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Citations de Serge Joncour (2420)


Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut-être encore plus fort que de s'aimer vraiment, peut-être vaut-il mieux s'en tenir à ça, à cette haute idée qu'on se fait de l'autre sans tout en connaître, en rester à cette passion non encore franchie, à cet amour non réalisé mais ressenti jusqu'aux plus intime, s'aimer en ne faisant que se le dire, s'en plaindre ou s'en désoler, s'aimer à cette distance ou les bras ne se rejoignent pas, sinon à peine du bout des doigts comme une caresse, une tête posée sur les genoux, une distance qui permet tout de même de chuchoter, mais pas de cris, pas de souffle, pas d'éternité, on s'aime et on s'en tient là, l'amour sans y toucher, l'amour chacun le garde pour soi, comme on garde à soi sa douleur, une douleur ça ne se partage pas, une douleur ça ne se transmet pas par le corps, on n'enveloppe pas l'autre de sa douleur comme on le submerge de son ardeur. C'est profondément à soi une douleur. L'amour comme une douleur, une douleur qui ne doit pas faire mal.
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Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment.
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Sa résistance, on la décide à tout instant, à tout moment on résout de se laisser envahir ou pas par l'angoisse, de se laisser submerger par une préoccupation à laquelle on accorde trop de place. Être fort, c'est ne pas prendre la mesure du danger, le sous-évaluer, consciemment, tandis qu'être faible, c'est le surestimer.

P276
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Ne pas avoir d'enfant, c'était se condamner à rester l'enfant de ses parents. Passé quarante ans, si l'on n'a toujours pas de môme, il est sans doute impossible de s'émanciper de sa propre jeunesse, de s'en dégager définitivement, de devenir autre chose pour ses parents que leur enfant. Il faut sans doute attendre de dépasser quarante-cinq, voire cinquante ans pour que tout se dénoue, il doit y avoir un moment où l'on cesse d'être l'enfant de ses parents pour les rejoindre dans une forme de communauté d'âge plus équivalente, un moment où l'on perd cette fraîcheur terrible qui distingue de ses géniteurs, on en vient presque d'égal à égal.
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A partir de maintenant il se raccroche à un objectif, retourner vers le fleuve, parce qu'il est complètement paumé dans cette métropole à laquelle il ne comprend rien, la Seine c'est son seul repère, l'unique faisceau de nature libre, et elle-même n'en finit pas de quitter Paris.

p40
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Dans l'amour il y a bien plus que la personne qu'on aime, il y a cette part de soi-même qu'elle nous renvoie, cette haute idée que l'autre se fait de nous et qui nous porte.
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Ne pas pouvoir s'aimer, c'est peut-être plus fort que s'aimer vraiment.
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Aux premiers moments d’une histoire, l’idée de l’autre obsède, on y pense tout le temps, ce qu’on a vécu avant n’existe plus, le passé est cette chose insignifiante et prodigieuse qui s’est contentée de nous amener là, comme si vivre n’avait servi qu’à ça, à ce besoin de retrouver l’autre.
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Serge Joncour
En général, un lundi 9 novembre, c’est un matin où une grande partie des auteurs en France sont au moins d’accord sur un point… Ils sont fatigués. Depuis plusieurs décennies, tous les premiers vendredi-samedi-dimanche de novembre, se tient la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde. Près de 100.000 visiteurs, autant de lecteurs, pour plus de 300 auteurs Jeunesse, Adultes, Régionaux, Dessinateurs et Bd-istes, et avec ça des dizaines et des dizaines de libraires, de bénévoles, de personnels municipaux, le tout rassemblé pour 3 jours de ferveur autour des livres sous la grande halle Georges Brassens, une halle de marché à la charpente en bois gigantesque, en forme de bateau « renversé »… Renversé, c’est le mot. Échoué en tout cas, échoué comme la plupart des salons du livre un peu partout, parce qu’en France on est fort de cette spécificité là, une exception culturelle de plus, c’est qu'il y a autant de salons du livre, de festivals, qu’il y a de villes et de week-ends dans une année… (Colmar, Limoges, St Etienne, Toulon, Vannes, Chateauroux, Cosne, Sablé…) Au nombre de toutes ces bases dont les acteurs de la chaîne du livre sont dépossédés ces temps-ci, il ne faut pas oublier ça : les salons. Ça compte les salons. Culturellement ça compte, économiquement, humainement, ça compte. Mais bon, on est bien d’accord, du point de vue sanitaire, un salon du livre, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire… Foules compactes, échanges, contacts, bises, poignées de main, tapes sur l’épaule, selfies à l’arraché, et avec ça des milliers de conversations simultanées aux consonnes expectorées… Tout ça ; en temps de virus respiratoire, on est bien d’accord que c’est la contre-indication parfaite ! C’est curieux ça tout de même. Un virus respiratoire suppose de se maintenir tous bien à distance les uns des autres, de se tenir à l’écart, et donc un salon du livre c’est tout le contraire, un salon du livre c’est tout ce qui rapproche, ce qui regroupe, ce qui unit. Déjà, ça rapproche les auteurs les uns des autres, ça rapproche ces mêmes auteurs des libraires qui veillent à tout, mais surtout ça rapproche les auteurs de leurs lecteurs, et ces lecteurs entre eux… de la magie pure. Mais voilà, en temps de pandémie, on ne se rapproche pas. Alors, pour approcher l’autre, l’approcher vraiment, restent les livres. Les livres en ce moment, y’a que ça pour toucher l’autre, le ressentir au plus près, épouser pour un temps sa vision du monde, se glisser en dedans… Les Autres, ils sont là dans les livres, entre nos mains dégelées, dans des histoires qui sont faites d’autres, de tout autres que nous. D’ailleurs j’avais mis ça dans un livre, il y a quelques années, Lire, c'est voir le monde par mille regards, c'est toucher l'autre dans son essentiel secret, lire c'est la réponse providentielle à ce grand défaut que l'on a tous, de n'être que soi.
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Paris est une des plus petites capitales du monde, encerclée et ronde, quasi parfaite, mais dès lors qu'on l'agglomère avec toutes les banlieues qui la contiennent, elle devient infinie, un océan de communes à perte de vue...
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Dans l'enfance on existe que par son prénom, on ne se fait jamais appeler que comme ça, par son prénom, à moins d'avoir la fantaisie d'un diminutif. La toute première fois qu'on entend son nom en entier, qu'on se voit y répondre, en général, c'est que les choses sérieuses commencent, ça peut faire peur au début
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Il y a parfois des lieux qui nous mettent mal à l’aise dès qu’on y met les pieds, et d’autres qui nous accueillent, qui vous adoptent, comme s’ils nous attendaient.
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… toutes ces zones périphériques devenaient d’interminables successions d’hypermarchés, de magasins de sport ou de bricolage, de jardineries et de grandes surfaces d’ameublement, et pour réguler la circulation née de tous ces parkings et de ces nouvelles routes on construisait un rond-point tous les cinq cents mètres… Le paysage urbain changeait du tout au tout. Le plus fou c’est que toutes ces terres qu’ils bétonnaient, ces terres de sortie de ville, c’étaient des terres de bord de rivière ou de fond de vallée, autant dire les meilleures, c’étaient donc sur des terres agricoles de la plus haute qualité qu’on bétonnait à n’en plus finir pour y faire pousser des hypermarchés.
(page 374)
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Une femme c'est un tout autre monde, et tenir une femme contre soi c'est être littéralement dépaysé, adouci, en paix.
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Et même s'ils n'étaient pas mariés, Mathilde était sa femme. Il repensa à ces mois maudits, à ce long tunnel qu'est la maladie. Quand on perd cette bataille-là, ça veut bien dire qu'on n'est pas si fort que ça. Du cancer de sa femme il ne dirait jamais rien, et à qui en parler d'ailleurs ? Il gardait juste en tête ces petites marches qu'ils faisaient tous les deux dans les couloirs de l'hôpital, de la chambre jusqu'à la machine à café, à la fin elle avait du mal à se lever, ça lui semblait surhumain de se forcer à marcher sur deux cents mètres, mais elle le faisait, jusqu'au jour où il était allé seul lui chercher le gobelet de café tout chaud qu'elle aimait court et sucré, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé de boire du café, jusqu'au jour où elle n'a même plus parlé. Plus jamais il ne se croirait fort, il ferait juste semblant, il laisserait parler les apparences, le mètre quatre-vingt-quinze et les cent deux kilos, ce corps dans lequel il se cache. Il savait aussi qu'il n'aimerait plus, qu'il n'en serait plus capable, que plus jamais il ne prendrait ce risque.
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Ce chantier c’était l’enfer, treize millions de mètres cubes de terre déplacés, des milliers d’hectares d’exploitations agricoles dévastées, la création de centaines de talus, de tunnels et de ponts, sans parler de toutes les bêtes sauvages qui, à cause de l’autoroute, ne pourraient plus sortir des forêts le soir pour aller vers les prairies et les points d’eau, tout ça pour que Toulouse et Paris communiquent avec Barcelone, La Haye et Londres. Encore une fois il fallait accepter que les villes dictent leur loi, qu’elles sabotent les campagnes pour assouvir leur désir de libre-échange, qu’elles communiquent, soient visitées les unes et les autres, commercent, c’était d’un égocentrisme écœurant.
(page 289)
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Il y a des paysages qui sont comme des visages, à peine on les découvre qu’on s’y reconnaît.
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Attendre l'autre c'est déjà partager quelque chose.
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Le socialisme était un combat de tous les jours, avant de parvenir à la fraternité il y avait encore du boulot, si ce n’est que d’ici peu la vie, à coup sûr, allait changer.
(page 156)
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Sur ce point, Giscard avait gagné. Pour des siècles des siècles il resterait le Président qui aurait suspendu des fils de caoutchouc noir tout le long des routes, tendus entre des pins morts. Grâce à lui tout le monde avait le téléphone, en ville comme dans les vallées, et même en montagne. Les fils noirs de Giscard couraient partout dans les campagnes.
(page 53)
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