Mysterious Skin, film (2004), réalisé par Gregg Araki et inspiré du livre éponyme de Scott Heim.
Ma mère. Ma marchandeuse de brocantes, ma violeuse d’accès interdits. La Fatiguée à mon Survolté. Ma supportrice, ma cuisinière et mon chauffeur, ma confidente, ma gardienne de prison. Mon réveille matin et mon histoire pour m’endormir. Aimant et ruban adhésif ; album et ciseaux. Mon thé glacé, mon Tennessee Whisky. Ma ferme sur la colline. Ma maison tranquille à Haven, au bout de la rue. Mes vitamines et mes stéroïdes, mon Neupogen et mon Anzamet, maladie et rémission. Poupé, lapin et cheval de carrousel. Ma feuille jaune tombée dans ses cheveux. Mon foulard et ma perruque, ma grande baguette et ma petite baguette, mon Cherry Mash, ma baignoire à pieds de griffon, mon millier de lustres. Mon adorable petit pigeon. Mon Hansel et ma Gretel, mon emplacement à Rayl’s Hill, mon gros titre de journal, ma photo et mon histoire.
C'était une lumière qui éclairait nos visages, nos blessures et nos cicatrices. C'était une lumière tellement blanche et éclatante qu'elle aurait pu provenir du paradis, et Brian et moi aurions pu être des anges s'y prélassant. Mais la réalité était tout autre.
C'était presque palpable - là, à l'intérieur du vieillard, de la vendeuse malchanceuse et de la fillette délaissée - cette solitude urbaine partagée par tant de gens, et pourtant toujours distincte, tellement individuelle et tellement commune. Pendant des mois, j'en avais appris les nuances. Tous les dîners que j'avais ratés ou fait brûler - pas juste un seul plat - ces dîners jetés à la poubelle. Toutes les bouteilles de vin qui avaient tourné à l'aigre. Les heures passées à somnoler, bercé par la télé, les jeux avec les réponses faciles, toutes bonnes jusqu'à la victoire, sans personne pour s'extasier ou me féliciter.
...] " Et comme on écoutait les chanteurs,
Je voulais lui dire que c'était fini,
Que tout irai bien,
Mais j'aurai menti.
Et je ne pouvais plus parler.
J'aurai aimé trouver un moyen de défaire le passé,
Mais c'était impossible.
On ne pouvait rien faire.
Je suis resté sans rien dire,
Et j'ai essayé de lui dire par la pensée,
Combien je regrettais ce qui s'était passé.
J'ai pensé à toute la douleur et la souffrance dans ce monde,
Et j'ai eu envie de fuir.
J'aurai tellement voulu.. Nous élever tels deux anges, et comme par magie... Disparaître..."
Lacey était très certainement une fille réservée, une fille qui aimait la musique et les soirées d'automne et les longs poèmes larmoyants, et pourtant méprisait sa nouvelle vie, sa petite ville. Une fille qui avait fini par échapper à ses grands-parents - je l'imaginais s'enfuyant dans une voiture, la main posée sur le genou de son copain (...) - vers une ville où sa noirceur cesserait d'assombrir pour resplendir.
Si nous avions été les vedettes d’une grosse production hollywoodienne, je l’aurais serré dans mes bras. (...) Mais jamais Hollywood ne ferait un film sur nous.
Il portait un T-shirt de dragster, un blouson en vrai cuir avec des fermetures éclair semblables à des rangés de dents, et des bottes assorties. Des animaux ont été tués pour fabriquer ces vêtements, ais-je pensé. Il serait avec un couteau à cran d’arrêt dans une main, et moi dans l’autre.
Dieu sait qu'un peu d'excitation et de bonheur non chimique seraient les bienvenus dans nos vies.
Le mystère qui t'entoure me rend juste encore plus amoureux de toi.