Nous arrivons à Camden en moins de trente minutes. Prends ça dans ta face, bus de remplacement !
Il avait un visage anguleux, des pommettes et une mâchoire saillantes qui contrastaient avec sa bouche charnue. Et les cheveux tellement en bataille qu'on arrivait pas à déterminer s'il avait une crête, des mèches longues, des épis ça et là, ou tout à la fois. Ils étaient couleur réglisse ou chocolat, peut-être - ce chocolat noir si riche en cacao que je ne peux en manger qu'à dose homéopathique.
- Edie ?
- Oui ?
- Tais-toi et embrasse-moi.
J'ai boudé pendant quelques minutes, ce qui ne servait pas à grand chose puisqu'il n'y avait personne pour le voir.
Dans ma tête, je m'invente des conversations incroyables avec Jim. Dans ces moments-là, je suis drôle, intelligente avec juste ce qu'il faut d'excentricité. Mais en réalité, je ne suis qu'une grosse nouille qui n'a même pas le cran d'aller lui parler.
Il est tout sucre tout miel quand on s'embrasse et d'un coup, il devient agressif limite psychopathe tendance Dark Vador. Vous voyez le topo ?
- Tu as l'air différente.
- C'est ma frange. Je me suis fait agresser par une paire de ciseaux.
- On dirait, oui.
- Très bien, cette fois-ci, je m'en vais. Et je ne reviendrai pas. Ne t'inquiète pas, je sors de ta vie à jamais. Tu n'auras plus besoin d'inventer des excuses minables, dorénavant. Je t'aime mais visiblement, ça ne te suffit pas.
Non, ils s'imaginaient que moi, la fille la plus populaire et la plus redoutée du lycée, j'avais changé au cours de l'été, tout ça parce que le ciel m'était tombé sur la tête, et que ça se verrait sur ma figure. Comme si toutes les larmes que je n'avais pas versées avaient tracé des sillons indélébiles sur mes joues.
J'étais une petite ingrate sans coeur qui promettait à quiconque l'approchait un aller simple pour les embrouilles.