AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sony Labou Tansi (161)


J'ai peur quand ça se tait. Quand ça ne parle que dedans. L’intérieur est plus impitoyable que le déhors
Commenter  J’apprécie          550
Sony Labou Tansi
Nous sommes au pays de la lutte. Il faut oser marcher. Ou crever.
Commenter  J’apprécie          481
Les routes allaient dans trois directions, toutes : les femmes, les vins, l'argent. Il fallait être très con pour chercher ailleurs. Ne pas faire comme tout le monde, c'est la preuve qu'on est crétin "... Tu verras : les trucs ne sont pas nombreux pour faire de toi un homme riche, respecté, craint. Car, en fait, dans le système où nous sommes, si on n'est pas craint, on n'est rien. Et dans tout ça, le plus simple, c'est le pognon. Le pognon vient de là-haut. Tu n'as qu'à bien ouvrir les mains. D'abord tu te fabriques des marchés : médicaments, constructions, équipements, missions. Un ministre est formé - tu dois savoir cette règle du jeu - , un ministre est formé de vingt pour cent des dépenses de son ministère. Si tu as de la poigne, tu peux fatiguer le chiffre à trente, voire quarante pour cent. Comme tu es à la Santé, commence par le petit coup de la peinture. Tu choisis une couleur heureuse, tu sors un décret : la peinture blanche pour tous les locaux sanitaires. Tu y verses des millions. Tu mets ta main entre les millions et la peinture pour retenir les vingt pour cent.
Commenter  J’apprécie          440
On ne brûle pas la dictature, c'est elle qui brûle.
Commenter  J’apprécie          290
C'était l'année où Chaïdana avait eu quinze ans. Mais le temps. Le temps est par terre. Le ciel, la terre, les choses, tout. Complètement par terre. C'était au temps où la terre était encore ronde, où la mer était la mer - ou la forêt... Non ! la forêt ne compte pas, maintenant que le ciment armé habite les cervelles. La ville... mais laissez la ville tranquille.
- Voici l'homme, dit le lieutenant qui les avait conduits jusqu'à la Chambre Verte du Guide Providentiel.
Il avait salué et allait se retirer. Le Guide Providentiel lui ordonna d'attendre un instant. Le soldat s'immobilisa comme un poteau de viande kaki. La Chambre Verte n'était qu'une sorte de poche de la spacieuse salle des repas. S'approchant des neuf loques humaines que le lieutenant avait poussées devant lui en criant son amer "voici l'homme", le Guide Providentiel eut un sourire très simple avant de venir enfoncer le couteau de table qui lui servait à déchirer un gros morceau de la viande vendue aux Quatre Saisons, le plus grand magasin de la capitale, d'ailleurs réservé au gouvernement. La loque-père sourcillait tandis que le fer disparaissait lentement dans sa gorge.
Commenter  J’apprécie          250
Moi qui vous parle de l’absurdité de l’absurde, moi qui inaugure l’absurdité du désespoir — d’où voulez-vous que je parle sinon du dehors ? A une époque où l’homme est plus que jamais résolu à tuer la vie, comment voulez-vous que je parle sinon en chair-mots-de-passe ? J’ose renvoyer le monde entier à l’espoir, et comme l’espoir peut provoquer des sautes de viande, j’ai cruellement choisi de paraître comme une seconde version de l’humain — pas la dernière bien entendu — pas la meilleure — simplement la différente. Des amis m’ont dit : « Je ne saurai jamais pourquoi j’écris. » Moi par contre je sais : j’écris pour qu’il fasse peur en moi. Et, comme dit Ionesco, je n’enseigne pas, j’invente. J’invente un poste de peur en ce vaste monde qui fout le camp.

Avertissement
Commenter  J’apprécie          240
Nous venons au monde pour nommer : gare à qui nommera sa perte ou sa honte. Je pense au temps où lui et moi étions nous. L’ardeur de nos peaux. Le souffle d’amour. L’odeur magnifique du monde fortement collé aux choses. Les chairs allumées au feu d’une commune folie, posées sur un commun espoir. Maladroitement. Et le temps qui lèche le tout .
Commenter  J’apprécie          190
Les mots me charment
Me font signe
Et demandent que je leur trouve
Du travail
A n'importe quel salaire -
Les mots viennent en foule
Sous ma plume
comme des prolétaires
Les mots revendiquent
leurs droits à la parole
et veulent établir la dictature
des mots sur la vie -
Il leur faut quelqu'un qui les comprenne
qui les prenne
à son service -
Hélas ! Je ne suis pas celui-là
Les mots croisent les mains
S'assoient et s'endorment
aux pieds du poète
Qui seul connaît leur valeur
Les mots vont mourir si quelqu'un
ne les remue pas à temps -
Les mots sont du silence qui parle -
Des bulles de silence qui parlent.

Commenter  J’apprécie          170
Toute mon écriture est une manière de dire cette chose. C’est dingue d’être amoureux de l’humanité mais je le suis et j’en suis fier. Fier, avec mes trois peurs. Elles s’imposent à moi comme à tous les humains : la peur de finir en tant qu’être, mais aussi en tant qu’espèce, peur de l’égarement et enfin peur de l’inutilité. Et puis, malgré tout, une certaine peur de la parole. Je dis bien peur de la parole et non honte. D’une manière ou d’une autre, il m’est possible de répondre à toutes les questions qu’on pourrait me poser sur mon verbe en une seule et unique phrase : je suis écrivain, que voulez-vous que j’y fasse, les choses viennent du ventre. Parce que le ventre demande un peu de place sur notre terre en question. Parce que les gens semblent ignorer que c’est de la viande que nous vient la vie…
Commenter  J’apprécie          160
Je n'ai plus peur de mourir. Je croyais que la mort était trop ample pour moi. Non. Elle était à ma taille.
Commenter  J’apprécie          150
Faute de créer une communauté homogène, notre monde deviendra de plus en plus le théâtre d'ensembles de modes de penser, de vendre et d'acheter.
Commenter  J’apprécie          130
En fait on est souvent tenté de penser que le coeur ne compte pas devant la raison. J'ai moi la conviction que c'est le coeur qui nous ouvre à la sagesse et l'intelligence. Il faut avouer hélas qu'en notre siècle de fou, la sagesse et l'intelligence ne sont pas à la mode. (...)Mais tout le monde affectionne les attitudes intelligentes. Tout le monde veut passer pour sage, intelligent, cultivé, surcultivé, extracultivé... supercultivé.
Commenter  J’apprécie          110
On avait demandé à Dieu de donner l'amour et la paix. Bâtardise! On demandait à Dieu de faire le boulot des hommes, comme si les hommes avaient jamais essayé de faire celui de Dieu.
Commenter  J’apprécie          100
L’enfer ! L’enfer ! Ne cherchons plus, nous avons trouvé : l’homme a été créé pour inventer l’enfer. Qui aurait osé autrement ?
Commenter  J’apprécie          100
la propreté chasse les maladie de la peau
Commenter  J’apprécie          100
Les nuages qui, chaque matin, se brossaient les dents du côté de l’océan semblaient répéter ce mot de douleur « Saudades ».
Commenter  J’apprécie          90
Tu comprends. L'Indépendance de la France. Oh mon Dieu. L'Indépendance ça se mesure par ce qu'on est capable d'en distribuer.
Et c'est malheureusement vrai.
Commenter  J’apprécie          90
Je sais quant à moi que l'on ne peut pas produire de l'art engagé, c'est l'art qui produit des engagements.
Commenter  J’apprécie          90
les Français veulent creuser l'uranium à Valanta
- Combien ils nous donnent ?
- 11%
- Qu'ils donnent 29%
- les Italiens veulent pêcher au large de Watangotta
- Combien pour cent?
- 21...
- Non, qu'ils donnent un poisson pour trois
- Les Russes cherchent le pétrole à Moudan
- Pas question: ils sont trop bêtes
- Mais monsieur le Président...
- J'ai dit pas question
Commenter  J’apprécie          90
Tu sais, ma sœur… Oui, cette sève, cette plante, cette liane, ce champignon, cet insecte. Et il y a le grand arbre qui garde les voix des ancêtres. L’autre arbre qui garde la voix des morts qu’on n’enterre pas. La pierre qui parle. Le lac aux poissons cuits.
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sony Labou Tansi (224)Voir plus

Quiz Voir plus

''Shutter Island'' de Dennis Lehane

Qui est le narrateur du prologue ?

Teddy
Dr Lester Sheehan
Rachel
Chuck Aule

9 questions
362 lecteurs ont répondu
Thème : Shutter Island de Dennis LehaneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}