Ils étaient en proie à l’excitation de leur première nuit dans la prison. Ils avaient été sélectionnés pour la nouvelle émission de télé-réalité et ils étaient ivres de cette toute nouvelle sensation qu’ils éprouvaient. Une effervescence médiatique, un sentiment de réussite et de succès. Ils allaient être célèbres, ils allaient devenir des stars. Le rêve de toute une vie pour beaucoup d’entre eux.
Les distractions au sein de l’établissement pénitentiaire étaient plutôt limitées. En dehors de la salle de sport, ils n’avaient accès qu’à une grande armoire remplie de jeux de société et de cartes à jouer. Pas de télévision, pas d’internet, pas de téléphone. Aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur. Aucune possibilité de prendre connaissance des actualités. Ils étaient temporairement exclus de la société et de toutes ses indispensables technologies.
Il n’avait jamais posé les mains sur une femme et il sentit alors un désir si fort qu’il fut incapable du moindre mouvement. Quelque part, pas loin, il y avait des hommes prêts à le tuer d’une balle dans la tête. Alors il ne cessait de se demander pourquoi il ne retirait pas cette fichue main. C’était la meilleure chose à faire pourtant. Il le savait parfaitement bien. Elle comprit ce qui se cachait derrière les gestes maladroits du jeune homme, derrière sa peur qui l’avait figé. Il était comme tiraillé entre son envie de poursuivre cette découverte corporelle et repousser la jeune femme pour plonger dans la mer et s’enfuir à la nage. Pourtant, la passion l’emporta et même s’il avait, à ce moment, une peur surréaliste de se faire tuer comme ses camarades, il lui fit l’amour comme si sa vie en dépendait.
Elle se balança frénétiquement d'avant en arrière sur le fauteuil d'osier qui grinça bruyamment, tout en serrant fermement contre elle sa précieuse poupée enveloppée dans un linge brodé.
Son train de vie ennuyeux l’avait conduit à rencontrer des femmes sur internet. Au début, cela semblait être une excellente idée. Il passait ses soirées à discuter avec de charmantes personnes sur son ordinateur, mais à chaque fois qu’il avait tenté d’aller plus loin, en proposant des rendez-vous, très souvent, personne ne se présentait. Une femme lui avait même avoué un jour, être en réalité un homme.
Ma mère était une femme opportuniste et très désagréable. Elle s’était mariée très jeune pour fuir un monde de misère. Elle-même n’avait pas été désirée et très souvent dans son enfance son père, un sale ivrogne que je n’ai pas connu, a abusé d’elle.
Mais elle a été dotée à la naissance d’un cadeau que je n’ai pas eu la chance d’avoir. La beauté.
Ma mère était une femme splendide, rayonnante de grâce et naturellement belle. Et ce fut un atout pour elle. Elle put ainsi se marier à un homme fortuné et quitter ses parents.
Elle roulait un peu plus rapidement que d’habitude. Son compteur indiquait les quatre-vingt-dix kilomètres à l’heure, alors qu’en général, elle ne dépassait jamais les quatre-vingts, de peur qu’un chevreuil ou qu’un sanglier ne traverse la route sans prévenir. Si cela devait arriver, lequel de Louise ou de l’animal s’en sortirait ? Cette idée lui donna la chair de poule car étant donné l’état de sa voiture, elle doutait de s’en sortir indemne. Il y avait quelques jours de ça, des lapins avaient bondi sur la chaussée à toute allure, surprenant Louise, qui dans un moment de panique, avait braqué le volant si violemment qu’elle s’était retrouvée au bord du fossé, dangereusement penchée, son véhicule prêt à tomber. L’espace d’un instant, elle avait bien cru que sa voiture ferait des tonneaux, mais elle la contrôla de justesse. Même si elle savait que contrôler, n’était pas le mot exact. Les mots « accident de la route, assurance et gros problèmes » avaient résonnés dans sa tête aussi forts qu’un tambour qui palpite au rythme de ses battements de cœur, et elle avait stoppé le moteur pour permettre à son corps un repos bien mérité.
Il finit par croire que l’humain avait fini par perdre toute sincérité. Il vivait caché derrière un écran, pensant être invisible aux yeux du monde, intouchable, en sécurité et pouvant ainsi laissé libre court à ses fantasmes, sans se soucier des conséquences.
L’amour et la tendresse d’une mère sont deux choses qui m’ont manqués durant mon enfance. Malgré tout, je n’ai jamais réclamé le moindre câlin, ni le moindre bisou. Par pudeur et surtout par orgueil. Je voulais lui montrer que j’étais aussi forte qu’elle et que je n’avais que faire de toutes ces marques d’affection, même si au fond de moi je brûlais d’envie d’être prise dans ses bras, et d’être bordée le soir. Vous n’imaginez pas le nombre de fois où je me suis faite mal et ou j’ai dû refouler des torrents de pleurs car je savais que personne ne m’aurait consolée.
Ce n’est qu’une implacable, une bonne à rien qui passe plus de temps à fouiner dans mes placards plutôt qu’à nettoyer. Une vraie paresseuse et je ne me suis pas privée de le lui rappeler à chaque fois que j’en ai eu l’occasion. Alors j’imagine bien qu’elle me déteste. Malgré tout, elle est toujours restée à mon service. C’est une femme qui a ses qualités et la loyauté en fait partie.