Je ne vous ai pas oubliés - documentaire sur Simon Wiesenthal (extraits)
" À la fin, même les dictateurs doivent admettre que si l'on peut forcer le peuple à pleurer, personne ne peut le forcer à rire. "
Simon Wiesenthal à propos de l'échec de la section spéciale de la Gestapo à Varsovie chargée d'enquêter sur les origines et le succès des blagues politiques polonaises. Les SS ont "collectionné" et expédié des tonnes de ces blagues à Berlin, dans l'incapacité toutefois de fournir des répliques d'un niveau comparable.
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Mais là comme presque partout ailleurs, une minorité dominait sur la lâcheté et la passivité de la majorité.
Le pardon n'est pas une parole ou un geste sublime et magique, qui effacerait par enchantement ce qui a eu lieu, indifféremment des interlocuteurs et du contexte. C'est tout un travail que d'en rassembler les éléments , de les mettre en présence. Et le pardon demandé n'est pas le pardon obtenu. (Olivier Abel)
Le monde entier est au courant de l'assassinat de six millions de juifs, le monde entier évoque la tragédie du peuple juif - mais qui parle de la tragédie des Tsiganes, qui sait qu'un demi-million de Tsiganes sans doute ont péri dans les camps d'extermination ?
On peut s'en étonner : nous un peuple persécuté depuis deux mille ans, nous avons sous-estimé le danger des persécutions hitlériennes. En effet, le fait même que nous ayons assisté, mais surtout survécu, à tant de persécutions nous a donné le sentiment trompeur d'invulnérabilité.
Cette confiance, qui ne repose sur rien, a sans doute donné aux juifs d'Israël la force de construire cet Etat - mais elle a leurré les juifs d'Europe et les a entraîné à observer passivement le national-socialisme préparer leur extermination.
Au lieu de se défendre, au lieu de fuir au moins, les juifs pensèrent qu'ils arriveraient bien à s'arranger avec Hitler, Himmler ou Heydrich.
Ils avaient lu Mein Kampf et ne le combattirent pas.
Les médecins ont joué un rôle primordial dans la machine de mort du IIIe Reich. Dans les camps de concentration, ils ne se contentaient pas d'effectuer les sélections, ils étaient, pour la plupart, prêts à tuer de leur propre main. Ils définirent les "bases scientifiques" du programme d'élimination des "existences indignes d'être vécues", ils établirent les expertises concrètes, et participèrent personnellement aux assassinats commis dès avant la guerre dans des "maisons de santé" comme Hartheim ou Hadamar.
Contrairement à ce que s'imagine l'opinion publique allemande et autrichienne, Wiesenthal replace toujours scrupuleusement toute action dans le contexte où elle a été commise : pour lui, un membre d'un commando d'exécution, réuni pour l'occasion, qui a abattu dix juifs est moins coupable qu'un homme qui de son propre chef, sans aucune directive, a brutalisé un détenu au point de lui fracturer les membres.
La haine ravage nos esprits et ruine la vie des autres. Pardonner signifie briser le cycle de la haine (Matthieu Ricard)
Les femmes parlaient à tour de rôle, comme si une digue s'était rompue. "Dans le convoi, les enfants étaient toujours immédiatement sélectionnés avec le groupe des condamnés à mort, les camions qui devaient les emmener aux chambres à gaz étaient déjà prêts. Les mères voulaient porter leurs enfants mais Hermine ne les laissait pas faire. Elle les séparait brutalement. Et les femmes devaient monter seules dans les camions, et Hermine leur jetait ensuite les enfants comme des paquets. Généralement, c'était Alice qui l'aidait, une noble, une SS comme on les imagine, un mètre quatre-vingts, blonde, belle. Sa spécialité, c'étaient les jeunes filles: elle les frappait en plein visage avec son fouet, sur les yeux quand elle pouvait..."
Je sais dit le malade, qu'à chaque seconde des hommes meurent par milliers. La mort est partout maintenant, elle n'est ni rare, ni extraordinaire. Je me suis résigné à mourir bientôt.Mais avant, je voudrais parler de quelque chose dans ma vie qui me torture. Sinon, je ne pourrai pas mourir tranquille.