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Critiques de Shigeru Mizuki (145)
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NonNonBâ

Un manga autobiographique formidable ! Drôle, émouvant, instructif en un mot passionnant. Il vous permet de vous familiariser le plus simplement du monde avec la mythologie japonaise et de visiter un petit village nippon au tout début des années 30.

C'est là que vit Shigeru, alias Gégé, huit ans et déjà passionné de dessin. Pendant que ses copains passent leur temps à jouer à la guerre, le rondouillard Shigeru part dans l'un ou l'autre de ses mondes imaginaires. Eh oui car derrière le monde que nous connaissons tous, il y a encore dix mille milliards de mondes, tous plus merveilleux les uns que les autres... NonNonBâ, cela veut dire Mémé. Elle a de grands yeux de chouette et une bouche en cul de poule ; elle est très pauvre et très pieuse. On la paye pour faire des dévotions à la nature et à tous les temples qu'elle rencontre. Au début de l'histoire, elle prie avec ferveur pour la petite Matsu-Chan, la copine de Gégé qui a attrapé la rougeole et pour son pépé qui est très malade. Mais il n'y a personne dans ces temples fait remarquer Gégé. Oh malheur que n'a-t-il pas dit ! là derrière son dos ! Un énorme otoroshi ! Brrrt ! Ce n'est pas parce qu'on ne les perçoit pas, que les choses invisibles n'existent pas …Donc voilà vous ferez connaissance avec Enma le roi des ogres qui indique la direction à prendre et avec beaucoup d'autres yokaï hirsutes, rigolards, sardoniques ou fantomatiques, plus ou moins coriaces. Et puis vous saurez comment le mort arrive dans l'autre monde, comment son âme se transforme et nourrit le coeur de ceux qui l'ont aimé, vous aurez un aperçu du paradis psychédélique qui vous attend ( la bd date des Seventies)…Ah il me reste à vous parler de la famille de Gégé qui accueille NonNonBa ; Celle-ci fera un peu de ménage et puis chut elle racontera plein d'histoires de fantômes aux trois garçons. Shigeru c'est le cadet. La maman est une femme dodue à chignon plutôt terre à terre ; sa famille avait un nom et le droit de porter le sabre, des armoiries et tout le tralala , elle a été mariée à un fantaisiste, dilettante. Il a fait plein d'études, travaille comme banquier mais a décidé d'ouvrir un cinéma, il suffit de louer la grange à fumier. La maman est contre mais cède, elle est très brave la maman. Et le papa, lunaire, épicurien, marrant…

Le manga fait plus de 400 pages mais on ne s'ennuie pas une seconde ! Il a obtenu le faune d'or du meilleur album de l'année au festival d'Angoulême en 2007. Quant à son auteur : un type extraordinaire (voir biographie) qui aura bien retenu les leçons de sagesse de son papa et de nonnonbâ.

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Hitler

Il s'agit sans doute du meilleur ouvrage sous forme de BD que j'ai pu lire s'agissant de la biographie du pire dictateur de tous les temps à savoir Hitler. En effet, ce vagabond, artiste bohème et caporal antisémite a plongé le monde dans un bain de sang faisant des millions de victimes. Pour l'instant, il n'y a pas eu pire bilan.



Le portrait que l'auteur dresse ne sera pas forcément flatteur mais il est sans doute parfois trop dirigé au point de se demander si celui qui est devenu le führer de l'Allemagne était vraiment un génie du mal ou simplement un homme ordinaire et médiocre ?



On découvrira également sa vie privée et comment il a mené au suicide mystérieux de sa nièce dont il était tombé amoureux en 1931. On verra également qu'il était jaloux de son seul ami plus brillant que lui au niveau des études.



Bref, c'était vraiment un sale type mais qui avait un talent oratoire hors norme. Certains se sont laissé avoir par ses discours haineux recherchant un bouc émissaire aux difficultés économiques d'une Allemagne sortant péniblement de la Première Guerre Mondiale.



Je n'avais pas eu conscience de lire un manga qui est pourtant daté de 1971 soit il y a près de 50 ans. J'ai été surpris car je n'ai pas du tout senti le poids des années. Cela reste une lecture intemporelle qui est nécessaire aux jeunes générations pour ne pas céder encore à des politiciens dangereux pouvant nous entraîner dans une nouvelle guerre plus meurtrière encore.



Pour la petite histoire, le mangaka Shigeru Mizuki voulait faire découvrir à son peuple qui était celui qui a entraîné le monde dans la guerre. L'auteur a d'ailleurs perdu son bras lors de ce conflit ce qui n'est pas anodin. Il réalise en tous les cas un précieux récit historique réalisé 25 ans après la fin de cette guerre.



Ce titre était pour moi un loupé dans le fait que parmi les 6350 titres que j'ai lu, j'étais totalement passé à côté. Par cette lecture, j'ai comblé cette lacune. C'est vraiment une œuvre à lire de par son sujet et sa portée.
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Hitler

Avant d'envisager toute critique sur ce manga on ne peut plus sérieux, il faut resituer des éléments de contexte ayant présidé à sa création. D'abord, Shigeru Mizuki, mort il y a une dizaine d'années à l'âge vénérable de 93 ans, a été soldat japonais durant la seconde guerre mondiale, et y a perdu le bras gauche (et il était gaucher). Ensuite, cette oeuvre a été publiée au Japon en 1972, dans un but pédagogique, tant pour les enfants que les adultes, pour bien rappeler à tous les Japonais, qui trop souvent ne connaissaient de la guerre que le conflit en zone pacifique contre les Américains, qu'ils avaient été alliés au plus grand criminel de l'Histoire.



Personnellement, je trouve que c'est une grande réussite. En deux heures de lecture captivante, le lecteur découvre avec avidité le solide travail du mangaka, qui s'est remarquablement documenté. Porté par un trait d'une précision et d'une expressivité redoutable, sans surcharge inutile, il brosse un portrait du Führer à la fois ignoble, et cependant, je le dis avec toute la prudence qui s'impose, avec une âme humaine. Car s'il déploie bien les excès que tous nous lui connaissons, tyrannique, impatient, mégalomane, hystérique, violemment antisémite, liste non exhaustive, Mizuki s'attache à montrer l'homme dans toute sa vérité nue, sous toutes ses facettes. Avant d'être un dictateur, c'est un homme. Pitoyable sous bien des aspects, raté, aigri, vicieux, menteur, mais aussi ayant un rapport compliqué avec les femmes (amoureux de sa nièce Geli, il exerce une emprise sur elle, lui interdit de se laisser approcher par des hommes, et sera responsable de son suicide), et facilement déprimé, en proie au désespoir, à l'accoutumance à des médicaments et drogues.



Mizuki finalement ne cherche pas à juger, à prendre parti, mais à prendre en considération l'homme dans sa globalité. Pour ma part, je trouve que le déroulement brut de l'histoire, et de l'Histoire parlent d'évidence d'un fou furieux et je ne soupçonne pas Mizuki d'indulgence.



Il cherche à détendre un peu l'atmosphère avec quelques traits d'humour, notamment quand il fait dire à Hitler, lorsque Hess lui suggère de forcer les Japonais à coopérer pour mettre des bâtons dans les roues aux Américains, « Les Japonais sont forts, c'est vrai…normal, ils mangent du tofu et des légumes… ». Personnellement, j'ai adoré ces saillies qui nous rappellent qu'il s'agit d'un manga, d'une BD, et pas d'un livre d'histoire, même si l'essentiel se trouve là…



L'essentiel, certes…mais malgré tout, il faut avouer qu'un élément crucial est passé presque sous silence : la shoah, c'est quand même gênant…devoir attendre l'avant-dernière page pour effleurer le sujet ! Ceci est à mettre en parallèle de la longue séquence de la fin d'Hitler, lorsque la défaite finale approche, qu'il se prépare au suicide, et passe à l'acte. Curieusement, ces pages qui nous rendraient presque l'homme moins monstrueux, notamment du fait de sa détresse, d'un certain sens de l'honneur (il tient absolument à mourir avec la défaite) et ses dernières attentions pour son petit personnel, ceux qui l'ont servi de près. Ici encore, il y a quelque peu malaise…qui coûte sa demi-étoile à l'ouvrage, qui m'a cependant beaucoup plu.



Il a encore une fois des qualités pédagogiques indéniables. L'arme principale de la forme littéraire du manga est la concision, le caractère visuel, le côté vivant, dynamique, et ces qualités devraient inciter chacun à s'en emparer et se faire son idée. Car tout le monde n'a pas les moyens, ni le temps, ni tout simplement l'envie de se plonger dans une biographie d'un grand historien, des Kershaw, Kersaudy et consorts...

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Les voyages de Kitaro, tome 1

Lorsque j’ai coché ce titre lors de l’opération masse critique graphique, c’était en connaissance de cause puisque, même si je n’ai pas lu « Kitaro le repoussant » je connaissais Mizuki à travers son formidable « dictionnaire des Yokaïs ». Son univers ne m’était donc pas étranger et je savais que j’aimais son trait. Hélas, ma lecture de ce 1er volet des « voyages de Kitaro » ne m’a pas enthousiasmée. J’ai eu beaucoup de mal à m’intéresser à ce qui était raconté, je me suis beaucoup ennuyée et j’avoue avoir fini le livre en diagonale. Je n’ai pas été du tout sensible à l’humour et je n’ai guère souri.



Ma critique peut sembler dure, d’autant qu’elle est très courte, mais ce n’est pas la peine que je m’étende davantage. Je n’ai pas aimé du tout, j’ai été très déçue. Toutefois, je remercie Babelio et les éditions Cornélius pour m’avoir permis de lire ce titre.



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NonNonBâ

Mizuki Shigeru est LE spécialiste des yôkai, ces créatures fantastiques du folklore japonais, en étroite relation avec le culte shintô animiste.



Pourtant NonNonbâ va plus loin et offre un récit autobiographique empreint de nostalgie et d'humour. Le jeune Shigeru, huit ans, passe énormément de temps avec NonNonbâ, sa grand-mère. Nous sommes au tout début des années 1930 et le Japon vit toujours au rythme des traditions, en particulier dans les régions rurales comme celles mises en cases par le mangaka. C'est cette vieille femme pleine de perspicacité et de bon sens qui initie son petit-fils à la vie des yôkai, lui apprenant à s'en méfier - il vaut mieux car ce sont souvent de malfaisantes créatures -, à s'en défendre par des actes propitiatoires (très divers... ce peut être nettoyer le bain afin de ne pas attirer un démon lécheur de crasse et très collant une fois installé). Mais son enseignement transmet également le respect et le flambeau d'un savoir ancestral.



Les planches de Mizuki Shigeru raconte enfin la vie au quotidien d'une petite communauté villageoise, vue par les yeux d'un enfant. Le graphisme du mangaka est très caractéristique. Ses personnages surtout ont des têtes assez bizarres, un esthétisme singulier... Ça plaît ou pas, tout est question de subjectivité. En tout cas, on est très loin avec lui des traits stéréotypés de nombre de mangas actuels.



Le récit, quant à lui, est merveilleux de fraîcheur et de vivacité. On vit ses souvenirs sous ses pinceaux. On se prend à vouloir entrer dans les cases pour faire directement connaissance avec cette pittoresque NonNonbâ.



Ce titre fut récompensé au festival de la bd d'Angoulême. Après lecture, on comprend combien ce prix est mérité.
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NonNonBâ

J’avoue que j’ai tendance à me méfier de l’usage des Yokaï dans la bande dessinée, c’est un peu le phénomène à la mode. Mais avec NonNonBa, on est loin de ça, parce qu’il y a une véritable sincérité dans le propos. Ce manga raconte la jeunesse de l’auteur dans le Japon rural des années 1930.

L’auteur, Shigeru, était enfant et sa famille, assez moderne dans l’esprit, a accueilli une vieille dame du coin, NonNonBa, qui sera leur baby sitter, mais cette vieille dame est très superstitieuse. Shigeru qui est un enfant curieux va s’intéresser à ses croyances d’un autre âge, son univers sera alors peuplé de monstres, d’esprits.



On passe de la vie de tous les jours dans le Japon des années 30, d’un point de vue social, économique, familial, un Japon qui entre dans la modernité, à un monde onirique, fantastique, dans l’esprit réalisme magique, un pays ou le mysticisme est très marqué. Cette histoire est un témoignage ethnologique et sociologique mais c’est surtout une belle histoire pleine de rires et d’émotions. Le graphisme est simple pour les personnages mais parfois les décors deviennent fabuleux, le trait se fait plus fin, et la magie arrive alors. Et ici, les Yokaïs ne se limitent pas à une astuce scénaristique, on découvre comment ils sont perçus à travers les croyances, les superstitions, comment ils font partie de la vie de ce Japon encore très rustique. J’ai été étonné de découvrir des mentalités finalement plus proches des nôtres, occidentaux, à travers la curiosité de Shigeru, malgré son exotisme, ce récit revêt une dimension universelle, une histoire d’enfance, de développement de la personnalité. Voici une bande dessinée vraiment passionnante et émouvante, sur un sujet qui généralement m’incite à la méfiance, une bande dessinée où le Japon est représenté avec une sincérité rare, loin de l’adoration béate qui m’exaspère si souvent et aussi loin du culte de l’héroïsme ou de la réussite.



Ce manga est une ode à l’imagination, à la créativité, simple et sincère, une très belle lecture.
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NonNonBâ

Un vrai régal, une pépite.

nonnonbâ est un récit autobiographique de Shigeru Mizuki (1922-2015). On suit Shigeru, dit Gégé, âgé de 8 ans, dans son quotidien. nonnonbâ, la grand-mère, y prend une place importante. C'est elle qui l'initie aux croyances populaires animistes du Japon rural de l'époque (le début des années 1930). C'est tendre, touchant, nostalgique et drôle.

Shigeru Mizuki est un conteur de talent. Il aborde les superstitions et les légendes mystiques avec la même simplicité qu'il décrit les préoccupations quotidiennes du jeune garçon qu'il était à huit ans.

En toile de fond, se dessine la chronique familiale des Mizuki. le personnage du père, en particulier, est savoureux et sa philosophie de vie peu commune.

nonnonbâ est le premier manga à avoir obtenu le prix Fauve au festival d'Angoulême.
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Opération mort

1945, sur une île située entre Nouvelle-Guinée, Philippines et Indonésie, aux confins de l'immense empire japonais, qui est au bord du gouffre. Les combats font rage avec les soldats américains, mais la cause semble déjà entendue. Quelques centaines de soldats nippons sont là dans cette jungle. Ils doivent faire attention à ce qu'ils mangent, les maladies et la mort rôdent autour d'eux et les rangs sont atteints. Cette atmosphère de fin du monde, d'un monde, n'exclut pourtant pas une trivialité et une camaraderie parfois décalées, qui souligne le caractère absurde de la situation, et de la guerre. Les soldats sentent bien qu'ils ne reviendront pas, mais les blagues autour du sexe et de la bouffe sont omniprésentes. Manger, baiser, chier sont à l'ordre du jour.



Yoshida, Maruyama, Kurimoto, Tanaka, etc, le lecteur est immergé au sein de la troupe des troufions que Mizuki nomme comme pour leur rendre hommage, les incarner. Une troupe commandée avec violence par des supérieurs qui vont l'entraîner à se sacrifier au nom de l'Empereur et de l'honneur, dans un dernier assaut désespéré tant le combat est inégal, perdu d'avance sous la puissance de feu ennemie. Des supérieurs qui ne s'honorent, eux, pas forcément, en frappant les hommes, et en cherchant pour certains d'abord à sauver leur propre peau. Dans cet enfer brille et se lève la figure du médecin militaire, qui ose se lever contre la hiérarchie implacable, pour sauver le genre humain et la morale...Se heurtant à un mur d'incompréhension, il préfèrera se suicider.



On connaît Mizuki pour son génie inventif qui a fait revivre la tradition légendaire des yokai, c'est ici sa veine historique militaire qui s'exprime, tout aussi passionnante (voir par exemple son remarquable Hitler).



Mizuki sait de quoi il parle, il l'a vécu de l'intérieur une situation quasi-similaire. Il concède donc que ce récit est pour 90 % autobiographique. On parle ici d'une mission collective suicide (Gyokusai), dont finalement aucun soldat ne doit revenir. Il faut mourir pour l'Empereur, celui qui en ressortira vivant devra se suicider. Les soldats japonais sont de la marchandise, de la chair à canon, et moins important qu'un cheval. Mizuki, qui a perdu son bras gauche à la guerre, fait de cette oeuvre un manifeste pacifiste et humaniste.



Les situations mêlent l'impitoyable et l'horreur, la violence, l'absurde et l'humour (l'amateurisme des soldats fait parfois penser à la 7ème compagnie !), avec un trait à la fois précis et simple. Les planches relatant les combats sont magnifiques dans leur double page muette qui n'est pas sans rappeler les plans aériens d'un Apocalypse Now.



Encore un immense livre de Shigeru Mizuki, un des plus grands maîtres du manga.

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Opération mort

Dans la lignée de « Lettres d'Iwo Jima », le beau film de Clint Eastwoodd, ce passionnant manga signé Shigeru Mizuki permet de découvrir la guerre du Pacifique du point de vue des vaincus : ces soldats japonais mal équipés, mal nourris, livrés aux coups et aux brimades d'officiers d'un autre âge qui n'hésitent pas, quand les choses tournent mal, à obliger leurs troupes à se faire exterminer pour l'honneur et l'Empereur.



C'est le destin d'un petit groupe de soldats, voué dès le départ à l'une de ces missions suicide (gyokusai, en japonais), que raconte Opération mort. Parmi ces malheureux bidasses, le seconde classe Muruyama (mélange de Candide, de Bardamu et de soldat Chveïk), fait figure de souffre-douleur. À lui les insultes, les volées de coups et les corvées de tinette. Doté d'épaisses lunettes de myope, Murayama assistera jusqu'au dernier assaut à la destruction de sa compagnie composée de jeunes hommes terrorisés, dont l'unique souhait serait de manger quelque chose avant de mourir.



Bien loin des clichés (ces soldats fanatisés montant à l'assaut en hurlant Banzaï !), Opération mort est un virulent réquisitoire contre une idéologie délirante, personnifiée à l'époque par l'Empereur Hiro-Hito, qui interdisait la reddition, et bien sûr la défaite, à l'armée japonaise. C'est ainsi que dans le manga, le sacrifice demandé aux soldats est non seulement inhumain, mais aussi et surtout inutile sur le plan stratégique.



Mais ce livre peut être lu aussi comme une dénonciation de toutes les idéologies (ou religions) qui poussent des êtres humains au martyre au nom d'abstractions.

« Mourons pour des idées, d'accord, mais de mort lente », chantait Brassens.
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3, rue des mystères et autres histoires, tome..

Ces onze récits constituent un tome 2 à un tome 1 où je suppose doit figurer le récit éponyme. Evidemment, ces petites histoires sont indépendantes entre elles, même si on retrouve très souvent le personnage de M. Yamada, un homme un peu falot, pas bien riche, une sorte de Japonais moyen comme cela pourrait être un Français moyen. Les thématiques sont diverses et variées. On y retrouve des yokaïs et monstres, univers fétiche de Shigeru Mizuki sur lesquels il a fait sa réputation, mais il explore aussi les travers de l’âme humaine et les délices et affres de nos sociétés de consommation modernes.



« Les premiers grains de riz » nous conte comment il y a 2 000 ans, instruits par un mystérieux voyageur, deux jeunes frères jumeaux d’un village japonais vont s’aventurer, avec risques et périls, dans une contrée où ils trouveront la graine miracle qui permettra d’assurer l’auto-subsistance alimentaire des populations : c’est l’introduction du riz omniprésent dans le repas japonais.



« Les insectes extra-terrestres » nous ont été involontairement rapportés par les astronautes posés sur la lune. Un gamin curieux en attrape, et va les relâcher dans la nature. Mais ils se mettent bientôt à construire tout un monde en miniature ! En terriblement accéléré, ils vont franchir toutes les étapes de ce que l’Homme a pu créer, jusqu’à fabriquer leur petite arme nucléaire…Le gamin et son père vont être les spectateurs stupéfaits de leur autodestruction…Comme une parabole de ce qui attend l’Humanité ?



« Nekomata », c’est un chat sauvage mutant à queue fendue, qui dit-on aurait le dangereux pouvoir d’égarer l’esprit humain. Un jeune homme va se trouver entraîné par son désoeuvré voisin sur une île, en quête de vieille ferraille militaire à revendre. Des tempêtes les bloquent seuls sur l’île. Le voisin n’y tenant plus, se faire rôtir un chat qui passait par là...Puis ne se sent pas bien…Nekomata prend peu à peu possession de son corps. Un récit qui flirte avec l’horreur…Et qui ramène Mizuki à ses chers monstres !



« Le gamin de la télé » apparaît systématiquement dans les publicités télé pour manger les gâteaux et sucreries qui y sont présentées. Dans les foyers, tous les enfants en restent baba et envieux. Le gamin avait vu apparaître un jour dans sa télé une petite graine…d’où est sorti un minuscule bonhomme qui lui a permis d’entrer dans la télé pour y attraper plein de bonnes choses ! Depuis, le garçon se régale, tout en rapportant par générosité des cadeaux pour ses camarades…Une illustration par l’absurde de la révolution qu’a constituée l’arrivée de la télé dans les foyers, avec son lot de réclames, et le début de l’ère de consommation de masse.



Dans « L’héritage » un vieil homme très riche, à l’approche de la mort et sans héritier, propose à un jeune homme de lui léguer sa fortune, à condition de reprendre aussi son nom : Takeshi Hayashi, Docteur et célèbre auteur du best-seller « Le livre du cerveau pourrissant ». Le jeune homme accepte le marché, mais va vite déchanter, forcé de prendre le vieux corps d’Hayashi, pour lui laisser le sien…Un thème classique, repris, avec plus de succès après le court intermède visuel de « L’histoire de l’île », dans « Animalus economicus », où Yamada, avec la complicité d’un ami chirurgien esthétique, va échanger sa vie terne de petit employé avec celle de son riche patron. Qui dit échange de vies dit aussi échange de maisons, et surtout de femmes. Et quand il s’agit de revenir en arrière, on comprend bien que l’une d’elles entend bien ne pas revenir à 100% en arrière !



« Une foule monstre » est un pur cauchemar, une grande réussite avec son thème classique de « ils sont parmi nous ». Dans un bar, un homme se laisse aller à une confidence auprès d’un ami, sa femme est un monstre, il veut la fuir. Fauchés, ils s’enfuient sans payer et se réfugient dans les égouts…où ils vont tomber sur la femme en question, qui a tout l’air d’une humaine, et son inquiétante famille…Notre homme n’aurait jamais dû parler, et son comparse va se retrouver piégé…Cela fait froid dans le dos.



« La boule de cristal » est délicieusement délirante. Yamada, toujours lui, déterre dans son jardin avec l’aide de son chien une étrange boule de verre, dans laquelle il voit un monde de femmes lascives. A force de volonté autoréalisatrice, il est happé par la boule, et se retrouve bientôt aux prises avec un monde exclusivement féminin, où les femelles ne voient débouler un mâle que très exceptionnellement. Il devient littéralement leur esclave sexuel, obligé de les faire jouir toutes. Epuisé et poursuivi, il va finir par s’échapper de cet enfer sexuel…



Dans « Un avenir porteur d’espoir » notre brave Yamada se retrouve cette fois projeté dans le Tokyo de 2066…où les arbres naturels ont disparu, au profit d’arbres en plastique, où l’on doit payer pour tout, qui un péage piéton à un robot, qui à une femme pour avoir eu le plaisir de regarder son visage un instant…Tout le monde déambule en somnambule, grands et petits…et on parle bien d’adultes. Les grands ont les moyens de vivre dans de grands logements, les petits sont de condition modeste et vivent dans de petits logements, de plus en plus petits…et Yamada va préférer ne pas s’attarder, car les petits ont faim…Une terrible vision de l’avenir, peut-être bien prémonitoire…



Enfin, dans « Le combat d’une vie », Yamada est confronté toute sa vie au surgissement dans son dos d’un esprit qu’il est le seul à voir…Ami ou ennemi, c’est assez variable, mais aliénant, c’est sûr…Surtout quand Yamada apprend que son père artisan a été poursuivi toute sa vie par ce même esprit, et que lui-même constate sur son lit de mort que son fils devra aussi se le farcir…tel le sparadrap du capitaine Haddock !



Shigeru Mizuki est génial, il ne force pas tellement la précision du dessin, ne s’embarrasse pas à créer des personnages variés, réutilisant à l’envi le stéréotype de Yamada. On peut même ajouter que l’attaque de l’histoire est souvent non crédible, absurde, ésotérique…Et pourtant, cela marche admirablement, tellement l’auteur est à l’aise avec tous les sujets. Horreur, science-fiction, sujets de société sont traités avec clairvoyance, rythme et humour. Pas de doute, Mizuki est malin, et ses histoires assez jubilatoires !

De quoi donner envie de faire le chemin à rebours et découvrir le tome 1 !

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Hitler

Lorsque Shigeru Mizuki, mangaka spécialisé dans l’horreur et l’épouvante, choisit de consacrer un ouvrage entier au seul personnage de Hitler, on peut légitimement se demander s’il s’inscrit dans la lignée ou en rupture avec le reste de son œuvre. Mais peut-être, la réponse la plus correcte s’inscrit-elle dans le juste milieu de ces deux hypothèses.





Shigeru Mizuki décide de revenir sur le mythe Hitler en défrichant son parcours de la manière la plus synthétique et exhaustive qu’il soit : c’est-à-dire que, sans entrer dans des considérations trop approfondies dont le but aurait été de déceler les motivations profondes de Hitler (souvent, il ne paraît en avoir d’autre que cette folie qui le pousse à la mégalomanie et au rêve d’un « Empire Allemand »), Mizuki préfère revenir sur les évènements cruciaux de la construction de l’homme et sur celles de ses décisions politiques qui auront le plus grand impact à l’échelle mondiale.





Difficile de reconnaître le jeune Adolf lors de ses débuts ratés d’artiste-peintre. Grande tige frêle et malmenée par l’existence, Mizuki le représente non sans humour comme un personnage détaché des réalités de la vie terrestre, toujours à battre la campagne, sans le sou, croyant fermement à son accomplissement artistique et à la reconnaissance de son talent. Egalement délaissé par l’amour, Mizuki rabaisse le futur grand dictateur en rappelant ses complexes bien terrestres, son comportement souvent lunatique et ses considérations détachées des contingences de la réalité –en prélude au déchaînement fantasmagorique des ordres qu’il déléguera au sein de son gouvernement lors de ses années au pouvoir.





Mizuki parvient donc à faire de Hitler un personnage foncièrement comique qui ne tarit pas en contradictions, en idées fantasques et en mégalomanie. La stupéfaction s’installe peu à peu lorsque le lecteur découvre quelle dose de culot a permis à Hitler de transformer un parti politique minable en grande force de rassemblement en Allemagne ; plus encore lorsque ses discours décousus et illogiques séduisent d’autres hommes politiques qui se laissent prendre à leur tour au piège de la rêverie et de l’utopie. Même si Mizuki ne cherche jamais explicitement à orienter son lecteur et à émettre le moindre jugement sur les actes qu’il met en scène, de nombreux indices sauront nous mettre sur la piste de l’avis personnel de l’auteur. Existe-t-il jugement plus net, plus tranché que cette représentation du dictateur sous la forme d’un pantin manipulé et soumis à l’hégémonie de sa mégalomanie ? Aucune de ses paroles ni aucun de ses gestes ne semblent avoir été commis par un être humain, sinon par un psychotique démentiel qui aurait coupé les ponts avec toute réalité. Et personne, autour de lui, pour le ramener à la raison, ou si peu…





Entre les représentations grossières de Hitler –yeux papillonnants, moustache frémissante, gestes théâtraux-, des images d’archives s’insèrent parfois entre deux pages et rappellent sans cesse au lecteur les désastres bien réels provoqués par ce personnage qui vivait dans un autre monde. La Seconde Guerre Mondiale et tous ses massacres laissent éclater leur absurdité. Hitler mourra en même temps que le désastre de son « Empire Allemand », jugeant certainement que la tâche d’assumer les conséquences de sa politique n’était pas assez ambitieuse pour un homme de son envergure. C’est en tout cas ce que Shigeru Mizuki nous laisse croire…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Vie de Mizuki, Tome 1 : L'enfant

«Vie de Mizuki» est un récit autobiographique en trois volumes de l'un des pionniers du manga, Shigeru Mizuki (1922-2015). Ce volume, «L’enfant», retrace les premières années de Shigeru, dit Gégé. On partage son quotidien d’enfant libre et heureux dans une petite ville côtière, provinciale et tranquille du sud-ouest du Japon. Mizuki décrit avec talent les préoccupations du jeune garçon qu’il était. Il aborde aussi avec simplicité les superstitions populaires rurales et les légendes mystiques du Japon animiste de l’époque. C’est touchant, nostalgique, tendre et souvent drôle. En toile de fond, se dessine la chronique de la famille Mizuki juste avant que ne commence la mutation d’un monde.



Mizuki intègre à sa biographie des extraits tirés de ses mangas antérieurs. Quelques pages (une vingtaine sur les 350 du bouquin) sont déjà présentes in extenso et sans aménagement dans NônNônBa.

Si on a lu NônNônBa, ce que je recommande vivement, il est amusant de chercher à les repérer. Car Shigeru Mizuki nous désigne ainsi ce qui était «sincère» (selon sa propre expression) dans ses ouvrages précédents, quand il utilisait ses souvenirs, sans pour autant chercher à donner un caractère autobiographique. Et en négatif, on comprend ce qui relevait alors de la fiction. C’est donc la question souvent débattue de la vérité des autobiographies qui est posée ici.



Mizuki a visiblement pris plaisir à mettre sa biographie en mangas et ce plaisir est partagé.

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NonNonBâ

C'est magnifique de voir que ce livre pour grands enfants à ranger à côté des souvenirs d'enfance de Ion Creangă inspire tous ces commentaires. J'insiste pour ma part sur le fait que le rôle de la mère qui accomplissait des miracles pour l'enfant innocent (au sens premier) est tenu ici par les yokaï, et la vieillarde initiatrice, qui raconte ces esprits. L'image du père aussi est des plus attachantes : "ta douleur et ton dépit d'aujourd'hui se changeront petit à petit en force, tu verras. Bon, j'étais surtout venu te dire de prendre ton bain." (page 392)
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3, Rue des Mystères et autres histoires

Le Tome I est composé de sept histoires, rehaussée par le graphisme en noir et blanc épuré mais très expressif.

1) 3, rue des Mystères : cette adresse est celle de la frontière incertaine et mouvante qui sépare les spectres des vivants, puisque la véritable mort n'existe pas... Tendre vers l'immortalité devient inutile et la nécessité de mener une vie tranquille constitue une raison suffisante pour continuer à vivre. Heureusement, cette petite nouvelle que je trouve très drôle se termine par un ronflement paisible.

2) La Porte de l'univers : traite de l'existence d'un monde que seuls les enfants ont le droit de voir.

3) L'Ambroisie féline : malédiction des chattes pour des corps hachés menus qui retrouvent la sagesse de la nature

4) Moulin à Yokaï : Tomokichi va pouvoir retrouver ses parents morts noyés.

5) Les Crânes de l'oubli : il suffit de prendre un ascenseur (autiste s'abstenir) pour passer d'un monde à l'autre.

6) La Fille du dernier train : c'est une simple histoire d'amour avec une jolie fantomette.

7) Monstres Machikomi : traite de la créativité détruite.
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NonNonBâ

Cette brique de 400 pages est la première œuvre publié en français de Shigeru Mizuki, mangaka de renommé au Japon, surtout connu pour son œuvre »Kitaro le repoussant ». L’excellent travail de l’éditeur Cornélius, qui respecte les onomatopées originelles tout en pourvoyant un lexique très riche, est d’ailleurs à souligner sur cet album qui décrocha le grand prix du Festival d’Angoulême en 2007.



Shigeru Mizuki va puiser dans ses souvenirs d’enfance pour cette œuvre grandement autobiographique. On y découvre un humour et une fraicheur découlant logiquement d’un univers enfantin, mais également une chronique sociale qui découle du quotidien de ce petit village du Japon des années 30.



Un Japon qui a fort évolué depuis et largement tourné le dos à ces nombreuses superstitions villageoises et à cette foisonnante mythologie japonaise auxquels l’auteur réfère en long et en large avec une certaine nostalgie. Une description des traditions, des rapports familiaux et d’un certain conservatisme qui font penser à l’excellente trilogie « Histoire couleur terre », sauf qu’ici le fantastique vient remplacer la symbolique de la nature. Les yökaï, créatures des légendes de ce quotidien révolu où morts et vivants cohabitent, sont en effet omniprésents au sein de ces nombreuses histoires courtes pleines de sagesse.



Le graphisme en rondeur et assez espiègle se met entièrement au service de l’histoire et colle parfaitement à cette narration issue de l’univers des enfants.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Vie de Mizuki, Tome 1 : L'enfant

Maître du Manga, Shigueru Mizuki nous livre dans ce premier tome la mémoire de son enfance jusqu'au souvenir de son incorporation dans l'armée nippone lors de la seconde guerre mondiale. C'est un récit complet des évènements politiques que nous adresse Mizuki.

Par la voix de l' enfant, à travers ses dessins l'auteur nous permet de vivre le quotidien d'une société japonaise traversée par le 20e siècle. Moi, qui ne suis pas une aficionado des mangas, je me suis laissée happer par le récit.



Astrid Shriqui Garain



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3, rue des mystères et autres histoires, tome..

Onze nouvelles, dont la seconde est ma préférée :

1) Les premiers grains de riz : c'est l'histoire de deux jumeaux, Mogi et Yogi, qui vont entreprendre le périlleux voyage « derrière la montagne cracheuse de fumée », au pays des morts, pour rapporter les précieux grains blancs. Bien qu'invisibles pour les deux garçons, les morts ont plutôt de bonnes bouilles.

2) Les insectes extraterrestres : Bonta va prendre soin de ses insectes qui « en quatre mois seulement, ont parcouru le même chemin que l'humanité en plusieurs centaines de milliers d'années » en construisant une fusée leur permettant de rentrer chez eux. La terre serait-elle devenue si inhospitalière ?

3) Nekomata, le chat mutant : ou chat à queue fendue ayant le pouvoir d'« égarer l'esprit humain » au point de le réduire à l'instinct de survie.

4) Le gamin de la télé : comment fait-on pour rentrer dans la télé et y prendre les produits présentés dans les spots publicitaires ? « Pour que ça marche il faut y croire ». Santa fut aidé par ce petit garçon qui lui procura ainsi un vélo lui facilitant sa vie de distributeur de journaux. Mais, un jour, à la disparition de celui-ci, Santa ne s'attarda pas en longues tristesses : « Je crois que j'ai compris. Il voyage partout dans le Japon, pour aider les enfants qui ont la vie dure, comme moi. »

5) L'héritage : le professeur Hayashi parvient à défier la mort au prix de la promesse d'un héritage qui ne saurait se réduire à la « réputation ». Faust japonais ?

6) L'histoire de l'île : hubris moderne d'une espèce humaine dévorée par des poissons

7) Animalus economicus : sur la perversité de la femme qui va jusqu'à orchestrer un échange d'identités entre Yamada son époux et le patron de celui-ci. Tout commence par le désir de Madame Yamada de déménager dans un appartement plus grand.

8) Une foule monstre : le titre semble désigner l'ensemble des humains. Deux dessinateurs de mangas font une terrible découverte, cf. citation.

9) La boule de cristal : ce trésor s'avérait être une porte cachée vers une île peuplée de nymphomanes. Le même thème de la force de la volonté, mais dans le domaine de la réussite sexuelle. Revenu, grâce à sa concentration, à son époque, Yamada décrète le caractère dangereux de la boule et décide de l'enterrer quelque part. La fin est assez drôle. Une fois la boule enterrée, Yamada se dit…

10) Un avenir porteur d'espoir : un voyage dans l'avenir dont la conclusion est bien amère.

11) Le combat d'une vie : c'est le combat contre le dieu de la pauvreté de père en fils, car l'homme n'est pas libre.

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NonNonBâ

"Magnifique" ! Une belle découverte. Je lit tardivement ce manga autobiographique de 434 pages publié à l'origine en 1992 au Japon puis traduit en 2006 en France. Il avait d'ailleurs tout de suite été remarqué au Festival d'Angoulême. Les éditions Cornelius l'ont conçu avec un beau papier, il a donc tout à fait sa place dans ma bibliothèque.

Sur l'histoire elle même, "NonNonBa" : la grand mère de Shigeru Mizuki est le personnage pivot de l'oeuvre. C'est une femme émouvante, humble, pauvre et très sage. Elle incarne l'être qui vit dans l'ombre pour ne pas déranger, l'amie des petits enfants. Par ce personnage l'auteur fait passer un message très fort sur la condition féminine au japon que l'on peut qualifier de déplorable à cette époque (1930). Le second aspect du manga concerne le monde des esprits et des fantômes, très riche, car la religion Shinto attribue quasiment à chaque objet un esprit correspondant.

Je conseille vivement NonNonBa à tous les amateurs de mangas, aux amoureux du japon et à tous les autres....
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Dictionnaire des Yôkai

C’est un pavé de 500 pages, d’où le nom « intégral », qui regroupe les 2 livres : Yôkai : Dictionnaire des monstres japonais (A-K) + (M-Z), et il n’y a aucun yôkai commençant par L.

👻 Évidemment il faut être ouvert d’esprit, et aimer les fantômes, les phénomènes inexpliqués alias les phénomènes paranormaux… Tout en aimant la culture Japonaise. 🗾 (Lecteur indifférent, s’abstenir)





Je l’ai trouvé long à lire car ça radote On y voit plusieurs types de Yôkai qui ont au final la même forme : fantômes, feux follets, Tanuki (blaireau), Kitsune (renard), Kappa (tortue) … Malgré tout, c’est intéressant de savoir leur signification, le pourquoi du comment ils apparaissent, et ce qu’ils font en bien ou en mal envers les humains. Le tout avec des illustrations pour chacun de ces Yôkai, qui si elles n’étaient pas là, de mon avis aurait alourdi la lecture.



Ce qui a été agréable à lire, est que l’auteur intervient pour nous faire part de son ressentit, ainsi que l’avis de certains qu’il a collecté. Le tout rend ce dictionnaire plus riche en informations que l’aurait été un dictionnaire de mots.

Le merveilleux, dans tout cela n’est pas la forme mais le fond. Ce que l’on apprend à travers cela : le respect de ce qui nous entoure, tant la nature que les êtres vivants : animaux, humains et qu’importe leur classe et statut social.

Bien sûr, on va se dire que nous, humains, avons inventé tous ces fantômes, ces Yôkai, à qui on peut faire porter le chapeau pour se dénier de nos responsabilités, de nos mauvaises actions… Mais malgré tout, les gens ont parfois besoin de cette magie, de croire sans pouvoir voir, de croire sans qu’on leur donne une explication scientifique, pour pouvoir rêver, philosopher...

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Vie de Mizuki, tome 2 : Le survivant

Shigeru Mizuki (1922-2015) est l’un des pionniers du manga. Dans «Vie de Mizuki» il nous propose un récit autobiographique en trois volumes. Après les années d’enfance, ce deuxième volume «Le survivant» retrace les années de guerre.



Le jeune Shigeru n’a pas encore vingt ans lorsqu’il est enrôlé dans l’armée impériale du Japon en pleine guerre du Pacifique. Il est envoyé en Nouvelle-Guinée pour se battre contre les américains, en pleine jungle. Cette période de guerre se révèle cauchemardesque : très vite la faim insupportable le torture ; son caractère nonchalant lui créé de vrais problèmes dans cet environnement militaire ; la discipline rigide et les ordres ineptes, les brimades des anciens envers les nouvelles recrues ; la vie dans la jungle, saturée d’humidité et de chaleur ; la malaria qu’il contracte très vite et qui ne va pas cesser de le diminuer ; les bombardements ; la mort de ses camarades autour de lui ; le bras qu’il perd, amputé à la suite d’une blessure.



Seuls moments d’oublis, les liens d’amitié qu’il a su tisser avec une tribu locale. Les indigènes vont finalement le sauver de la faim, de la maladie et même d’une certaine folie.



Vie de Mizuki est une fresque romanesque qui s’inscrit dans une période de chaos. Le monde est entraîné dans l'horreur et on assiste au basculement du destin d'un homme simple et ordinaire.



Le récit des aventures de Shigeru n'a rien perdu de la verve savoureuse que j’avais tant aimée dans NonNonBâ. Pourtant, par moments, Mizuki s’éloigne de son récit autobiographique pour resituer le déroulement des combats de la guerre du Pacifique. Il a alors tendance, sans doute par souci d'exactitude, à verser un peu trop dans le manuel d'histoire, ce que je regrette.
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