Il n'y avait rien qu'elle dans ce matin léger d'avril. La haute forêt chantait vers le ciel lessivé de ses nuées d'hiver ; un bourdonnement épars frisait aux feuilles frêles, ourdissant une trame joyeuse autour des saules dont les chatons ouverts fleuraient le miel. L'air neuf lui chatouillait les seins, fermes et maigres, durcis par les levers d'arbres et de pierres, par les montées aux troncs rugueux ; l'air vif et frais lui caressait les cuisses, nerveuses sous la peau brune, et la léchait, la ceinturait, l'appelait. L'eau lisse du ruisseau l'invitait, mais les oiseaux nouaient à peine leurs guirlandes amoureuses ; au pied des cornouillers étoilés d'or pirouettaient les premiers lapins, et le vent plus mou depuis quelques jours seulement, sentait les pollens volés aux coudriers. Ce n'était pas encore le temps des cabrioles dans l'herbe craquante qui râpe le dos et le ventre, ni des courses par les triots.