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Critiques de Richard Morgiève (143)
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Cimetière d'étoiles

"Ce roman, c'est une expérience dont on ressort avec des courbatures. C'est une écriture incroyable, à la fois déjantée, poétique, coq-à-l'ânesque, drôle parfois et noire comme la coulée de goudron qui clôt l'une des scènes de folie dont ce roman est farci.

Fasciné par les images, les ambiances et le mode opératoire de ces deux flics américains d'El Paso, Texas, des pourris qui cherchent à se remplir les poches parce que plus salauds qu'eux y a pas, on suppose que l'histoire n'est qu'un prétexte et que la scène de crime qui ouvre le roman, un ex-Marine assassiné, ces deux gars perdus s'en foutent complètement. (...)

L'argent, ils l'amassent par paquets, mais c'est à se demander ce qu'en font ces deux moines soldats au service d'une religion sans paradis et sans adeptes, déjà qu'ils ont du mal à tenir jusqu'au lendemain à force de drogue, d'alcool, de malversations et de violences qui leur servent de passe-temps et qui sont de nature à générer des balles dans le dos.

Ils sont pris comme nous par la spirale de l'enquête, ils s'y laissent glisser, aspirés par les événements qu'ils provoquent, et comme ils ont de sacrés éclairs de lucidité parmi de multiples flash hallucinés et autres pensées confuses où le passé est plus brumeux que le futur, ils avancent et trouvent des réponses, pèlerins laborieux appliqués à faire respecter la loi d'une façon que les pères de la Constitution n'avaient certes pas prévue. (...)

L'enquête sur la mort du Marine prend une ampleur démesurée, mais nos deux gars paraissent de taille à combattre les pires salopards, vu qu'ils ont de la répartie aussi bien en tortures variées qu'en puissance de feu, et en plus ils n'ont rien à perdre, pas de femmes, pas d'enfants et si peu d'espoir, reste l'amitié à la vie à la mort qui les unit.

Et le roman devient plus intense, plus fou parce qu'en face de nos deux flics allumés, il y a d'autres gars, des professionnels qui font plus attention à la brillance de leur chevelure qu'au respect de la vie humaine, et même si certains « question quotient intellectuel, faisaient égalité avec les amibes et les boutons de braguette », ce n'est pas le cas de tous, et l'histoire qu'on nous raconte est tellement énorme et plausible, qu'on ferme le livre avec une espèce de sidération.

Cimetière d'étoiles est sans aucun doute un excellent roman."

François Muratet dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/cime..
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Cimetière d'étoiles

Mal réveillée, j'ai choisi Cimetière d'étoiles de Morgiève dans le cadre de l'opération Masse Critique. Pendant plus de la moitié du roman, j'ai cru qu'il s'agissait de la traduction d'un roman américain, tellement il est américain. Dans sa démesure, dans sa manière d'envisager l'espace, le territoire, dans sa violence, avec son tandem de flics qui permet aux deux personnages principaux d'alimenter leur folie, leur violence, leurs conversations surréalistes. On se croirait dans un film de David Lynch, Blue Velvet ou Mulholland Drive .

L'action du roman se déroule à El Paso fin 62 et 63, année de l'assassinat de Kennedy. Il y a deux crimes, un Marine décomposé, une femme assassinée, une enquête dans une Amérique de cauchemar vérolée par l'alcool et la drogue qui pue le crime, la conspiration , la laideur.

Cimetière d'étoiles n'est pas une traduction, on le doit à un Français, Richard Morgiève, que je ne connaissais pas, elle est une suite du Cherokee (mais on peut le lire indépendamment). La langue est belle, s'affranchit de tous les carcans de genre, et des normes syntaxiques, offrant ainsi aux lecteurs de belles fulgurances avec en ectoplasme le visage du Christ de Philippe de Champaigne. « "Laid et dingue tel le personnage d'un roman gothique écrit avec un Bic qui fuyait » »

Cimetière d'étoiles est un triste roman noir, poétique et cru. Je remercie les éditions Joelle Losfeld pour la découverte .

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Cimetière d'étoiles

J’avais pas lu Le Cherokee. On m’avait dit que j’avais tort. Peut-être. Pas grave.



Se rattraper avec Cimetière d’étoiles. Merci Babelio. Et Joelle. Bon créneau, j’ai du temps. Pas de ski cette année. T’as voulu voir Megève et t’as lu Morgiève. On me dit que c’est pas drôle. Peut-être. Pas grave.



Cimetière d’étoiles, c’est du Canada Dry. Ça se passe en Amérique. Ça a le goût du bon polar noir US. Sauf que c’est français, Monsieur. Et que j’aime pas le Canada Dry. On me dit qu’on s’en fout. Peut-être. Pas grave.



Imagine le Texas, la frontière, El Paso, Ciudad Jerez. T’y es ? Bah j’te présente Fletcher, flic. Non, zombie plutôt, ombre vivante du frère décédé. Shooté au LSD, aux cristaux et aux cachetons. Et à la Bible. Fasciné par la peinture et le Christ aux outrages de Philippe de Champaigne. Ecce Homo, voilà Fletcher. On me dit que ça fait pas un livre. Peut-être. Pas grave.



Forcément tu veux l’histoire. Des patrouilles avec Drake dans Le Cercueil. Un corps dans le désert. Un Marine. Une enquête. Vengeance. Tout est noir, tout est sombre. Sauf Holly-Howell. Cartels, FBI, petites frappes. Sortir les sacs plastiques fait délier les langues. On me dit que c’est pas clair. Peut-être. Pas grave.



C’est vrai qu’il est fort le Morgiève. Que son histoire embarque. Qu’il a tout compris à l’entame et à la chute. Que le flingue à phrases qui tuent défouraille à tout va. Équilibriste surdoué du style. Te fait tourner la tête. T’embarque dans une lecture en mode essorage. Brillant mais long pendant 450 pages. Pas assez préparé. On me dit que c’est dommage. Peut-être. Pas grave…
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La Fête des mères

C’est un beau roman très travaillé très écrit très talentueux certainement. C’est un beau roman dont je n’ai pas compris l’histoire-oui bien sûr j’ai compris l’histoire- où plutôt cette histoire ne m’a pas touché, le sens m’ a échappé et le but du livre aussi…

C’est un beau roman, oui bien sûr la fratrie, les jalousies, le père dominé-absent, le parfum de la mère, les claques inutiles, le trouble du fils, la maladie… Oui en effet mais j’ai posé 10 fois ce livre pour le reprendre avec de moins en moins d’envie , de plus en plus de lassitude …

À mes yeux-bien sur à mes seuls yeux- le talent de l’auteur n’a pas su effacer le labeur de l’auteur. Le dur travail de l’écrit à tout prix n’a pas comblé le vide que j’ai rencontré dans ce livre, en tout cas durant les 200 premières pages- sur 418.

Comme souvent dans ces circonstances je me sens un peu seul face à quelques critiques dithyrambiques.

Je n’oublierai jamais Folcoche, mais j’oublierai je pense « la fête des mères ».

(J’avais écouté l’auteur chez Augustin Trapenard et je crois que je n’aurai pas du céder à un achat d’impulsion-médiatisation)
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Un petit homme de dos

Un petit homme de dos, c'est Belle du seigneur, en version populaire et dans les années quarante, mais avec autant de magnétisme, de passion, et avec la même idée de construction qui fait monter les personnages très haut avant de redescendre très bas. Ce n'est pas un pavé : il se lit beaucoup plus vite que le livre d'Albert Cohen, mais il donne la même impression d'avoir vécu par procuration une histoire d'amour fou.



C'est Belle du seigneur, mais c'est aussi Le livre de ma mère (il faudrait ajouter « et de mon père... », mais je force le trait pour rester chez Albert Cohen), car le narrateur est le fils des protagonistes, qui leur a écrit une ode d'amour filial. Le fils, c'est Mietta (et ce prénom est lourd de sens), qui parle de sa naissance et de son enfance à la troisième personne ; mais il dit aussi « je », « mon » père, « ma » mère, lorsque c'est le narrateur adulte qui partage son interprétation de l'histoire de ses parents. Je crois que je n'ai jamais rencontré ce choix narratif dédoublé pour mêler immersion dans les souvenirs et distance adulte ; mais je crois aussi que cela participe à l'impression enthousiasmante que produit le livre : en effet, on comprend qu'il est très difficile de trouver la juste distance pour parler d'événements qui, même une fois la vie passée, restent terriblement douloureux tout en suscitant une folle envie de les faire revivre et de les fixer.



Sans doute ce choix narratif est-il aussi la traduction de l'ambivalence que ressent le fils envers ses parents. Car le roman est aussi traversé par sa quête des origines. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la population était partagée entre ceux qui avaient été du bon côté et les autres. Le père du narrateur n'a peut-être pas été du bon côté... à moins que si, il l'ait été ; peut-être même que ce sont avec des origines juives polonaises qu'il a dû composer pour survivre pendant le troisième Reich. Ces origines, il les a toujours niées, mais ce sont elles que le fils interroge et recherche en reconstituant l'histoire de ses parents même bien avant sa naissance.



La dernière phrase du livre est en quatrième de couverture, et c'est bien dommage car c'est aussi la plus belle et la plus bouleversante. Mais pour l'apprécier pleinement et sentir les larmes monter en la lisant, il faut avoir lu toute l'histoire, avoir vibré avec les personnages et vécu avec le fils. Lisez-la !
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Le Cherokee

Nick Corey est un drôle de zigue : de loin, on dirait un péquenaud, brave shérif d'une petite ville de ploucs de l'Utah. Mais de près, de très près, c'est un type hyper-futé et cultivé, tourmenté, hanté par le souvenir de son Papa et de sa Maman. En cette année 1954, où ses concitoyens voient des soucoupes volantes et des communistes partout, il doit gérer l'atterrissage d'un avion de chasse sans pilote sur le territoire de son comté, et simultanément enquêter sur une série d'événements étranges qui mettent en émoi la paisible bourgade.



Oh là là, quelle histoire ! Passé les premières pages qui plantent le décor trompeusement azimuté d'un polar à la Jim Thompson, on plonge dans la noirceur la plus totale. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi désespéré et enragé. Richard Morgiève entrecroise deux énigmes, traversées par une histoire d'amour bouleversante, ponctuées de violence, et serties de sentences telle que : "Vivre pouvait être une expérience incroyable, quelle importance qu'elle soit inutile ?".

On n'est donc pas dans un feel-good, mais dans un western du XXe siècle, avec ses tartes aux pommes, sa galerie de personnages cintrés, ses bibles et ses flingues. Et puis le Mal absolu, que va affronter Corey dans un duel sans pitié tout au long de ce roman perturbant, haletant, hypnotisant, éblouissant, dont je suis sortie hébétée, comme on sort d'un cauchemar migraineux et moite.

Parce que Richard Morgiève nous travaille au corps et à l'âme comme un boxeur, sans répit, avec son style nonchalant émaillé de termes alambiqués, et sa philosophie de la vie d'une mélancolique lucidité. Sans doute faut-il aimer souffrir un peu pour persévérer dans une telle lecture, mais la volupté qu'on en retire justifie que l'on se cogne aux chapitres saccadés et que l'on s'écorche aux mots mauvais, ceux qu'on ne veut pas lire.



Alors même si ça pique et laisse groggy, j'ai énormément aimé. J'en redemande même, et je ne vais pas lâcher Richard Morgiève de sitôt. Et si vous aimez vous bousculer de temps en temps, je vous invite à découvrir ce roman qui ne vous lâchera pas (quel pied, quand même !).
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Le Cherokee

Merci aux éditions Joëlle Losfeld et à Babelio pour l’envoi de ce livre.



Si vous lisez mes chroniques de temps en temps, vous avez sans doute remarqué mon penchant pour les livres où l’auteur me prête quelques facultés intellectuelles et évite de m’expliquer tout par le menu. J’aime bien les blancs entre les lignes, les sous-entendus, les ellipses, les métaphores, les révélations au compte-gouttes.



Ici, Richard Morgiève a dû me voir venir parce que, du blanc, j’en ai eu dans les 150 premières pages, jusqu’à l’aveuglement même !



Je me suis un peu paumée en 1954 dans cette région de l’Utah (enfin, je crois) où, sur un plateau blanc de neige (nous y voilà !), un avion militaire recouvert de suie a atterri sans pilote par une nuit noire à côté d’une voiture verte volée et sous les yeux du shérif Peau Rouge de service.



Et c’est bien ce shérif, ses états d’âme, ses cauchemars, ses mœurs, ses principes, ses cadavres dans le placard et sur sa route, les nombreux blancs de son existence que le narrateur à l’humour parfois un peu lourd va tenter de nous faire aimer tout au long du récit.



Au fil des pages, le portrait de ce shérif, perdu autant que moi dans sa double enquête de menace nucléaire et de tueur en série s’est étoffé petit à petit. Hélas ! Le blanc s’est finalement transformé en noir sale. Là où chez Benjamin Whitmer, les gros mots sonnent comme de la poésie, dans le Cherokee, les métaphores graveleuses du narrateur m’ont agacée, fatiguée. Pire ! J’ai cessé de m’arrêter aux nombreuses phrases nébuleuses du style « il y a une histoire que tout le monde connaissait, c’était celle du gars qui cherchait le nom de son histoire – et les gars et les histoires tenaient debout par leur nom ». Pfiou ! C’est comme souquer les artémuzes, ça veut rien dire ! Ou alors ça m’échappe …. mes excuses.



Dommage, parce que, s’il y a bien un domaine dans lequel l’auteur m’a conquise, c’est dans l’art du dialogue (toujours avec des blancs hein ^^, faut suivre !) et dans la création de personnages bien trempés dont la palme revient à Myrtle Tate (sa description m’a fait rire aux larmes).



En conclusion, un arrière-goût de Canada Dry en lieu et place du Whiskey espéré. Mais c’est bien connu, les goûts et les couleurs ….






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Les hommes

Une fois de plus, j’ai choisi ce livre, sans rien en savoir, uniquement attirée par la « bouille à bisous » de la petite fille figurant sur la couverture. Un sourire malicieux, des yeux pétillants, des petits bras tendrement serrés autour du cou d’un homme que l’on voit de dos. Je n’ai pu résister.

Et Babelio et les Editions Joëlle Losfeld ont eu la magnifique idée de me l’offrir via la dernière opération « Masse critique », je les en remercie car, outre son aspect élégant, ce livre m’a réservés bien des surprises.

J’ai oublié quelques temps la petite fille pour découvrir l’histoire d’un drôle de mec, Mietek, la trentaine, beau gosse, petit gangster spécialisé dans le vol des belles bagnoles. Il fût alcolo, alors de peur de replonger il se fait servir de l’eau gazeuse, dans un verre ballon, histoire de se donner l’illusion de l’alcool !

A sa sortie de prison, nous le suivons pas à pas dans ses activités de petit loubard, ou dans son rôle de proxénète.



On se croirait dans un film des années 60 avec Delon, Gabin et Ventura.

Tout y est, les dialogues truculents, les copains aux noms évocateurs : Robert le mort, qui ne l’est pas encore ou Mohamed le périmé, qui ne l’est pas vraiment.



Les hommes ont un sens de l’honneur, comme parait-il, les bandits autrefois, les filles sont belles, ou fatiguées d’avoir trop tapiné, mais lorsqu’elles aiment leur homme, c’est pour la vie.



Et dans ce monde, il y a Cora, la petite fille qui va enflammer le cœur de Mietek.



J’ai tout aimé dans ce livre, les personnages tellement humains malgré leurs travers, et surtout l’écriture précise, imagée, percutante avec des dialogues « à la Audiard ». Richard Morgiève fait revivre magistralement ce milieu populaire du Paris des malfrats.









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Cimetière d'étoiles

La parution du Cherokee il y a tout juste deux ans avait consacré son auteur Richard Morgiève, qui avait pourtant quelques romans à son actif avant ce coup de maitre.



Grand Prix de Littérature Policière 2019 et le Prix Mystère de la Critique 2020, Le Cherokee embarquait le lecteur dans une histoire de vengeance et de mort où culpabilité, désir , quête éperdue de vérité et de pardon se joignent et plongent ce shérif dans des tourments existentiels complexes .



Celui qui est souvent considéré comme le grand styliste du roman noir revient avec une histoire qui commence précisément huit ans après la disparition du Dindon, effroyable tueur en série dont la traque par le shérif Nick Corey constitue la trame du Cherokee.



Ici c'est un duo de flic totalement aziumuté Fletcher et Drake, qui vont suivre à la trace ce tueur de Marines à la frontière mexicaine.



Souvent sous l'emprise de substances illicites nos gardiens de l'ordre éructent des versets de la Bible quand ce ne sont pas des génériques de films, c'es vous donner un peu l'étendue des dégâts et du style d'un Richard Morgiève qui ose tout ou presque pour embarquer son lecteur





Vous avez aimé Le Cherokee ? Avec Cimetière d’étoiles, enquête furieuse et lumineuse sur les routes du Texas., magnifiquement bien écrit, halluciné et hallucinant. vous ne devriez pas être déçus le moins du monde !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Cherokee



1954 aux Etats-Unis. Le flic Nick Corey, indien elevé par un pasteur blanc et son épouse, a perdu ses parents, massacrés par un tueur en série.



Il traque ce meurtrier depuis plus de 20 ans, entre détermination et culpabilité Alors qu'il pense être pas loin de le trouver un avion de chasse américain s'écrase non loin, mais disparait, Corey ne trouvant qu'un véhicule à coté de lui A qui appartient cette voiture ? Où est passé le pilote de l'avion ?



Avec l'aide du F.B.I, et de l'agent spécial White, appelé en renfort, Nick va tenter de résoudre cette enquête qui pourrait bien l'amener sur les traces du meurtrier de ses parents.



Mais Nick, qui a du mal à assumer son homosexualité en cette période compliquée, ne va pas rester insensible aux charmes de l'agent White



Le Cherokee embarque le lecteur dans une histoire de vengeance et de mort où culpabilité, désir , quête éperdue de vérité et de pardon se joignent et plongent ce shérif dans des tourments existentiels complexes .



Passé les 50 premières pages un peu déconcertantes, on est vraiment pris par ce un roman noir hypnotique et vraiment exaltant, aux dialogues d'une grande justesse .



Richard Morgiève, auteur français fan de la littérature noire anglo saxonne exploite pleinement les codes du polar US pour offrir un polar vraiment à l'américaine !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un petit homme de dos

Un livre qui est venu au hasard d'une brocante ou autre, c'est souvent comme ça, une quatrième qui intrigue, un auteur qu'on ne connait pas et voilà un jour au détour d'un challenge, on ressort ce bouquin. Le moins que l'on puisse dire, ça change un peu de lire ce genre de roman que de suivre l'actualité littéraire, les rentrées à gogo qui nous inondent de nouveautés.



Ce petit livre ne paie pas de mine et pourtant il a tout d'un grand.

Pour faire court, imaginez un beau jeu de quilles qui attend bien sagement la boule qui viendrait renverser tout ce petit monde bien campé.



Et bien, cette boule, c'est Stéphane venu de nulle part, percutant ce jeu de quilles, mettant une belle pagaille dans le coeur d'Andrée. S'en suit une folle histoire d'un amour intense, d'une montée vers les sphères puis comme les montagnes russes, il faut bien redescendre.



L'écriture est particulière, tant tôt poétique, tant tôt comme hachée.



La construction également m'a semblé à la fois originale et bizarre, le narrateur parle comme si il était en retrait de cette famille, même en parlant de lui, ce n'est que dans les 2 dernières pages, que le "il" devient "je".

Un beau portrait d'un père par le fils, d'un amour intense d'une femme pour un petit homme qui ne paie pas de mine et pourtant !



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Le Cherokee

Ouille, ouille, ouille ! Voilà le résumé exact de ma lecture…



Ne le répétez à personne, mais j’ai eu toutes les difficultés du monde à entrer dans ce récit, à m’y retrouver, à ne pas y perdre pied.



Et vous savez quoi ? Ben malgré tous mes efforts, je m’y suis perdue, je n’ai rien compris, je me suis paumée, j’ai perdu pied, je me suis noyée dans cette écriture étrange et pour finir, j’ai rangé ce roman dans la biblio, sans même aller lire la fin, comme je fais toujours face à un abandon par K.O littéraire.



La plume de l’auteur ne m’a pas emballé du tout, que du contraire, ce fut rébarbatif. Le personnage principal du shérif Nick Corey (qui porte le même nom que celui dans "Pottsville, 1280 habitants") m’a donné envie de prendre mes cliques et mes claques et d’aller voir ailleurs si son homonyme n’y traînait pas.



La quête obsessionnelle du shérif m’a gonflé tout doucement, à force d’en parler et je me pose toujours la question du bien fondé de certaines rencontres. Elles semblaient tomber comme un cheveu dans la soupe et je n’ai pas bien suivi.



D’ailleurs, malheureusement, j’ai abandonné mes questionnements en cours de route et je suis passée à autre chose.



Ces derniers temps, ou je foire totalement mes lectures ou ce sont des réussites totales, mais pas d’entre deux. Tout ou rien.



Ici, ce n’était rien et c’est dommage, car j’avais sélectionné ce roman dès sa sortie, dans le but de passer un bon moment littéraire. Loupé…

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Mon petit garçon

La superbe histoire d'un papa divorcé qui raconte avec beaucoup de pudeur et d'amour son petit garçon dont il est séparé, son chagrin, ses espoirs, un tout petit livre de 59 pages, qui nous laisse un peu triste après sa lecture.
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La Fête des mères

J'aurais préféré que la postface fût la préface, connaitre le Haricot pour mieux comprendre Jacques.

Il était une fois Jacques Bauchot second d'une fratrie de quatre, qui de petit garçon à l'âge adulte, va mettre à nu ses sentiments et ses émotions. Avec un certain humour, Il analyse tous ses ressentis. C'est un hypersensible.

Il est né dans une famille bourgeoise totalement déchirée, son père est allé dans les camps de concentration et ce traumatisme sera un des fils conducteurs du livre. Ce père adoré délaisse ses quatre fils souvent livrés à eux-mêmes. La mère est belle, évanescente et totalement dépressive.

Jacques traverse la vie comme il peut, malade, écorché vif, en manque d'amour et perdu.

J'ai aimé lire ce livre même si cette exacerbation de l'analyse des sentiments m'a laissé une grande tristesse dans l'âme. C'est mon second roman de R. Morgiève pour qui j'ai une grande admiration. Il écrit des romans exigeants, la syntaxe, le vocabulaire, le phrasé tout est parfait. Même si je n'ai pas les codes de la stylistique, nul doute que cet homme est talentueux.

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La Fête des mères

A la première personne, Jacques Bauchot raconte son enfance dans la bourgeoisie versaillaise, entouré d’un père banquier très occupé, d’une mère « vipère » et de ses frères ennemis.



On plonge au cœur des années 60 puis de toute une vie, floue, s’égarant entre recherche d’identité et recherche d’amour.



Au grand théâtre des sentiments, Morgiève joue dans la catégorie des seigneurs avec un style époustouflant.
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Le Cherokee

Pour bien aborder ce roman, il faut resituer l’action dans le temps.

Nous sommes dans l’Utah en 1954.

Moins de dix ans auparavant, les Etats-Unis ont lâché leurs bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.

La guerre de Corée vient de s’achever et nous sommes en pleine guerre froide, principalement avec la Russie, à l’époque URSS.

Ce philosophe français si laid disait que l’enfer c’était les autres. Les Marines, eux, disaient que l’enfer c’était à Guadalcanal et Nick Corey, lui, pensait que l’enfer c’était tout le temps.

L’Après-Guerre de la seconde guerre mondiale voit l’explosion de l’industrialisation, l’utilisation de minerais comme l’Uranium, le Mercure, le Chrome. C’est aussi le début des révolutions technologiques, l’expansion des mégalopoles et l’appauvrissement des zones rurales.

Les hommes naissaient pour faillir, tomber. Ils naissaient pour fauter, pécher, trahir. Polluer, souiller la terre, les eaux, le ciel et eux-mêmes. Et au fond, c’était la seule possibilité de transformation et d’évolution de l’homme : il dégradait et corrompait pour avancer.

Depuis sept ans, les USA sont terrorisés par les extra-terrestres soi-disant découverts à Roswell au Nouveau-Mexique.

C’est donc dans cet environnement, en plein Utah, que Richard Morgiève place son intrigue et son extraordinaire personnage de Nick Corey.

Nick est le shérif d’une petite bourgade, hanté par le meurtre de ses parents adoptifs quelques années auparavant.

Alors qu’il effectue sa ronde de nuit, un avion de chasse américain s’écrase non loin alors qu’il vient de découvrir un véhicule abandonné sur le bord de la route. Arrivé sur les lieux, pas de pilote et d’étranges traces sur les roues et la carlingue.

L’armée et le FBI débarquent sans plus tarder alors que Nick découvre la piste de l’assassin de ses parents, comme un jeu dans lequel l’entraîne « le Dindon », ainsi qu’il a surnommé le tueur. Jack White, agent spécial, va mener l’enquête sur cet avion de chasse et offrir à Nick des réponses à sa quête d’identité.

Parce que ce polar c’est aussi, et peut-être surtout, une quête. Pas seulement une quête d’identité, bien que Nick ait un besoin viscéral de connaître ses origines, qu’il sait indiennes : Cherokee, Apache ? Peu importe, il traque comme un indien. Il recherche ses racines tant au niveau du sang qu’au niveau de l’environnement. Richard Morgiève décline là un discours écologique et tente de montrer l’effet néfaste de l’homme sur son environnement et les différentes espèces avec qui il le partage.

Nous sommes morts et nous sommes nés, tout ça en vain, car nous avons acheté et accumulé des choses et les choses nous ont possédés.

C’est également une quête de soi puisque Corey va réaliser et assumer son homosexualité et son amour pour Jack, dans une époque où il était encore plus compliqué qu’aujourd’hui d’être soi, tout simplement.

C’est enfin une quête de vérité par cette enquête construite comme un jeu de piste à rebours.

Le style et le ton du roman est très original et si juste qu’on aurait tendance à vouloir en reproduire des pages et des pages pour montrer tout le talent de narrateur de l’auteur.

Les écrivains n’étaient rien que des gens mal dans leur peau avec des boutons et des petites bites. Ils essayaient de sortir de leur misère en racontant des histoires. Les histoires servaient à croire. Tout le monde voulait croire. La Bible, ce n’était qu’un ramassis d’histoires invraisemblables. Pourtant on y croyait ou avait besoin d’y croire. On avait besoin tout le temps d’histoires, tout le temps. […] Il fallait raconter des histoires et éviter de s’en raconter. Il fallait raconter des histoires aux gens, les écrivains l’avaient bien compris. Leur raconter des histoires pour les inquiéter, les distraire, détourner leur attention ou les prévenir qu’ils allaient se coincer les doigts dans la porte.

C’est un polar très sombre et qui a le charme désuet des années 50 et il vous sera difficile de rester insensible à certaines scènes tant elles sont poignantes, tragiques et belles à la fois.

Pour ma part, j’ai été touchée par Nick Corey, envoutée par cette intrigue.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Le Cherokee

Drôle de livre que ce Cherokee. On y entre, il faut bien le dire, un peu à reculons. On commence par repérer le nom du héros, le shérif Nick Corey, comme le salopard pervers qui fait la loi à Pottsville chez Big Jim Thompson. Il faut dire que l’écriture, que l’on dirait de prime abord tirée d’une vieille Série noire – ben tiens, pourquoi pas 1275 âmes – vient renforcer l’impression de se trouver dans un vieux polar. Si on ajoute que Nick Corey se trouve confronté à la fois au mystérieux atterrissage d’un avion de l’armée dont le pilote semble s’être volatilisé (un coup des martiens, ou des communistes ? se demandent les habitants de Panguitch, en ce mois de septembre 1954) et à un redoutable tueur en série surnommé le Dindon qui fait remonter de vieux souvenirs pas très agréables, on craint très tôt d’avoir affaire à un de ces thrillers français mal fichus qui se donnent un vernis d’exotisme à peu de frais en exportant leur histoire bancale en Amérique.

Il ne faut pas avoir peur (de toute façon, je suis en train de lire un roman de Joël Dicker, je n’ai peur de rien). Car très vite, on s’aperçoit que derrière ce premier voile, se trouve un roman bien plus profond, sorte de métafiction qui vient subvertir avec finesse la littérature de genre pour en faire un objet nouveau, inédit, qui ne cède pas à la facilité du simple pastiche. Richard Morgiève, en effet, sous les saillies – souvent drôles au deuxième degré – d’un Corey qui se fait parfois presque caricature de héros ambivalent de roman noir, infuse une vraie belle langue, une écriture poétique des sentiments qui n’exclue par ailleurs pas une certaine crudité, bref, de beaux moments de pure littérature (noire, blanche, grise, on s’en fiche).

Culpabilité, désir – de sexe, d’amour et de violence –, quête éperdue d’une certaine forme de rédemption émergent ainsi d’une intrigue parfois labyrinthique dans laquelle on prend un véritable plaisir à se laisser entraîner et parfois presque égarer, dans laquelle se croisent agents du FBI intègres ou pourris, indiens fantomatiques, ermites taciturnes, terroristes, femmes presque fatales… Tous ces motifs pourraient déboucher sur un patchwork agréable à l’œil mais sans liant. Morgiève en fait une œuvre propre non seulement à former un tout cohérent, mais qui vient aussi et surtout stimuler le lecteur et dont les phrases comme les personnages instillent longtemps dans son esprit.


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Un petit homme de dos

Encore un super conseil de libraire ! Je ne connaissais pas du tout Richard Morgiève ou alors vaguement, de nom et je me suis laissée convaincre par l'enthousiasme de celle qui m'avait déjà fait passer quelques bons moments de lecture. J'ai bien fait. Niveau écriture, c'est du costaud, la surprise point au bout de chaque phrase, non pas tant au niveau de l'intrigue que de la capacité à faire jaillir les images et à dresser le portrait d'un homme singulier, aussi attachant qu'énervant, escroc au grand cœur, éternel amoureux de la vie et des femmes.



Le narrateur part à la rencontre de son père, il remonte le temps jusqu'en 1942, date à laquelle ce petit homme (1,68 m), pas spécialement beau ni attirant a fait irruption dans la vie de sa mère, alors veuve et réfugiée chez ses parents avec son enfant. Pour Andrée, c'est un cataclysme. Son Stéphane, elle l'a dans la peau dit-elle un soir à sa sœur Lily. Ce polonais spécialiste du marché noir, roublard, joueur et terriblement démonstratif semble avancer dans la vie comme dans un casino. Sous la plume de Richard Morgiève, c'est tout le fameux et envoûtant "charme slave" qui prend possession du lecteur au point de lui faire fermer les yeux sur les activités assez limites du monsieur en temps de guerre. Stéphane est une contradiction ambulante, amoureux et infidèle, généreux et égoïste. Il ne s'embarrasse ni de bons sentiments ni d'idéologie. Il fait du fric et se convainc même de livrer une guerre économique en se faisant fort d'arnaquer les allemands un peu plus que les autres. Mais il est aussi du genre à vouloir faire de la vie de ceux qu'il aime une fête sans fin, et tant pis pour le clinquant, rien n'est trop beau pour sa princesse et la ribambelle de petits princes qui naîtront de leur union.



L'amour qui unit Andrée et Stéphane est superbement mis en scène par l'auteur qui utilise le narrateur, fils cadet du couple puisant dans ses souvenirs et ceux de ses proches, s'autorisant à inventer ce qu'il pense être la vérité. Pour au final parvenir à faire surgir la vie trépidante de ce couple si improbable, avec les parts d'ombre (la dépression, l'alcool, l'exagération en tout) mais un accent mis sur les parts de lumière. Des personnages éminemment romanesques au destin tragique. De quoi marquer leur descendance à tout jamais.



Un très joli moment de lecture par la grâce d'une écriture magnifique, piquante et vive qui sait parfaitement transporter son lecteur par la magie d'une atmosphère. Un bel hommage d'un fils à un père vraiment pas comme les autres.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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United Colors of Crime

Chem Chlebek est un capo de la mafia New-Yorkaise des années 50. Il fuit au Texas avec sur le siège passager un sac plein de fric qu'il a dérobé à un des lieutenants du chef de famille avant de le trouer de balles dans une rue sombre.



Dans le désert, il tombe dans un piège et se fait tabasser. Ses assaillants le laissent pour mort, mais n'emportent pas l'argent qu'il a eu le temps de planquer. Un homme étrange, un scientifique allemand réfugié durant la guerre, le trouve et le soigne avec sa jeune femme Dallas. Une indienne qui n'a qu'un seul œil mais qui voit plus loin que tous les hommes.

Chem est défiguré, fini le joli minois. Sa vie antérieure de bandit a aussi quitté sa peau. Il lui reste cependant les réflexes du tueur et l'envie de s'en sortir et de fuir à nouveau avec Dallas.



Chem n'est qu'un homme en fuite. Pour cela il change de peau et d'apparence. De nom aussi. Déjà, durant la guerre, en Italie, il a quitté sa vie une première fois et son nom pollack par la même occasion pour prendre celui d'un autre, mort au combat.



Dallas va l'aider à se transformer. Elle et un vieux sorcier indien vont l'aider à ressusciter, à renaitre de ses cendres. Pour cela, Chem va devoir "s'affranchir", briser ses adversaires et se réconcilier avec la mafia. S'affranchir aussi du pouvoir de l'argent. Se dépouiller pour sauver sa peau.



United Color of Crime est un polar chamanique. Richard Morgiève nous parle de la possibilité de renaitre y compris de ses cendres. Qu'il faut savoir parfois se dépouiller et s'en remettre aux êtres qui nous aiment pour se dépasser. Il nous parle aussi de violence et du pouvoir des rêves. Les personnages "secondaires" jouent un grand rôle dans le roman. Un shérif malade et affectueux, un curé désabusé et brutal, un indien chaman déjanté, un truand "El magnifico" handicapé et fan de Marcel Cerdan. Aucun n'est réellement à sa place dans cette histoire mais l'ensemble joue juste.



8 juillet 2012

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La Fête des mères

Jacques, le narrateur, est le numéro 2 des enfants d'une famille de la haute bourgeoisie versaillaise des années 60. le père est banquier. La mère, fortement empreinte de religiosité, est une « mère au foyer », tâche qui, visiblement, ne la comble pas, bien au contraire. le père est plutôt absent, jusqu'à ce qu'il s'installe avec sa maîtresse et s'absente complètement.

C'est cette famille qui nous est contée là, une famille où les enfants sont aimés certes, mais mal aimés.

Jacques grandit, rompt avec la religion au grand scandale de sa mère, se coltine un frère aîné pas toujours marrant, prend soin de ses petits frères, et éprouve un amour fou pour sa mère, non servi en retour. Il vit tout cela dans une sorte de déprime permanente, longtemps aggravée par des problèmes de santé.

J'avoue, qu'appâté au début, je me suis vite lassé de la déprime du narrateur. Les mots "je" ou "j'" sont les mots les plus utilisés, le plus souvent en tête de phrase, et envahissent le récit. Le monde extérieur n'existe pas, la société est invisible. "Le moi est haïssable" avait écrit Pascal. J'en suis venu à me dire qu'ici c'était approprié, malgré l'intérêt du style.
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