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Critiques de Sidonie-Gabrielle Colette (1162)
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Chéri

Brocarts, dentelles et traversins garnis de plumes ; mangeailles fines, vins délicats et parfums suaves ; soie, cristal, porcelaine et lumière tamisée ; nuis câlines, longs matins calmes, petits déjeuners enchanteurs, frivoles mondanités, milieux frelatés de la belle époque, serviteurs dévoués… Malgré toute cette douceur, ce confort bourgeois, malgré cet argent facile qui semble couler des doigts et ce luxe un peu suranné, le roman est âpre, féroce et cruel.

Car c’est le clap de fin pour Léa, une courtisane vieillissante qui vécut comme une princesse, qui rayonnait grâce à son charme, son entregent, ses brillants traits d’esprit, son beau corps long et souple. Certes ! s’il y a toujours dans le regard contenu des hommes polis un « Madame est belle », Léa a de plus en plus de mal à « déguiser le monstre », c’est-à-dire la vieille femme.

Avec un sentiment mêlé d’indignation, de tendresse, d’amour et d’amertume, elle regarde son « Chéri beau comme un dieu », ce jeune homme fantasque, égocentrique, versatile − insupportable en un mot – se retirer de sa vie sur la pointe des pieds. Parce qu’il doit bien construire sa jeune existence. Parce que dans un moment d’égarement, Léa lui a laissé entrevoir le « monstre déguisé ».

Une retraite honteuse, une fin dans l’ombre, la défaite, voilà ce qui attend désormais Léa.

Et cette question qui se pose, toujours d’actualité : la femme d’âge mur peut-elle, à l’image des hommes, avoir des amants beaucoup plus jeunes qu’elle ?

L’écriture de Colette, tour à tour exaltée, acerbe ou désabusée, est éblouissante. On ressent la détresse de Léa et son combat perdu d’avance comme s’ils étaient les nôtres.









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Le Blé en herbe

La critique en herbe.



« il venait d'avoir dix-huit ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme (…) Il m'a dit : "J'ai envie de toi", il avait vu au cinéma "Le blé en herbe"»



Chacun se souvient de la célèbre chanson de Dalida mais quelle est l'histoire derrière le tube ?



Sous le ciel bleu de Cancale. C'était l'été...évidemment. Des havenets pleins d'écrevisses à rendre jaloux les courlis. Des jambes de bronze pédalent frénétiquement à travers le pré de mer.



Phillipe et Vinca se connaissent depuis l'enfance, mais cet été, c'est différent. L'adolescence les plonge dans un sourd désarroi. La Dame en Blanc n'est pas pour arranger quoique ce soit.



1923. Sidonie-Gabrielle Colette, future présidente de l'Académie Goncourt, Mata-hari bourguignonne du music-hall, figure libre aux amours saphiques, l'une des plus célèbres plumes de la littérature française fait paraitre « le blé en herbe », roman au parfum iodé et scandaleux.



« Je crève à l'idée que je n'ai que seize ans ! » Que reste-t-il du scandale ? Probablement pas grand-chose à l'aune de nos pratiques amoureuses ce qui permet de découvrir véritablement le talent d'écrivain de Madame Colette. Ses phrases sont un travail d'orfèvre, elle souffrait beaucoup et longtemps pour leur donner précision et richesse du vocabulaire, elles rendent l'atmosphère bucolique, teintée d'humour et de sonorités allégoriques.



Refusant tout idéalisme, l'écrivaine s'inspire, de sa propre liaison avec le fils adolescent de son second mari pour la relation entre Philippe et Madame Dalleray.



Camille Dalleray garde tout son mystère, un livre entier pourrait lui être consacré mais son rôle reste secondaire, par quelques mots, Colette entrouvre ce que peut représenter pour sa sensibilité la rencontre de Philippe.



« le bain quotidien, joie silencieuse et complète, rendait à leur âge difficile la paix et l'enfance, toutes deux en péril. » Les années de puberté sont témoins des plus rapides turbulences et des plus profonds changements qu'il est donné à une existence humaine d'éprouver.



C'est cet « âge difficile » que Colette choisi de raconter, celui où les adultes ne sont plus que des « Ombres » et où les vagues de la sensualité, étincelantes sous l'éros estival, nous entraine au large. Un âge ingrat dans toutes ses ingratitudes, gonflé d'orgueil et de maladresse où l'on est comme locataire de son propre corps et de ses sentiments en travaux.



A lire à l'âge adulte, Colette recrée presque pour son lecteur cette "saudade" brésilienne sous le soleil breton.



La fameuse « première fois », idéalisée, survendue par le cinéma ou bien noircie et inhibée pour mieux la retarder, retrouve ici toute son authenticité et son malaise…et si c'était à refaire ?



Bel été,
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Chéri

Chéri de Colette, écrit en 1920 - lu en septembre 2018.

Encore une découverte de la boîte à livres de ma commune.

Chéri, surnom donné à Fred Peloux par Léa sa maîtresse et amie de sa mère . Chéri connait très tôt son pouvoir de séduction, il est "beau comme un ange", le sait et en use avec Léa, femme d'un âge mûr qu'il surnomme Nounoune.

Chéri est un garçon frivole, ne manquant pas d'argent, mais incapable d'aimer, il joue avec les sentiments de Léa, avec ceux plus tard de son épouse Edmée. Sa liaison avec Léa durera 6 années où il jouera au chat et à la souris avec elle..

Et un jour, la différence d'âge lui saute aux yeux, Léa a 24 ans de plus que lui, il se rend compte qu'elle commence à se flétrir, double menton, taille épaissie... Elle a 56 ans.

Dans ce milieu de courtisans et courtisanes, les intrigues se nouent et se dénouent, on ne se fait pas de cadeaux, des petits jeux cruels entre amants, la jalousie, et bien entendu pas sans souffrance pour Léa qui, lucide, sait bien qu'elle n'est plus au top de la jeunesse.

Colette écrit naturellement, comme elle le sent, les tenants et aboutissants de cette liaison particulière,

du comportement humain dans cette relation amoureuse, de la précarité des choses, surtout avec une telle différence d'âge.

Il y a une suite à ce livre, Colette publiera en 1926 "La fin de Chéri" dont on devine bien qu'elle ne sera pas une happy end.





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La paix chez les bêtes

"La bête innocente, a le droit, elle seule, d'ignorer la guerre!"

Livre paru en 1916, pendant la Grande guerre... Ce tendre et joyeux bestiaire qu'est la Paix chez les bêtes, est une parenthèse enchantée dans un monde livré à la déraison et à la destruction!



« J'ai paru au jour, sous les dehors bénins d'un chaton de deux mois. Bonnes gens ! Vous m'avez recueilli, sans savoir que vous hébergiez le dernier démon de cette Bretagne ensorcelée. "Gnome", "poulpiquet", "kornigaret", "korrigan", c'est ainsi qu'il fallait me nommer, et non "Poum".



Poum le chat diabolique, les couleuvres captives et les papillons jaunes citron sont les héros de ces saynètes.

Ces mêmes papillons qui folâtraient au-dessus des fleurs au bout du fusil ? Colette les a rencontrés au domaine des Monts-Boucons, la maison sur les hauteurs de Besançon que lui a offert son mari, l'auteur boulevardier Henry Gauthier-Villard.



Colette dit : "J'ai rassemblé des bêtes dans ce livre comme dans un enclos où je veux qu'il n'y ait pas la guerre. (…) "

Mais, il y a un pauvre militaire, tremblant de peur, dans ces textes.



Dans "Conte pour les petits enfants des poilus, des animaux viennent visiter, un soldat transi de froid dans sa tranchée . Ours blanc, chèvre, poulain, ou encore loutre… Tour à tour, ils lui proposent leur fourrure. L'homme choisit la parure d'une chatte blanche, pour découvrir à son réveil que c'est la neige immaculée qui l'a enseveli...



" Je dédie ce livre, écrit- Colette, à n'importe quel soldat inconnu que le printemps pourra revoir, sanguinaire, doux et rêveur comme le Premier Homme de la planète (…)"
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La Fin de Chéri

La fin de Chéri (suite de Chéri) de Sidonie Gabrielle Colette - lu en novembre 2018.

J'avais quitté Chéri au moment où il quittait Léa, peu avant la guerre 14-18.

Je le retrouve six ans plus tard à la fin de cette guerre.

Chéri ne va pas bien, une guerre, ça laisse des traces.

Il est devenu amer, il ne trouve plus goût à grand chose et pensait bien avoir oublié sa maîtresse Léa. Il approche de la trentaine, sa femme Edmée ne l'intéresse plus, elle ne l'a d'ailleurs jamais fort intéressé. Edmée, elle, s'occupe de blessés de guerre dans un hôpital. Ils n'ont plus du couple que le nom.

Sa mère aussi est moins présente. Il faut dire que Chéri a vécu toute sa vie entouré de femmes qui l'adulaient.

Un jour autour d'un thé, il entend parler de Léa, il va la revoir.

Une seule fois. leur rencontre est un désastre, elle a vieilli, pensez-vous, plus de 60 ans ! Il peine à la reconnaître. Il ne la reverra plus. Il décide de vivre seul et s'installe chez la Copine espérant trouver de l'apaisement à ses tourments mais il y a sur un mur une grande photographie de Léa au temps de sa splendeur. Chéri va de plus en plus mal, il n'a plus rien ni personne à qui se raccrocher et décide alors d'en finir avec cette vie qui n'a plus de sens pour lui.

Finalement, Léa aura été la seule femme pour qui Chéri a éprouvé de l'amour.

Colette nous fait dans ce roman une belle analyse des caractères des principaux personnages, de leurs défauts, de leur apparence mais toujours avec finesse.

En quelque sorte, une étude sur le temps qui passe et la nature humaine.

Elle s'envole dans ses descriptions. C'est magnifique.

J'ai passé un bon moment avec vous Madame Colette,

vous m'avez transporté dans un monde que je n'ai pas connu, celui du début du 20ème siècle.









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Le Blé en herbe

Une femme de tempérament.

Je n’avais jamais lu Colette, jamais franchi le col des Claudine, bégayé Gigi ou chéri Chéri. J’avais tort, mais j’ai un mot d’excuses de mes préjugés sur les célébrités. Comme si le succès était forcément suspect et surfait. Je ne suis pas français pour rien.

Femme à chats, Colette eut des milliers de vies et donna de sa langue à qui voulait bien la sucer. Ce n’est pas une citation du Dalaï-lama. Après avoir sauvé Willy, son premier mari, qui signait les Claudine à l’école et un peu partout qu’elle écrivait, trompé son second époux avec son beau-fils de 16 ans pour se venger de ses infidélités, puis épousé en troisièmes noces, un homme bien plus jeune qu’elle alors qu’il n’était même pas président, elle peut se targuer d’un CV qui ferait bugger Linkedin. Journaliste, mime nue, danseuse, momie amoureuse d’un archéologue sur scène, maîtresse d’une Marquise, infirmière pendant la première guerre mondiale, rédactrice de publicités ou d’un livret d’opéra pour Ravel et donc… grande écrivaine, qui choisit mieux ses mots que ses amants. Une femme de lettres passionnée. Je ne sais pas si c’est parce que sa vie ressemblait à un roman qu’elle ressentit le besoin d’en écrire et d’y glisser ce que d’autres appelleraient plus tard l’autofiction.

Le Blé en herbe, magnifique titre, c’est l’histoire de deux amis d’enfance, Phil et Vinca, ados d’une quinzaine d’années, harcelés par les hormones, qui se disent pendant l’été qu’ils s’aiment et que les châteaux de sables, c’est marrant cinq minutes.

Promis l’un à l’autre, ils parlent d’amour naissant sans le faire, bousculés par leur désir et la peur de franchir le pas, faute de mode d’emploi. Madame Valleray, une dame en blanc à la trentaine libérée va accélérer l’éclosion de Phil. Pas de cale à Cancale, elle ou il est vilaine, cadre venté qui climatise ce roman face à l’océan, entre verdure et sable fin qui gratte les fesses.

Phil ne venait pas d’avoir 18 ans, mais le Blé en herbe inspira la chanson de Dalida. Claude Autant-Lara l’adapta au cinéma. Pour ma part, au-delà de l’échographie des premiers émois, et toi aussi, je retiens surtout la beauté de ce texte court comme un été ou un amour de vacances, le temps arrêté plus que perdu comme chez Marcel au-dessus des personnages. Chaque phrase jouit d’une esthétique soignée, avec des phrases courtes assez simples qui s’éloignent des exercices de style proustiens. La plume de Colette est légère, débarrassée des adjectifs, plus vivante que classique.

Le roman eut un grand succès mais le public ignora qu’il s’inspirait de sa relation avec son beau-fils, Bertrand de Jouvenel. Elle se fichait du scandale et du qu’en dira-t-on, collectionneuse de transgressions.

Cette année d’hommages pour commémorer les 150 ans de Colette aura eu la bonne idée de me glisser dans ses pages.

C'est du joli, Sidonie !

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Cadeaux de Noël

J’ai toujours vu ma maman lire et apprécier Colette pour sa belle écriture et ses récits qui la touchaient, et mon père la décrier, totalement insensible à son oeuvre. Jeune, ses titres de nature et de chat ne me tentaient guère. Mais en grandissant, l’idée de passer à côté d’une jolie plume me titillait de plus en plus, sans oser franchir le pas jusqu’à ce que j’aperçoive, dans ma librairie, ce titre sur Noël : découvrir l’auteure sur un sujet que j’aime particulièrement m’a convaincue d’essayer, avec l’espoir d’y trouver de splendides descriptions de l’ambiance des Noëls d’antan.

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C’est un patchwork, un recueil de textes disparates publiés dans la presse durant presque 40 ans, de 1909 à 1948, abordant ses souvenirs ou réflexions sur Noël et le jour de l’an. Si j’ai bien compris, elle en reprendra certains dans ses oeuvres : Simples esquisses de moments chaleureux, de Noëls épurés, réflexions sur le sens donné à ces célébrations, sur leur tournant religieux ou bien consumériste contre lequel elle s’érige déjà, description des Noëls de guerre qu’elle a vécu et qui expliquent certainement en partie son point de vue, Noëls de rien mais colorés de souvenirs, de chaleur, d’amour ou de neige glacée. Par petites touches légères mais contagieuses, des ambiances se dessinent.

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Et j’avoue, la dame a une belle plume. J’y ai noté de jolies fulgurances. Peut-être ces textes courts ne lui laissent-ils pas, cependant, la possibilité de se dérouler, se développer, prendre ses aises autant que nécessaire pour nous montrer toute l’ampleur de son talent et de son potentiel, comme si le texte était trop court pour que la phrase ou l’idée ait le temps de prendre son envol, en étirant l’intégralité de ses jolies plumes. Ce potentiel se sent néanmoins dans chaque texte, au détour d’une phrase qui s’étire comme une liane se déroulerait, lentement mais inexorablement, vers la lumière, élégante, évidente, pimpante, pleine de vie autant que de poésie, de maturité et de recul autant que d’espièglerie.

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Point de sapins lumineux dans ces pages, cette tradition commençait tout juste à apparaître. Point d’avalanches de cadeaux non-plus tant Colette dénonçait déjà au contraire, visionnaire, cette tendance au consumérisme de masse. C’est d’ailleurs le sens du récit au titre éponyme et trompeur, qui m’a beaucoup plu. Pourtant l’ambiance est là, fondue sous chaque branche de sapin que son regard caresse, rehaussée par le piquant du houx ornant une table, figée par le froid engourdissant des flocons alanguis sur ses cils, ses joues, sa bouche en une étreinte humide et désespérée la ramenant à ses premiers Noël d’enfant, où l’élégance éphémère de l’hellébore suffisait à fleurir son coeur entier.

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Car n’est-ce pas là tout ce que nous cherchons tous, en espérant garder ou retrouver l’esprit de Noël : l’enfance ? Notre enfance. Pas parce qu’elle était forcément meilleure ou plus heureuse, mais parce que l’innocence et la magie de l’enfant qui sommeille en nous est une part de nous sans laquelle nous ne pouvons pas exister aussi bien. Et de fait, je l’ai retrouvé en me glissant dans les mots doux et percutant de Colette, qui savent faire ressortir l’étincelle d’un moment, d’une vision, d’une sensation. J’y ai trouvé quelques jolies phrases comme des bijoux étincelant, bien qu’un peu à l’étroit dans le format de ces courts écrins. Simple, élégant, percutant, son style, que ses lecteurs devaient avoir plaisir à retrouver le temps d’un article de presse en fin d’année, aurait gagné, me semble-t-il, à se développer plus longuement autour d’un thème, d’une histoire précise.

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C’est pourquoi loin de m’avoir rassasiée, ce recueil m’a donné envie de découvrir désormais un roman d’elle, pour voir si le potentiel que j’ai vu là s’y exprimera enfin. J’espère ne pas être déçue. Est-ce que vous connaissez l’auteure ? Avez-vous des textes à me recommander en particulier ?
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La Chatte

On le sait, Colette était une fervente admiratrice des félins, au point d'écrire en leur compagnie, et, surtout, de les transposer dans ses romans. Ce court texte est d'abord paru, d'avril à juin 1933, sous la forme d'un feuilleton dans le journal Marianne. Le livre sortit en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. Il faut dire qu'au premier abord, l'histoire semble un peu ridicule : Camille, jeune épouse est jalouse de Saha, la chatte de son mari Alain, car celui-ci y prête un peu trop d'attention à son goût. Elle en arrive à vouloir la tuer... Alain supportera-t-il cet affront ?



Bien évidemment, il ne faut pas en rester là. Ce texte est bien plus profond que ça. Le mariage de ces deux personnes a été arrangé. Alain n'est pas heureux dans son couple, lui qui se refuse à grandir. Sa jeune épouse lui fait peur. Elle est trop moderne, trop sexy pour quelqu'un de si peu sûr de lui. Son compagnon à quatre pattes représente un monde dans lequel il voudrait se réfugier, celui de son enfance. Et c'est justement ce que ne comprend pas Camille qui traite le félin comme une rivale sans se rendre compte qu'elle ne représente aux yeux de son époux qu'un passé révolu, "une chimère" selon la mère d'Alain.



Ce texte est d'autant plus intense qu'il se déroule pratiquement à huis-clos. Toute l'intensité dramatique est là. Si les personnages sont réduits à l'essentiel, les actions sont rapides : on observe, on agit. Et n'est-ce pas mimétique de l'écriture de Colette ?
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Le Blé en herbe

Dans la série des livres brefs, il y a ceux dont on souhaite éperdument qu'ils durent plus longtemps et ceux qui, malgré leur nombre de pages restreint, semblent ne jamais devoir finir... "Le blé en herbe" fait hélas partie de ces derniers en ce qui me concerne.



Première découverte de l'auteur, loin d'être heureuse.



Années 20, Bretagne. Phil et Vinca ont grandi ensemble et sont comme deux doigts de la main, si proches qu'un amour juvénile et évident les lie été après été, vacances après vacances tandis que leurs familles se retrouvent dans leur sempiternelle villa pour une villégiature pleine de pêches au crabe, de baignades sur le "pré de mer", de lunchs convenus et d'habitudes aussi désuètes que savoureuses.



Phil et Vinca s'aiment et cela fait si peu de doute pour leurs parents et pour eux-mêmes qu'ils se possèdent l'un l'autre chastement, sans même songer à la possession charnelle. Quoique... à y regarder de plus près, l'un et l'autre, du haut de leurs 16 et 15 ans, y songent très naturellement et ce, avec une approche et une sensibilité bien différentes.



Pour Phil, il ne faudra pas longtemps pour passer de la réflexion à l'expérimentation, une énigmatique voisine l'ayant attiré dans ses filets, et dans la candeur de cette première aventure, son manque de prudence et son aveuglement ne peuvent que blesser son amie d'enfance.



Vinca, plus jeune mais paradoxalement plus mûre que son aîné, dévoile par petites touches délicates la femme pragmatique et franche qui se cache en elle et qui a davantage conscience de l'avenir. Reste à savoir si cet avenir sera commun ou non...



Je me suis éperdument ennuyée à suivre l'évolution des sentiments adolescents de Phil et de Vinca. Bien que le style de Colette porte indéniablement en lui la marque d'une littérature de qualité, il ne m'a pas touchée et le phrasé souvent alambiqué m'a souvent déroutée puis rapidement lassée. La déception fut d'autant plus cruelle qu'après un premier chapitre réellement percutant, j'eus la sensation de recevoir une désagréable douche écossaise difficile à pardonner.



Si je devais choisir un seul terme pour synthétiser ma lecture, ce serait "fade", ce qui est toujours dommage quand on parle d'un grand nom de la littérature française mais voilà, c'est un fait, les montées de sève de ce jeune blé en herbe n'auront pu empêcher mon intérêt de pourrir sur pied.
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La retraite sentimentale

C'était une première rencontre avec Colette. Voilà une femme qui sait écrire, cela ne fait aucun doute. le verbe est alerte, élégant, non dénué de vigueur, d'ironie, de sarcasme, d'humour parfois et assurément d'un subtil lyrisme dans les passages dédiés à la nature ou aux vies intimes des bêtes qui peuplaient son quotidien.

Dans les premiers moments, au début de ce roman, j'ai joui d'un certain enthousiasme ; je croyais qu'elle posait ses tréteaux, les échafaudages quelconques d'un édifice en devenir et puis peu à peu… Flich, flouch, flop !

Plus grand-chose à se mettre sous la dent. Une prose certes belle mais creuse comme un bambou vieux agité par les vents réguliers d'un mol ennui.

Qu'aviez-vous donc à nous dire, très chère Colette ? Étiez-vous agitée uniquement par les besoins impérieux d'une production alimentaire ? Probablement non, mais c'est à se demander tout de même. Quand on feuillette les pages de votre biographie, on reconnaît aisément beaucoup d'éléments de votre vie privée à l'intérieur de ce roman (Renaud = Willy, Annie = Mathilde de Morny, Marcel = Jacques Henry Gauthier-Villars, etc.), le coup du spectacle de pantomime, la maison dans l'Yonne, l'homosexualité, etc., etc.

Oui, oui, c'est bien vrai tout ça, mais est-ce que ça captive les foules ? C'est votre vie privée. Qui plus est, une vie privée de bourgeoise nantie, entretenue et volontiers oisive, qui fait la fine bouche sur le monde qui lui procure ses rentrées d'argent.

Alors on s'ennuie avec vous pendant que vous vous extasiez sur la vie intime d'un crapaud commun, d'un bouledogue difforme et d'une paire de chattes lascives. Sans oublier chauve-souris et papillons qui viennent compléter le bestiaire qui ne serait pas tout à fait exhaustif sans un sombre volatile, donc on y joint une pie bavarde et le tour est joué.

Pffff ! que d'ennui… Et ce n'est pas le léger ressaut des derniers chapitres qui vient tellement inverser la tendance.

Oui, chère Colette, continuez de vous ennuyer chez vous en vous mirant le nombril, moi, la prochaine fois, j'irai m'ennuyer ailleurs et à ma convenance. Mais tout cela ne concerne que moi, car ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire bien peu de choses.
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Le Blé en herbe

Voilà des années que je voulais lire Colette.

Agnés F. qui tient l'écrivaine du Palais-Royal comme l'un(e) des plus grand(e)s auteur(e)s du (XXème) siècle me moquait de ne jamais avoir lu l'auteur des Claudine

Aussi j'ai profité des vacances pour lire "Le blé en herbe" retrouvé dans un coin poussiéreux du grenier.

On tient ce court roman de 1923 comme une des oeuvres les plus audacieuses de son temps. Raconter la découverte de l'amour physique par de jeunes adolescents de 15 ou 16 ans était aussi sulfureux que "Le diable au corps", "L'amant de Lady Chatterley" et "Sodome et Gomorrhe" réunis.



Quelle déception ! La langue de Colette est horriblement désuète (ah ! l'origan poivré et les derniers parfums du mélilot), les sentiments des personnages totalement boursouflés et ce qui nous est présenté comme un sommet du féminisme se révèle, à la réflexion comme l'apologie de la soumission féminine au sexe fort.

Dire qu'on impose la lecture de ce roman, au motif qu'il n'est pas trop long et qu'il évoque un sujet "de leur âge" aux collégiens de 3ème. Les pauvres !
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Les Vrilles de la vigne

Je n'avais jamais lu Colette. Je l'ai découverte dans ce recueil de textes très variés, évocations de la nature, dialogues entre animaux, scènes de la vie ordinaire, ...

Et j'ai adoré son écriture.



C'est une découverte en audio, et malgré la voix expressive de la lectrice, et ceci pour la première fois depuis que j'écoute des livres audio, j'ai trouvé que ce format ne rendait pas complètement justice à la beauté et à la poésie de l'écriture. Il faut sur ce genre de textes pouvoir s'arrêter, reprendre, relire certains passages, en lire d'autres à haute voix, revenir en arrière, ... pour mieux savourer la musique des mots. C'est paradoxal, je m'en rends compte en l'écrivant, que je pense mieux approuver cette musique en la lisant qu'en l'écoutant.



Je me suis procuré l'ebook. Je parcourrai à nouveau mes textes préférés, souvent ceux où l'autrice décrit la nature.

Ce sont quasiment les textes entiers que l'on pourrait ajouter en citation.



Merci à NetGalley et aux éditions Audiolib pour cette découverte #LesVrillesdelavigne #NetGalleyFrance
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Claudine à l'école

Je ne suis pas mécontente d’avoir terminé cette œuvre de Colette, auteure que je n’avais jamais lue. J’avoue même avoir terminé en diagonale tant ce récit de vie m’a ennuyée.



Les affaires de cœurs des jeunes filles, les rivalités, les amours déçus, les querelles de pensionnaires n’ont jamais été mon fort et je persiste après cette lecture.



Je ne suis pas parvenu à m’attacher à notre héroïne, douée et rebelle, ni deviner le ressenti des personnages au cœur de cette action réduite qui se passe dans le milieu fermé d’une école.



Même si Colette nous livre une partie de sa vie, et bien que l’ensemble montre son aisance au maniement de la plume, je n’ai pas accroché, c’est dommage mais c’est ainsi.



Cette lecture m’aura permis de découvrir cette écrivaine célèbre, j’en suis heureuse, mais ne laissera dans mon esprit que le lointain souvenir d’une œuvre que je n’ai pu apprécier.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Claudine à l'école

On peut dire que " Claudine à l'école" est une introduction, un avant-goût de l'oeuvre de Colette. De ce point de vue, c'est un livre intéressant. Mais il est aussi un livre de " commande" car c'est son mari, Willy, qui lui avait suggéré d'écrire ses souvenirs d'enfance. Quitte à supprimer quelques passages qu'il trouve peu attrayants et à lui en faire ajouter d'autres, plus croustillants...pour faire un peu scandale.



Mais on peut au moins le remercier d'avoir été à l'origine de l'apprentissage littéraire de Colette car sans lui, elle n'aurait peut-être jamais écrit ni surtout publié , elle a toujours trouvé difficile et contraignant l'acte d'écrire.



Si on laisse de côté l'aspect clinquant, volontairement amoral et propre à indigner la bourgeoisie de l'époque, comme par exemple la liaison entre institutrices, ce livre a du charme et annonce déjà les qualités futures de l'auteure: expressions concises et justes, observation piquante du microcosme d'un village et d'une école à la fin du 19ème siècle, célébration sensuelle et poétique de la nature, singularité du personnage principal. Car cette Claudine un brin provocante, vive, délurée mais aussi secrète et tendre , comme elle est attachante!



C'est une autofiction, puisque Claudine ne se confond pas avec Colette, cela lui permet de mêler mensonges et vérité à sa guise. Et de prendre des libertés et une certaine distanciation avec son passé.



Le succès, bien médiatisé par Willy ( il avait le sens publicitaire!) a été retentissant et a entraîné l'écriture des autres " Claudine". Une nécessaire chrysalide d'où écloreront ensuite de magnifiques papillons comme " La naissance du jour" ou " La maison de Claudine"...
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Gigi

Pourquoi est-ce que j’aime tant Colette ?

Parce qu’elle écrit au plus près de la nature, humaine, animale ou végétale.

Parce qu’elle saisit en quelques pages l’atmosphère, celle de la société de l’époque décrite ou l’ambiance entre quelques personnes.

Parce qu’elle dessine le cœur des femmes

Parce qu’elle n’hésite pas à s’embarquer dans l’imagination débridée d’un enfant malade.

Parce qu’elle se met du côté des plus petits, des plus fragiles, pour s’immiscer dans leurs pensées les plus intimes.

Parce qu’elle est sensible.

Parce qu’elle m’émeut.

Parce que son style est riche, plein de mots savoureux, fleurant bon le café, le gigot de mouton, le parfum des mimosas …



Oui, j’aime Colette et son amour pour la campagne, pour les jardins clos, pour les bêtes, pour les enfants tristes, pour les jeunes femmes perdues, pour les jeunes filles naïves et naturelles.

Alors j’ai aimé ces quatre nouvelles : Gigi, L’enfant malade, La dame du photographe, Flore et Pomone.



Et je vous recommande cette lecture, elle est vivifiante, tendre, au plus près de la nature. Humaine, animale et végétale.



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Sido

Je devrais lire plus souvent des livres de Colette ; de ses tourments le coeur en serait apaisé.

Sido, c'est un texte très court de Sidonie-Gabrielle Colette, mais éblouissant de lumière, celle de l'enfance et des jours qui ne reviendront plus. C'est en quelque sorte une autobiographie, mais une autobiographie romancée, à peine j'imagine, avec le regard chaleureux et émouvant de Colette posé sur les siens, qui se souvient lorsqu'elle était une petite fille de dix ans...

Et parmi les siens, il y a sa mère Sido tant aimée, qu'elle fait revivre ici.

Entrer dans ce récit, c'est pousser une porte, c'est entrer dans le jardin de Sido qui la faisait souveraine de ce lieu. Entrer dans ce récit, c'est sautiller au-dessus d'un gué parmi les ancolies, les roses et les clématites.

On aime brusquement Sido, cette femme parfois excessive et piquante, son visage sauvage et libre de toute contrainte, ses yeux mêlés de charité et d'humanité. On aime Sido parce qu'elle devient à son tour notre mère, on l'aime dans ses gestes où elle reprend vie chaque fois qu'elle touche de la terre, on l'aime parce qu'on se dit que Colette sans doute lui ressemblait un peu, avait de qui tenir...

Mais derrière la figure maternelle, il y a les autres personnages de la famille, et comment ne pas aimer non plus ce père qu'elle nomme le Capitaine, revenu de la guerre estropié avec désormais un pied unique, cet homme qu'elle décrit comme poète citadin, drapé de dignité, de fierté et de grivoiserie lorsqu'il racontait des anecdotes à table.

Ce père aimant, cet homme aimant Sido, qui resta épris d'elle, longtemps après l'âge de l'amour. Mais y a-t-il un âge où passe l'amour ? Au péage de l'après-midi qui venait juste après le déjeuner sous le vieux frêne pleureur, il était fidèle à ce rituel du baiser posé délicatement sur la main de Sido apportant le café...

La mélancolie serait-elle une maladie de l'enfance ? Sido, c'est l'enfance heureuse de Colette, c'est l'odeur de ce jardin mêlé de grâce et de désordre, une odeur d'été avec le bleu des hortensias et le bruit du vent dans les ramures des arbres, c'est cette maison dans la campagne de l'Yonne. Ce sont les dimanches où la famille partait à la campagne et cette vieille jument noire qui tirait la voiture, tandis que le chien un peu fou jappait en courant derrière...

Et puis il y avait les autres enfants, les demi-frères, qu'elle nomme avec tendresse les sauvages et cette demie-soeur l'aînée de tous, un peu inconnue dont Colette dit si peu de chose, effleure à peine le souvenir, mais on pressent déjà la petite douleur de cette grande soeur qui ne sera jamais heureuse dans ce mariage qui la happa trop vite, trop jeune, brutalement...

J'imagine Colette se penchant sur son cahier, je l'imagine se souvenir, écrire ces pages inondées de poésie presque cinquante ans plus tard, le coeur peut-être serré, apaisé sans doute aussi un peu, avec tous les regrets de ne pas avoir si bien connu cette mère aimante.

Alors je referme la porte de ce jardin, je m'en vais sur la pointe des pieds, j'entends derrière moi le petit chien qui jappe, le Capitaine qui raconte des histoires grivoises. Sido alors peut-être le gronde ou fait semblant pour la plus grande joie des enfants...

Sido est une page de bonheur et de nostalgie dans l'oeuvre si belle de Colette.

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Le Blé en herbe

Le blé en herbe, écrit en 1923 par Sidonie-Gabrielle Colette, inspiré d'une liaison amoureuse qu'elle vécut avec le fils de son second mari, fit scandale à l'époque. Aujourd'hui il a perdu de son côté sulfureux, je trouve qu'il en reste quelque chose de bien plus délicieux, comme un goût de sel sur les paupières, comme le sable sous les pieds nus, comme le vent du large qui remonte sous une robe légèrement flottante, entrouverte à la promesse du soir qui vient...

Il y a dans ce roman, un brin désuet, quelque chose de brûlant qui rappelle les saisons de l'adolescence, oui désuet certainement ce roman l'est-il un peu et c'est aussi ce qui fait son charme, sa jeunesse, sa saveur, comme le sont les réminiscences qui nous reviennent parfois de cette période de notre existence et qui nous font sourire, on ne sait pas trop pourquoi, comme si nous en avions un peu honte ou comme si nous aurions voulu à toutes forces ne jamais perdre cette candeur et cette fougue d'alors...

Le blé en herbe, c'est la lumière d'un ciel breton, le ciel bleu de Cancale. Comme chaque année, Phil seize ans et demi et son amie Vinca quinze ans et demi, se retrouvent aux vacances estivales. C'est une tendre et exclusive camaraderie, depuis l'enfance, depuis toujours. Sans se l'avouer, ils se sont promis l'un à l'autre depuis la nuit des temps, ou plutôt ils se le disent un peu comme dans un jeu d'enfants, et le temps vient, passe, qui rend ce serment troublant sous le soleil de l'été breton. Mais voilà ce ne sont plus des enfants et pas encore des adultes, quelque chose est là brutalement dans cet été lumineux, un an de plus, un an qui compte comme le poids d'une voile qui cherche à se déplier dans le vent.

Les jours passent et se ressemblent, des jours à rire, à se chamailler pour un rien, à s'agacer, à se chercher sans cesse, à ne pas voir ou faire semblant qu'ils ont un an de plus depuis l'été dernier et que les douze mois qui les séparent d'âge n'ont jamais été une frontière si ténue qu'aujourd'hui... Les jours passent, il faut prendre les havenets, les vélos, les maillots de bain, filer avec le pique-nique vers la mer, pour la baignade quotidienne.

Le désarroi de leur corps les rend un peu gauches, un peu maladroits. La pudeur se mêle étrangement à la sensualité dans les gestes de Phil et de Vinca, dans l'écriture de Colette aussi pour dire ce qui n'est plus tout à fait là et ce qui n'est pas encore né, pour convoquer le paysage qui a son importance dans ce trouble naissant que réfutent les deux adolescents, parfois avec violence ; ici c'est un ciel laiteux comme une peau nue et iodée, entrevue dans la transparence du jour, là-bas sur la plage un reflet nacré ressemble à l'intérieur d'une coquille...

Le soleil de septembre qui prend le relais de celui d'août, n'a sans doute pas la même lumière...

Un jour, une femme apparaît qui s'est perdue, demande son chemin, celui des goémons. Une dame en blanc. Elle s'appelle Camille Dalleray. Elle a le double de l'âge de Phil... On dirait une apparition dans un conte, c'est peut-être d'ailleurs un conte, il faut des apparitions comme celle-ci pour accueillir dans la vie des rites de passage.

Phil va délaisser Vinca pour cette autre femme.

Le roman devient alors récit d'apprentissage...

Tout d'un coup, c'est un amour immobile où le coeur choit comme un fardeau lourd de désillusion.

La dame en blanc aura disparu, comme elle était apparue, un peu par enchantement, il y a comme un halo de mystère, une éclipse, une comète qui a rayé le ciel breton, dans cette femme qui traverse les pages, qui aura volé brutalement à Phil la légèreté et l'insouciance de ses seize ans, sa hâte, son impatience, sa gaieté, ses fous rires, ses moqueries, ses gestes maladroits, sa curiosité insolente.

Il y a dans ce récit une férocité enfantine. C'est cruel comme l'éclat du jour.

Mais le propos du récit ne serait peut-être rien sans les mots de Colette, j'aime ce roman pour son écriture. Ses phrases sont des enchantements, ciselées à merveille comme les épis d'un blé. Ici la phrase de Colette ressemble à l'adolescence, fuyante, rebelle, audacieuse, cassante, indomptable, déjà charnelle, offerte à la promesse...

Dans la courbe de la phrase, il y a aussi tout ce qui se tait, par pudeur ou par chagrin, les escapades de Phil vers la villa Ker-Anna, la douleur qui naît de l'amour, le visage de Vinca, déjà amante blessée, ses yeux de pervenche avec en dedans l'azur qui fuit de l'autre côté de la mer...
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Sido, suivi de Les vrilles de la vigne

Quelle délicieuse femme que cette Colette ! .. je suis entrain de relire quelques uns de ces ouvrages qui ont accompagné mon humeur vagabonde d'adolescente. Appréciant les chats les plaisirs simples, la campagne...et je constate que le charme opère toujours.. ! chouette !

Autobiographie magique, la précision des mots, sa plume emprisonne les senteurs, les sentiments et les sensations comme personne, tous les sens en éveil, elle nous parle au plus près de la vie, les fleurs ont les respirent avec elle.. les couleurs sont plus vives, la vie pétille et l'on sent qu'elle vibre et apprécie chaque instant de ces mille et un bonheur !

Cette liberté outrageuse et revendiquée pour son époque ! Vive Colette !

A l'heure du repli sur soi "contrain et forcé" ..cette bouffée d'oxègene par procuration est un véritable jardin enchanté ..une ode à la vie et l'amour.



De Colette / Gigi

“Le monde m'est nouveau à mon réveil, chaque matin.”
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Le Blé en herbe

Chute ou apprentissage,

un mime va à l'essentiel.



Un très court roman d'à peine cent vingt pages, c'est l'histoire d'une éducation sentimentale. Philippe et Vinca, adolescents, amis depuis toujours, se découvrent homme et femme, dans une société où l'on est sensé passer de l'enfance à l'age adulte sans période intermédiaire. Les adolescents se trouvent dans une zone grise, sont sensés se comporter en enfants jusqu'au mariage, et se découvrent comme ils peuvent, également séparés du monde de l'enfance et de celui des adultes qu'ils appellent " les Ombres". C'est en ces eaux troubles que parait mme. Dalleray, figure ambivalente, sans doute prédatrice, qui passe ses vacances annuelles sur la côte bretonne et y séduit des adolescents de l'âge de Philippe. Vinca, Philippe, Dalleray : étrange triangle qui durera un été, et ne sera pas sans conséquences.



Je retiens surtout la peinture des sentiments, art où excelle Colette. Empathie, maîtrise des mots, retenue : elle mène le lecteur en visité guidée du monde intérieur de ses personnages, sans verser dans le sentimentalisme, l'obséquiosité ou la dissection infinie du moindre evenement. On se souvient de ce que Colette a été mime.



En conclusion, une bonne lecture, d'un grand auteur, qui ne correspond pas à ce que je recherche en littérature.



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Les Vrilles de la vigne

Ce recueil rassemble quelques nouvelles de Colette dont une, connue de beaucoup, le dialogue de bêtes. J’aime beaucoup la plume de cette grande dame que l’on oublie souvent à mon goût et je me réjouis de la voir arriver dans les programmes de 1ère pour le bac de français.



J’ai donc relu, dans cette optique, ces vingt-trois nouvelles empreintes de poésie. Rien que le titre évoque déjà ces instantanés du quotidien transcendés par la plume. Lorsque Colette fait paraître ce livre, en 1908, elle vient de se séparer de Willy. C’est donc une ode à la liberté par l’intermédiaire de tout ce qui l’entoure que cette dame de talent va sublimer. Ses animaux, ses amours et notamment celui avec Missy, son village, des paysages enchanteurs… tout cela va donner lieu à des textes enchanteurs que je ne peux que vous recommander vivement.


Lien : https://promenadesculturelle..
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