Citation de jpp59
Tout s'oublie. Cependant un choc violent produit une modification dans notre substance même. L'homme dont le fils, ou la femme, ou le père, est mort, ne peut plus jamais être un homme qui n'a pas perdu son fils, ou sa femme, ou son père. Après une violente joie ou une grande douleur,apparemment nous demeurons les mêmes; nous pouvons plaisanter, rire, pleurer, être heureux ou tristes, mais nous ne plaisantons plus, nous ne rions plus, nous ne pleurons plus, nous ne sommes plus heureux ou tristes, à la manière dont nous l'étions avant. D'aucuns s'en aperçoivent parfois, alors qu'ils ont depuis longtemps oublié leur deuil.Ils s'interrompent dans leur rire ou plongent plus profondément dans leur tristesse, et restent là à se demander, égarés: "Mais qu'y a-t-il? Mais pourquoi?...Mais comment?..."
