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Critiques de Shaun Tan (244)
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Là où vont nos pères

Un pays, n'importe lequel. Une maison, on ne sait où. Un homme, comme tout autre. Il fait sa valise et emporte avec lui, bien soigneusement emballée, une photo de sa famille. Il part vers un ailleurs, vers une vie meilleure certainement. Il quitte femme et enfant dans le but de leur ramener un peu d'espoir. Il prend le train puis embarque sur un bateau, emplis de gens comme lui. Puis, enfin il débarque dans ce nouveau pays, totalement inconnu, gigantesque et magnifique où il ne connait personne, ne parle pas la langue. On lui fait subir des tests. Lui-même n'a pas l'air de bien saisir ce que cherchent à trouver ces hommes. Il essaie de se faire comprendre par le biais de dessins pour trouver sa route ou de quoi manger. Il essaiera d'apprivoiser cette nouvelle vie, dans ce pays si étrange...



Comment exprimer autant de poésie et de finesse ? Comment retranscrire toutes les émotions que l'on peut lire sur les visages ou les gestes ? Comment peut-on raconter une histoire sans parole ?

Voilà toute la prouesse de cet album et le génie de Shaun Tan !

Il nous décrit une histoire à la fois touchante, éprouvante et pleine d'espoir.

Renforcé par des dessins réalistes et profonds, au ton sépia de toute beauté, tout en clairs-obscurs, cet album original, au charme indéniable, a l'allure d'un film muet mais ô combien parlant !

Une histoire universelle et intemporelle...

Un récit fantastique et humain...



Là où vont nos pères... je les suivrai bien...
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Là où vont nos pères

Pourquoi tant d'hommes et de femmes sont-ils conduits à tout laisser derrière eux pour partir, seuls, vers un pays mystérieux, un endroit sans famille ni amis, où tout est inconnu et l'avenir incertain ?

Là où vont nos pères est un roman graphique empli d'étrangeté et d'enchantement. Voilà longtemps que je voulais le lire !

J'ai attendu avant d'y aller, mais ce livre m'attendait aussi. C'est souvent comme cela la rencontre avec une lecture qui vous étonne.

J'ai ouvert cette bande dessinée comme on pousse une porte vers un monde abyssal, comme on part en exil, loin de ses racines, loin des siens. Je suis entré dans ses pages silencieuses et j'ai découvert un monde où je n'avais plus de repères. Étrange, onirique presque, inquiétant et cependant familier, furieusement merveilleux avec des personnages épris d'émotions.

Pourquoi tant d'hommes et de femmes sont-ils conduits un jour à partir « de leur propre initiative » ? Et partir pour où ? Ici ce sont des hommes, des maris, des pères qui s'en vont.

Comme cet homme au début du roman qui quitte sa femme et sa fille. Précautionneusement il emballe une photo dans son petit cadre où ils sont tous les trois... Dans ce décor sépia qui touche à l'intime, que peuvent-ils se dire avant de se quitter ? On le devine comme on devine chaque bruit, chaque murmure, chaque respiration, car ce roman est fait de silences. Il n'y a pas de mots qui viennent dans ce récit, ils sont devenus inutiles pour dire ce voyage vers l'inconnu.

Partir, prendre un train, un navire, comme tant d'autres dans l'histoire universelle des femmes et des hommes, poussés un jour à partir, aller chercher le bonheur ailleurs, où ne serait-ce que quelque chose de plus supportable qu'ici.

Partir parce qu'il n'y a plus de travail ici, plus de liberté, partir peut-être à cause de la guerre, partir pour tout cela. Fuir sur les routes...

Mais l'ailleurs est souvent différent de l'eldorado qu'on voulait imaginer. C'est un monde avec des métropoles démesurées, verrouillés par ses codes, ses murs, ses obstacles parfois infranchissables. Des bruits de bottes traversent parfois les pages dans un effroi qu'on devine implacable et assourdissant.

Mais il y a aussi des sourires, des bras tendus qui rappellent que dans ces terres lointaines de chez eux, ces femmes et ces hommes, émigrés, réfugiés, exilés de toutes sortes, rencontrent aussi des portes qui s'ouvrent.

La force de ce roman graphique tient dans cette alternance entre l'infime et le gigantesque. L'infime survient où se détachent des gestes ordinaires des scènes de la vie quotidienne, des fleurs qui éclosent, des visages attendris qui sourient. Et puis d'autres pages surviennent où des paysages totalement surréalistes, tantôt merveilleux, tantôt inquiétants déferlent comme des vagues sur les pages immenses.

Comment ne pas être touché par les évocations que ces images suscitent ?

Ce roman graphique est comme un rêve éveillé.

Shaun Tan est un artiste australien qui réussit ici une oeuvre intemporelle d'une puissance artistique et poétique époustouflante.

J'ai aimé ce livre comme une errance en apesanteur, hors du temps. Dans ce voyage sans mot et sans paroles, je suis entré dans un langage intime qui parle au coeur.

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Là où vont nos pères

"Je ne lis jamais de BD".

Je suis arrivée comme ça, avec mes a priori bien ancrés, l'air de dire : rangez vos trucs là, ce n'est pas pour moi. L'air provoc', histoire de voir où ça mènerait. Elle a souri (ma bibliothécaire), elle est partie farfouiller dans un rayon, puis m'a tendu "Là où vont nos pères" en ajoutant :

" Il n'y avait pas de mots pour tant d'émotions, alors Shaun Tan n'a laissé que des images. Vous devriez être à la hauteur..."

Voilà comment on commence à lire des BD... :o)

Je ne mettrai donc pas de mots là où l'auteur lui-même n'en a pas mis, il a su traduire par ses dessins seuls, chargés d'une alchimie de visages expressifs et de situations symboliques, tout ce que peut représenter l'exil.

Je me contenterai d'évoquer une double page que j'ai longuement déchiffrée, une page de rêves, d'attentes : 60 vignettes illustrant chacune un morceau de ciel avec des nuages, dans le ton sépia de l'album, des morceaux de ce ciel interminable qui traduit l'éloignement, l'exil.

Cette BD est magnifique, qu'on se le dise! Bon, promis, jamais je ne dirai plus jamais...
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Là où vont nos pères

J'apprécie les bandes dessinées qui comprennent peu de texte, laissant ainsi les yeux et l'imagination du lecteur s'accrocher aux dessins et s'en imprégner à sa convenance.



Ici, c'est l'option du zéro texte. Même si les dessins sont très réussis, tout en rondeurs et en pointes, il m'a manqué quelque chose : des mots, forts, adaptés aux images. Et c'est donc la perception finale de ce manque qu'il me reste de cette "lecture" ou plutôt ce visionnage.



On comprend bien sûr qu'il s'agit d'immigration, on reconnaît Manhattan, les abords de l'incontournable Ellis Island, mais, finalement je n'ai pas ressenti d'empathie pour les personnages, ni d'admiration pour les couleurs.
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Là où vont nos pères

Dans cet album, pas de mots pour introduire une temporalité, un lieu, un pan de l'Histoire. Au fil des pages, pas de dialogues, pas de paroles à lire, pas de lettres. Pas d'onomatopée de bruits, du souffle du vent, du fracas du ressac de la mer.

Et pourtant, quand on ouvre ce livre, il bruisse tellement.

Les mots s'entendent, échangés ou hurlés, les éléments se déchaînent ou s'apaisent et les situations s'évoquent au fil des dessins, tantôt proches de "clichés" photographiques - à tel point que les parcourir les met en mouvement comme une lanterne magique, tantôt dessins suggérant un monde où tout est brouillé pour dire une époque ou un pays.

Les guerres font rage, les persécutions sont dévoilées et la pauvreté de vie qui fait tout quitter pour l'espérance d'une existence apaisée qu'on pourra désormais partager ensemble, famille et amis...



Il n'est pas besoin de lieu ou de date pour parler de ceux qui quittent leur pays pour aller, loin, au prix de mille sacrifices, au prix d'humiliations, d'angoisses, trouver une existence autre, meilleure, un travail, une sérénité de vie.

Même si certains dessins évoquent avec force des lieux dont on sait qu'ils ont été sésames de l'émigration, même si certaines cités évoquent les portes d'entrée de pays qui ont fait rêver ceux qui fuient, ces portes et cette architecture pourraient être partout.

La fureur prend les traits du dragon, la répression fait grandir les murs et noircir le coup de crayon. le livre vibre des terreurs et du déchaînement de la violence...



L'histoire de l'exil est universelle, elle dit la perte, la peur, elle demande la solidarité, l'écoute, la main tendue, elle chuchote la valeur d'un sourire, l'aumône consentie, elle se tisse du partage des souvenirs et des raisons de l'exil.

Les petits personnages originaux qui surgissent auprès des personnages humains me sont apparus comme le reflet des âmes, des pensées et des espoirs inavoués : une main qu'on espère se voir tendre, une parole pour aider dans l'inconnu, tout simplement une présence quand la solitude est un fardeau tel quand les racines ne sont plus.



Autant de personnages, autant d'histoires d'exil, de migration, autant de vies bafouées, brisées, autant d'étoiles arrachées du firmament comme les espoirs qui s'amenuisent…





Tout au long des ces pages, c'est l'émotion qui m'a submergée, la tristesse qui m'a envahie. Sans mots, on peut crier, et les dessins s'imprègnent dans l'esprit comme autant de vies qu'on a rencontrées.

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Là où vont nos pères

Là où vont nos pères...ils espèrent trouver l'herbe plus verte. Dans leurs maigres bagages, ils n'emportent que des souvenirs qui les raccrochent aux êtres chers...à l'espoir...à l'essentiel.



Là où vont nos pères...ce n'est pas le paradis, non. C'est dur d'y faire sa place, même si quelques belles âmes croisent leur chemin. Mais c'est sans doute mieux que là d'où ils viennent. Cet endroit qui n'est rien de moins que leur pays, leurs racines...Il faudrait se demander ce qui les pousse à s'en couper (dans le fond, on le sait, mais sans savoir parce qu'on ne l'a jamais ÉPROUVÉ)...C'est peut-être l'amour, finalement.



Shaun Tan met toute sa sensibilité dans ce récit muet, au parti-pris onirique et poétique. Il cherche à décrire l'universalité de la condition de migrant, en la dégageant de toute description réaliste, une question qui le touche personnellement, puisque cet album (fauve d'or 2008 à Angoulême) est dédié à son père qui quitta la Malaisie pour l'Australie, en 1960.



Les dessins sont tout simplement sublimes...quelle classe pour exprimer les émotions des personnages. L'alternance de petites cases, centrées sur le père, avec des pleines pages illustrant la ville fantasmée ou il se rend, décrit bien cette sensation d'être perdu au milieu de l'inconnu. Les tons sépias renforcent à merveille l'onirisme doux-amer de cet album qui, n'en doutez pas, se termine sur une note d'espoir...



Un thème universel et intemporel, traité de manière tout à fait personnel, en plus d'une pure merveille graphique...merci, donc, Mr Tan.



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Contes de la banlieue lointaine

Aujourd'hui, quand nous quittons notre intérieur, fermons la porte et descendons les marches qui nous mènent dans la société, le soleil pâlit. Ce vivre ensemble tout boursoufflé nous donne plutôt envie de faire demi-tour et de nous barricader au coin de la cheminée, tristes et nostalgiques d'une existence qui s'écrirait dans l'échange, le partage, la sérénité et l'enthousiasme.



Si, comme remède, vous possédez celui de visiter une bibliothèque, peut-être apercevrez-vous la couverture de ce livre "Contes de la banlieue lointaine"...

N'hésitez pas, saisissez-vous en, il constitue la parenthèse des pensées, il est le jardin d'herbes folles au milieu du bitume, il apporte la quiétude au milieu de l'agitation, il devient l'évasion d'un monde prison...





Plusieurs petites histoires vous parleront de l'Autre, celui qui vient d'ailleurs, qui ne vous ressemble pas, qui a d'autres habitudes, d'autres coutumes, celui qui regarde l'existence différemment, celui qui en sait aussi long que vous mais que l'humilité fait vous écouter et faire silence.



Ceux que l'on croise ou que l'on observe, parfois en se cachant, dans ces pages sont tous des êtres "à part", des fracassés, et c'est en cela qu'ils sont précieux, et que leur richesse devrait nous intimider, nous émouvoir, nous remplir de respect et nous faire reconnaissants à leur égard.

Ils ne s'imposent pas, se donnent à être devinés, et laissent des traces comme autant de scintillements, comme autant de feux follets dans les existences.



Les animaux qui surgissent au gré des mots de ces histoires sont des personnages fabuleux. Ils font corps pour l'un des leurs face à la main cruelle de l'homme, ils permettent aux humains de s'écouter l'un l'autre au lieu de hurler pour se faire entendre ou aux enfants de rêver et de poser un regard travesti sur le monde. Ils sont compagnons espérés, magiciens faisant disparaître la solitude ou messagers d'un monde meilleur qu'il ne tient qu'à l'homme d'écrire en devenir.



De multiples petits textes comme autant de paraboles, de réflexions déguisées sur le monde, les rapports entre les êtres, entre la nature et l'homme. Des mots cotonneux ou épineux pour caresser ou pour griffer, pour donner à voir que le monde pourrait être plus beau, les relations plus apaisées, il suffirait juste d'en avoir le désir, d'aspirer à le construire plus confiant, plus attentif à l'autre, à ce qui fait paysage.







J'avais été très émue du premier livre lu de cet auteur "Là où vont nos pères" et j'étais impatiente de retrouver son talent.

Ce livre est un bijou, un trésor précieux par ce qu'il partage, par ce qui s'évapore des phrases, les histoires sont aussi belles que poétiques, le propos y est touchant, distillant l'émotion comme autant de frôlements d'ailes. Les dessins sont pourvoyeurs de rêves éveillés, sont guides des mondes imaginaires qu'il ne tient qu'à nous de visiter.

Alors, oui, il est estampillé "littérature jeunesse", mais il est à partager entre jeunes et plus âgés, comme un secret, comme un discours qu'il faut répandre. En chacun demeure une fibre de l'enfance, un fil même très mince, même transparent mais qui permettra de s'attacher à ces pages, à ces mots faisant en sorte que ce livre fasse palpiter les émotions, se peindre les sourires ou faire sourdre quelques larmes…





Il est des auteurs qui parlent au plus profond de l'intime, qui font vibrer les cordes les plus enfouies de la sensibilité, qui chuchotent les mots qui ébranlent, qui bousculent pour rendre meilleurs, les rencontrer, les croiser se reçoit comme un cadeau précieux. Pour moi, vous êtes de ceux-là, Monsieur Shaun Tan et pour cela je suis pleine de gratitude envers vous.

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Là où vont nos pères

Sans jamais tomber dans le misérabilisme ou la facilité, Shaun Tan rend hommage à tous les êtres qui fuient un jour la guerre, un régime totalitaire ou la pauvreté et partent l’espoir chevillé au corps vers un avenir meilleur.



D’emblée, on éprouve un sentiment d’empathie envers l’homme qui prépare son départ en laissant derrière lui sa femme et sa fille. Les objets qui l’entourent nous sont familiers. Il prépare sa valise dans son modeste logis et emportera avec lui une photo de sa famille.



Mais bientôt, il pénètre dans un pays dont il ne connait pas les codes, le mode de vie. Nous non plus. Et c’est la grande force de cet album car Shaun Tan invente un univers complexe dans lequel nous pénétrons avec le même étonnement que l’homme auquel nous nous sommes attachés. C’est terriblement fatigant et inquiétant de s’adapter en permanence, même si il y a de belles rencontres…



Cet album est une suite magnifique de dessins aux couleurs brunes qui confèrent à l’histoire une atmosphère onirique très particulière sans qu’aucun mot ne soit nécessaire. A la fois sombre et poétique, « Là où vont nos pères » est un condensé d’humanité d’une grande beauté. Un chef d’œuvre.



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Là où vont nos pères

Mes lectures en cette fin d’année se suivent et se ressemblent comme se ressemblent, sauvetages après sauvetages, les refus des uns et des autres à accueillir ceux qu’on appelle migrants.

Après SOS Méditerranée, l’odyssée de l’Aquarius (préface de Laurent Gaudé), La loi de la mer (Davide Enia), je termine Eldorado de Gaudé et Là où vont nos pères, cette bande dessinée muette.

Muette comme la communauté européenne devant 300 naufragés sauvés par l’Open Arms (ONG Espagnole Proactiva Open Arms) venant de débarquer en Espagne après avoir été refusés en Italie, à Malte et ignorés par la Lybie, la Tunisie et… la France…



Shaun Tan manie les maux en silence. L’intensité d’un regard en dit bien plus long que de longues phrases et les dessins de cet album sont justes terriblement expressifs. Entre sépia, fusain ou crayon noir (ou je ne sais quelle technique tant je ne suis pas spécialiste) nous suivons le parcours d’un migrant confronté à une nouvelle culture, une nouvelle langue, une écriture inconnue, un environnement différent, une autre planète quoi.

Comment appréhender cette vie sans aucun repère ? Comment faire face au rejet d’une société ?

Misère, esclavage, guerre, terreur, sont quelques excellentes raisons de tout quitter, abordées par Shaun Tan. La part belle est faite à la solidarité entre migrants, un vrai sourire qui éclaire ces pages.

Déjà 117 billets sur ce titre donc que dire qui ne l’ait pas été ? Rien que la superbe couverture de la BD dit tout.

Malgré la beauté des dessins, leur réalisme, l’atmosphère qui s’en dégage, j’avoue avoir eu du mal avec un environnement trop « science fiction » qui s’il marque bien un dépaysement extrême, m’a un peu perdu au début. J’ai vite repris pied pour savourer chaque trait de crayon.

Les nombreux portraits du début qu’on retrouve à la fin sont un voyage autour du monde magnifique.

J’ai beaucoup aimé aussi cette double page qui par ces nuages, nous prend à bord du bateau qui mène vers l’en vie. Ou bien cette autre, qui au fil des saisons, pleure le temps qui passe loin des siens.

Cet album est une petite merveille.

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Là où vont nos pères

Comment est-ce possible de dessiner aussi bien ? Ouverture de l’album sur des portraits en sépia d’une multitude de nationalité qu’il est difficile de quitter pour attaquer les pages suivantes qui, elles-aussi, nous mettent un arrêt sur images. Ces images qui, seules, parlent de l’immigration puisqu’il n’y a aucun texte et c’est ce qui en fait toute la force, laissant à chacun la liberté de l’interpréter à sa manière. Du grand art !
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Là où vont nos pères

Les dessins sont travaillés au crayon, imitation gravure en eau-forte, et reteintées en sépia pour donner un aspect doux et rétro. C’est une histoire d’émigration, celle d’un père qui part chercher du travail dans un pays étranger. L’histoire semble racontée du point de vue de l’enfant, du moins c’est suggéré dans le titre, du coup, ce monde étranger devient fantastique, étrange, inquiétant et inhumain parfois, beau et chaleureux à d’autres moments. C’est aussi une histoire d’amour, d’amour de la famille, de solitude, de rencontres. On navigue dans un univers onirique, il y a du Alice au Pays des Merveilles, du Métropolis, les Triplettes de Belville, les Temps Modernes. Il n’y as pas le moindre dialogue, comme les vieux films muets en noir et blanc pleins de tendresse. On passe allègrement du réalisme social au fantastique le plus délirant rien qu’avec des images. Certaines illustrations sont carrément à tomber parterre. Ce livre m’a scotché par sa beauté et sa poésie.
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Là où vont nos pères

Petit matin. Une valise. Un homme qui part pour un long voyage, laissant sa famille dans une ville dévorée par un monstre. Comme lui, des milliers de migrants débarquant de paquebots sur des terres étrangères, les poches pleines d’espoir. Peut-être trouver un travail. Un logement. Faire venir la famille. Tout recommencer. Être heureux. Enfin.



Pas un mot dans cette œuvre, rien que l’image sépia qui se décline en pleines pages et en miniatures, voire en planches contacts. J’ai particulièrement été touchée par la double page qui présente ce qui me semble être un abécédaire des nuages



Shaun Tan a choisi de ne pas représenter de mondes connus. Son choix est payant et bien plus fort que l’aurait été la véracité. Inutile de coller à la réalité pour comprendre le sort des réfugiés. De l’ancien monde et ses cauchemars au nouveau monde et ses rêves fervents, c’est une époque qui se dessine, tout un siècle d’exilés et d’émigrés qui tentent de reprendre racine sur des terres inconnues, de recommencer à vivre loin de l’indicible horreur qui fut leur passé.



Le nouveau monde imaginé par Shaun Tan est donc bizarre, peuplé d’animaux bizarres, couvert de signes étranges. C’est au travers de ses inconnus et de ses mystères qu’il représente la terre d’espoir, parce qu’avant de reprendre vie, il faut s’organiser, s’adapter et accepter de laisser définitivement derrière soi ce qui était connu.



Chef-d’œuvre que le travail de Shaun Tan ! Économie de mots, mais pas d’émotions. Intelligence du dessin. Maîtrise du sujet. Réussite complète.

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Là où vont nos pères

Une BD sans texte rendant hommage à tous les immigrés qui partent en laissant derrière eux leur famille, leurs amis, leur pays. Quelles sont leurs motivations? Le travail? Une vie meilleure?

Dans cette BD, ce père rencontre d'autres immigré(e)s aux histoires différentes (exploitation, guerre,...). Heureusement, il est aidé, trouve du travail,...

Cette BD s'ouvre sur des portraits très expressifs et tous différents de par leur origine, leur âge ou leur sexe. Un univers silencieux où la place est laissée aux dessins...magnifiques. Montrer l'attachement de ce père pour sa femme et sa fille, raconter différents destins, apporter de la fantaisie dans la narration à travers d’étranges animaux compagnons de solitude,...

Je ne peux qu'exprimer mon admiration pour ce travail remarquable. Ce thème, tristement actuel (les immigrés, cantonnés dans des abris de fortune d'où ils sont chassés, les immigrés périssant en mer) porte cependant, un message d'espoir.

J'ai particulièrement apprécié cet origami me faisant penser à une colombe blanche que le père transmet à sa fille lors de son départ comme un signe d'espoir... et qui revient au long de l'histoire.

Une beauté à découvrir !
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Là où vont nos pères

J’ai adoré cette histoire sans texte, minimaliste. Peut-être que la fréquentation d’albums sans textes pour enfant m’y avait préparée ! Toujours est-il que j’ai apprécié ce dessin tout en douceur, tout en nuances de sépia. Les cases sont de toutes tailles (de douze petites cases par page jusqu’à la double page), du détail intime à l’incommensurable. Qu’il s’agisse de migration est une évidence, mais le pays d’origine du père qui émigre n’est guère identifiable, cela peut être n’importe quel pays d’Europe, ou même d’Amérique du Sud. De même l’époque est un peu flou, je dirais, entre les années 30 et 70 du XXème siècle. Pour le pays d’accueil, impossible pour le point d’entrée de ne pas penser à Ellis Island, cependant pour le reste le lecteur est aussi dépaysé que le migrant : des inscriptions dans une langue à l’alphabet inventé, des animaux familiers imaginaires, une architecture onirique, des métropoles labyrinthiques. Et en même temps des situations qui nous parlent malgré l’étrangeté des décors. C’est intelligent et poétique à la fois, avec des choix très judicieux pour souligner tout ce que le propos à d’intemporel et d’universel. En fait l’auteur a été inspiré, entre autres, par son père parti de Malaisie en Australie en 1960. Cet album est une très belle réussite, une œuvre graphique riche et forte, et un très beau Fauve d’or !
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Là où vont nos pères

À la première et deuxième lecture, j'étais dérouté. Mon esprit cartésien cherchait des images dans mon cerveau pour décoder le message. J'avais seulement une impression d'un grand amour de ce père parti avec seul apportant la photo de sa famille.



Puis, au troisième passage (vous voyez, j'étais un peu plus habitué au style de Shaun Tan sans écriture). Par contre, je n'étais pas encore habitué à toutes ces images inconnues, je devais me dire que c'était un chien ou un chat.



Au quatrième passage, je n'ai pas cherché à "comprendre". Je me suis seulement laisse aller au rythme des images. Les 50 nuages (encore rationnel) m'ont raconté un long voyage en mer.



J'ai enfin pu "sentir" l'image plutôt que de la décoder. J'ai senti la fuite nécessaire face à la guerre ou à la dictature. J'ai senti la barrière des langues et la nécessite de trouver le moyen de quand même communiquer.



J'admire tous ceux qui ont pu sentir toutes ces choses des leur premier passage. Par contre mes difficultés à communiquer m'ont permis, à la fin de voir l'universalité du phénomène de l'immigration et, moi, qui habite un pays d'accueil, de mieux sentir ces nouveaux venus plutôt que d'en avoir peur.



Dans ce sens, je trouve que ce livre est rempli d'amour et j'en remercie ma petite fille adorée qui me l'a offert avec tout l'amour que peut avoir une petite fille.
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Là où vont nos pères

Un album qui s’ouvre sur des dizaines de visages. Des hommes et des femmes d’origines et de cultures différentes.



Une tasse ébréchée. Une théière fumante, fissurée. Comme le monde ?



Un homme qui fait sa valise. Sur le départ. Il laisse derrière lui sa femme et sa fille. Fuir cette ombre lourde qui plane ?



Il traverse des étendues de terre et de mer. Il prend le train, le bateau. Un bateau, énorme. Des hommes, des femmes, entassés. Les nuages, lourds eux aussi, ne sont jamais loin.



L’arrivée vers un nouveau monde. Meilleur ? Inconnu en tout cas. Des paysages inattendus, une architecture incroyable, la découverte permanente. Une langue, une culture. Un monde à réapprendre.



Les saisons, le temps qui passent. Les retrouvailles, enfin ?



Des sépias et des bruns d’une incroyable expressivité et un graphisme si étonnant qu’on en oublie l’absence de mots. Un album criant d’actualité !



Avec Là où vont nos pères, Shaun Tan nous embarque pour un merveilleux voyage en terre inconnue…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Là où vont nos pères

Un magnifique coup de crayon, voilà les atouts de cet auteur qui réussi à retranscrire avec un réalisme frappant les histoires et les expressions du visage. Ici, les dessins font tout le travail. Aucun dialogue dans cette bande dessinée. Et ce n'est pas un mal car ils auraient été inutiles. Le monde que l'auteur s'est inventé m'a subjugué et permet à l'histoire d'être universelle.



Cette bande dessinée est une petite merveille.
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Là où vont nos pères

Un roman graphique sans texte, à la fois un livre d’art et un conte fantastique sur le thème des migrations.



Un père qui quitte un jour sa femme et sa fille pour un ailleurs différent. Il est perdu dans un pays étrange dont il ne connait pas la langue. Il fera face à la bureaucratie, au rejet et à la méfiance envers l’étranger, mais rencontrera aussi la chaleur rassurante de la solidarité.



Des dessins très travaillés, en noir et blanc et en sépia, avec des visages humains et des regards pleins d’émotions. Avec des décors de villes et des animaux imaginaires qui m’ont fait penser au genre « steampunk ».



Un album magnifique (mais dont on ne peut tirer de citation)!

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Là où vont nos pères

C’est un peu par hasard que je suis tombée sur Là où vont nos pères de Shaun Tan à la bibliothèque, si l’on croit au hasard bien sûr. Je savais que cette histoire d’exil avait gagné le Fauve d’or 2008 du Festival d’Angoulême, mais je n’avais pas spécialement prévu de la lire, impressionnée peut-être par le fait qu’elle soit exclusivement racontée en images, une bande dessinée silencieuse comme le dit le quatrième de couverture. Je serais vraiment passée à côté de quelque chose. Le personnage principal quitte sa femme et sa petite fille. Après une longue traversée en bateau, il arrive dans une ville où tout lui est étranger, les lieux, la langue, et où il s’installe, porté par l’espoir de les faire venir. C’est plein d’émotions, d’ouverture à l’autre et d’entraide. Il n’y a pas besoin des mots finalement pour dire les déchirements et la peur, l’espoir et le courage. Une belle découverte, dont plusieurs images vont me rester en tête.
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Là où vont nos pères

Un homme quitte sa femme et sa fille dans l’espoir d’une vie meilleure. Enfin arrivé dans cet endroit inconnu, il cherche ses repères.



C’est la première fois que je lis un roman graphique avec aucun texte, seulement des dessins. Trente, douze ou neuf dessins par page. Parfois même, un en plein page ou double page. Très beaux dessins qui montrent toutes les émotions de cet homme, triste de quitter sa famille, inquiet et perdu dans ce monde plein de promesses. Shaun Tan a dessiné cette histoire en hommage à tous ces migrants, dont son père, il s’est inspiré de leurs histoires. Car ce sont souvent les pères qui ouvrent la voie vers des horizons meilleurs.



Il utilise un univers onirique qui symbolise parfaitement l’inconnu des nouvelles terres pour les émigrants. Les teintes sépia nous empêche de situer vraiment cette histoire dans un lieu ou dans le temps. Sans texte, le silence permet au lecteur de faire plus attention aux dessins et aux codes graphiques de deviner la métaphore de l’auteur-dessinateur.



Là où vont nos pères a obtenu le prix du meilleur roman au festival d’Angoulême 2008.
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