Roger Penrose - Physicist - Nobel Prize 2020 - University of Oxford
The Oxford Handbook - Département de physique Université Paris Cité
- Universidade Federal da Bahia
- ARCHIMEDES S.I.E.E. Project
- SPHERE-UMR7219-CNRS
- APC, present
two days of history and epistemology of the foundations of Quantum Mechanics.
On the occasion of the publication of
The Oxford Handbook of the History of Quantum Interpretations. Nearly a century after its formulation and despite its unprecedented predictive successes in accounting for physical processes, quantum mechanics is still at the center of a lively debate.In the same spirit as The Oxford handbook of the history of Quantum Interpretations, the two days offer a historical overview of the contrasts that have been at the heart of quantum physics over the past 100 years. Drawing on the extensive expertise of several lecturers working in the fields of physics, history and philosophy. Thus, the objective of these two days is to fuel the ongoing debate on the foundations of quantum mechanics by dealing with the major open questions concerning the interpretations of Quantum Mechanics.
April 14 and 15, 2023
- Université Paris Diderot
- France
Organizing Committee :
Jean-Jacques Szczeciniarz, Olival Freire, Joseph Kouneiher et
Michel Paty + Lire la suite
Les singularités spatio-temporelles résidant au cœur des trous noirs sont parmi les objets connus (ou supposés) les plus mystérieux de l'univers - et que nos théories actuelles ne parviennent pas à décrire.
La conscience me paraît si importante que je ne puis tout bonnement croire qu'elle soit simplement apparue « accidentellement » du fait de quelque calcul compliqué. C'est le phénomène par lequel l'existence même de l'Univers se fait connaître. On peut soutenir qu'un univers régi par des lois qui ne laissent aucune place à la conscience n'est pas un univers du tout. Je dirais même que toutes les descriptions mathématiques d'univers données jusqu'à présent ne satisfont pas ce critère. C'est seulement le phénomène de conscience qui peut faire venir un univers « théorique » hypothétique à l'existence véritable ! Certains des arguments que j'ai donnés dans ces chapitres peuvent paraître tortueux et compliqués. Certains sont, je le reconnais, spéculatifs, mais je crois que l'on ne peut vraiment pas échapper à certains autres. Pourtant, derrière tous ces détails techniques, il y a le sentiment bien « évident » que l'esprit conscient ne peut fonctionner comme un ordinateur, même si une bonne partie de ce qui entre en jeu dans l'activité mentale pourrait le faire.
Je suggère que ce peut être une grossière erreur d'appliquer les règles physiques habituelles pour le temps à l'examen de la conscience ! Il y a en effet quelque chose de très étrange dans la manière dont le temps intervient dans nos perceptions conscientes, et je ne serais pas étonné qu'une conception très différente soit requise là où nous essayons de placer les perceptions conscientes dans un cadre conventionnellement régi par le temps. La conscience est, après tout, le seul phénomène que nous connaissions pour lequel le temps ait besoin de « s'écouler » !
Je ne pense pas qu'il soit sage, étant donné ce que nous en comprenons pour le moment, d'essayer de proposer une définition précise de la conscience, mais nous pouvons nous appuyer, dans une large mesure, sur nos impressions subjectives et notre bon sens intuitif pour dire quel est le sens de ce terme et quand cette propriété de conscience a des chances d'être présente. Je sais plus ou moins quand je suis moi-même conscient, et je suppose que les autres ressentent quelque chose qui correspond à ce dont je fais l'expérience.
Je vais en effet affirmer l'existence au niveau quantique d'une non-calculabilité qui explique celle de nos actes conscients, et que le niveau où cette non calculabilité physique se manifeste avec le plus d'ampleur joue un rôle déterminant pour l'activité cérébrale.... J'affirme que si les signaux
neuronaux peuvent effectivement avoir un comportement déterministe classique, le contrôle des liaisons synaptiques entre neurones s'effectue à un niveau plus profond qui semble correspondre à une importante activité physique située à la frontière séparant le monde classique du monde quantique...
(4 positions peuvent être adoptées sur ce sujet : A, B, C, D)
A. Toute pensée se réduit à un calcul ; en particulier, le sentiment de
connaissance immédiate consciente naît simplement de l'exécution de
calculs appropriés.
B . La connaissance immédiate est un produit de l'activité physique du
cerveau ; mais bien que toute action physique puisse être simulée par
un calcul, une telle simulation ne peut par elle-même susciter la connaissance immédiate.
C. La connaissance immédiate est suscitée par une action physique du
cerveau, mais aucun calcul ne peut simuler, même à la perfection, cette
action physique.
D. On ne peut expliquer la connaissance immédiate à l'aide du langage de
la physique, de l'informatique, ni de quelque autre discipline scientifique que ce soit.
De nos jours, ce sont les calculettes électroniques qui font les multiplications à notre place. Bien que ces machines soient beaucoup plus rapides et plus précises que les règles à calcul ou les tables de logarithmes, nous y perdons beaucoup en compréhension si nous n'acquérons pas par ailleurs une véritable expérience de la beauté et de l'importance fondamentale des opérations logarithmiques.
Peut-être le phénomène de conscience ne peut-il pas être entièrement compris en termes classiques. Peut-être notre esprit, plutôt qu'un simple algorithme mis en œuvre par de prétendus « objets » classiques, est-il une qualité, tirant son origine de quelque caractéristique étrange et merveilleuse des lois physiques quantiques qui gouvernent réellement le monde où nous vivons. Peut-être faut-il voir là, en un certain sens, la « raison » pour laquelle il nous faut, en tant qu'êtres sensibles, vivre au sein d'un monde quantique, plutôt que dans un monde entièrement classique — en dépit de la richesse et du mystère que présente déjà l'univers classique. Se pourrait-il que l'existence d'un monde quantique soit une condition nécessaire à l'émergence de créatures pensantes et sensibles telles que nous, extraites de sa substance même ? Il semblerait que ce type de question nous concerne moins qu'il n'intéresserait le Dieu qui se fixerait pour tâche de construire un univers habité. Pourtant le problème nous concerne également.
Un trait remarquable des modèles de pavage quasi cristallins que j'ai décrits est que leur assemblage est nécessairement non local. En d'autres termes, en assemblant les modèles, il faut, de temps à autre, examiner l'état du modèle, très loin en avant du point d'assemblage, si l'on veut être sûr de ne pas commettre une grave erreur en réunissant les morceaux. (Voilà qui paraît proche du « tâtonnement » apparemment « intelligent » auquel je faisais référence en relation avec la sélection naturelle.)
Un objet physique, tel un carré tracé sur du sable, ou un cube sculpté dans du marbre, pouvait apparaître aux yeux des Grecs anciens comme une approximation raisonnable, et parfois excellente, de l'idéal géométrique platonicien correspondant. Et pourtant, de tels objets ne seraient jamais que des approximations.
Dans les discussions sur le problème corps-esprit, deux questions distinctes retiennent habituellement l'attention : « Comment se fait- il qu'un objet matériel (un cerveau) puisse réellement susciter la conscience ? » et inversement : « Comment se fait-il qu'une conscience, par l'action de sa volonté, puisse réellement influencer le mouvement (apparemment déterminé) des objets matériels ? » Tels sont les aspects passif et actif du problème corps-esprit.