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3.84/5 (sur 46 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-Billancourt , le 20/04/1972
Biographie :

Après des études de Lettres et un Doctorat consacré à l’écriture onirique dans l’œuvre du poète Henri Michaux, Romain Verge enseigne trois ans à l’Université Paris X (Nanterre) puis dans le secondaire. Professeur de lettres, il anime aussi des ateliers d'écriture. À partir de 1990 et jusqu’en 2003, il écrit et publie de la poésie. Depuis 1990, de nombreux poèmes ont paru en revues : Le Nouveau Recueil, La Polygraphe, Décharge, Passage d’encres, Pleine marge, Friches, Contre-allées, Arpa, Diérèse…
En 2003 paraît Premiers dons de la pierre (éd. L’improviste), un recueil de poèmes accompagné de dessins, inspiré des représentations pariétales de la Grotte Chauvet. En 2004, il tire un essai de sa thèse de doctorat sur Henri Michaux : Onirocosmos (éd. Presses Sorbonne Nouvelle), travail d’inspiration narratologique, psychanalytique et psychiatrique.
Romain Verger a publié, depuis, deux livres aux éditions Quidam : Zones sensibles et Grande Ourse.

Site : www.rverger.com/
Blog : membrane.tumblr.com

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Source : Wikipedia www.lekti-ecriture.com/editeurs
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Bibliographie de Romain Verger   (7)Voir plus

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Pour te retrouver, te voir, je suis du bout des doigts les nouveaux traits de mon visage, cette page de braille qu’est devenue ma face : arêtes, séracs, fissures, escarpes, l’exact calque en trois dimensions de ce pays montagneux dans les plis contractés duquel a couvé notre union.
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Il ne nous aura guère fallu une vie entière pour qu’à l’image de ces couples que de longues années de vie commune façonnent l’un en miroir de l’autre, nous en venions à nous confondre.
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Tu m’avais dit marions-nous le 21 juin, au solstice d’été. C’est le jour le plus long. À Rochecreuse, à la montagne, où le soleil consume longtemps les cimes.
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Pour aller là-bas, il fallait se lever à l'aube. Le train s'ébrouait sur le quai et m'emportait dans la nuit. J'allais aux confins de la banlieue. Deux mois plus tôt, c'est vers la ville qu'il m'emportait en flot. Je me souviens de ces quais comme d'embarcadères. Et maintenant, j'avance à contre-courant, dans la résistance, loin de la houle urbaine. Il faut s'y mettre à deux pour écarter les portes, choisir sa place, à l'étage pour surplomber le paysage pétrifié de l'aurore, ou dans le soubassement, et sentir l'épaisseur de la terre et les quais défiler comme des couteaux à hauteur de gorge. On suit la Seine sans jamais déboucher sur la mer. Roulant, j'imagine pourtant des bouts de fleuves digérés par la mer, des limons salivant aux approches du sel, dans l'euphorie d'un imminent engloutissement. Après tout, c'est peut-être la mer, ce long et maigre fil d'eau stagnant que déroule mon train dans l'été automnal, arrachant comme une croûte le paysage bordé de petits pavillons comateux, derrière la vitre griffée au cutter.
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Je repense à Ariel, à je ne sais quoi d'Ariel puisqu'on ne sait rien d'elle, ni le timbre de sa voix, ni la teinte de ses cheveux qu'elle dissimule sous un chapeau. On ignore l'âge d'Ariel, le sourire d'Ariel, où habite Ariel, si elle est femme, mère ou célibataire. On ne sait rien d'Ariel et sur Ariel sinon qu'elle aime nager à la piscine municipale.
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L’ours offert par Ana ne tarda pas à servir de doudou, à combler le vide laissé par la disparition de Mia. Il devint rapidement le meilleur auxiliaire de Mâchefer. Il avait suffi de quelques jours pour que l’enfant ne pût s’en séparer sans brailler éperdument. Il ne cessait de le mâchouiller, de le tétouiller, de le suçoter, le retournant avec sa langue d’un côté puis de l’autre, tantôt pour l’imprégner de sa salive, tantôt pour en tirer le jus, tout en veillant à éviter l’obstruction et l’asphyxie. Aussi gardait-il toujours un coin de bouche libre. Mais il arrivait par accident, la nuit notamment, que le doudou la lui emplit entièrement. Mâchefer était alors tiré de son sommeil par de brusques secousses. Il avait constaté par expérience que nul n’était besoin d’intervenir à ce stade : au bout de quelques minutes, à court d’air, l’enfant finissait par expulser spontanément son bâillon. Il suffisait alors de le ramasser au pied du lit et de le réemboucher. Mais il fallait faire vite afin d’éviter qu’il ne se réveillât et ne se mît à hurler. Pour autant, Mâchefer ne voyait pas l’ours d’un très bon œil : certes, il cachait un peu cette grande bouche obscène et lui assurait la paix ; l’enfant était devenu plus calme, moins colérique. Les crises s’étaient espacées. Quand il s’en présentait, il suffisait à Mâchefer d’agiter légèrement le doudou tout en le frottant contre la lèvre supérieure du gueulard pour que celui-ci le gobât et se tût. Mais l’écœurement l’emportait à la vue continuelle de cette succion car il ne pouvait s’empêcher de voir Ana dans l’ours et dans cette sorte de tétée continue un mode insidieux d’administration, de possession par lequel elle lui eût infusé, à distance et presque imperceptiblement, comme par perfusion, son doux, très doux et non moins inexorable venin."
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Bientôt, il n’eut plus assez de force pour rêver ; ses songes devinrent à leur tour des visions dénutries, des lieux abstraits qu’il traversait en flottant, comme en esprit, sans pouvoir jamais se poser, des étendues blanches désincarnées. Alors il dut quitter sa grotte et se persuader que ses rêves étaient son avenir, qu’il finirait par retrouver les siens et qu’à défaut, le monde qui l’entourait était suffisamment grand pour être comestible, qu’il lui fallait s’en nourrir par la marche, l’avaler par les pieds. Il savait que cette traversée des glaces jouait contre lui, qu’à s’épuiser dans le froid, il y laisserait ses dernières forces et qu’avec elles fondraient les dernières graisses qui l’empêchaient de se retrouver transi jusqu’aux os. Car un matin sans doute ne pourrait-il plus se lever, collé au sol, de la même matière que lui, les articulations et les poumons grippés. Mais pour l’heure, il pouvait marcher. Il n’y avait plus que cela à faire. Sa grotte était vide ; ses rêves étaient vides et peut-être était-il promis à cette même vacuité ; sa pensée tournait en rond, ne fonctionnait que par de squelettiques à-coups. Aussi, un matin, il partit.
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Ne suis-je pas déjà mort cent fois, abandonné, perdu, tué ou laissé pour tel et revenu à la vie autant de fois qu'il le fallait ? S'y fait-on jamais... Je n'ai rien d'un avatar virtuel, rien du héros de ces jeux vidéo où l'on tue par milliers et où l'on meurt en boucles, sans conséquences ; et moins encore d'un mort-vivant de Romero qui revient à la vie d'un pas lent, le corps dégingandé. Je pensais m'y habituer, que les choses perdraient peu à peu de leur poids et de leur gravité, qu'ainsi j'irai me présenter à la mort - à la grande Mort - extasié, anesthésié ; en éternel enfant qui traverse un bois dans la nuit sans étoiles, jouant à se faire peur pour en sortir plus fort. Mais à présent, comme l'on est loin des contes, et des plus cruels qui soient : je trempe dans l'eau croupie jusqu'aux mollets. Et dans le nez cette odeur de feuilles macérées, de soufre et d'urine. L'effet de la terreur sur moi... sur nous, baignant tous deux dans l'infusion macabre. La nuit aura été terrible à traverser, de bout en bout, pour en arriver là, à ce silence parasité de sinistres borborygmes... au pied d'une aube grippée qui ne se lèvera plus.
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Cela fait sept ans que tu réclames ce congé de formation et maintenant qu’on te l’a octroyé, tu te demandes si tu ne ferais pas mieux de décamper et de profiter de l’été indien. Tu signes, puis tapotes l’épaule de ta voisine de devant pour lui faire passer la feuille, et lorsqu’elle se retourne, tu reconnais dans son visage poinçonné de deux yeux vitreux de poisson celui du défi piteux que tu t’es lancé. Tu ne feras pas le tour du monde sur les mains, tu n’exploreras ni les monts de Kong ni le Mont Analogue, tu ne traverseras pas le triangle des Bermudes à la rame ni ne descendras le superbe Orénoque. Tu redeviens ce que tu as été il y a longtemps déjà : un poulet de compétition prêt à en découdre pour décrocher ton label et vendre plus cher ta peau. (« L’année sabbatique », nouvelle n°7)
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Jamais Eirik n’avait songé à quitter son poste. Le sémaphore était de ces virus opiniâtres et jaloux qui réclament toujours plus de sang et d’oxygène. Kjartan, son père, lui en avait inoculé la passion. Très tôt, Eirik avait appris de lui à reconnaître les vents, à localiser les courants, à déceler les dérives d’icebergs dans la nuit, à déterminer l’influence de la houle et des marées sur le déplacement des bancs de sable. Enfant, il fixait les repères sur la terrasse, les faisait coulisser de droite à gauche en suivant du regard les gestes de son père. Il hissait boules et drapeaux, tenait son propre journal de bord où il consignait le nom des bateaux qu’il avait héroïquement sauvés du péril de la passe. Mais ce n’est qu’à neuf ans, lorsque sa mère Hedda disparut, que le sémaphore s’imposa à lui comme une évidence. C’était un jour de tempête, la mer écumant jusque dans les terres battait à rompre la vitre du sémaphore. Pour rentrer plus rapidement de la sécherie, Hedda avait pris ce soir-là le sentier côtier. Kjartan et Eirik l’avaient attendue en vain toute la nuit. À l’aube, Kjartan avait refait le chemin, fouillé les criques et scruté les poches d’écume grise prisonnières des rochers ; nombre d’habitants s’étaient mobilisés, ratissant la côte sur des kilomètres, du port au cap Krigh. Mais jamais la mer ne rendit son corps. Si la vocation d’Eirik procédait jusqu’ici d’une inclination juvénile quelque peu naïve, faite d’imitation et de fascination pour un père lui-même soucieux de voir son fils prolonger son existence, elle prit tout son sens avec ce drame. Il savait dorénavant qu’il consacrerait sa vie à surveiller la mer, qu’il n’aurait de cesse de la traquer du regard, de la soumettre à ses mesures, que chaque bateau arraché à sa dévoration l’affamerait un peu plus, les vengeant son père et lui de cette précieuse vie qu’elle leur avait raflée. (« Le dernier homme », nouvelle n°6)
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