Citations de Romain Rolland (988)
Les gens d’aujourd’hui qui lisent vite et mal ne savent plus la force merveilleuse qui rayonne des beaux livres que l’on boit lentement ...
Un héros, c'est celui qui fait ce qu'il peut. Les autres ne le font pas.
On ne lit jamais un livre. On se lit à travers les livres, pour se découvrir.
En agissant, on se trompe parfois ; en ne faisant rien, on se trompe toujours.
"Chacun prétend que sa cause est celle de la liberté contre la barbarie, et les peuples qui suivent dociles se résignent en disant qu'une puissance plus grande que les hommes a tout conduit. On entend une fois de plus le refrain séculaire : fatalité de la guerre plus forte que toute volonté. Le vieux refrain des troupeaux qui font de leur faiblesse un Dieu et qui l'adorent. Mais peut-on résister ? "
Quand on croit, on agit, sans se soucier du résultat. Victoire ou défaite, qu'importe ? "Fais ce que dois !..."
La fatalité, c'est l'excuse des âmes sans volonté.
Vie de Tolstoï
L'art et la parole sont les deux organes du progrès humain. L'un fait communier les cœurs, et l'autre les pensées.
Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur.
Faut-il que le plus fort rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpétuellement s'unissent pour l'abattre ? À ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n'y aura-t-il jamais de fin, jusqu'à l'épuisement total de l'humanité ?
Tout est musique pour un cœur musicien...
Tout ce qui vibre, et s’agite, et palpite, les jours d’été ensoleillés, les nuits où le vent siffle, la lumière qui coule, le scintillement des astres, les orages, les chants d’oiseaux, les bourdonnements d’insectes, les frémissements des arbres, les voix aimées ou détestées, les bruits familiers du foyer, de la porte qui grince, du sang qui gonfle les artères dans le silence de la nuit, – tout ce qui est, est musique : il ne s’agit que de l’entendre.
Même sans espoir, la lutte est encore un espoir.
La vie de la majorité des hommes repose sur des croyances religieuses, ou morales, ou sociales, ou purement pratiques - (croyance à leur métier, à leur travail, à l'utilité de leur rôle dans la vie) - auxquelles ils ne croient pas au fond. Mais ils ne ne veulent pas le savoir : car ils ont besoin, pour vivre, de ce semblant de foi, de ce culte officiel, dont chacun est le prêtre.
Toute race, tout art a son hypocrisie. Le monde se nourrit d’un peu de vérité et de beaucoup de mensonge. L’esprit humain est débile; il s’accommode mal de la vérité pure; il faut que sa religion, sa morale, sa politique, ses poètes, ses artistes, la lui présentent enveloppée de mensonges. Ces mensonges s’accommodent à l’esprit de chaque race; ils varient de l’un à l’autre : ce sont eux qui rendent si difficile aux peuples de se comprendre, et qui leur rendent si facile de se mépriser mutuellement. La vérité est la même chez tous; mais chaque peuple a son mensonge, qu’il nomme son idéalisme; tout être l’y respire, de sa naissance à sa mort : c’est devenu pour lui une condition de vie; il n’y a que quelques génies qui peuvent s’en dégager, à la suite de crises héroïques, où ils se trouvent seuls, dans le libre univers de leur pensée.
Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur.
Les hommes sont facilement dupes de ce qui flatte leur orgueil et leurs désirs.
- [...] Puis, quand le choix est fait, il n'y a plus à y revenir : il ne reste qu'à faire son devoir, honnêtement.
Un héros est celui qui fait ce qu'il peut.
Le plus grand livre n'est pas celui dont le communiqué s'imprimerait dans le cerveau ainsi que sur le rouleau de papier un message télégraphique, mais celui dont le choc vital éveille d'autre vies, et de l'une à l'autre propage son feu et, devenu incendie, de forêt en forêt bondit.
M. Romain Rolland, après une interruption de plus de vingt-cinq ans, a repris avec le dessein de la mener à son terme sa vaste épopée dramatique de la Révolution.
En 1900, au moment de "Danton", il écrivait :
"A mesure que j'entre dans ce monde de douleur et de puissance surhumaine, je sens que s'organise un vaste poème dramatique ; j'entends gronder l'océan soulevé : l'Iliade du peuple de France.
Jamais la porte des consciences n'a été plus violemment arrachée de ses gonds.
Jamais on a pu se pencher plus avant sur le gouffre de l'âme.
Jamais les invisibles dieux et les monstres qui habitent les cavernes de l'esprit n'ont surgi plus nettement de la nuit qu'en cette minute superbe et terrible comme la foudre.
Ce n'est pas seulement le drame héroïque d'une époque passée que je veux tenter, mais l'épreuve des puissances et des limites de la vie ..."
(Écrit dans "Comoedia par M. Etienne Rey, en janvier 1928, au lendemain de la répétition générale)