux, c'est dur, c'est drôle. Les personnages sont superbement travaillés, comme Corey qui est hanté par la mort de ses parents, obsédé par son enquête, un vrai dur à cuire qui souffre de son homosexualité, prêt à tout pour retrouver le Dindon. Je me suis embarquée dans ce roman suite à la chronique de Dealerdelignes et j'en suis bien heureuse car c'est une belle découverte. 💚
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Le Cherokee

Le cherokee est un polar français, écrit en 2019, et se déroulant dans les années 1950, aux Etats-Unis. Il faut reconnaître à Richard Morgiève d'avoir parfaitement restitué l'ambiance des polars américains de cette époque. Nick Corey, shérif au sang indien se retrouve confronté à une double enquête une nuit sans lune. Un avion de l'armée retrouvé sans pilote et une voiture sans plus de chauffeur.



Je reconnaîs un immense talent d'écriture ! C'est drôle quasiment tout le temps. Triste aussi. Le style alterne entre pastiche du roman noir américain, avec ses fameuses traductions françaises catastrophiques des années 50, où le patron du bar au fin fond de l'Utah s'exprime comme un bistrotier bien franchouillard, western, histoire d'amour et roman contemplatif. Les dialogues sont aux petits oignons, les répliques percutantes. Les personnages bien campés. Cependant quelque chose a dû m échapper, je ne comprends pas le "message". L'enquête sur l'avion est un peu inutile. Celle sur le tueur en série nous tient en haleine mais est un peu alambiquée, peu crédible. Peut-être est-ce volontaire ? Un sentiment d'inachevé.



ATTENTION SPOILER



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Cimetière d'étoiles

Accompagner ces deux flics déglingués et défoncés dans leur trip morbide m'a donné une furieuse envie de revoir les films de Robert Rodriguez. Ces deux types sont hallucinés et hallucinants. Tandis que l'albinos se perd dans le brouillard de ses pensées dégénérées, l'autre enfile les citations latines comme des perles et récite des génériques de films en saignant du nez. Ou peut-être est-ce l'inverse ? L'idée commencée par l'un est souvent finie par l'autre.

Leur enquête part dans tous les sens, mais eux, ils palpent, ils torturent, ils frappent, ils cherchent, ils s'interrogent, ils imaginent.

Et pourtant, le croirez-vous ? Dans ce grand goudron sanglant, il est finalement question d'amour.



"Cimetière d'étoiles " est un grand roman noir. À lire, et sans doute à relire, pour en apprécier toute la poésie déjantée.



#CimetiereDetoiles #RichardMorgieve #JoëlleLosfeldÉditions #Gallimard #livres #chroniques #lecture #polar #thriller



Le quatrième de couverture :



El Paso, Texas, 1963. Huit ans après la disparition du tueur en série appelé le Dindon *, les lieutenants Rollie Fletcher et Will Drake enquêtent sur la mort suspecte d’un Marine. Ce ne sont pas des modèles de vertu mais la vertu n’a jamais résolu une affaire criminelle. La ténacité, si. Plus Fletcher et Drake progressent dans la recherche de la vérité, plus cet absolu leur échappe, plus l’enquête se révèle être une hydre aux multiples visages. La mort à tous les étages: voilà ce qu’ils auront au menu et qu’ils feront passer avec des balles blindées et des amphétamines. Pas de castagnettes mais des poings américains. Comme seule loi, la loi du talion version country : pour un oeil les deux, pour une dent toute la gueule. On remplit les cimetières comme on peut et on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. En témoigne cette pluie d’étoiles mortes qui tombe du drapeau américain à la fin du livre.
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Un petit homme de dos

Comment un propos qui pourrait passer pour une fresque historique devient une fresque hystérique dans le sens positif du terme. Alors chez Morgiève (comme toujours) point de repos, la langue est rapide jamais dans la poche ciselée et décomplexée. On parle de la guerre, de l'occupation, mais on se permet tout, du riche au pauvre c'est la cours des miracles. Certes la vélocité narrative n'aide pas toujours à se représenter l'histoire de manière classique mais tel n'est pas le propos, on fonce à toute berzingue, on brûle les étapes, on défonce les préjugés, on explose toute forme de planification (surtout familiale). Les personnages ont le pouvoir, ils nous surprennent tout le temps. On passe de 42 aux années 80 comme pour rire, de la richesse à la précarité comme dans une mauvaise blague. Personne n'est épargné, on fusille tout le monde, même de dos et pourtant quelle vie dans ce roman !
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Un petit homme de dos

C’est l’histoire d’un fils et d’un père.

La mère était déjà là.

Le père est venu d’on ne sait où ; prince ou bandit ? On ne sait : « un de ces divins escrocs qui savent souffler le vent que les gogos achètent ».

Le père aime très beaucoup la maman du fils. L’inverse aussi. « Elle l'a dans la peau dit-elle ». Mais le père aime parfois d’autres femmes. C’est comme ça, le père est un éternel amoureux de la vie.

Le fils est conçu ‘’une nuit, en plein vent, sur une grève déserte de l’Adriatique’’.

Dans cette histoire, il y a aussi un homme, manchot avec une mitraillette sous le manteau qui «…… je pas te voir grandir, j’être très triste à cause de ça, mais c’être la vie et la vie seule gouverne la vie » et si le fils n’avait pas déjà un père il aurait voulu cet homme comme père.

On nomme le fils du nom de cet homme, mais le fils n’est toujours pas né.

La mère meurt et le fils se réfugie dans ses Dinky -Toys. Dans ces cas-là on fait ce que l’on peut mais le fils n’est toujours pas né.

Le père a pris les dinky- toys et a dit : où est-ce qu’on les range ?dans mon fourbi, a répondu le fils et ils se sont donnés la main .Mais le fils n’est toujours pas né.

Il y a d’autres personnage : des indiens, des américains, des oncles

… mais on ne sait pas quand ils disparaissent.

La grand-mère meurt : elle, on savait.

Une histoire où on dit : tu te rappelles quand ……? Et on rêve de hier.

Le père se remet à boire et le fils prie beaucoup ; mais ça ne marche pas.

Vers la fin, très près de la fin, le père est seul avec le fils, il lui parle comme à un adulte alors le fils nait et parle comme un fils.

Le père décide de mourir, il ne pouvait plus vivre sans être le prince de la mère.

Le petit garçon cherchera toujours son père. C’est comme ça.

C’est une histoire simple, sans héros, sans Grande Révolution, qui ne cherche pas à traverser les siècles comme un chef d’œuvre éternel.

Une chouette histoire, au ton juste, qui, sans pathos, met l’accent sur la lumière.

Parfois, on peut pleurer ; ça fait du bien.

Faut pas trop raconter cette histoire, pour ne pas l’abîmer.

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Legarçon

« Les non-dupes errent » (Jacques Lacan)



Un jour de vagabondage et de maugréments contre la logorrhée

Je me suis promis de le lire, ce livre, tout en pensant qu'il ne me plairait pas.

Donc …

Si vous souhaitez des échappées vers la beauté, vers la connaissance des autres, l'abandon aux choses, aux fleuves de la vie, ne le lisez pas.

Si vous aimez le Petit Prince, ne le lisez pas.

Si vous aimez « attendre le passage de Dieu ou d'un insecte, ou de rien » ne le lisez pas

Si vous aimez les mélodies un peu mélancoliques couleur d'herbes folles, ne le lisez pas

Si vous cherchez « un livre qu'on pourra lire quand on n'aura absolument rien à faire, et qu'il pleuvra dehors sur les sentiers », ne le lisez pas

Si vous cherchez un livre à aimer, ne le lisez pas

C'est un livre de l'extrême de l'inhumanité, quasi extra-terrestre, un magma insoutenable.

C'est un livre aux phrases concassées, d'une épuisante lutte contre le mal.

N'y venez surtout pas pour conforter vos certitudes.

Ce n'est pas un livre que l'on aime

C'est un livre qui mord



Qu'a-t-il vécu celui qui l'a écrit ?

Ou alors c'était un écrivain, un vrai.

« Quand j'entends “C'est bien écrit”, pour moi, c'est un camouflet. Ça ne veut rien dire ! C'est absurde ! Je vois plein de gens qui veulent "bien écrire" mais ce n'est pas ça ! C'est beaucoup plus complexe, il faut que ce soit beau, vital. Ce n'est plus le problème d'écrire avec des subjonctifs ou pas. »





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Le Cherokee

1954, aux States. Un avion, une bombe, un tueur redoutable surnommé le dindon, une disparue. Et au milieu de tout cela, le sherif Nick Corey, hanté par son passé et l'assassinat barbare de ses parents ...



Un roman totalement déconcertant. Atypique. D'une part, en termes d'écriture, l'emploi du passé composé s'avérant déroutant, tout au moins au début. D'autre part, au niveau du style de narration, assez particulier, qui peut avoir tendance à parfois perdre le lecteur. Sans compter certains passages excessivement crus ou violents, et une chute qui m'a laissé perplexe... et désorienté. Trop de flou, de questions sans réponses...



Ce côté inclassable constitue probablement la force et la faiblesse de ce Cherokeee. Qui fait qu'on aime ou pas. Malgré ses atouts indéniables (le sens de la réplique notamment), je ne peux pas dire avoir accroché sur ce roman...

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Love

C’est l’Apocalypse près de Montelimar et Chance, homme-robot piloté par une société secrète européenne, croise celle qui va le pousser à se libèrer peu à peu de ses chaines pour devenir de plus en plus humain.

Qui dit humanité dit conscience, qui dit conscience dit amour et Chance va s’éveiller à la conscience en découvrant les sentiments qui caractérisent l’humanité…

Bon, c’est la première fois que je lis un roman d’anticipation donc je ne suis pas forcément très objective mais j’ai eu l’impression de lire un jeu-vidéo pour ado attardé (grands ados quand même parce-que violence et sexe à la pelle) qui aurait progressivement glissé vers le conte métaphysique.

Une chose est sûre, ce n’est pas l’écriture qui accroche mais plutôt cette idée d’un androïde s’éveillant progressivement aux sentiments et qui sauvera peut-être le monde par l’amour…

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La Fête des mères

Poil de carotte, Vipère au poing, La fête des mères, les mères toxiques et les pères absents jalonnent la littérature. Richard Morgièvre nous embarque sur sa rivière de larmes naviguant entre amour , haine, soumission, rêve et révolte. La langue est superbe. Le mot juste. Le style éblouit. On dévore ces quatre cents pages. Nous n'oublierons pas Jacques Bauchot, son Heure Bleue et sa solitude.
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Cimetière d'étoiles

Cimetière d’étoiles, c’est tout à fait le genre de livre que tu n’as pas envie de finir mais que tu ne peux pas t’empêcher de dévorer puisque dès les premières pages t’es déjà complètement accro. En même temps c’était à prévoir, le Cherokee, précédent roman de l’auteur t’avait déjà fait cet effet.





Quand t’es comme moi accro à certaines séries policières assez borderlines où les flics n’ont pas peur de sortir des limites imposées par leur hiérarchie et le règlement pour obtenir des résultats, tu ne peux que tomber sous le charme de ce duo déjanté. Que ce soit l’albinos qui philosophe à longueur de journée nous faisant partager ses pensées ou son collègue et son répertoire musical et cinématographique, il y a de la culture entre ses deux-là, même si à première vue, ça crève pas les yeux.



Le casting qui les accompagne est plutôt corsé dans le genre dérangé.



“ Par ici à El Paso, les gens se faisaient tellement chier qu’ils cancanaient un peu plus que partout ailleurs, trouvaient des surnoms aux gens et aux choses pour meubler leur ennui, distraire le temps. ”



Les personnages se suivent, se bousculent au portillon d’El Paso. On y croisera hélas, tôt ou tard “ Le Dindon ” ce serial killer qui avait déjà fait parler de lui dans Le Cherokee, mais aussi Burt, Le Lama, accompagné de son pote El Gnono, un nain armurier, Le Fisc, Henry “ le dépiauteur ” mais aussi deux autres flics du FBI, surnommés “ Les Aspirateurs ” clin d’œil à HOOVER.



De quoi vous faire passer de sacré moment de rigolade où même l’amour pointera le bout de son nez au milieu de cette enquête où les cadavres tombent comme des mouches.



Richard Morgiève possède une verve extraordinaire, un humour caustique qui ferait pâlir certains scénaristes qui ne lui arrivent pas à la cheville, un style unique, où tu te surprends à sourire malgré la noirceur de l’histoire ou la dureté de certaines scènes.



“ – […] Mens pas… Raconte dans l’ordre sinon je t’arrache une dent… Souris, que je choisisse laquelle. ”



Est-ce un western, un polar, un roman noir ? un peu tout ça en fait. C’est pas américain et pourtant c’est tout aussi bon.



T’as à peine terminé, que t’as juste envie de rembobiner l’histoire et de te te refaire une deuxième séance, histoire de voir si t’as pas oublié un truc en route et retrouver ces deux vautours pour une nouvelle chevauchée fantastique, car dans cette ambiance poussiéreuse et déglinguée c’était pas toujours simple de les suivre.



Je pourrais poursuivre les éloges pour te convaincre ou pointer Le tueur sur ta tête pour te pousser à filer en librairie, et t’acheter ce Cimetière d’étoiles, mais je te fais confiance, car toi aussi t’as besoin de te changer les idées avec une bonne dose d’encre noire, alors n’attend pas le couvre-feu, fonce chez ton dealer.



Chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress lien ci-dessous
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Le Cherokee

1954. Nick Corey est shérif à Panguitch, UTAH. Alors qu'il constate qu'une voiture est abandonnée, au milieu de nulle part, voilà qu'un avion de chasse atterrit sans son pilote. Le F.B.I inquiet de sa disparition arrive en renfort. A qui appartient cette voiture ? Où est passé le pilote de l'avion ? Avec l'aide du F.B.I, Nick va tenter de résoudre cette enquête qui va également le mener sur la trace de celui qui a massacré sa mère, son père, duquel il a précieusement gardé sa bible. 🖊️ Dans ce roman noir, Richard Morgiève nous fait parcourir les routes arides de l'Utah. Ce désert qu'il arpente quasi seul est contrebalancé par la richesse et l'épaisseur des personnages : Jack white l'agent du FBI, la jeune femme aux ongles vernis, l'indienne, l'élégante disparue et sa soeur ; que dire de la dernière compagne de route de Corey.....💔

Mais il ne nous donne pas seulement de beaux personnages bancals, droits, fragiles, esseulés, amoureux. C'est un conteur qui établit une cohésion entre le lieu, les personnages, le ton, le rythme, l'atmosphère de son histoire. Ne cherchez pas à tout comprendre dès le début, à tout rationaliser. Lâchez prise, faites confiance, laissez-vous trimbaler. Vous ne regretterez pas d'avoir suivi Nick dans sa quête personnelle et professionnelle.

Vous regretterez seulement de le quitter et peut-être verserez-vous quelques larmes quand le temps de certaines séparations sera venu.

✍️ J'ai tellement aimé cette histoire, l'humour (noir parfois), la violence, la tendresse qui émerge de cette rudesse, le rythme et l'histoire qui prend son temps que je ne peux que vous encourager à lire cet auteur. C'est la dernière deuxième fois que je lis un de ses romans et je suis toujours aussi conquise.❤️
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Le Cherokee



” Il a pivoté vers le zinc qui a surgi à cent mètres, trois étages au-dessus du sol, un chasseur Sabre, sans lumière, réacteur coupé, noirâtre – odeur de brûlé, d'essence. Autre odeur bizarre, chaleur. 
 Corey s'est jeté à terre instinctivement. Le Sabre est passé au-dessus de lui dans un souffle violent. Corey a relevé la tête pour le voir filer sans bruit, le train d'atterrissage sorti. “ 





Au cours de l'année 1954, aux USA, sur les hauts plateaux désertiques du comté de Garfield, dans l'Utah, atterrit en pleine nuit un chasseur Sabre, sans aucune lumière, ni pilote.
Inopinément le Shérif Nick Corey assiste à la scène, lors de sa tournée de nuit à la première neige. 


Après avoir découvert une voiture abandonnée, cette nuit est de plus en plus surprenante et annonce un sacré branle-bas de combat. 
Suite à ces événements, le FBI et l'armée débarque. Tous sont sur les dents.


Corey de son côté se retrouve confronté à son propre passé, le tueur en série qui a assassiné ses parents et gâché sa vie, réapparaît.





” Le tueur n'avait pas été retrouvé. La guerre était venue et tout le monde s'était intéressé à un autre type de meurtre. Il n'était pas impossible que l'assassin de ses parents ait été décoré pour bravoure et héroïsme. Corey espérait qu'il était vivant, lui n'avait pas clos l'enquête. Il n'avait pas la possibilité d'avoir accès à toutes les procédures pour homicides, à toutes les enquêtes, alors il attendait. Il attendait depuis vingt et un ans. Il n'espérait pas — c'était un type au bord de l'eau qui attendait que ça morde, sans ligne, sans hameçon. “ 





Corey a assez attendu, il est temps pour lui de faire face à ses cauchemars et de reprendre la route pour suivre les traces de ce tueur qui parsème sa route d'indices troublants de manière très particulière que seul un indien pourrait trouver. Le Cherokee pourrait être une aide précieuse au shérif, à l'allure Apache.





” Un sacré fantôme de plus dans une ville de fantômes. Il connaissait son labyrinthe et ne craignait pas d'affronter la nuit. Ce qu'il craignait d'affronter, c'était la vérité. “




C'est sur sa Harley, qu'il fonce à la poursuite du tueur, le cœur battant la chamade pour cet agent du FBI. Même dans les pires moments, personne n'est à l'abri de tomber amoureux pour la première fois...






” Il espérait et comprenait que c'était ça vivre, cet espoir qui ne se disait pas, ne se prononçait pas. Cet espoir en nous et qu'on projetait sans le savoir, sans en être conscient, pour marcher sur la corde au dessus du vide. “ 





Ce que j'en dis : 




Tomber d'amour pour un polar, en ce qui me concerne c'est assez rare.

Dès le départ j'ai été sous le charme de la plume de Richard Morgiève, d'une qualité remarquable, sans compter l'histoire qui se profilait qui avait tout pour me plaire. 


C'est en tout premier lieu, le titre qui m'a interpellé puis la couverture attirante qui m'a donnée envie de voir ce que ce roman cachait. 


Adepte des lectures à l'aveugle ou vierge de toute information, je ne me suis pas attardée sur le synopsis, et dès les premières pages, j'étais comblée et sous le charme de ce shérif atypique. L'aventure se présentait sous de merveilleux auspices.




” Il ne fallait pas croire que Corey était un bon gars simple et gentil. Des blagues. Il pensait qu'il était un sacré fumier — et on ne se refait pas. “ 




Un polar à la hauteur de toutes mes espérances qui recèle de nombreuses qualités. 




Dans un style d'une grande maîtrise, une plume de caractère, délicieuse, acérée, avec ce petit côté de surnaturel où résonnent les croyances ancestrales des indiens d'Amérique, ce récit m'a conquise.


On accompagne Corey, ce shérif hyper attachant, qui porte en lui un lourd fardeau, accompagné de quelques fantômes qui le hantent jour et nuit, tout en lui permettant de mieux appréhender la vie et même de résoudre quelques énigmes au passage. 




” Quand l'enquêteur était à la ramasse, quand son âme battait des ailes, quand il était à bout de son humanité, alors la vérité pouvait venir à lui. Corey ne le savait pas encore. Corey était un homme, pas un ange. “




Et également un serial killer sournois qu'on aimerait bien voir finir derrières les barreaux.


Salué par Jean Patrick Manchette en 1994, pour Cueille le jour, ce polar tout aussi magnifique est à découvrir absolument. 
Moment de lecture exquis. 
Et s'apercevoir qu' Un petit homme de dos, et Boy m'attendent patiemment dans ma bibliothèque, me font regretter d'autant moins mes achats compulsifs. 


Un auteur que je vais continuer à découvrir avec plaisir après cet énorme coup de foudre. 

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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Les hommes

J’ai adoré, vraiment adoré. Je me suis laissé entraîner dans cette histoire dès les premières lignes, je l’ai « senti » tout de suite. Et je l’ai dégusté ce livre sur et avec « les hommes d’antan», ces gangsters, petits voyous. Il y a tout dans ce livre, la nostalgie, l’amour, le grand amour, la fraternité, le désir, la paternité. C’est parfois cruel, mais c’est rempli d’émotions. Ah la petite Cora !!. Et comme le dit Richard Morgiève, c’est « construit comme on monte un film, coupé pour que le lecteur ne penne pas le contrôle de la narration et n’écrive pas son livre dans le livre » Et c’est plus que réussi . Assurément un des grands romans de la rentrée. Je vais me programmer la lecture de quelques romans précédents tellement j’ai aimé.
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Un petit homme de dos

Deuxième lecture de ce roman.

Dans le portrait que son éditeur dresse de lui, il est écrit que Morgiève pratique, je cite, « le hors piste littéraire ».

J'aime la façon d'écrire de Morgiève : libre, excessif, sincère et unique. Tout le contraire du roman commercial.

Grande passion amoureuse entre un petit Polonais et une fille-mère d'une grande beauté. Le parcours de ce trafiquant, intelligent, parlant six langues, charmeur, excessif, que l'on l'aime et déteste à la fois, est raconté par son fils. Autobiographique, je pense.

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Un petit homme de dos

Une jolie découverte même si j'émets quelques réserves. L'histoire est racontée par le fils de Stéphane, Mietta. Il me semble que Mietta est R. Morgiève qui se réinvente une enfance. J'ai pensé au cinéma de Tim Burton et à notre Arsène Lupin national pendant ma lecture. J'ai beaucoup aimé la liberté de ton de l'auteur.



Stéphane est polonais, débarqué au Havre en 1938. Il veut être roi et comme tout roi, il fait fi des règles, des convenances et des autres même s'il possède « sa cour ». Il a une âme slave, celle décrite communément et la folie des grandeurs, mais c'est avant tout un commerçant de génie qui fait feu de tout bois, allemands, maquisards, résistants…



J'ai lu ce roman d'une traite emportée par une langue vivante, mais parfois un peu difficile à suivre et déstabilisante. Je n'aimerais pas être à la place d'Andrée, sa femme, qui n'existe que par sa passion pour cet homme. On l'a décrit comme quasiment analphabète, qui réfléchit peu et se laisse entretenir sans poser de questions. Elle est laissée seule des jours entiers sans savoir où se trouve son mari, est trompée, humiliée, battue (c'est l'histoire éternelle du mec qui ramène des fleurs après t'avoir maltraitée). Sa soeur Lily est entretenue également. Les personnages de femme ne sont pas « romanesques » contrairement à Mietta (l'ancien) ou au père et cela m'a chagrinée. Et puis les enfants souffrent, c'est une évidence. Je n'ai pas trop aimé que l'on fasse de cet homme un « héros » alors que pour moi, l'héroïsme réside dans le fait de survivre à la banalité du quotidien et de ne faire souffrir personne même si c'est moins glorieux.

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Le Cherokee

Qui eût cru qu'un polar pût être le support d'une des plus belles expériences littéraires que j'ai eu la chance de vivre? Le style m'a dérouté, je m'y suis pris à trois fois avant de me plonger dans cet ovni littéraire. Et je l'ai dévoré comme on pose son regard sur un tableau impressionniste. Il est construit par petites phrases qui décrivent moins qu'elles ne suggèrent. Je lis normalement vite, cette fois-ci, j'ai dû (voulu?) prendre mon temps et siroter les mots comme un bon bourbon. Tout dans ce texte se tient en équilibre sur la ligne ténue qui sépare le monde intérieur du monde extérieur, la raison de la folie, l'enfance de l'âge adulte, l'homme de la femme, l'homme de l'homme, la nature de la civilisation, l'horreur de la beauté, le monde matériel du monde des esprits. Ces personnages, ce Nick, ce Jack, ce roquet, ce Dindon, cette Tommie et tous les autres prennent vie car l'auteur ne leur a pas donné une chair, mais une âme, et un parfum. Étrangement, mais pas accessoirement, c'est aussi pour moi une des plus belles histoires d'amour entre deux hommes qu'un livre m'ait offert.
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Mon petit garçon

Je me souviens avoir lu ce livre peu de temps après la naissance de mon fils et en avoir été bouleversée. Comment pouvait-on vivre loin de son enfant? Je souffrais autant que le narrateur.
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Un petit homme de dos

Février 1942, Stéphane Eugerwicz arrive en France et plus précisément en Ardèche. Ce petit polonais d’1m68 débarque fait la connaissance d’Andrée. Jeune veuve et mère d’un petit garçon, elle tombe sous le charme de Stéphane. Pourtant, il n’est pas spécialement beau plutôt d’un genre quelconque. Mais voilà, elle l’aime d'un amour inconditionnel. Concernant son passé, il varie les versions : traducteur, commerçant. Personne ne sait vraiment mais Stéphane très vite se lance dans des occupations lucratives. Avec un cercle d’amis restreint, il fait du marché noir. Il s’enrichit et il voit grand. Il profite de toutes les situations et retourne sa veste quand il le faut. Andrée découvre les fêtes où Stéphane dépense sans compter car rien n’est trop pour elle ni pour leurs enfants. Politique de l’autruche sur les activités de son mari? Peut-être. Mais qu’il soit pauvre ou riche, son amour pour lui est immense. Sauf que la pauvreté dans laquelle ils tombent, Stéphane ne la supporte pas.

L’auteur est le fils de ce couple et utilise le personnage de Mietta pour raconter cette histoire. Stéphane Eugerwicz est un menteur, un arriviste, un profiteur mais on ne peut pas s’empêcher d’éprouver une forme de sympathie pour lui. Car derrière les apparences, c’est un homme aimant sa famille et généreux.

Dans une écriture unique, un mélange de verve piquante (quand il parle des fêtes sur fond de jazz, c’est dansant et entraînant), de poésie mais aussi de pudeur, Richard Morgiève nous décrit cette histoire d’amour unique malgré l’alcool, les dettes, la maladie de sa mère et la dépression.

Une vie comme des montagnes russes avec ses hauts et ses bas. Et dans toutes les dernières pages, il s’autorise enfin à parler en tant que fils.



Dans ce roman, il rend hommage à son père et il nous parle également d’amour fou. C'est tendre , pas forcément politiquement correct et avec une folie passionnée, extravagante mais Richard Morgiève nous fait sourire, nous serre la gorge et nous bouleverse.

Une très belle découverte !


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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