Souvent, les enfants des écoles me demandent ce qui m'a permis de vivre à Buna, ou plutôt de survivre. Je réponds alors qu'en ce qui me concerne, j'identifie trois facteurs. (...) la chance (...) l'imaginaire (...). Enfin l'espérance, qu'il ne faut pas confondre avec l'espoir. L'espoir c'est à court terme : on a l'espoir de bien manger quand on a faim, de bien dormir quand on a sommeil. Alors que l'espérance, c'est autre chose. Un philosophe a dit que l’espérance est au féminin, tandis que c'espoir est masculin, et, étant au féminin, elle est capable de créer une heure de plis, comme une femme est capable de donner la vie. L'heure ainsi gagnée s'ajoute à une autre heure et toutes ces heures finissent par faire des jours, ces jours des semaines et ces semaines des mois. Au camp, jamais cette espérance ne m'a quitté.