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3.23/5 (sur 67 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Nord , 1983
Biographie :

Marion Richez est une écrivaine française.

Marion Richez grandit à Paris puis dans la Creuse ; elle y prend goût au théâtre par la Scène nationale d’Aubusson.

Reçue à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégée de philosophie, elle prépare un doctorat à Paris-Sorbonne IV sur la conscience corporelle.

Ses recherches universitaires s’inscrivent dans une quête générale du mystère du corps et de l’incarnation, qui l’ont amenée à devenir l’élève de la comédienne Nita Klein.

Elle a plusieurs fois collaboré à l’émission "Philosophie", diffusée sur Arte, sur les thèmes du corps et de la joie. En 2013, elle a également participé au long métrage documentaire consacré à Albert Camus, Quand Sisyphe se révolte.

Après son premier roman, "L'odeur du Minotaure" (2014), elle publie, en 2020, "Chicago".

Site personnel :
http://marionrichez.fr/

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Source : http://www.swediteur.com
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Elle raconte Londres et elle sent à leur regard qu’elle transporte encore sur elle la précieuse poudre de l’ailleurs. En retour, ils lui offrent cette ivresse d’un présent brut, vécu à plein, sans rien sacrifier aux regrets, aux remords, sans non plus se consumer en projets d’avenir. p. 104
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Comme c'est long, un train qui se vide quand on espère quelqu'un qui ne vient pas.
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Mais elle n'est qu'une biche. Et plus je sens sa furie, plus mon cœur s'éveille, plus elle me tire de ma mort ; sa douleur agit sur moi comme un baume; si elle peut encore me briser, c'est que je suis vivante, que je peux faire partie de ce monde où le cerf m'a introduite, ce monde où tout est juste.
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J'ai obtenu sans peine l'autorisation de m'absenter quelques jours. On a beau avoir des gros dossiers en cours, on reste humain, n'est-ce pas, du moins, c'est ce qu'on m'a dit d'un air crispé. Je n'ai pas réellement le sentiment que je manquerai. Un autre s'empressera de proposer ses services, jouant des coudes vers mes rangs imprudemment désertés. Cet autre a déjà un nom, un nom de femme, un bon soldat comme moi, qui affichait un sourire triomphal en me voyant quitter le ministère tout à l'heure. Je lui offre une occasion en or de faire ses preuves. (p.33/34)
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J'aurai humilié mes parents jusqu'au bout : quand j'ai commencé à gagner ma vie, je leur ai envoyé un chèque avec tout ce qu'ils avaient déboursé pour moi cette année-là ; comme on donne leurs gages à des employés diligents pour leur signifier qu'on n'a plus besoin d'eux. Et puisqu'ils n'encaissaient pas le chèque, j'ai fait un virement bancaire.
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J'ai un mouvement de colère qui me fait dévier légèrement de la route. J'aurais voulu être comme les chats, qui se déprennent des tétines de leur mère et grandissent en parfait oubli. A quoi ça rime d'avoir un père et une mère quand on a trente ans ? Est-ce qu'on ne pourrait pas être comme des îles ?
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Septembre passe, octobre vient. Trois fois la semaine, à l’heure du déjeuner, Ramona fait réciter aux étudiants leurs rudiments. Et le mercredi après-midi, ils défilent dans son box du département de français, lui expliquant laborieusement comment ils s’appellent et combien il ont d’appareils numériques. Et chaque fois la question lui brûle les lèvres : d’où viens-tu ? D’où vient ta lignée, avant ta naissance ?
Les étudiants étrangers, façonnés dans la terre où sont nés leurs ancêtres, lui laissent une impression de plénitude, qui demeure longtemps après le bref entretien.
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INCIPIT
Dans l’inconnu des profondeurs un monstre est coi depuis l’origine. On pourrait croire qu’il n’y a seulement là qu’un immense rocher. Les bêtes depuis toujours en connaissent les contours.
Soudain, dans les ténèbres de ces eaux que nulle lumière n’a jamais percées, un craquement terrible retentit; du sol émerge une forme gigantesque. Vase et rocailles se dispersent sous les sillons lumineux que font ses naseaux. Le grand corps bientôt fouit le sol, déployant sa mâchoire de saurien pour engloutir ce qui vient, se donnant la force de chasser des proies plus grandes. Alors il quitte les ténèbres pour s’élever vers la surface, en une lente spirale, aimanté par la clarté des eaux où pénètre la lumière.
Sur son passage flotte le reste déchiré d’une pieuvre géante; il secoue furieusement le corps crémeux d’un calamar, s’en détourne en une volte lente; la méduse phosphorescente au poison protecteur elle aussi disparaît dans sa gueule.
Les requins blancs le sentent et fuient à son approche. Dauphins et baleines donnent l’alarme dans toutes les mers. Bientôt l’océan tout entier sait qu’il est ranimé. Le Léviathan, au cœur comme la pierre des volcans sous-marins, fraie de nouveau dans les eaux du monde.
En sortant du taxi, la première chose qu’elle sent, c’est la moiteur de l’air sur sa peau. La première chose qu’elle entend, c’est le sifflement continu des insectes, cachés dans les branches, qui n’en finissent pas d’expirer leur stupeur d’avoir si chaud. Ramona a soif, déshydratée par ces heures d’avion où l’on n’offre pas d’eau comme en Europe. Le chauffeur réclame cent dollars.
Tout le long du trajet, Ramona avait tantôt étudié le reflet renfrogné de cet homme dans le rétroviseur, tantôt admiré la skyline qui défilait à sa droite, élévation soudaine des tours sur la terre étale du Midwest. Sur sa gauche, le grand lac Michigan n’en finissait pas. Elle règle d’un billet, et le taxi la laisse seule sur le trottoir de Greenwood Avenue. Ramona regarde le cab s’éloigner, sa carrosserie trempée de lumière comme le goudron tout autour. Puis elle cherche des yeux la maison; la vieille femme est déjà sur le perron, sans un sourire. Elle a dû guetter, à travers les rideaux au crochet, l’arrivée de l’étrangère qu’elle logera avec d’autres pour boucler ses fins de mois, et ne pas laisser inoccupées les chambres de l’étage à présent qu’elle est seule.
Marche après marche, Ramona hisse sa valise trop lourde pour elle. Elle découvre le style vieux scandinave du séjour où l’attend son pot d’accueil : une minuscule bouteille d’eau, dont le compte est réglé en trois gorgées. La logeuse souligne avec complaisance cette attention qu’elle a eue: les long-courriers donnent si soif.
Puis elle fait visiter, explique les règles du réfrigérateur, soigneusement compartimenté. Elle indique comment se rendre demain matin au supermarket.
Ramona écoute cette voix prise dans l’accent nasal et traînant de la ville, son anglais de Londres croisant le fer avec cette incarnation nouvelle d’une même langue, qui la rend tout autre.
La vieille femme la conduit péniblement à l’étage: au moins Ramona sait qu’elle n’y sera pas dérangée. Il y a trois chambres ; la plus grande, jaune poussin, est déjà occupée par une Éthiopienne en surpoids qui lui sourit gentiment avant de refermer sa porte. Une autre, encore vide, au bout du couloir près de la buanderie, plus petite et grise, ressemble à un grenier, un nid froid. Ramona choisit celle du milieu, aux murs et au lit blanc crème, l’or du couchant passant par ses fenêtres.
La femme prend congé après avoir bien insisté: les visites ne sont pas autorisées, les hébergements d’amis et autres sont interdits. »
Restée seule, Ramona s’approche d’une des fenêtres, écarte les voilages pour voir le jardinet. Au sol, une mangeoire à oiseaux fixée sur un poteau porte une sorte de collerette, sans doute pour éviter aux rongeurs d’accéder aux graines. C’est bientôt la fin du jour. Le décalage horaire a placé son corps au seuil du vertige. Ses repères sont dissous. Elle se déshabille et tire la couverture sur elle. Elle s’endort comme on
s’éteint. 
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J’appelle le grand cerf, J’appelle mon père. J’appelle Dieu. Enfin, j’appelle l’infirmière, et elle me donne un calmant qui me terrasse. Les voix sont bien obligées de disparaître avec moi.
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Il y avait toujours ces yeux autour de moi, sur moi, ces yeux qui volent des choses du dehors parce qu'au-dedans d'eux il n'y a rien.
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