Les indomptables : Edmond et Marie MicheletSerge Bésanger
Éditions Nouvelle Cité
https://www.laprocure.com/indomptables-edmond-marie-michelet-serge-besanger/9782375821084.html
En s'appuyant sur des témoignages de survivants les ayant fréquentés, l'auteur raconte l'histoire d'E. Michelet, entrepreneur chrétien et patriote convaincu, et de sa femme, Marie. Il évoque la Résistance, les cas de conscience, les débats, internes ou non, les choix qui se posèrent à eux et les épreuves infligées au couple soudé par un profond amour. ©Electre 2020
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À Chartres, les Allemands exigent du préfet, jeune Sudouestien qui voit dans son métier la plus noble activité de l’homme, qu’il signe un rapport accusant les Neger d’avoir assassiné des civils, en fait tués lors d’un raid allemand. Le préfet refuse net. Ils le jettent dans une cave avec un soldat sénégalais puisque, apparemment, ce préfet aime les nègres. Pas question pour le préfet de signer un texte déshonorant pour l’Armée française et, en particulier, pour ce Sénégalais dont il partage la cellule. Le préfet ramasse un morceau de verre par terre et se tranche la gorge. Son nom : Jean Moulin.
La Corrèze est l'allégorie l’allégorie d’un Paradis glaiseux, à la modération râble, au tumulte assourdi. La densité atmosphérique de tension diminue en fonction de l’éloignement de la capitale, c’est connu, et là, c’est calme, très calme, ça fleure suspectement le trou bouseux, le bon vivant sympatoche voire niais, les bonheurs trop simples, le fenouil et le coing, le quotidien républicain des petits matins. Bref le canard semble assez peu compatible avec
les extrémismes.
Soyons francs. À la question de savoir si un Parisien peut être bien reçu en Corrèze, la réponse est : bien sûr que non. Il ne s’agit pas de xénophobie : un Parisien, c’est un Parisien, point barre. Aucune chance qu’il comprenne quoi que ce soit à la gentillesse, à la politesse, au bonheur de vivre : il fait toujours la gueule. Aucune chance qu’il fasse la fête : il ne sait pas ce qu’est un accordéon ni même une cornemuse à miroirs. Aucune chance qu’il participe à une sautière, cette danse au tempo rapide, aux rythmes parfaitement articulés : il perdrait l’équilibre. Aucune chance non plus qu’il participe au rempaillage d’une chaise ou à la réparation d’un parapluie : il ne sait absolument rien faire.
Cependant il s’obstine à vouloir dicter ses lois à la con.
Ils mélangent tout, les malheureux, le charme et les sens, l’amour et les organes. Le désir néantise. Ni miasme ni baiser, ni tener ni manejar, le galant qui maîtrise l’art est simplement puissant.
A part ça, un Parisien ça ne sait pas manger, se vêtir, se protéger des intempéries, biner un rang de blettes sans se crever un oeil ; c’est incapable d’élever une cancaille et ça a une pétoche noire des orties. Enfin, une chose est certaine : là-bas, plus personne ne sait comment vivre.
Il y a urgence à relier les êtres humains, chacun porteur de sa singularité comme une vraie richesse et chacun dépendant d’autrui sans lequel il ne sera rien. T’as essayé ? C’est juste lumineux. Ce Mounier te propulse le ballon vers les étoiles.
« Esprit de Brive », cette envie de constituer soi-même un noyau de résistance sans trop savoir ce qu’il en adviendra, mais en s’y vouant avec une audace crâne, un ludisme invétéré, un esprit mousquetaire, un pour tous, tous pour un.
l'extrême-droite est un socialisme révolutionnaire qui n'a pas pris.
La France peut se faire comptable de tous ses malheurs, et présenter l'impitoyable addition, en milliards de francs-or. Prendre des gages, humilier l'adversaire. Ne penser qu'à venger ses morts. Laisser l'Allemand crever de faim -- Ou bien forger des idées de coopération, d'entraide, de bienveillance. La question est de savoir si, sur ce vieux continent, l'homme est mort ; si l'on peut rétablir l'espoir du monde en une France honorable, audacieuse, magnanime et bienveillante.
Face à ceux qui exigent un nouveau traité de Versailles, une punition sans pareille, une exclusion permanente du concert des nations, s'insurgent, se révoltent, pointent du doigt - c'est incompréhensible, abominable, insoutenable, ineffaçable n'est-ce pas - Michelet, Mounier, Schuman, Rovan et du Rivau opposent ce grand pardon, cet amour immuable, inconditionnel et sans limite. Mounier: "La justice et la miséricorde sont identiques et consubstantielles dans leur absolu."