Cette recherche presque théâtrale est peut-être un héritage paternel. Haywood vouait un amour à l'art de la scène qu'il a souhaité transmettre à son fils, en lui faisant découvrir de nombreux spectacles présentés à Bromley. Déjà tout petit, le jeune David se faisait remarquer en se barbouillant le visage de maquillage, l'un des artifices théâtraux les plus anciens et les plus indémodables... L'art de la représentation, du jeu, la faculté à se glisser dans la peau d'un personnage sont des marqueurs phares de la carrière du chanteur, David Bowie aime à se travestir, à se camoufler, à jouer avec les codes et les genres, à se réinventer sans cesse en utilisant les apparats de la scène. Il le dit lui-même :
- J'aime écrire et raconter des histoires. J'ai décidé que je préférais incarner mes personnages plutôt que d'être moi-même sur scène
Cette quête, intérieure et profonde, guide déjà le jeune chanteur dans ses premiers pas sur scène. Devant son micro, David Jones ne reste pas statique. En s'inspirant de la souplesse incroyable de James Brown, en reprenant des mouvements du mythique Little Richard, le chanteur tente des rôles, se crée ses premiers personnages. David Jones a raison de se fier à cette puissante intuition. Le monde de demain sera celui des rock stars, extrêmement charismatiques, presque hypnotiques, mais plus largement des stars totales et absolues. Et il en sera l'une des plus iconiques.
Avoir l’air con peut être utile
L’être vraiment s’rait plus facile.
En quelques couplets, Coluche semble avoir tout dit.Provocation, conscience d’avoir été lancé comme un produit de consommation courante, désir de gauler le système, sympathie pour les petits, lucidité.
La meilleure défense, c’est l’attaque. C’est sans nul conteste ce que s’est dit Coluche. Devancer les critiques,leur couper l’herbe sous le pied. Précaution inutile pourtant, tant l’accueil de ce nouveau spectacle va être unanime.
La presse met clairement en avant les failles qui transpirent dans ces sketchs. Coluche parvient à mettre de la distance entre lui et ses personnages tout en les incarnant.Il a l’air de dire : ces imbéciles ordinaires, ce n’est pas moi, mais ça pourrait. Sous-entendant au passage :ce n’est pas vous non plus, mais ça pourrait.
Dans le fond, Coluche a de la tendresse pour son personnage. Il dit des horreurs, mais il n’est rien d’autre qu’un brave prolo qui n’a pas compris que son intérêt était de combattre le système plutôt que de s’en faire le chien de garde.
Cette ambivalence se retrouve dans tous les personnages qu’incarne Coluche sur scène. C’est aussi sans doute cela qui fera notamment passer le sketch entre les mailles de la censure.
Sommes-nous la somme de nos déchirures ? Sommes-nous autre chose qu’un empilement de plaies qui jamais ne cicatrisent totalement ? Et ces plaies, que font-elles de nous ? Non, la question est mal posée. Il faudrait plutôt dire : que faisons-nous de ces plaies ? Certains d’entre nous les enfouissent au plus profond et vivent avec une douleur lancinante et rentrée. D’autres les subliment, les vivent, les triturent. Ces écorchés permanents
deviennent parfois écrivains, drogués, alcooliques ou rockers.
Les écorchures les plus violentes ont fait les plus grands artistes. C’est comme ça. Et Johnny Hallyday est de ceux-là. De ceux qui traînent un passé plus lourd que dix Harley-Davidson surmontées de leurs incontournables
bikers gras et tatoués
Un océan viendra bientôt se poser entre sa famille et lui. Farrokh n’a pas encore huit ans, sa vie était merveilleuse et douce, mais la décision de ses parents est irrévocable : il partira, il le faut, pour son propre bien. Nos critères contemporains pourraient juger cette décision parentale inhumaine. Qui de nos jours enverrait son enfant si loin qu’il serait pratiquement impossible de lui rendre régulièrement visite ? Pourtant, les parents de Farrokh et de Kashmira ne sont pas des monstres, bien loin de là.
Freddie a commencé à tomber malade sans raison apparente. Une fois, on l’a amené chez moi, malade, et je ne savais pas quoi faire, alors j’ai appelé mon gynécologue, en qui j’avais toute confiance. Il est venu immédiatement et a trouvé Freddie en plein délire. Soudain, il s’est réveillé dans un état terrible. Je lui ai dit : « O.K., ne t’inquiète pas, c’est mon gynécologue. » Il a répondu : « Oh mon Dieu, je n’y crois pas ! Je suis enceinte ? »
Coluche sait au moins unechose : les rêves ne valent que pour être réalisés. Cela ne sert à rien de gloser ou de théoriser une société idéale si l’on n’est pas prêt à la mettre en œuvre. La pensée est stérile si elle ne se dote pas d’une bonne paire de bras pour la mettre en marche. Romain Bouteille le théoricien
vient de rencontrer Coluche le pragmatique.
Tout le monde le sait de toute façon. Coluche et Bouboule récupèrent des
choses « tombées du camion » comme on dit pudiquement.Tant pis s’ils doivent secouer un peu le camion pour que le matériel en dégringole. Tout le monde s’enfout. La propriété, c’est le vol de toute façon.
Le vol, on va le pratiquer, à petite échelle, poursurvivre. Coluche et Bouboule donnent le la, mais les autres s’y mettent. On « réquisitionne » de la bouffe pour nourrir tout ce petit monde. Les supermarchés qui se trouvent à proximité du Café de la Gare ont droit à des visites régulières. Bouteille, qui a tout du voleur à la petite semaine, se fait une belle tête de coupable, regard fuyant, rouge au front. Immanquablement, il se fait
attraper à la sortie. Sauf qu’il n’a rien pris.
Difficile de dire si le chanteur est heureux. Sans doute à sa manière, peu expansive. Mais le bonheur est une affaire compliquée, et on ne voit pas Jean-Jacques Goldman comme l'homme le plus doué pour cela. Pourtant, tout est là, dans ses mains. (p. 203)