Agora du 8 avril 1992
Entretien avec
Roger DADOUN pour sa
biographie de
FREUD refondue et complétée d'une troisième partie sur les relations de
FREUD avec différents registres linguistiques. Il évoque : le
portrait photographique de
FREUD, ses derniers jours, son
cancer,
FREUD tel un Phénix, les conflits avec ses disciples, les rêves, l'évocation de la mère, F.DOLTO, J.
LACAN, la naissance de la
psychanalyse,...
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Braire, encore et toujours, ô misère, en notre ère, qui semble n’être, ce jour, que brute ère de coups pour rien ?
Agile voyageur des forêts de la nuit, Freud nous a ouvert, au seuil de ce siècle (le XXème , et aujourd’hui le XXIème), les portes du rêve – et son grand livre de fondation, L’Interprétation des rêves (Die Traumdeutung), sonne toujours à nos oreilles captives telles des trompettes de Jéricho dressées contre les murailles qui barrent l’accès à notre vaste univers nocturne – cette moitié mystérieuse de notre existence. et l’on voit aujourd’hui que, après les longs temps d’hostilité et de scepticisme, la science elle-même, et très exactement la neurophysiologie des états de sommeil et de rêve, s’incline devant le fondateur de la psychanalyse, en témoignant que l’homme, autant et en vérité combien plus qu’animal raisonnable et conscient, est un être rêvant (Bachelard le montre admirablement sur le registre de la littérature et de la poésie) et que le rêve est expérience vitale, terrible symétrie interne de notre vie de veille.
Ainsi, par la voie royale du rêve, et par les sentes tourmentées des névroses, et par la formidable odyssée de son autoanalyse, et par ses bonds fulgurants dans les domaines de l’art, de la littérature, du comique, de la religion, de la société, de la politique, de la culture, Freud nous conduit au plus près de ces lieux qui orientent nos désirs les plus profonds et dont nous ne cessons cependant obstinément de nous détourner – au plus près de ce qu’il nomme, empruntant la formule à Goethe, les Portes des Mères, là où se profilent les formes essentielles de toute humaine réalité, l’amour et la mort, Éros et Thanatos, saisies à bras-le-corps par un Freud renouvelant avec les armes de l’intelligence et de la passion la lutte mythologique de Jacob avec l’ange.
Le Groupe affirme travailler, lui qui est Moi, conscience, volonté, Tête, pour la totalité du Corps social, qui est masse et inconscience ; car les "masses", comme on dit, ne savent pas qu'elles sont dupées, exploitées, violentées par le Système, qui'il se nomme Capital, Pouvoir, Prince, ou toute autre puissance dominatrice. L'acte terroriste, secousse sismique, a pour but de réveiller la Masse, de remettre en circuit son énergie "révolutionnaire" latente. Mais, tout comme le Surmoi s'entend admirablement à détourner à son profit l'énergie pulsionnelle du Ca, le Système à l'art de maintenir la Masse sous son emprise, en retournant pour sa gouverne les peurs et terreurs activées par le projet terroriste du Groupe.
La violence terroriste frappe indifféremment des personnalités représentatives du Système et des éléments anonymes à l'intérieur de la Masse. Le choix de l'une ou l'autre méthode peut être indicatif de la coloration politique de l'acte terroriste : le terrorisme "de gauche" s'attaquerait de préférence aux individus détenteurs de pouvoir, quel qu'il soit ; le terrorisme "de droite" à dominante nationaliste, religieuse ou fasciste, affectionne les "bains de sang".
Rompre l'engrenage, s'arracher à la souveraine emprise de la violence, c'est à quoi se sont ingéniés, au long des siècles, morales, philosophies, politiques, thérapeutiques et exorcismes de toute nature - pour les maigres et dérisoires résultats que l'on sait. Peut-on se tenir à l'écart, et s'inspirer par exemple de Soljénitsyne qui, vivant au pays du "grand mensonge", ressort de tout totalitarisme, proclamait : "Qu'au moins le mensonge ne passe pas par moi.
En nous tous, toujours, au coeur, aux creux, au plus intime de notre être, un enfant est battu.
Le totalitarisme est le système dans lequel l'exercice du pouvoir consiste principalement, sinon exclusivement, en une pratique organisée, constante et généralisée de la violence.
Foule, ton nom est violence ?