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Citations de Cédric Sire (619)


Les tiroirs coulissaient sans le moindre bruit, dans cette fluidité propre aux songes. Et dans cette implacable logique des rêves, David savait déjà que Kristel se trouverait dans le tiroir du milieu. C'était là qu'elle avait échoué, en fin de compte, installée au milieu des autres cadavres, tel un simple morceau de viande ouverte, empaquetée, numérotée. Il ne voulait pas voir ça. Il voulait que ce rêve cesse tout de suite. Mais le rêve continuait. Une odeur de gaz carbonique montait dans l'air. Un froid emplissait le corps de David, le paralysant. Il n'avait jamais fait de rêve d'un tel réalisme auparavant.
Le tiroir du milieu s'ouvrit à sont tour, et Kristel était bien là, paisiblement allongée à l'intérieur. Comme endormie, si ce n'étaient ses immenses yeux, deux ciels d'été fixement ouverts, qui reflétaient une totale incompréhension. Comme si elle se demandait "pourquoi" alors que la vie l'abandonnait.
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Le monde est déprimant.
Dévoré par la bêtise.
Tous ces gens attroupés, appâtés par la tragédie et la mort. Tous ces téléphones transmettant les images d'horreur en direct sur Twitter. Une maladie des temps, sans retour.
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- On devrait avoir peur de toi juste parce que t’es flic ? C’est ça ?
- Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je...
- Encore heureux !
Elle s’approche de quelques pas, le pistolet dansant au bout de sa main.
- T’en sais beaucoup sur nos affaires ?
- Peut-être, dit Salva sans la quitter des yeux. Peut-être plus que tu crois.
- Dommage que tu puisses le dire à personne, alors...
Salva frémit. Cette crétine est l’incarnation de la nouvelle délinquance. Aucun cerveau. Aucune limite. Pas le moindre recul vis-à-vis de ses actes, encore moins de faculté d’envisager leurs conséquences.
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Il venait d'avoir dix-huit ans, mais le juge n'a rien voulu entendre. Verdict : six mois fermes à la maison d'arrêt de Seysses. Depuis, Elie a conservé un pied dans les petites magouilles. La taule fait ça. Même quelques mois. Surtout quelques mois. Elle vous enchaîne à la lie de la société.
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Je suis sincèrement désolé Madame la procureur.
La femme balaya l'air d'un geste las.
- Pas de ça entre nous. Je sais bien que ce n'est pas de votre faute. Mais soyons clairs, c'est le sixième décès en quelques jours dans cette ville. Ce qui fait exactement six de trop. Çà s'agite en haut lieu. Mes fesses commencent à chauffer, c'est une sensation dont je ne suis pas friande. De vous à moi, est-ce que vous avez la moindre idée de ce qui se trame ?
Vauvert haussa les épaules.
-juste des suspicions personnelles. Je préfère creuser ces pistes avant de vous soumettre quelque hypothèse que ce soit. A ce stade, je crains de vous dire des conneries. Et je ne tiens pas à ce que ces conneries finissent en haut lieu avec mon nom en dessous, acheva-t-il, un sourire se dessinant sur son visage couturé.
La procureur éclata de rire.
-Vous ne changerez jamais hein ? c'est pour ça que vous restez le meilleur. Vous êtes saisi de cette enquête, cela va sans dire. Mais ne vous y trompez pas. Si mes fesses prennent feu, les vôtres seront carbonisées. Question de chaîne alimentaire. Ce que je vous demande cette fois, c'est de faire un miracle. Trouvez-moi un coupable, Alexandre.
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Tu ne t'ai jamais intéressé aux tortures que les laboratoires font subir aux animaux, hein? Tu devrais. Tu verrais ce que c'est que la vraie cruauté.
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Elle avait été assignée à un auteur de romans policiers du nom d'Olivier Norek, qui venait de se voir décerner un prix littéraire, et qui semblait connaître un succès fou auprès du public féminin. Il ne lui avait demandé qu'une chose : l'emmener faire la tournée des boîtes de nuit, en compagnie de plusieurs de ses collègues. Elles se souvenait de la consommation excessive d'alcool de cette joyeuse bande et de la bonne humeur permanente.
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La trahison, dit-on, est la plus violente quand elle vient de ceux en qui on a toute confiance.
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David songea, avec ironie, qu’il n’y avait pas que la folie et la mort qui étaient relatives. La réalité l’était tout autant. Tout dépendait de l’angle qu’on choisissait pour la contempler.


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Malko est comme ça, un accro aux sensations fortes, un drogué à l'adrénaline. Et sa musique est comme lui. Directe et entière, éclatante dans ses excès.
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Seules comptent les apparences. Elles sont tout ce à quoi on s’attache. Quand elles sont accablantes, elles deviennent des preuves.
Rassurantes et définitives.
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Tout ce que je veux - la vengeance
Tout ce dont j’ai besoin - la vengeance
Pardonner est divin
Mais la vengeance m’appartient


[Alice Cooper, « Vengeance is Mine »]
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Elle se souvenait encore de la tête de son père lorsqu'elle lui avait annoncé sa vocation, des années auparavant.
- Que je n'entende plus parler de ces histoires de mannequins, hein ? avait-il hurlé. C'est un milieu de droguées, de putes et de gouines, voilà ce que c'est ! Un fatras de vicieuses et de dégénérées ! Tu veux nous faire honte ou quoi ?
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...Et toi qui aimes tant les vampires,
je te signale que le tueur en série,
c'est l'image du vampire moderne,
débarrassé des niaiseries à l'eau de rose !...
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Rester à l’affût.
Dans la boue, la poussière ou les flaques.
Armes à la main. Tous sens aux aguets.
Se préparer à tuer. Encore.
Un peu plus à chaque opération.
...
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Rester seule est le mieux.
Juste avancer.
Sans se retourner.
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Certaines personnes sont simplement destinées à être aimées, qu'elles le méritent ou non, tandis que d'autres - parfois celles qui désirent le plus réussir leur vie, et qui se donnent tant de mal pour y parvenir - seront sans cesse foulées aux pieds par tout le monde.
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Puis il se tourne. Il se trouve face au miroir de l’entrée, qui a miraculeusement échappé au carnage et qui renvoie en cet instant son image comme une erreur dans la trame de la réalité. Même en le devinant au sein de la pénombre, quiconque poserait les yeux sur cette silhouette la trouverait beaucoup trop mince. Une anomalie. Son visage imberbe est d’une pâleur cadavérique, dépourvu de la moindre expression.
Le visage de la mort.
Implacable. Inéluctable.
Le spectre parfait son apparence en déposant un chapeau rond et noir sur son crâne. Pour mieux se fondre dans la nuit.
Pour mieux effrayer ceux qui doivent à présent payer.
(...)
Il bouge à nouveau, s’efface comme il est apparu. Sans un bruit. Sans une trace.
Tel le vent faisant à peine frémir les rideaux.
Juste ça. Un mouvement.
La vengeance qui se lance.
Maintenant.
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Manon savait qu'on arrêtait pas les cauchemars.
Ni maintenant, ni jamais.
Essayer de les affronter ne faisait que les rendre plus forts.
Essayer de remonter leur piste ne pouvait que ramener aux territoires insaisissables de l'âme et à la nuit absolue, insondable, dont ils étaient issus.
Insidieux.
Instoppables.
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L'odeur de la mort le cherche. Elle le suit, oú qu'il aille, il le sait maintenant.
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