Citations de Romain Gary (5231)
Sans doute n’était-elle pas assez intelligente pour cela, et sa fatalité était d’avoir un corps, un visage, qui donnaient aux hommes beaucoup moins le désir de la comprendre, que celui de la déshabiller
Le seul vrai désespoir est l'impossibilité de désespérer
La clé de l'affaire, c'est la contradiction constante, quotidienne entre les aspirations des peuples et ce qu'elles deviennent lorsqu'elles sont évoquées aux Nations Unies. Tout devient discours. Tout devient mots. Tout devient figure de style. Je l'ai dit dans la pièce : "Les larmes elles-mêmes, la faim, la souffrance deviennent de la rhétorique, et il faut avoir une dose de cynisme extraordinaire pour pouvoir assister à ces exercices de voltige sans être profondément écœuré.
Je n'ai pas besoin de souligner la contradiction flagrante et légèrement monstrueuse qui existe entre les principes les plus élevés évoqués à l'ONU, cette espèce, si je puis m'exprimer ainsi, de coursier tout blanc de l'idéalisme que n'importe quel délégué enfourche à la tribune, et la bête obscure et noire qu'il chevauche dans son propre pays. Lorsqu'on observe ce spectacle de près pendant des années, ça devient particulièrement révoltant.
Il semblait être trop jeune pour tout, excepté pour la faim, pour le froid, pour
les balles.
"La vie fais souvent vivre les gens sans faire attention à ce qu'ils vivent"
Quand on a envie de crever, le chocolat a encore meilleur goût que d’habitude.
Vous verrez peut-être dans mon agressivité un signe d'impuissance, mais je vous regarde et un vers immortel de Lamartine me vient à la mémoire : Un seul être vous manque et tout est surpeuplé...
Mais il faut pourtant reconnaître que cette soif de pureté et d'authenticité absolues vous isole, vous enferme à l'intérieur de votre petit royaume du Je et empêche tous les ralliements...
L'état dans lequel j'avais laissé Madame Rosa me donnait encore la chair de poule, rien qu'à y penser. C'était déjà terrible de la voir mourir peu à peu sans connaissance de cause, mais à poil avec un sourire cochon, ses quatre-vingt-quinze kilos qui attendent le client et un cul qui n'a plus rien d'humain, c'était quelque chose qui exigeait des lois pour mettre fin à ses souffrances.
Je n’entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j’entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j’allais livrer pour elle, à la promesse que je m’étais faite, à l’aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j’avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté.
... mais il va sans dire qu'un romancier se trompe plus facilement qu'un autre sur la nature des êtres et des choses, parce qu'il les imagine. Je me suis toujours imaginé tous ceux que je rencontrais dans ma vie ou qui ont vécu près de moi. Pour un professionnel de l'imagination, c'est plus facile et cela vous évite de vous fatiguer. Vous ne perdez plus votre temps à essayer de connaître vos proches, à vous pencher sur eux, à leur prêter vraiment attention. Vous les inventez. Après, lorsque vous avez une surprise, vous leur en voulez terriblement: ils vous ont déçu. En somme, ils n'étaient pas dignes de votre talent.
L'humour est une déclaration de dignité,une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.
Nous étions encore tous les cinq proches des naïvetés de l'enfance - de ces naïvetés qui sont peut-être la part la plus féconde que la vie nous donne et ensuite nous reprend.
Mais peut-être y a-t-il des points sur lesquels on ne vieillit jamais. Et il n'est pas plus agréable à soixante-trois ans de sentir qu'une jeune femme ne vous considère plus comme un homme que de sentir à seize ans qu'elle vous considère encore comme un enfant. Il est assez désagréable pour un homme d'être soudain traité comme un père par une jeune femme quand on n'a jamais été traité... autrement, par aucune femme.
Mais ce fut avec la parution de Pseudo que ma témérité fut vraiment récompensée [...] il n'est venu à l'idée d'aucun qu'au lieu de Paul Pavlowitch inventant Romain Gary, c'était Romain Gary qui inventait Paul Pavlowitch.
Il fut pris d'une volonté impétueuse, passion-née, de retenir ce moment de beauté à jamais : celui qui avait peint la première image d'antilope en course sur la paroi rocheuse de Lascaux obéissait sans doute au même commandement de la beauté menacée d'éphémère. Et puis, elle mit son peignoir, et le Temps, ce vieux pillard, passa, emportant son butin.
- Monsieur Hamil, est-ce qu'on peut vivre sans amour ?
Il n'a pas répondu. Il but un peu de thé de menthe qui est bon pour la santé. Monsieur Hamil portait toujours une jellaba grise, depuis quelque temps, pour ne pas être surpris en veston s'il était appelé. Il m'a regardé et a observé le silence. Il devait penser que j'étais encore interdit aux mineurs et qu'il y avait des choses que je ne devais pas savoir. En ce moment je devais avoir sept ans ou peut-être huit, je ne peux pas vous dire juste parce que je n'ai pas été daté, comme vous allez voir quand on se connaitra mieux, si vous trouvez que ça vaut la peine.
- Monsieur Hamil, pourquoi ne me répondez vous pas ?
- Tu es bien jeune et quand on est très jeune, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir.
- Monsieur Hamil, est-ce qu'on peut vivre sans amour ?
- Oui, dit-il, et il baissa la tête comme s'il avait honte.
Je me suis mis à pleurer.
" Personne ne me fera jamais voir dans le comportement sexuel des êtres le critère du bien et du mal. "
Il y avait certes des limites physiques, il fallait séparer nos souffles, s'écarter, s'espacer, se lever, se dédoubler, et c'est toujours autant de perdu. Quand on a deux corps, il vient des moments où l'on est à moitié.
— Est-ce que je suis envahissante?
— Terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Je luttais contre le sommeil, qui est toujours un peu voleur.