À l'occasion du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2019, Xavier Guibert vous présente l'exposition "Taiy? Matsumoto, dessiner l'enfance" avec ATOM, ANA, Les Cahiers de la BD et le Musée d'Angoulême.
Retrouvez le site : https://www.bdangouleme.com/heure-par-heure/taiyo-matsumoto-dessiner-enfance
Notes de Musique : Youtube Audio Library.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
Cet automne-là, Teiko Itane épousa Kenichi Uhara, un homme qui lui avait été recommandé par un entremetteur. Elle avait 26 ans, et lui trente-six. Leur différence d’âge n’était pas un problème, mais pour les esprits conventionnels, cette union arrivait un peu tardivement. « Un célibataire de 36 ans a forcément eu des aventures », lui avait fait d’emblée remarquer sa mère lorsque la proposition de mariage leur était parvenue. Sa réflexion ne manquait pas de bon sens ; personne n’aurait osé la contredire en affirmant qu’un homme pouvait avoir vécu jusque-là sans aucune liaison féminine, et bien sûr, Uhara serait passé pour un menteur en essayant. En réalité, il fit l’impression de quelqu’un de délicat à Teiko, laquelle avait une expérience professionnelle et connaissait bien le monde masculin du travail. Réfléchissant à cela, elle découvrit même qu’elle n’aurait éprouvé qu’un sentiment proche du dédain pour un homme resté chaste ; plutôt que de la pureté, elle n’aurait vu chez lui qu’une faiblesse physique, un manque d’énergie.
Elle pensait donc que c’était assez positif que son partenaire ait entretenu une relation. Lui demander s’il avait déjà vécu maritalement avec quelqu’un serait certes désagréable, mais ne passerait pas pour un reproche si le lien avec cette personne était bel et bien rompu. En bref, à condition qu’il ait laissé son passé derrière lui et qu’aucun ennui futur ne soit envisageable, tout se présentait au mieux.
C'était notamment cela, devenir une épouse ? Prendre conscience qu'une relation de dépendance s'était mise en place, et comprendre qu'il s'agissait des prémices d'une adaptation mutuelle ?
Kenichi Miki lui faisait penser au poème de Kenji Miyazawa intitulé "Sans être arrêté par la pluie" :
... S'il y a un enfant malade à l'Est
J'irai le soigner
S'il y a une mère fatiguée à l'Ouest
J'irai lui porter son fardeau
S'il y a un mourant au Sud
J'irai lui dire de ne pas avoir peur
S'il y a des querelles et des procès au Nord
J'irai leur dire de faire la paix
S'il y a de la sécheresse, je laisserai couler mes larmes
S'il y a un été froid...
En fait, cette période juste après la défaite était comme un mauvais rêve. C'était vraiment difficile pour les gens. Mais grâce à leurs efforts, celles qui sont parvenues à reconstruire leur vie doivent être heureuses et désirer tout faire pour protéger ce bonheur.
Deux jours plus tard, il n'était pas encore parvenu à se débarrasser de cet arrière-goût désagréable. Et bien que légèrement atténué le troisième jour, ce sentiment restait en lui comme un résidu amer qui, pendant la journée, refaisait surface de temps à autre. Il ressentait ce qu'il considérait comme un affront encore plus durement que s'il avait été violemment critiqué par un professionnel.
Le Roman-feuilleton
Teiko se souvenait de photos de presse de l'époque, qui montraient des filles entassées dans des jeeps comme des grains de riz dans un sushi.
Elle aurait pu mettre les vêtements les plus sobres, cela n'aurait sans doute rien changé. Le sex-appeal qu'elle aurait essayé d'atténuer n'en aurait été que plus perceptible. Cela faisait partie de son corps et n'avait rien à voir avec ses vêtements. Eiko avait été une jeune femme aimable et plutôt expansive, ensuite son attitude lui avait semblé empreinte de séduction. De fait, même lui, son mari, le sentait parfois, surpris par un petit geste ou une de ses manières.
Si par quelque indice que ce soit vous êtes persuadé que cet homme est coupable, il faut y revenir une deuxième, voire une troisième fois. De plus, nous sommes tous victimes de préjugés inconscients, et de ce fait, il nous arrive de passer sur certaines choses qui nous semble évidentes. C'est dangereux. Les préjugés faisant partie du domaine de l'inconscient, ils sont bien souvent source d'erreur.
Teiko savait que dans la plupart des offres de mariage, les lieux de naissance et d'études, l'occupation professionnelle, les relations familiales, les amis, les mœurs faisaient l'objet de recherches. En revanche, le parcours professionnel n'était pas investigué. Durant les négociations, une partie du passé était laissée à l'écart.
Les corps étaient allongés frileusement dans la lumière bleutée de l'aube, alors que le soleil ne brillait pas encore. Les bords de leurs vêtements s'agitaient. Rien d'autre ne bougeait, sauf leurs cheveux. Les chaussures noires ainsi que les tabi blancs restaient immobiles. Troublé, l'ouvrier courut dans la direction opposée à celle qu'il prenait d'habitude. Il se précipita vers la ville et vint frapper à la porte vitrée du poste de police.
- Il y a des morts sur la plage !