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Citation de Brize


Il pleuvait sur le lycée Notre-Dame-du-Nil. Depuis combien de jours, de semaines ? on ne comptait plus. Comme au premier ou au dernier jour du monde, montagnes et nuages n’étaient plus qu’un seul chaos grondant. La pluie ruisselait sur le visage de Notre-Dame du Nil, délavant son masque de négritude. La présumée source du Nil avait submergé la margelle du bassin en un torrent fougueux. Les passants sur la piste (au Rwanda, il y a toujours des passants sur la piste, on ne saura jamais où ils vont ni d’où ils viennent), ils s’abritaient sous de grandes feuilles de bananier qu’une mince pellicule d’eau changeait en miroir vert.
La pluie pendant de longs mois, c’est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le roi d’autrefois ou le président d’aujourd’hui, la Pluie, c’est celle qu’on attend, qu’on implore, celle qui décidera de la disette ou de l’abondance, qui sera le bon présage d’un mariage fécond, la première pluie au bout de la saison sèche qui fait danser les enfants qui tendent leurs visages vers le ciel pour accueillir les grosses gouttes tant désirées, la pluie impudique qui met à nu, sous leur pagne mouillé, les formes indécises des toutes jeunes filles, la Maîtresse violente, vétilleuse, capricieuse, celle qui crépite sur tous les toits de tôle, ceux cachés sous la bananeraie comme ceux des quartiers bourbeux de la capitale, celle qui a jeté son filet sur le lac, a effacé la démesure des volcans, qui règne sur les immenses forêts du Congo, qui sont les entrailles de l’Afrique, la Pluie, la Pluie sans fin, jusqu’à l’océan qui l’engendre.
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