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Critiques de Sigmund Freud (331)
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Correspondance : Sigmund Freud / Stefan Zweig



Avec Roland Jaccard comme guide, il est intéressant d'explorer la correspondance entre ces 2 illustres Autrichiens. En effet, qui de mieux pour nous guider que ce psychanalyste, essayiste et éditeur, né à Lausanne en 1941 de mère autrichienne et d'un père qui s'est suicidé. Comme journaliste il est en charge de la rubrique "psychanalyse" du quotidien Le Monde et l'auteur prolifique de 38 titres rien que sur Babelio, parmi lesquels une biographie de Sigmund Freud, une histoire de la psychanalyse (en 2 tomes), l'éthique et la psychanalyse, la folie etc. Jaccard a aussi consacré 2 livres à l'actrice américaine Louise Brooks (1906-1985), qu'il a connue personnellement.



Il est tout à fait superflu de présenter ces deux personnalités les plus célèbres de l'empire Habsbourgeois, sauf peut-être rappeler qu'il y avait entre ces 2 correspondants une différence d'âge d'un quart de siècle : Sigmund Freud est né en 1856 et Stefan Zweig en 1881, soit exactement 25 ans plus tard.

Outre le fait qu'ils ont été des compatriotes et des gentlemen, il ne me paraît pas si évident qu'ils se soient envoyé autant de lettres et missives. Certes à peu près un tiers du nombre de lettres échangées entre Zweig et un autre compatriote à lui, Joseph Roth (1894-1939), mais qui vivait de sa plume comme lui. À titre indicatif de comparaison : le recueil de la correspondance que j'ai entre ces 2, en version pocket allemand et petits caractères, est de 624 pages contre les 157 pages du livre sous rubrique.



Il est incontestablement intéressant de lire ce que ces géants de l'Europe centrale pouvaient bien s'écrire, mais ne vous attendez pas à de véritables nouvelles bouleversantes ou fracassantes, pour cela les 2 auteurs étaient bien trop éduqués et modestes. Le sentiment de base des deux a été un profond respect mutuel.



Il y a eu également une correspondance suivie à une certaine époque entre Sigmund Freud et la "mère" de la psychanalyse française, la princesse Marie Bonaparte (1882-1962). Seulement la situation entre correspondants était de nature foncièrement différente dans la mesure où la dernière nommée a d'abord été en traitement médical auprès du premier cité avant d'en devenir son remarquable homologue. Puis, il y avait entre eux une grande et sincère admiration et amitié. C'est l'épouse du prince Georges de Grèce (1869-1957) qui s'est rendue en 1938 à Vienne pour sauver Freud de l'horreur d'un internement en camp d'extermination nazi pour accompagner le grand toubib de 82 ans en Angleterre, après lui avoir payé ses taxes de sortie redevables au Reich. Marie Bonaparte a toujours regretté qu'elle n'ait pas réussi à faire de même pour les 4 soeurs de Freud, qui ont été exécutées par ce régime diabolique. Jusqu'à la fin, Marie est restée amie de sa fille, Anna Freud (1895-1982) psychanalyste à Londres.



De cette dame étonnante, la dernière des Bonaparte, il existe une merveilleuse biographie publiée par Célia Bertin (1920-2014) de 1982, que je peux absolument recommander et que je regrette de ne pas avoir eu encore le courage de chroniquer sur Babelio. Il est vrai que sa vie a été exceptionnellement complexe, mais cela ne devrait pas être une raison de remettre mon billet aux calendes grecques !



Je ne vais pas me mettre à critiquer cet ouvrage, qui se lit relativement facilement grâce aux efforts très méritoires de Roland Jaccard, parce que honnêtement qui suis-je moi, pour me permettre de juger deux gigantesques maîtres de notre civilisation.

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Psychopathologie de la vie quotidienne

- Tu sais ce que c’est un lap-suce papa ?

- Une gonzesse dansant la langue pendue à ta teub pour ce plaisir obsessionnel qui ma bite …

- Oui mais pas queue

- Ah ouais… bah je m’en branle



Mon père me répétait souvent un week end sur deux : « Mon pote je suis fait comme un rat »



De l’avis général cette phrase n’est pas problématique en soi, c’est juste l’histoire d’un papa « grammé » jusqu’au chancellement nocturne d’une bonne biture quotidienne et maladive jusqu’à plus soif… je n’avais que 7 ans… et moi je le regardais pas très rassuré, je reconnaissais dans son attitude un mal être qui se gangrenait dans ma tête chaque week end quand je le voyais ramper, s’affaler, ronfler… un père gentil, mais d’une faiblesse abyssale qui draguait des gamines de 17 piges, alors je baissais la tête jusqu’à mes lacets, le tirant pas la manche pour mettre fin à cette honte qui me montait aux joues…



Il me répétait aussi souvent : « putain je la sauterais bien celle là » et « ta mère n’est qu’une salope »



Ma mère quand à elle se cachait derrière sa tranquillité retrouvée, il avait trouvé en moi son exutoire à soucis, me berçant toute mon enfance de ses problèmes prétextant une baffe ou deux pour l’entretien d’une relation saine basée sur la peur, mais sans excès, avec câlins, bisous, et amour maternelle…. Mais il lui fallait un nouveau branleur pour se rassurer, incapable de vivre seule, le second fut peut-être pire que le premier…



Impossible pour moi de boire de l’alcool, c’est un signe de faiblesse, comme une honte, l’ivresse de la sobriété ferment les portes de la joie, et finalement je restais souvent tout seul dans l’incompréhension populaire d’une drogue à volonté, toujours planqué dans un coin, jugeant mes contemporains d’un œil corrompue par un alcoolisme héréditaire qui s’assimilait à un truc super glauque…



J’ai tout fait pour être le contraire de mes parents, avec succès, sourires, bien être, et pessimisme récurrent, beaucoup de blala, de lectures, d’observations, d’analyses, aujourd’hui j’ai le cynisme, l’ironie, l’auto dérision et l’obsession des femmes nues comme traitement….



Mon truc à moi, c’est que je dématratise tout en regardant l’herbe tout séchée du voisin, que tu croyais verte en façade, et en échangeant avec à un tas de personnes, avec retenue mais sans "cosettisme aiguë", donc du coup t’apprends à savoir, à comprendre les autres, tu fais des liens de cause à effet rapidement juste en observant, en écoutant, en lisant, tu arrives à découvrir plein de trucs intéressants sur les gens…



La maladresse des mes parents on fait de moi un mec sain obsédé par ses dames, maladivement sobre, et anxieux…voilà le seul petit reproche que je peux faire à Freud, parce que moi je n’ai rien refoulé, tout est très clair dans ma tête…



Du coup je veux comprendre quel rôle joue mon inconscient pour moi



La psychologie c’est passionnant, c’est donc avec un engouement non dissimulé que je me suis jeté sur mon premier Freud, qui vous initie d’une manière accessible à sa discipline grasse à une écriture simple, sans jargon intellectuel démesuré, le gars est resté sobre et sympathique…

Pourquoi le lapsus, l’oubli des noms, les erreurs, les maladresses dans la vie quotidienne ?



L’inconscient joue un rôle dominant dans tout ça, c’est le seul bémol que je pourrais lui reprocher, on peut faire dire tout et n’importe quoi au hasard de la vie quotidienne si on prenait le temps de faire coïncider, dans l’optique de faire coïncider des souvenirs et des névroses avec tous ces actes manqués… je simplifie le truc mais c’est l’idée… seulement voilà :



L’autre jour j’employais dans un commentaire sur Babelio l’auxiliaire « être » avec un verbe du premier groupe qui s’accordait… Deux minutes après j’emploie de nouveau l’auxiliaire être avec autre verbe du premier groupe… puis j’y reviens quelques minutes plus tard en me rendant compte que je me suis gouré entre « être » et « avoir »… ma confusion résulte de mon action précédente…



Hier je pose ma montre dans la chambre, alors que d’habitude non, je l’ai fait c’est tout… Ma montre est lourde et parfois gênante, pas de crèche le mercredi : ma copine et ma fille dorment… donc je ne suis pas retourné dans la chambre pour éviter de les déranger… Mon inconscient avait prémédité cet acte depuis la veille pour alléger mon poignée



Hier je change de jean, ou je savais qu’une pièce était resté dans ma poche, ce matin en enfilant celui-ci la pièce tombe, car je savais depuis hier que je n’avais pas de monnaie pour mon chocolat au taf, du coup cela m’a fait pensé que je devais fouiller dans le porte monnaie de ma meuf pour lui piquer son fric…



Ma brosse électrique m’échappe des mains quelques secondes après avoir sonné la fin du brossage, paf encore un tour de mon inconscient pour mettre fin à cette corvée quotidienne…



J’en ai plein comme ça… du coup ça fonctionne c’est vrai mais quelle est la part de vérité et de hasard…



A plus les copains...

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Totem et tabou

Si tous les témoignages de jeunes filles ayant subi les assauts incestueux de pères, géniteurs ou beaux-pères nous choquent tellement, c’est qu’un des interdits de toutes les sociétés humaines, c’est justement l’inceste.

Freud commence son exposé en réaffirmant cet interdit universel y compris « chez ces cannibales nus et pauvres » dont nous ne pouvons pas imaginer leur moralité ni « la répression de leurs pulsions sexuelles ».

Car la première conscience morale repose sur le totem, et l’interdiction pour ceux qui appartiennent à ce point de ralliement qu’est le totem, de se marier entre eux : l’exogamie.

L’inceste devient donc tabou, et Freud analyse longuement, à l’aide des anthropologues comme Frazer ce qu’est un tabou : il s’agit de préserver les personnes éminentes (chefs et prêtres) et de protéger aussi, dans le même temps, les faibles (femmes et enfants).

Freud fait, à ce moment de son exposé, un clin d’œil aux lecteurs et preuve de son esprit philosophique en ajoutant : « j’ose à présent affirmer qu’après toutes ces données sur le tabou ils savent encore moins qu’avant ce qu’ils doivent entendre par là. ».

Continuons donc : le tabou de tuer des animaux forme le noyau du totémisme. Les morts sont craints par l’action néfaste qu’ils peuvent entreprendre contre nous les vivants, craints en même temps que regrettés. Vénération et exécration sont les deux sentiments mêlés quant aux tabous : « le tabou des morts repose lui aussi sur l’opposition entre la douleur consciente et la satisfaction inconsciente qu’inspire le décès ». 

Voilà, nous arrivons à un grand principe qui englobera anthropologie, psychologie et psychanalyse : L’ambivalence affective. Le mot tabou lui-même est ambivalent : sacré et impur.

Et toutes les fois qu’il y a un interdit, c’est qu’il y a eu désir.

Rapprochant les primitifs des névrosés, Freud analyse leurs interdits de contrainte, aux uns comme aux autres, et leur croyance en la toute-puissance de la pensée.

Mais revenons à l’ambivalence, qui se manifeste dans l’interdit de tuer l’animal totémique, qui n’est autre que le père. En lui rendant honneur au cours d’un sacrifice, finalement il y a ingestion ( ou communion) après mise à mort de l’animal, comme si la communauté assumait l’interdit en mangeant ensemble.

« Une fête est un excès permis, mieux, ordonné, une violation solennelle d’un interdit ». 

Tuer se transforme en festivité, on tue l’animal et on en porte le deuil, en même temps que l’on fait la fête.



Très étrangement, trente pages avant la fin de son essai, et se basant sur la horde primitive darwinienne, Freud abat ses cartes : ces fêtes de repas totémique reproduisent le meurtre du père originel, celui qui gardait toutes les femelles pour lui et chassait ses fils. Ceux-ci, toujours selon le sentiment ambivalent, l’admirent et le haïssent.

Et le tuent.

Et le mangent, pour s’approprier les forces du patriarche.

Puis, par une sorte d’obéissance rétrospective, et l’impossibilité où ils sont de se partager les femmes sans se faire la guerre, ils désavouent leur acte en interdisant la mise à mort du totem (leur père) et l’interdiction de rapports sexuels avec leurs « mères ou sœurs. »

De cette scène primitive est née la civilisation, et aussi la culpabilité, le péché originel «  qui n’a cessé de tourmenter l’humanité » et qui aboutit aux deux grands interdits de toute l’humanité : l’inceste et le meurtre du père, ce qu’Œdipe a, malgré lui, commis.

La fête totémique serait une commémoration de l’interdit qui reste interdit, une répétition annuelle et collective.

Je dis « serait », comme Freud, qui avance l’hypothèse de cette scène originelle, sans en paraitre évincer tous les doutes, d’où sa valeur : «  Où se trouve dans cette évolution la place des grandes divinités maternelles qui ont peut-être précédé partout les dieux-pères ? Je ne saurais le dire. »

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Sur le rêve

Court essai que je n'ai pas lu récemment mais dont je garde un souvenir intact. Très facile à lire, c'est tout-à-fait abordable car écrit très simplement, ce qui le rend accessible à tous.



Freud y résume ses travaux concernant "la construction, la structure et les fonctions du rêve". Il aborde de nombreux thèmes et déroule son bref exposé de manière logique tout en l'illustrant d'exemples de rêves. Le lecteur suit son cheminement exprimé avec clarté, le procédé est efficace.



En conclusion, Freud précise qu'il "ne prétend pas avoir éclairé dans cet ouvrage tous les problèmes que pose le rêve ni non plus avoir résolu de manière convaincante ceux qui ont été discutés ici. [...] Les lecteurs qui cherchent des arguments plus détaillés en faveur de la conception du rêve pourront se tourner" vers son livre 'L'Interprétation du rêve'.



'Sur le rêve' est donc une porte d'entrée à cet autre exposé, plus fouillé, plus touffu qu'est 'l'interprétation du rêve'.



Je rêve pour ma part de partir sur une île déserte avec non pas six livres mais plutôt six containers de livres... S'agit-il d'un désir refoulé ?

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Cinq leçons sur la psychanalyse

Sigmund Freud est un médecin neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse.

L'interprétation des rêves est fondamentale pour lui, ainsi, il nous dit : "Une tâche qui nous incombe est la traduction du contenu du rêve remémoré en son sens caché." Et il nous met en garde :"On a beau rêver de boissons : quand on a réellement soif, il faut se réveiller pour boire.” Donc on se lève, on va boire , on se rendort et on retourne dans son rêve où cette fois ci, on n'a plus soif.

Un des grands autres thèmes analysé par Freud est celui de la sexualité : " On a déjà ici la preuve que la satisfaction sexuelle est le meilleur remède contre l’insomnie. " C'est vrai que si on passe la nuit à faire des cochoncetés, plus d'insomnie ! Et à propos de l'enfance : " L'intérêt sexuel de l'enfant se porte en premier lieu sur le problème de savoir d'où viennent les enfants : Dire que c'est la cigogne qui les apporte, est accueillie, plus souvent qu'on ne le pense, avec méfiance." Avec méfiance... c'est quand même drôlement bien vu de la part de ce grand théoricien de la psyché profonde...

Freud n'a pas de tabou, pas de fausse pudeur, ainsi il nous dit :" Un de ces contacts, celui des muqueuses buccales –sous le nom ordinaire de baiser- a acquis une haute valeur sexuelle, bien que les parties du corps intéressées n’appartiennent pas à l’appareil génital, mais forment l’entrée du tube digestif...Celui qui baise avec ardeur les lèvres d'une jolie fille ne se servira peut-être qu'avec répugnance de la brosse à dents de celle-ci, bien qu'il n'y ait aucune raison de supposer que sa cavité buccale, qui ne le dégoûte pas, soit plus propre de celle de la jeune fille." Quelle romantisme Sigmund ! Je ne verrai plus les baisers enflammés de la même manière, l'entrée du tube digestif...

Il termine par un laconique :"J'ai perdu mon temps : la seule chose importante dans la vie, c'est le jardinage. " Effectivement Sigmund, si tu avais fait un CAP jardinage, tu nous aurais éviter de sacrées prises de tête...

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Correspondance - Albert Einstein / Sigmund ..

"Pourquoi la guerre ? rassemble un échange épistolaire de 1932, entre Albert Einstein et Sigmund Freud sur le thème de la guerre à la demande de la Commission internationale intellectuelle .( Wikipédia ) .

On relève que le grand physicien, Albert Einstein s'interroge

sur la résistance psychique de l'être humain contre les psychoses de haine et de destruction .

Echange épistolier fort intéressant entre deux illustres hommes sur un grave problème .
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Malaise dans la civilisation

Il y avait plusieurs années que j'avais lu « L'interprétation des rêves ». L'écriture de Freud est souvent très claire et compréhensible, même lorsqu'il aborde des concepts liés à la psychanalyse.

Dans « Malaise dans la civilisation », il explique en quoi, la civilisation, la société, empêche l'individu de donner libre court à ses pulsions primitives de vie et de mort, créant ainsi de la frustration, puis de la névrose, au profit de la communauté, et du bien-vivre ensemble.

C'est, en résumé, l'objet de cet essai. Et un siècle après, c'est toujours d'actualité. Il utilise les concepts que sont le moi, le ça, le surmoi et leurs implications dans le juste équilibre à trouver entre société et individu. Lorsqu'il dit que l'individu aura toujours du mal à trouver le bonheur dans la communauté, on pense parfois à Schopenhauer.

Encore un auteur qui nous rend plus intelligents !

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Cinq leçons sur la psychanalyse

" - Bonjour M. Sigmund. Dites-moi, je viens de lire " Cinq leçons sur la psychanalyse " et j'ai pas tout compris...

- Ach, ce n'est pas grafe.

- " Graphe " ? Vous comptez me faire un dessin pour que je comprenne mieux ?

- Ach, mais non foyons. Le plus z'important, c'est de saisir l'ezzentiel...

- " L'aisantiel "... Ah d'accord, vous postuler pour que je sois à l'aise avec vos concepts. Le début, j'ai tout compris : Vous avez fait cinq conférences aux États-Unis pour présenter le truc que vous veniez d'inventer : La psychanalyse.

- Ya.

- Y'a ? Ben y'a tout le début : Le Dr Breuer et son traitement de l'hystérie par l'hypnose, puis vous expliquez que vous avez évolué tout les deux vers le " talking cure ". Vous parlez de Charcot, tout ça, qui lui si j'ai bien compris s’appuie sur l'hérédité... Après j'ai bien aimé votre analogie entre la résistance psychique à l'analyse et la résistance civile à un envahisseur. Trop fort pour un autrichien en 1909 ; Adolf et compagnie ont pas du trop vous lire avant 1940.

- Ach, oui : " Un moi qui se défend ".

- Un vous M. Sigmund ?

- Non, un fous.

- Un fou ? Moi ?

- Non, un Moi à fous..."

Et c'est là que j'ai perdu le fil de notre conversation...



Plus sérieusement, le regroupement de ces deux contributions de Freud à la psychanalyse est assez malheureux.

Les " Cinq Leçons... " sont un outil de présentation de la psychanalyse à un public certes universitaire, mais totalement ignorant de cette science en construction. Il survole les termes et décrit succinctement les étapes et les postulats sur lesquels s'appuie Freud pour développer cette technique nouvelle de traitement des désordres mentaux. L'essentiel y est : Résistance, refoulement, actes manqués,analyse des rêves – si populaire – jusqu'à la sexualité infantile. Mais rien n'est argumentativement démontré cependant.

" La Contribution à l'Histoire du Mouvement Psychanalytique " est d'un autre niveau. On précise ici de façon plus circonstancielle les lieux et dates de la psychanalyse. Suivant " Cinq Leçons... " on sent quelque peu de la redite... Puis Freud dans une troisième partie s'emploie à argumenter contre les " dissidences " dans le mouvement psychanalytique et là... Je dois avouer que je me suis perdu... Citons par exemple :

" La théorie d'Adler était dés le début un " système ", et c'est ce que la psychanalyse avait toujours soigneusement évité. Elle nous offre en même temps un excellent exemple d' " élaboration secondaire ", dans le sens de celle que la pensée vigile effectue sur les matériaux fournis par les rêves. En ce cas, les matériaux des rêves sont remplacés par ceux nouvellement fournis par les études psychanalytiques, envisagées principalement du point de vue du moi, traduits et retournés conformément à ces catégories et, exactement comme dans la formation de rêve, mal compris. Aussi la théorie d'Adler est-elle moins catégorisée par ce qu'elle affirme que par ce qu'elle dénie... "



" Cinq Leçons " n'est à mon avis pas une bonne première approche de la psychanalyse pour qui est curieux du sujet...

... Mais je dois beaucoup refouler...



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Correspondance : Sigmund Freud / Stefan Zweig

Pendant plus d'une trentaine d'années, Freud et Stefan Zweig s'écriront régulièrement. Plusieurs de ces lettre ont été perdues, celles qui restent sont donc importantes pour rendre compte de l'amitié qui unissait les deux hommes. Zweig a très vite été conquis par les thèses de Freud sur la psychanalyse et Freud a su déceler dans l'oeuvre de l'écrivain l'utilisation de ces thèses. Plusieurs références sont faites à Romain Rolland et Jules Romain qui faisaient partie de leur cercle d'amis. Il est difficile aujourd'hui de s'imaginer les liens qui unissaient ce petit groupe d'intellectuels à travers toute l'Europe et qui partageait les idées nouvelles de la première moitié du XXe siècle. Cette correspondance devient d'ailleurs assez émouvante au fur et à mesure que l'on approche de la prise du pouvoir à Berlin par Hitler et de la deuxième guerre mondiale. Les dernières lettres seront envoyées et reçues à Londres, les deux amis s'y étant retrouvés pour fuir le régime nazi. Freud y mourra en 1939 et Zweig partira au Brésil où il se suicidera en 1943. C'est une page de l'histoire qui se tourne.
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Le moi et le ça

Le moi et le ça introduit dans la théorie psychanalytique la deuxième topique de Freud, qui vient se superposer à la première (conscient, préconscient, inconscient). Ce livre constitue par conséquent un tournant dans l’histoire très tortueuse et laborieuse de la théorisation du fonctionnement de l’esprit humain.



La même année 1923, suite à la parution d’un ouvrage de G. Groddeck, Le livre du ça, Freud propose trois nouvelles instances psychiques définies comme étant le moi, le ça et le surmoi. À cette époque, le surmoi est dans l’esprit de Freud encore indissocié d’avec l’idéal du moi, ce qui ne facilite pas la lecture de cet essai.



Le premier chapitre est un rappel de la première topique et de son fonctionnement. Le deuxième entre dans le vif du sujet et définit ces nouvelles instances. Ce nouvel horizon ouvert par Freud témoigne d’une manière de penser particulièrement originale et féconde. Lui qui se considérait comme un conquistador découvrant et établissant la cartographie d’un nouveau continent, a ouvert la voie à bien d’autres découvertes ultérieures fructueuses.



Le ça est considéré comme le réservoir des pulsions. Il est ce qu’il y a de plus primitif en l’homme. Freud opère une distinction entre ce dernier et l’instinct. Le moi est selon Freud une instance qui s’est progressivement « émancipée » du ça sans s’en être entièrement détachée. Le moi constitue la conscience de l’individu mais une partie non négligeable du moi serait consciente, à la différence du ça qui est entièrement inconscient. Freud compare le moi à un cavalier et le ça à son cheval.



Le troisième chapitre aborde les relations entre moi et surmoi, la troisième instance, qui vient se placer au-dessus du moi et exercer sur lui un rôle de censure. Le surmoi serait constitué par l’autorité extérieure (parentale) qui aurait été introjectée au moment de la liquidation du complexe d’Œdipe. Lui aussi aurait une partie inconsciente.



Le quatrième chapitre constitue pour moi un aveu de faiblesse de la part de Freud. Il y définit deux pulsions antagonistes émanant du ça : la pulsion de vie et la pulsion de mort. Elles seraient toutes deux innées et, mélangées dans des proportions variables, détermineraient les tendances agressives des individus. Il utilise pour appuyer cette idée l’exemple du sadisme, mélange d’amour et de volonté de destruction. Je vois dans cette conception l’influence de la théorie humorale d’Hippocrate, théorie archaïque de la physiologie qui a perduré jusqu’au XIXe siècle et qu’il ne pouvait ignorer.



Le cinquième et dernier chapitre traite des relations bien difficiles que le moi doit entretenir avec le ça, le surmoi et le monde extérieur, les trois présentant des menaces potentielles pour son intégrité. Freud y fait part d’une hypothèse paradoxale selon laquelle les délinquants et criminels, accablés par un surmoi tyrannique, ne trouvent d’issue que dans l’accomplissement réel de ce qui cause leur sentiment de culpabilité. Le sentiment de culpabilité ressenti par le moi est ce qu’éprouve le moi à l’égard d’un surmoi très sévère et auquel il ne peut cacher ses pensées. Il est éprouvé alors qu’aucun acte répréhensible n’a été commis par l’individu. Cette conception est plus développée dans Le malaise dans la culture/civilisation.



Ce court essai est absolument passionnant malgré certaines étapes de raisonnement qui peuvent apparaître un peu bancales et bricolées. Même si Freud reste assez humble vis-à-vis de ses doutes et incertitudes, il donne l’impression de vouloir généraliser certaines de ses conceptions alors que bien d’autres facteurs entrent en jeu dans l’histoire des individus pour expliquer telle ou telle de leurs affections, notamment le tempérament qui est un apport ultérieur de la psychiatrie. Autre défaut, la jungle lexicale ne constitue pas un moindre obstacle à la compréhension de ses théories.



La psychanalyse est une grande invention dans l’histoire de la pensée. Cependant elle est très vulnérable et susceptible de détournement par des gourous et autres charlatans. Elle peut rendre service aux gens comme elle peut ouvrir la porte à la manipulation éhontée. C’est bien là le drame de cette discipline pourtant si prometteuse. Il faudrait un cadre plus sain à cette pratique dont la seule condition d’exercice est d’avoir été soi-même analysé. Ça ne constitue en rien un diplôme.



Je ne peux m’empêcher d’attribuer cinq étoiles à ce livre qui, malgré quelques défauts, a fait avancer d’un grand pas la méthodologie en vue d’une meilleure connaissance de l’esprit. Il ne faut pas tout y prendre pour argent comptant. Freud développe des idées d’une grande originalité mais cela ne doit pas empêcher le lecteur de se faire ses propres réflexions et hypothèses.
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L'inquiétante étrangeté et autres essais

Ça fait bizarre… Admettons par exemple que vous parliez à quelqu’un dans la toute majestueuse banalité du quotidien et d’un coup, vous chutez dans un monde régi par des règles spatio-temporelles différentes. Ou que vous marchiez dans la rue et que votre regard, passant par hasard sur un assemblage quelconque d’êtres humains et d’objets, s’accroche sans raison sur la scène pour vous envoyer une série de connexions métaphoriques dont vous n’arrivez pas à restituer le sens. Vous êtes resté le même, dans des situations identiques à celles que vous avez vécues des millions de fois auparavant (oui, la vie est absurde), mais votre interprétation s’est transformée. Vous rencontrez le sentiment de l’inquiétante étrangeté. Il passe très vite (est-ce un bien ou un mal ?), et on se retrouve à nouveau dans le quotidien crasse. Même si cette sensation ne dure que deux secondes, c’était suffisant pour que Freud en fasse un livre.





« Unheimlich » : le terme original employé par Freud fut traduit par Marie Bonaparte avec l’expression d’inquiétante étrangeté. « Unheimlich » s’oppose à « Heimlich », un mot qui désigne ce qui concerne l’intimité, le tranquille, le secret voire le sacré. En miroir, « unheimlich » peut signifier le sentiment d’angoisse et d’inconfort, consécutif peut-être à la perte du secret.





Freud distingue deux formes d’inquiétante étrangeté. La première est liée au retour du même, imperceptiblement transformé. Un objet de la pensée anciennement refoulé a laissé libre un affect qui, entre temps, en a profité pour se transformer en angoisse. Qu’on provoque le retour de ce refoulé, et voilà que l’angoisse se ramène à son tour La deuxième forme d’inquiétante étrangeté est plus particulièrement liée aux complexes infantiles refoulés.





La présentation de cette théorie se fait par morcellement de chapitres, la plupart se consacrant au thème de l’esprit créateur et des bénéfices de la création dans la résolution des affres de la libido mal assouvie. Quel est le rapport ? L’inquiétante étrangeté pourrait traduire notre compréhension de l’essence d’une œuvre, constituée par l’angoisse évacuée par l’artiste à travers son acte de création. Celle-ci parvient jusqu’à nous pour nous troubler à notre tour, mais aussi pour nous faire éprouver le singulier plaisir de se sentir compris et entouré dans l’épreuve. Freud aborde Shakespeare, Goethe et Michel-Ange dans des exemples très documentés, laissant percevoir qu’il avait eu l’intuition de l’existence d’un inconscient collectif mythique au sein duquel nous viendrions piocher à notre insu avant Jung. Il dépoussière également des cas isolés et reculés qu’il laboure sur des dizaines de pages par pure masturbation intellectuelle –l’exemple d’un cas de possession d’un homme au 17e siècle est l’exemple parfait du plus laborieux de ces essais, où il faudra se coltiner pendant plus d’une dizaine de pages les élucubrations de Freud quant à savoir pourquoi le pacte avec le diable a reçu deux signatures alors qu’une seule aurait suffi. C’est le jeu de la psychanalyse : on laisse quiconque s’emparer de la moindre bagatelle pour lui insuffler du sens, trop de sens peut-être, mais peu importe tant que ça soulage au moins celui qui s’en fait l’interprète.





Ainsi Freud s’amuse, et c’est très bien… Il se laisse griser par son petit jeu de la psychanalyse et nous oublie sans tristesse. Alors qu’on a connu Freud un peu déprimé dans Le malaise de la culture ou dans Totem et tabou, ici, il prend un plaisir incontestable à analyser ses œuvres préférées et il nous parle même des bénéfices incomparables du jeu. L’inquiétante étrangeté se termine ainsi sur un chapitre consacré à l’humour : « Par l’humour, le surmoi aspire à consoler le moi et à le garder des souffrances ». Si l’inquiétante étrangeté te trouble trop, n’oublie pas de lui rire à la gueule.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Trois essais sur la théorie sexuelle

Comme son nom l'indique, cet ouvrage de Sigmund Freud est composé de 3 essais qui alimentent et permettent de poser la sexualité, au sens large, telle qu'elle est envisagée dans la théorie psychanalytique de 1905.



Le premier essai, composé de 7 chapitres, s'intéresse aux "aberrations sexuelles". Dans cet essai, Freud s'intéresse avant tout à l'objet et au but sexuels. La sexualité adulte est normale lorsque son objet est la personne adulte de sexe opposé et que le but est l'union génitale. La perversion se définit logiquement comme une anormalité du but ou de l'objet sexuel.

En termes de perversions, Freud différencie dans son premier chapitre les déviations par rapport à l'objet (inversion, zoophilie, pédophilie…) des déviations par rapport au but sexuel (perversions se présentant sous forme de couples d'opposés présents de façon latente chez l'individu, comme par exemple : sadisme et masochisme, voyeurisme et exhibitionnisme, etc…) qui font l'objet du deuxième chapitre. Le troisième chapitre explique que les comportements définis comme pervers sont universels et font partie de la sexualité adulte normale ; il n'y perversion que lorsque ces comportements sont fixés dans le temps et deviennent exclusifs. Le quatrième chapitre explique que ces formes pulsionnelles caractéristiques de la perversion sont présentes également dans toutes les névroses, la névrose étant consécutive au refoulement de la perversion : " la névrose est pour ainsi dire le négatif de la perversion." Le cinquième chapitre explique ce qu'est la pulsion, l'excitation d'une zone érogène qui doit trouver une issue. Le sixième chapitre interprète, du point de vue de la théorie psychanalytique, la prédominance de la sexualité perverse dans les psychonévroses. Le septième et dernier chapitre de cet essai montre que c'est dans l'enfance que se trouvent les germes de la perversion et ce, de façon universelle, ce qui constitue une transition parfaite pour aborder le deuxième essai : la sexualité infantile.



Pour introduire ce second essai, Freud fait d'abord état de la littérature inexistante sur ce sujet. Qu'à cela ne tienne, la psychanalyse est prête à l'investir. Dans sa première partie, Freud explique que l'enfant, immature sexuellement et donc incapable d'amener ses pulsions vers un but normal, va être amené à les investir sur d'autres activités, notamment l'apprentissage, scolaire, mais aussi de valeurs ou d'émotions telles que la pudeur, le dégout et la morale. Cet investissement se fait d'autant plus facilement que, les premières expériences de l'enfant avec son corps faisant le plus souvent l'objet de réprobation de la part de ses éducateurs, l'enfant n'a guère d'issue pour liquider ses pulsions. La seconde partie remonte à la prime enfance, le juste après naissance. Freud explique comment le suçotement, initialement acte associé à une fonction vitale (se nourrir), finit par devenir une voluptueuse activité auto-érotique (sans plus de lien avec l'activité de se nourrir et se satisfaisant via le corps de l'individu, par exemple en suçant le pouce) sous domination d'une zone érogène : la bouche / cavité buccale.

La troisième partie évoque les modalités de libération des pulsions sexuelles chez l'enfant, puisque le but ultime de la pulsion sexuelle ne peut advenir faute de maturité des organes sexuels. C'est vrai ça, que deviennent-elles, ces pulsions ? Si l'on revient à la définition, la pulsion correspond à une excitation d'origine centrale projetée sur une zone érogène, la zone érogène étant une zone de peau ou de muqueuse (se situant donc n'importe où sur le corps) ; cette excitation engendre une tension, et est donc source de déplaisir. C'est une stimulation externe rythmique et de qualité sur la zone érogène qui provoque la satisfaction de la pulsion, et donc sa liquidation (et là, on retombe sur l'activité autoérotique du suçotement).

Dans la quatrième partie, Freud explique que le petit enfant, n'ayant pas encore intégré des inhibiteurs comme la pudeur, le dégout ou la morale, a une prédisposition perverse polymorphe (c'est-à-dire qu'il est à même de développer plusieurs perversions). La cinquième partie évoque les recherches et questions du petit enfant autour de la sexualité et dont les réponses ne le satisfont pas toujours : d'où viennent les enfants ? Quelle est l'origine de la perte du pénis des petites filles (hypothèse d'un même organe viril chez tous les êtres humains) ? Comment nait-on? Que font papa et maman dans leur chambre la nuit ? etc…

Dans la sixième partie, Freud énonce les 3 stades de développement sexuel tels qu'ils étaient encore enseignés dans les facultés il y 10 ans de ça (ou là, je ne rajeunis pas !!) : le stade oral, anal, et phallique, qui se rapprochent de plus en plus du stade génital, celui de la sexualité adulte, qui associe plaisir et fonction de reproduction, avec une organisation suffisamment solide pour atteindre le but sexuel dans un objet sexuel étranger (le normal, il parait !). Enfin, dans la septième et dernière partie de cet essai, Freud évoque la source principale de la sexualité infantile : l'excitation, qui est soit mécanique (par exemple, le bercement du train, une activité musculaire comme se battre, etc…), soit un effet secondaire de processus interne.



Le troisième et dernier essai de cet ouvrage s'intéresse de très près à la puberté, moment clé durant lequel la pulsion sexuelle se met au service de la reproduction et où la sexualité infantile évolue vers sa forme normale définitive.

La première partie évoque les impacts de la croissance des organes génitaux sur les pulsions sexuelles. Avec la multiplication des stimulations externes, celles du corps en changement et l'évolution de la vie psychique, apparait l'excitation sexuelle, qui se manifeste par un sentiment psychique de tension et la préparation des organes génitaux à l'acte sexuel. Le plaisir préliminaire, lui, permet d'augmenter la tension et donc de rassembler l'énergie nécessaire pour amener l'acte sexuel à son terme (avec le risque que les préliminaires engendrent un plaisir trop fort et donc une tension trop faible, ce qui est, on l'a vu dans le premier essai, le principe des déviations liées au but sexuel). La seconde partie s'intéresse plus précisément à l'origine de la tension sexuelle, équilibre délicat qui tient à la fois du physique, du chimique et bien sûr, du psychologique.

Dans la troisième partie, Freud présente sa théorie de la libido, cette force quantitativement variable qui permet de mesurer les processus qui ont trait à la sexualité et qui permet d'investir l'objet sexuel. La quatrième partie évoque les différences d'investissement de la libido et des zones érogènes chez les hommes et chez les femmes.

Enfin, dans la dernière partie de cet essai, Freud s'intéresse à l'évolution du choix d'objet sexuel, et évoque en particulier l'attirance de l'enfant pour son parent de sexe opposé et l'importance du tabou de l'inceste : le complexe d'Œdipe vient de naitre !





Cet ouvrage de Sigmund Freud, un peu complexe à aborder, absolument politiquement incorrect, a, il me semble, conservé tout son côté révolutionnaire et toute sa pertinence.

Même si les mœurs ont évolué, si la psychologie clinique et pathologique gagné ses lettres de noblesse, si l'on a fait de nombreuses recherches sur les enfants et leur développement, les stades d'évolution de la sexualité infantile présentés dans cet ouvrage sont toujours LA référence des psychologues et psychanalystes. Bien sûr, le discours a un peu changé (mais pas beaucoup !), les descriptions / origines / conséquences se sont étoffées, mais on est quand même bien, avec cette théorie de la sexualité infantile, au cœur de la psychanalyse.

Cet ouvrage est fondamental, et est à considérer, me semble-t-il comme l'une des pierres angulaires qui posent les fondements de la théorie psychanalytique. Freud y évoque, entre autre : le primat de la sexualité dans la vie psychique, les pulsions et la libido, leurs devenirs (liquidation, refoulement, sublimation, investissement, etc…), le complexe de castration, le complexe d'Œdipe, l'origine de l'angoisse, les mécanismes du transfert, la formation des symptômes, l'origine infantile des pathologies adultes, etc…

A sa sortie, ce livre a, parait-il, fait hurler dans les chaumières, notamment par son affirmation de l'existence d'une sexualité infantile. Moi, j'ai l'impression que le message est à peu près passé, pas dans toute sa profondeur ni dans toutes ses implications, mais aujourd'hui, quand on parle d'un enfant en plein "Œdipe", plus personne ne saute au plafond en imaginant des scènes incestuelles. Par contre, toujours à mon humble avis, au temps du "mariage libre" et des "gays pride", j'en entends déjà dans la salle qui hurlent au scandale quant à ce que Freud considère et classe comme des perversions (la perversion, on nous le rappelle dès le premier essai, est à considérer comme une déviation du but ou de l'objet par rapport à la normalité définie auparavant dans l'ouvrage) !

Enfin, ce que moi, j'ai envie de dire de ces trois essais, c'est qu'il y a un petit côté révolutionnaire qui fait voler en éclat toutes les belles valeurs de nos jolies sociétés de consommation. Pourquoi est-il révolutionnaire ? Parce que tonton Freud, avec ses grands sabots et sa pipe dans le bec (!), montre et écrit noir sur blanc que, petit 1, la sexualité est la grande affaire de l'humanité, et que, petit 2, ça ne date pas d'hier, parce que ça commence dès la naissance. Et ça, au moins, c'est dit !

Allez, reprenons tous en chœur, accompagnés de tonton Freud et de Sylvie Vartan : Qu'est-ce qui fait tourner le mondeuuuuuh ?

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Cinq leçons sur la psychanalyse

Un livre que j'ai lu pour mon travail avec empressement et conscience mais sans passion. La lecture en a été assez laborieuse et fastidieuse. Je trouve que cet ouvrage date et enfonce pas mal de portes ouvertes. Sans être particulièrement pudibonde je suis assez fatiguée de la vieille rengaine de Freud : oedipe, névrose, hystérie, hypnose, transfert, sexualité... Je ne suis sans doute pas faite pour la psychanalyse car je suis convaincue qu'il ne faut pas tout mélanger et que la sexualité n'est sans doute pas à la base de tous les problèmes. Un livre à réserver sans doute aux spécialistes et admirateurs inconditionnels de Sigmund Freud.
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Totem et tabou

Un livre qui m'avait été imposé lorsque j'étais au lycée et que j'ai voulu relire. Toutefois Sigmund Freud l'écrit lui-même : "Ce livre, tout en s'adressant à un public de non spécialistes, ne pourra cependant être compris et apprécié que par des lecteurs déjà plus ou moins familiarisés avec la psychanalyse". Cet essai est donc, et je le dis sans rougir de honte, assez complexe, ardu et demanderai pour des passages entiers une relecture car je ne suis pas psychanalyste. Un essai qui nous mène du tabou et du totem, jusqu'à l'interdit de l'inceste et au complexe d'Oedipe... Le mettre entre les mains de lycéens n'était-ce pas préjuger un peu de leur force, de leur maturité, et de leur aptitude à aborder la psychanalyse?
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Le Malaise dans la culture

Le Malaise dans la Civilisation est un des rares ouvrages de Freud où il déplace ses concepts du champ analytique au champ social. Ainsi, même ses plus fervents contradicteurs peuvent éventuellement y puiser quelques réflexions intéressantes. Par ailleurs, comparé à d'autres de ses œuvres, sa lecture est relativement aisé.



Petite parenthèse, on traduit parfois le titre du livre par le Malaise dans la Culture (en allemand Das Unbehagen in der Kultur), mais c'est bien de la civilisation (à la limite au sens de société) que Freud souhaite nous parler.

La culture, notion qu'il aborde dans son essai, y est vue comme un outil dont la société use pour assurer sa propre cohérence. Elle a deux finalités : protéger l'homme de la nature et réguler ses relations inter-personnelles. Pour Freud elle est avant tout un carcan nécessaire. Carcan car elle est basée sur du renoncement pulsionnel (on gros pour vivre ensemble on doit renoncer à pouvoir faire ce qui nous chante). C'est pourquoi certains individus manifestent de l'hostilité à son encontre, car ils éprouvent des difficultés à renoncer. En effet, dans le développement d'une personne son but ultime est le plaisir, l'insertion dans un groupe n'étant qu'un moyen. Au contraire, dans le processus culturel la finalité est la création et le maintient de la communauté, le plaisir des individus devenant secondaire. Cette cohésion est transmise par tout un discours, que l'on peut qualifier de morale et qui prend place, dans l'organisation psychique proposée par Freud, dans le Surmoi, symbolisé par le père (en tant que fonction) et qui se transmet de génération en génération. Le Surmoi est donc un puissant héritage culturel qui, au même titre que le savoir et la connaissance, évite à l'humanité d'avoir à tout recommencer du début à chaque fois.



Mais la simple coercition par la morale, les interdits, ne suffit pas pour assurer la survie de la civilisation. La société doit être en mesure de proposer des satisfactions substitutives aux pulsions : par le travail qui, lorsqu'il est librement consenti, est un moyen très efficace ou encore en permettant l'investissement dans des activités artistiques, scientifiques, dans lesquelles l'homme peut se réaliser. Cependant le moyen définitif de maintenir la cohésion sociale se situe, pour Freud, au-delà du simple intérêt économique, puisqu'il s'agit de l'amour. Si l'Eros, la pulsion sexuelle, est l’ennemie de la civilisation ce n'est pas le cas de l'amour "platonique", ce qu'il nomme l'amour inhibé quant au but. Le problème est qu'aimer l'autre n'est absolument pas naturel pour les êtres humains, animés de leurs pulsions libidinales et destructrices. D'où les discours religieux, du type "aimez votre prochain comme vous même". L'équilibre de la société est donc précaire, secoué en permanence par les soubresauts de la lutte entre pulsion de vie et pulsion de mort, source du malaise. Au final il n'est pas inenvisageable pour Freud, qu'à terme, la civilisation finisse par s'auto-détruire.



D'une certaine façon, le Malaise dans la Civilisation est un aveu de faiblesse de la part de Freud. Lui qui, avant la boucherie de la grande guerre, se faisait le chantre du caractère unique et personnel de l'inconscient (s'opposant sur ce point à Jung, qui voyait dans les différents textes sacrés l'expression d'un inconscient collectif), face à l'ampleur de la catastrophe se voit contraint de déplacer ses concepts de pulsion de vie et pulsion de mort sur le champ social. Autrement dit, je ne suis pas certain qu'il l'aurait fait sans l'avènement de la première guerre mondiale. D'un autre côté, on aurait également pu lui reprocher de rester sourd aux turpitudes de l'histoire s'il ne l'avait pas rédigé.



En résumé, cet essai bien construit et relativement accessible est, paradoxalement, une bonne porte d'entrée à l'oeuvre de Freud et porte la réflexion au delà des simples concepts psychanalytiques.



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Deuil et mélancolie

Contribution inspirée d’une conférence prononcée par Tausk en 1915, reprise et enrichie des considérations d’Abraham, enfin publiée en 1917 par Freud. On suivra le raisonnement qui nous permet de croire que la mélancolie n’a pas rien à voir avec le deuil.





Alors que le deuil est un phénomène naturel lié à la perte d’un objet (humain, idée, matériel), la mélancolie est un processus de deuil pathogène car lié à la perte d’un objet qu’il est impossible d’identifier. On pourrait dire qu’elle se manifeste comme deuil sans mort. Ce n’est pas étranger aux propos que tenait Kierkegaard lorsqu’il parlait de la perte originelle dont il se sentait la victime, et qui justifiait son indéfectible mélancolie.





Sigmund Freud n’en reste pas là et il essaie d’identifier la nature de cet objet mystérieux, perdu, pas identifié, malheureux. Il reste surtout étonné de ne rencontrer que des mélancoliques masochistes qui étalent avec une certaine complaisance leur haine et leur dégoût d’eux-mêmes. Après un peu de réflexion, Freud remarque que leurs reproches contre eux-mêmes pourraient aussi très bien, sinon mieux, s’appliquer aux êtres qui leur sont les plus proches, qu’ils aiment et haïssent à la fois. Le comportement pathologique serait une manière déguisée de faire éclater sa violence aux yeux du proche entourage :





« […] Les malades, habituellement, parviennent encore, par le détour de l’auto-punition, à exercer leur vengeance sur les objets originels et à tourmenter ceux qui leur sont chers par l’intermédiaire de l’état de maladie, après qu’ils se sont livrés à la maladie, afin de ne pas être obligés de leur manifester directement leur hostilité. »





C’est aussi une manière de ne jamais résoudre l’ambivalence des sentiments. On préfère retourner l’agressivité contre soi-même pour se dissimuler ce constat glaçant : j’ai mal choisi l’objet de mon amour. Et alors ? Dans ce cas, il suffirait de s’en détourner. Mais le mélancolique ne le peut pas car il a choisi narcissiquement son objet d’amour. Ainsi, s’il le répudiait à présent, il aurait l’impression de se renier lui-même, ce qu’il ne supporterait pas.





Sigmund Freud est bien conscient du caractère spéculatif de cet essai. Il le souligne dans sa conclusion. Il n’empêche, il fournit des pistes de réflexion stimulantes.

Bonus : ça se lit vite et facilement.
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Cinq leçons sur la psychanalyse

Cinq leçons sur la psychanalyse est un ouvrage de Freud qui comporte deux parties : la première concerne effectivement cinq "leçons", sous forme de retranscriptions de conférences que Freud a donné en 1909 à un congrès de non-psychanalystes à la Clark University ; la seconde partie est une ébauche d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.



La première leçon évoque les travaux de Freud et de Breuer sur les malades hystériques ; Freud met en particulier l'accent sur l'originalité de l'approche de Breuer : la cure cathartique, qui a pour effet de rendre conscient, en état d'hypnose, les affects non exprimés à l'origine des symptômes hystériques. Au travers du cas Anna O., Freud met en évidence l'existence d'une dualité conscient/inconscient, et explique la prémanence de l'inconscient sur le conscient.

La seconde leçon explique l'enjeu de la psychanalyse : permettre l'émergence de réminiscences en se passant de l'hypnose, méthode avec laquelle Freud ne s'est jamais senti à l'aise. En se passant de l'hypnose, le psychanalyste se heurte à des résistances, qui empêchent les réminiscences de remonter telles que à la conscience : il s'agit du refoulement, qui apparait comme un moyen de protéger la personne psychique. Mais la façon dont ces résistances se manifestent ont un sens en lien avec ce qui a été refoulé, au même titre que le symptôme lui-même, et peuvent trouver une issue au cours de la cure psychanalytique, par exemple par intégration, sublimation ou condamnation consciente.

La troisième leçon met l'accent sur le déterminisme psychique, déterminisme dans le sens où les symptômes, les rêves, les lapsus, les mots d'esprit, reflètent un état psychique qui peut s'analyser. Freud profite de cette leçon pour expliquer l'importance de l'analyse des rêves, et évoque les phénomènes de déplacement, de condensation et de substitution.

La quatrième leçon est centrée plus particulièrement sur le primat de la sexualité infantile et du complexe d'Œdipe, pierres angulaires de la théorie psychanalytique, et de leur place et rôle dans les névroses.

Enfin, la cinquième leçon met l'accent sur le but et la nature de la névrose : permettre une expression des contenus refoulés, ouvrir d'autres voies que celles du refoulement à la libido. Enfin, Freud explique ce qu'est le transfert, comment il intervient dans la thérapie psychanalytique et comment il peut être exploité.



Je ne peux que saluer la clarté des exposés de Freud concernant cette première partie, qui constitue une excellente introduction à ses travaux aux non-initiés. Pour ma part, j'ai trouvé que cette partie consistait essentiellement à résumer les ouvrages précédemment publiés de Freud (Etudes sur l'hystérie, L'interprétation des rêves, Psychopathologie de la vie quotidienne, Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient, Trois essais sur la théorie sexuelle, etc…). Comme j'ai lu ces ouvrages assez récemment, il s'agissait pour moi d'une version édulcorée et facile à lire d'ouvrages plus ardus mais aussi plus détaillés et donc passionnants.



J'ai en revanche beaucoup apprécié la "Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique" qui constitue la seconde partie de l'ouvrage, une sorte d'histoire de la psychanalyse vue par son fondateur.

Dans le premier chapitre de cette seconde partie, Freud expose les spécificités de la psychanalyse. En premier lieu, il explique ce qu'elle doit aux travaux de Breuer, Charcot et d'autres médecins et scientifiques. La psychanalyse nait de l'abandon de l'hypnose au profit de la libre association pour le traitement des névroses. Mais d'autres spécificités différencient bien vite la cure cathartique de la psychanalyse, et entérinent la séparation de Freud et Breuer, en particulier : la mise en évidence du refoulement, l'apparition des résistances, la théorie sexuelle infantile comme cadre de référence, l'importance de l'interprétation des rêves et leur utilisation pour la connaissance de l'inconscient. Freud évoque l'origine et l'évolution de sa théorie sexuelle infantile, qu'il identifie comme une source majeure de son isolement et du rejet de la psychanalyse par la communauté scientifique de l'époque.

Le second chapitre s'intéresse à l'essor de la psychanalyse et à sa diffusion dans le monde. Si dès 1902, de jeunes médecines comme Otto Rank le rejoignent pour apprendre et pratiquer la psychanalyse, c'est à partir du moment où commencent à se renforcer les liens entre l'Autriche et la Suisse au travers des relations entre S. Freud et C. G. Jung, à l'origine de la fameuse "Ecole de Zurich", que la psychanalyse commence à s'exporter. Si Freud estime que des divergences ont toujours existé entre "sa" psychanalyse et l'école de Zurich, c'est à cette dernière qu'il doit la diffusion de sa théorie notamment aux USA. Jung et Bleuler lancent, en coordination avec Freud, la première revue de psychanalyse en 1909, pendant que Freud se consacre à des travaux sur le rôle et le devenir des pulsions dans l'art, et publie en 1913 Totem et Tabou.

Enfin, dans le troisième et dernier chapitre, Freud explique comment il a été amené à choisir Zurich comme capitale de la psychanalyse et Jung comme chef de lisse de l'Association Psychanalytique Internationale. A partir de là, Freud passe en revue l'histoire des congrès psychanalytiques et des clans qui, dès lors, se forment et s'affrontent. Il évoque également l'année 1911, qui marque la rupture avec Adler et Jung, et donc avec l'école de Zurich. Si les désaccords sont théoriques, Adler et Jung réfutant le primat et la seule sexualité dans l'origine des névroses, Freud n'hésite pas à s'attaquer assez vertement à ces hommes avec qui il a travaillé, qui ont participé à l'avancée de la théorie psychanalytique, et qui étaient ses amis. Enfin, il évoque en quoi la psychologie jungienne est incompatible avec la théorie psychanalytique freudienne.



En conclusion, je rejoindrai les critiques précédentes. Les cinq leçons sur la psychanalyse sont un ouvrage abordable et complet pour s'initier à la théorie freudienne. La contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique permet de remettre la psychanalyse dans son contexte, du point de vue forcément partial de son fondateur, et d'en apprendre plus sur Freud, ses pensées, la façon dont il a vécu le début des années des 1900, et la façon dont il traite et interprète les personnes et théories qui ne vont pas dans son sens !

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Sur le rêve

La connaissance de soi est ce que je peux savoir de moi-même. Elle se fait d’abord par introspection : observation supposée directe, immédiate de mes états intérieurs, simple attention à moi-même.



Freud souligne la nécessité de passer par une interprétation : la connaissance de soi se fait par une voie indirecte, médiate, qui mobilise un raisonnement

Interpréter, c’est raccorder à une intention

L’interprétation est une tâche, une activité à poursuivreLe rêve,



Selon Freud, est la « voie royale » pour accéder à l’inconscient dont il postule l’existence

Le rêve est apparemment absurde, dénué de sens. Il se présente comme un enchaînement d’événements sans liens apparents



Pour interpréter un rêve, trouver son sens, il faut distinguer le contenu manifeste et le contenu latent.



Ainsi, le contenu manifeste est ce dont parle explicitement le rêve; le contenu latent est l’ensemble des pensées, désirs, etc. qui cherchent à devenir conscients mais qui subissent la censure du refoulement et sont donc transformés pour apparaître sous la forme du contenu manifeste.



Le travail d'analyse est l'inverse du travail du rêve. C'est le travail d'interprétation du rêve. Interpréter le rêve, c’est remonter du contenu manifeste au contenu latent. Mais comment faire?



Ce qu'il est donc important de retenir c'est que pour Freud, la connaissance de soi est nécessaire à la guérison et à l’équilibre de la personnalité. Il faut remonter aux idées inconscientes responsables de la souffrance pour les rendre conscientes et supprimer le conflit, ainsi que la division du sujet avec lui-même.
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De la psychanalyse

En ressortant ce livre pour le commenter, je constate d'abord une nécessaire correction : je n'ai pas lu l'introduction à la psychanalyse de Freud, mais bien "Textes choisis" de la Psychanalyse de Freud, par Dina Dreyfus. Comme je me souvenais que ce choix de textes, et la clarté de leur mise en perspective, m'avait semblé remarquable, j'ai recherché qui était Dina Dreyfus. Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre qu'il s'agissait de la compagne de mon bien-aimé Claude Levi-Strauss, notamment lors de ses expéditions d'avant guerre au Brésil, qui ont donné naissance à Tristes Tropiques. Résistante, philosophe et ethnologue, elle a largement contribué après guerre à moderniser l'enseignement de la philosophie, et ouvert la voie aux femmes dans cette discipline.

Je referme là la parenthèse biographique, qui me semblait intéressante au vu du peu de critiques la concernant sur Babelio.



Plus philosophe que (fin) psychologue, dans l'âme comme dans mes goût de lecture, je me suis vu confronté, comme beaucoup, à l'inquiétant docteur Freud (cf ses fameuses photos où il ne sourit jamais et ressemble à un inquisiteur sondant votre âme) en classe de Terminale. Mon excellent prof de philo tentait, respectant le programme académique, de transmettre à des élèves de classe scientifique, plus préoccupés par leur prochain DS de math que par sons cours, le triptyque imposé qui leur permettrait de rendre une dissert de philo passable au bac : l'allégorie de la caverne de Platon, le huis clos sartrien et... le découpage au scalpel de notre âme en moi, surmoi et ça par le Docteur Freud. Bien entendu, pour l'élève de classe scientifique, le danger de ruine menaçant notre science sans conscience naissante n'avait que peu de poids face à l'examen des coefficients relatifs de chaque matière au bac...



Bref, ma chance fut de tomber sur ce petit ouvrage de Dina Dreyfus présentant en 175 pages les mots mêmes de Freud, mais en quatre chapitre on ne peut plus clairs : qu'est ce que la psychanalyse ? Les concepts fondamentaux ; Domaines d'application ; la métapsychose. Ce faisant, l'ouvrage respecte les mots mêmes de l'auteur, mais dans une perspective philosophique qui compense le ton faussement scientifique et péremptoire de cette discipline naissante, inspirée par le positivisme ambiant de l'époque.



Depuis, j'ai pu découvrir de manière un peu moins superficielle les concepts freudiens, qui sont beaucoup plus riches que ce que pouvait donner à penser mes premiers enseignements . L''inconscient, les névroses, l'analyse des rêves... bien que partageant largement les critiques de la psychanalyse orthodoxe (Jung , bien sûr, mais aussi Winnicott, et aussi Pierre Janet et K. Popper) , il me semble juste de reconnaître que Freud a révolutionné la façon de penser l'humain, par sa théorisation des découvertes naissantes de ce début de XXème siècle. Il me faudra certainement approfondir tout cela à titre personnel pour prétendre faire une critique un tant soit peu pertinente de son oeuvre. En attendant, je recommande ce petit recueil de morceaux choisis de grands textes, et tenais à rendre hommage à la qualité du travail de Dina Dreyfus, qui mériterait que son nom figure au côté de celui de Sigmund Freud, sur Babelio et ailleurs.
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Introduction à la psychanalyse

'Introduction à la psychanalise' est un livre fort intéressant qu'on doit lire et relire tout le long de la vie pour mieux le comprendre, pour mieux comprendre le 'Moi' et l'altérité par rapport à soi, surtout le 'Moi'. Je me souviens quand on me parlait de Freud à l'école et on me disait qu'il n'était qu'un obsédé sexuel. Alors je m'interdisais de le lire, mais plus tard, à faculté, quand il était obligatoire de le lire, j'ai été fasciné par son intelligence et je lui donne raison quand il soutient que la sexualité est le noyau de la vie, quoique j'aies refusé alors de le voir. Mais de nos jours, cette vérité je la vois partout, tout autour de moi et dans le 'Moi', qu'il soit conscient ou inconscient! Il faut 'transformer l'inconscient en conscient'!

Voilà quelques extraits à retenir: 'le nourrisson est toujours disposé à recommencer l'absorption de nourriture, non parce qu'il a encore besoin de celle-ci, mais pour la seule action que cette absorpiton comporte(tout au long du sommeil) une expression béate' qui 'montre que l'action de sucer lui a procuré une satisfaction'(un plaisir). Dr Lindner a affirmé le premier la nature sexuelle de cet acte.

'Les deux sexualités, la perverse et la normale, sont dérivées de l'infantile.' Pas toujours ou d'habitude?

'la tâche du fils consiste à détacher de sa mere ses désirs libidineux, pour les reporter sur son objet réel étranger, à se réconcilier avec le père.'

Voir aussi 'le complexe d'Oedipe', 'le complexe parental', 'le complexe de castration' et l'idée de 'refoulement' qui sont fort intéressants etc.

'le moi cherche, à chaque étape de son développement, à se mettre en harmonie avec son organisation sexuelle, à se l'adapter.'

'Nous nous disons que celui qui a su, après avoir lutté contre lui-même, s'élever vers la vérité , se trouve à l'abri de tout danger d'immoralité et peut se permettre d'avoir une échelle de valeurs morales quelque peu différente de celle en usage dans la société.'

À relire! Bonne lecture!
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