Loin des approches qui voient dans le précariat une réalité alternative au salariat, nous voudrions insister sur le fait que les différentes sources de précarité font partie intégrante de celui-ci et réfléchir, dès lors, à la façon dont la production de solidarités et de forme de stabilisation ont été des enjeux de lutte dans l’histoire du salariat
La perception commune de l’activité protestataire et revendicatrice des salariés dépend, en effet, de représentations politiques et médiatiques qui en biaisent l’analyse
Cette hausse de la conflictualité rompt enfin avec les visions pacifiées du monde du travail tant elle rappelle que les antagonismes sociaux sont loin de disparaître sous l’effet conjugué des restructurations sectorielles et de la transformation des modalités des gestion de la main d’œuvre. Au contraire, les conflits s’imposent comme une dimension toujours structurante des rapports productifs
Il s’agit, d’une part, de soumettre les idées reçues, véhiculées par les discours médiatiques et politiques, à un examen critique, pour accéder à une connaissance plus précise de la conflictualité au travail et de son évolution. Il s’agit, d’autre part, de montrer son importance pour la compréhension des rapports de domination et des résistances qui traversent les mondes du travail.
Le repérage des conflits n’est évidemment pas une opération neutre, il est en lui même un enjeu de luttes
la précarité soit bel et bien vue comme un problème, que l’invisibilité sociale qui rendait possibles les formes d’accommodement cède la place à la perception d’un impératif d’organisation des précaires
la manière de construire, de reconnaitre et de caractériser un conflit collectif ne va pas de soi, mais relève d’un jugement subjectif situé socialement et temporellement