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3.68/5 (sur 42 notes)

Nationalité : Israël
Né(e) le : 20/12/1976
Biographie :

Ron Leshem est journaliste et éditeur pour le quotidien Yedioth Ahronoth entre 1998 et 2002 et pour Ma’ariv, le deuxième grand quotidien israélien entre 2002 et 2006.

Il acquiert une réputation dans le monde littéraire avec son premier roman, Beaufort, couronné par le prix Sapir et vendu à plus de 150 000 exemplaires en Israël.

Adapté à l’écran par Joseph Cedar, le film éponyme remporte l’Ours d’argent au festival de Berlin en 2007.

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Un écrivain israélien écrit sur l'Iran 1/3 .
Auteur du très beau "Beaufort" en 2007, roman qui fut adapté au cinéma, l'Israélien Ron Leshem revient avec "Niloufar" (Le Seuil), un roman où il se met dans la peau de la jeunesse... de Téhéran ! Bientôt sur : http://www.rue89.com.


Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Beaufort, c'est Ochri. Il rampe vers moi, se couche à mon côté, me mouline l'oreille avec ses chuchotements. C'est toujours comme ça, avant que l'obscurité s'évanouisse, qu'il faut qu'on se taille, et lui, sa crise le saisit : "Dis-moi Erez, bihyat, sur ta vie, comment j'ai fait pour me retrouver ici ? Qu'est-ce que je fous ici déguisé en buisson ? Pourquoi je me peinturlure la figure ? Je suis quoi ? Un gamin ? Qu'est-ce que je fous dans cette forteresse de croisés, dis-moi, espèce de trou du cul ? Dis-moi, je fais de la figuration dans la Bible ? Je suis un demeuré pour pisser dans une bouteille ? Qu'est-ce que je branle ici sous moins mille degrés, dans la neige, à attendre de descendre je ne sais quel Arabe qui aura fait l'erreur fatale de quitter son lit à 3 heures du matin ? Ca te paraît logique ? Ensuite, je dois retourner dans cette poubelle répugnante où je me couche, là-haut, dans le bunker, c'est logique ? T'as vu où je dors, dis-moi ? Je me sens mal ici, très mal. Des adultes ne doivent pas vivre comme ça, le nez dans cette boue noire et blanche, en pleine nuit. C'est bizarre, trop bizarre pour moi. Ouvre les yeux : ça fait mille ans que des gens meurent sur cette montagne, il ne serait pas temps de baisser le rideau ? Sur ma vie, ça n'est pas logique, j'arrive pas à réaliser qu'il existe un endroit comme celui-là, Beaufort. Je te le dis : un endroit comme celui-là, ça devrait pas exister. Et on est là, tout englués dans ce cauchemar, par erreur.
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Et moi, je navigue et, de manière étrange, parfois je me fais vraiment des amis. Lorsque je cherche l'amitié des Palestiniens, il est rare qu'ils acceptent. Chez les Egyptiens, l'ouverture à l'égard d'Israël est dérisoire. Les Syriens n'ont pas vraiment accès à Internet. Mais quand je m'adressais à des Iraniens, ils acceptaient tous sans exception, et j'entrais sur leur site. Leurs albums photos semblaient avoir été pris au coin de ma rue, dans l'appartement d'un de mes amis. Ils m'attiraient dans un fleuve bouillonnant de conversations menées dans un univers parallèle, qui ressemblait en tout point au nôtre, sinon que les couleurs en étaient plus intenses. Et chaque photo, chaque histoire révélait un petit détail pris sur un autre planète, une lune en orbite sur une autre trajectoire.
(Postface)
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Non, pas d'illusions: plus sa voix est belle dans la radio, plus c'est un cageot, je te le garantis.
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Départ de tir. Départ de tir. Et la bande musicale du dessin animé Le Roi Lion, qu'on aime beaucoup , se disloque sur le petit écran télé qui crachote, enneigé de temps à autre, ainsi que les films bourakas, la tarte à la crême dont raffolent les Orientaux et même les autres, une infinité de films bourakas, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. (...) Et les scènes de terreur, et les vols de science-fiction vers la lune, et Bruce Willis qui défourazille les terroristes qui se sont emparés d'un bâtiment, et nous on connaît par coeur chaque réplique et on les répète de nouveau, chaque fois. Boum! Boum! Boum!
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Quand nous étions couché là-haut, j'étais surtout curieux. Curieux de voir si j'en sortirais vivant ou non, si je survivrais, si l'explosion qui me tomberait dessus allait me couper la jambe ou tout le corps, si un éclat allait emporter ma main ou me déchiqueter entièrement. Si ça allait faire mal. La tension, dans ces moments-là, te bousille, s'insinue dans tes veines. L'inconnu. Pour ma part, quoi qu'il arrive, l'essentiel est de savoir. Je pensais à ça. Car, pendant ces moments-là, tu ne penses pas à la maison, aux parents, tu n'as qu'une question: vais-je vivre ou mourir?
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Fourman a donné ses instructions et les sections ont commencé à dérouler les mèches blanches entre les mines. Une telle mèche contient du TNT et du plomb, elle est enveloppée dans du jute et gainée de plastique blanc. Sa longueur est de cent-vingt-cinq mètres seulement, ce qui signifie qu’il faut en relier des dizaines de ce genre l’une à l’autre par des nœuds doubles si on veut en recouvrir tout un fortin. Ça prend au moins quatre heures de rang : passer d’une mine à l’autre, extraire la bande d’introduction, enfiler la mèche à l’intérieur du trou, charger l’explosif et, pour éviter les courts-jus, ajouter des branchements supplémentaires et des sécurités. Et à partir de ce moment-là, on le savait, il y avait le risque d’être tous pulvérisés. Risque difficile à évaluer en pourcentages, risque qu’on ne pouvait pas ne pas prendre, saisir que, peut-être, on disparaîtrait tous, car une mèche comme celle-là, si elle prend un coup, elle explose et emporte tout avec elle. Parce qu’une mèche qui se consumer à trois mille mètres à la seconde, aucune chance d’en réchapper.
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Une fois, Lilakh m’a demandé : « C’est quoi au juste, ton Beaufort ? » Et moi, j’ai pensé qu’il est très difficile d’expliquer avec de simples mots. Il faut avoir été là-bas pour comprendre, et même ça, ça ne suffit pas. Parce que Beaufort, c’est une foule de choses. Comme toute forteresse militaire, Beaufort, c’est le jacquet, du café noir et des toasts : on joue au jacquet en pariant des toasts. Le perdant les prépare pour tout le monde, quelque chose de costaud avec du basilic. Quand on s’emmerde plus que d’habitude, on joue au poker pour des clopes. Beaufort, c’est vivre sans un millième de seconde d’intimité des semaines entières avec sa section, lits emmêlés, et être capable d’identifier, en plein sommeil, l’odeur des rangers de chacun d’eux. Yeux fermés, réussir à tout moment à savoir qui a lâché un pet, en se repérant à l’odeur. C’est à ça qu’on mesure la véritable amitié. Beaufort, c’est mentir à sa mère au téléphone afin de ne pas l’inquiéter. Tu diras toujours : « Tout est super, je viens de prendre ma douche et j’allais me mettre au lit », alors que tu ne t’es pas douché depuis vingt et un jours, qu’il n’y a plus d’eau dans les citernes et que, dans une minute exactement, tu dois prendre ton tour de garde. Et ce n’est pas un tour de garde de routine : tu dois grimper vers la position la plus effrayante de la forteresse. Quand elle te demande la date de ton retour à la maison, tu lui réponds en code : « Maman, tu te rappelles le nom du chien des voisins ? Alors, enlève la valeur deux de la première lettre, et, ce jour-là précisément, je m’en vais d’ici. » L’essentiel est que le Hezbollah n’écoute pas et n’en profite pas pour faire exploser ton convoi.
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Mais moi, je me souviens des lumières de Kyriat-Chmona s’éloignant à l’horizon, cette nuit-là, les battements de cœur de toute la section, je te le jure, je les entends, la première fois qu’on gravit la crête. Le froid ne fait que se durcir. Et, à part nous, pas âme qui vive, et presque pas de village dans le secteur. Le convoi s’étire, l’épais brouillard l’avale, et l’on n’y voit pas à cent mètres. Les tanks se déploient pour nous couvrir. Pendant notre trajet, j’essaie de nous repérer à travers l’étroit sabord, détaille dans un murmure la carte des menaces, balance notre doctrine de combat en version abrégée. Je marmonne : « Interdit de parler. » D’où le coup va-t-il venir ? J’ai envie de crier au commandant qu’on s’éloigne trop de notre axe, mais je me mords les lèvres et me tais. À partir de ce moment, plus personne ne pourra me dire : « Tu n’as aucune idée de ce que c’est, le Liban. Attends d’y mettre un pied. » J’y suis, enfin, c’est l’essentiel. Une colonne interminable, une progression à pas de tortue – le Safari des vivres, le Safari des combattants, le Safari des essences, derrière eux le camion des munitions avec une grosse grue, un Abir avec le médecin et l’infirmier, encore deux Safari de combattants, le Hummer du commandant, le Hummer de l’adjoint, le Hummer des transmissions électroniques. Ochri me demande si j’ai apporté mes dessous fétiches. Ils sont sur moi, je lui fais signe, parce que notre sort dépend de mes caleçons, même si ça signifie trente-deux jours de crasse.
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Et je revois le portail de la forteresse s’ouvrir devant nous, puis le véhicule stopper dans un nuage. Et chacun de se saisir de ce qu’il trouve à portée de main – sacs, équipements, à lui, pas à lui – et de se ruer comme un hystérique à l’intérieur. Les chefs maugréent à voix basse : « Magnez-vous le cul ! Filez, filez ! Plus vite que ça ! » Des hommes descendent, d’autres montent, interdit de piétiner sur place, il faut s’abriter vite dans l’espace protégé. Quand le parking grouille de dizaines de combattants, c’est là que l’ennemi crache ses salves d’obus. Et moi, je fais de mon mieux, à l’aveugle, je ne reconnais personne autour de moi, j’attrape la chemise d’un soldat inconnu et me laisse traîner à sa suite. Je suis jeté dans un sas encombré, recouvert de béton brut de tous côtés. De longs corridors sans entrée, sans issue. Une pièce mène à des escaliers escarpés qui ne débouchent nulle part, une impasse. Puis une série de salles au plafond bas éclairées d’ampoules rouges. Et des civières. Un court instant plus tard, je me retrouve dans l’une des pièces de sécurité : un boyau étroit et long, une sorte de caverne souterraine, des murs bombés aux parois de métal rouillé et des lits comprimés de trois étages qui pendent de la voûte par de lourdes chaînes.
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L'écriture m'offre l'occasion de m'évader vers des expériences que j'ai manquées ou qu'il m'est interdit de vivre, vers des mieux que je n'ai pas eu le privilège de visiter et que je ne visiterai peut-être jamais, vers des êtres auxquels je n'ai pas eu accès, et au bout du compte, je m'interroge, à quoi aurait ressemblé ma vie, avec eux, dans leur peau ?
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