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4.21/5 (sur 47 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Fort-de-France, Martinique , 1968
Biographie :

Stéphane Arfi est un journaliste, écrivain et scénariste français.

Il a publié aussi sous le pseudonyme de Ivy Edelstein un récit, "Devance tous les adieux" (2015).

Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris en 1989, il est titulaire d'une licence en droit et en sociologie politique de l'Université Paris I - Panthéon-Sorbonne.

Il commence sa carrière comme journaliste politique au sein du service France de l'AFP, il intègre en 1990 le service "politique intérieur" de "L'Express" tout en collaborant à diverses revues de sciences sociales. Il quitte "L'Express" en 1991.

Sa passion pour le journalisme et le sport de haut niveau l'amène, entre 1991 et 1996, à devenir grand reporter à "Wind Magazine" (Groupe Emap, Mondadori France), revue du monde du nautisme. Il reçoit en 1995 à Honolulu pour l'ensemble de ses reportages écrits le prix Ala Moana Reports, remis par le surfer Hawaïen Tom Pohaku.

Devenu rédacteur en chef au sein du groupe Hachette Filipacchi Médias, il y a notamment conçu un magazine féminin, avant de diriger la rédaction de Web Magazine (Prisma Presse).

Il est, depuis novembre 2012, directeur de la rédaction et éditeur de "Bonheurs magazine", magazine généraliste féminin de psychologie et de littérature édité par les Éditions Balisier.
Il dirige également le magazine de protection animale "Animaux Bonheur", qu'il a créé en 2015 et pour lequel Brigitte Bardot et Yolaine de la Bigne signent une chronique régulière.

Écrivain, il est lauréat de Festival du premier Roman de Chambéry 2018 pour "La vie magnifique de France Dragon" (Grasset, 2017), récit initiatique et singulier d'un enfant mutique qui traverse la guerre et la France des années 40.

En 2018, il a signé son deuxième roman, "Trois jours à Jérusalem" (Éditions Jean-Claude Lattès).

Stéphane Arfi vit en Ille-et-Vilaine.

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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Mon fils bien-aimé il y avait des immeubles autour de nous les képis ils nous disent c'est le vent du printemps qui souffle sur vos têtes d'étrangers sur vos têtes d'envahisseurs de sales étrangers mais je ne suis pas étranger je leur dis votre pays c'est mon beau pays ça les fait rire les traîtres ils me disent toi t'as pas vu comment tu écorches les mots tu vas travailler dans ton ancien pays ils prennent mes papiers ils prennent mon argent il faut attendre attendre quoi je te cherche toi ta mère il y a des enfants seuls des enfants dans la boue sur la paille mouillée des enfants qui tournent en rond dans la cour ils crient ils appellent toutes les nuits il fait chaud des femmes elles se jettent du quatrième étage je leur ai donné tout mon argent ils me donnent un reçu des hommes ils veulent creuser un tunnel dans les caves pour s'évader je cherche ta mère elle n'est pas là toi tu es dans l'armoire les voisines elles sont venues te trouver dans l'armoire elles ont dû te trouver derrière la planche magique il fait froid les semaines les nuits mourir ici non je préfère partir pour pitchipoï plutôt que surveillé ici par ces salopards pitchipoï ils me disent les enfants on va à pitchipoï maître c'est quoi pitchipoï la fiche mauve ils me la tendent ils me frappent va raser ta barbe aussi sinon tu pars pas les camarades ils chantent ce n'est qu'un au revoir mes frères les enfants me demandent c'est quoi pitchipoï maître je leur dis pitchipoï c'est une toute petite place où les enfants sont des rois et les adultes sont à leur service du soir au matin ils sont contents les enfants je les regarde boire dans leur boîte à sardines ils pleurent ces enfants pourquoi ils nous font ça ces traites on va à la gare le départ on s'entasse dans des trains comme du bétail comme des bêtes les seaux d'eau vides on étouffe les uns sur les autres on va faire de l'agriculture on va travailler on voit rien à travers ces wagons une maman elle se laisse mourir sa fillette elle me regarde je la prends dans mes bras l'arrivée la nuit un froid de canard les chiens aboient les coups de crosse les coups de gourdins sur nos dos sur nos têtes ils font les séparations les hommes bien portants d'un côté les femmes enfants vieux de l'autre côté nous on va travailler on va en rang par cinq la fillette elle est partie dans ces camions ils s'en vont mais où ils s'en vont nous on avance leurs chiens ils nous mordent celui qui parle un coup de gourdin celui qui regarde un boche dans les yeux un coup de crosse des cris partout des hurlements on entre dans ces écuries dans ces blocs vous êtes en quarantaine ils nous disent où tu es mon fils bien-aimé es-tu sorti de l'armoire ta maman elle est où dans le froid de canard la douche glacée les vêtements si sales les affaires d'un autre à enfiler les numéros sur le bras comme des moutons rasés rayés on marche par cinq le matin l'appel les pierres qu'on porte pour les poser là ou bien là pourquoi ces pierres on les porte on travaille comme ça trois jours comme ça dix jours les malades ils tombent celui qui les relève une balle dans sa tête un bol de soupe pour trois je ne sortirai pas de cet endroit on porte des pierres glacées j'entends de la musique le matin de la belle musique le soir comme des moutons rasés rayés on marche par cinq je vais mourir ici dans mon ancien pays on est des morceaux de bois des moins-que-rien les couvertures remplies de poux qui grouillent ce bruit ce bruit qui n'arrête pas si tu savais ce qu'ils m'ont fait mon fils bien-aimé ces ignobles ces fils de putains on se bat pour un bout de pain moisi tenir une nuit de plus il a voulu s'évader lui ils le pendent devant nous trouver mes chaussures pour l'appel retirez bonnets attention mettez casquettes les rats ils courent dans les blocs ils sont énormes ils rongent les mourants on racle les fonds des seaux de soupe avec une cuillère les fantômes du bloc ils me demandent de prier pour eux prie pour nous maître il me dit mon voisin de lit il pue mon voisin parce qu'il meurt à côté de moi pousse-toi mon voisin tu es malade retirez casquettes mettez bonnets on me désigne toi tu changes de bloc ils me disent toi tu vas à l'unité spéciale dans une usine je suis condamné ils me liquideront c'est sûr on est des morceaux de bois les camarades ils me disent tu as de la chance tu vas à l'usine c'est quoi l'unité spéciale je ne sais pas je vais dans cet endroit le matin ils me font travailler des heures des heures des heures des heures des heures ils hurlent creusez cette fosse creusez plus vite creusez cette fosse avec vos pelles pourquoi cette fosse pourquoi creusez des coups de bottes dans nos ventres des coups de matraque de nerf de bœuf de trique sur ma tête on tire des cadavres entassés dans une grange des cadavres on les porte on les traîne on les jette dans cette fosse on brûle les cadavres des dizaines des dizaines de cadavres de femmes d'hommes d'enfants de vieux dans cette fosse certains camarades ils se jettent dedans avec tous ces gens morts les camions arrivent des familles entières ils sont calmes ils sont fous de peur je travaille là c'est l'unité spéciale les camions ils arrivent tout le temps je travaille là où on brûle maintenant je leur tiens la main ils sont courageux ils hurlent de peine ils se déshabillent dans une grande salle ils savent dans leurs yeux je le vois ils vont mourir ils se déshabillent il en arrive tous les jours hommes femmes enfants ils les gazent nous on les tire on les traîne on les brûle dans les fours ça les fait rire ces fumiers de nous voir faire ça ces ordures ces bêtes cruelles ces ignobles chiens à deux pattes ces sanguinaires je fais ce travail tout le monde devient fou moi je travaille devant le four des heures des heures des heures des heures mais dieu ne me rend pas fou je prie dieu chaque soir après le travail ils me liquideront ne deviens pas fou ne pense pas ne ressens rien tu vois c'est facile je suis dans mon ancien pays il fait si chaud je prie je ne pleure pas je ne comprends pas ce que je vois je ne comprends pas ce que je fais je suis un automate les camions arrivent femmes enfants vieux jeunes bébés ils me demandent prie pour nous prie pour nous rebbe je vois que je ne meurs pas mes bras ils lèvent soulèvent tirent traînent ils jettent dans le four mes bras ils agrippent mes bras mon corps ne meurt pas le corps il ne veut pas mourir mon fils bien-aimé ton père ne meurt pas je ne pense plus rien je pense à toi à ta maman prie pour nous maître taisez-vous mes camarades je prie en silence mes yeux sont secs un cadavre ça ne me fait plus rien ils vont me liquider ils gazent on brûle tous ces gens ils se déshabillent ils sont pleins de vie dépêchez-vous il leur dit le boche en montant sur un banc n'ayez pas peur après la douche vous aurez un thé chaud si vous vous dépêchez ils en tuent des milliers des milliers des milliers femmes bébés enfants hommes jeunes vieux nourrissons fillettes garçonnets des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers des milliers femmes bébés enfants hommes jeunes vieux nourrissons fillettes garçonnets des milliers des milliers j'ai un numéro sur le bras on est l'unité spéciale on fait ce qu'on fait je suis un automate je brûle notre peuple ces âmes en fumée ces belles âmes qui me regardent de leurs yeux qui savent je connais la vérité je ne peux pas leur dire à ceux qui vont mourir sinon les boches ils me jettent vivant dans le four ils se déshabillent mes sœurs mes frères je ne te répondrai pas mon frère je ne te dirai pas que tu vas au gaz ça va aller ma sœur ne t'inquiète pas ma sœur serre tes enfant contre toi ils regardent les chiens les porcs les fils de putains ils regardent ils sont contents les camions viennent de toute la terre ils vident notre peuple de toute la terre dans ces fours tout notre peuple mon fils bien-aimé il n'y a plus de trains soudain aucun camion ils nous liquideront demain ils liquideront toute l'unité spéciale il faut se révolter ou c'est la mort c'est plus rien la mort plus rien du tout les coups de bâton plus rien les coups de gourdin de fouet sur les femmes elles saignent courage mes sœurs elles se déshabillent elles sont fières elles sont belles elles vont au gaz mes sœurs les corps un amas de corps nus dedans dehors dans les champs brûlés les cris des oies qui couvrent les cris de mes sœurs les oies elles couvrent les cris de mon peuple ces oies maudites qui crient dans la nuit je cherche ta mère je te cherche il faut nous révolter faire une action personne ne viendra nous sauver aucune reine ne viendra nous sauver il faut que je retourne là-bas chez nous dans notre beau pays je veux me venger je veux les tuer ces ignobles ces barbares ces assassins je veux venger mes frères mes sœurs tu n'as pas gardé tes cheveux longs mon fils bien-aimé c'est bien ils te les ont coupés ils sont gentils avec toi ici.
P161-162-163-164-165-166-167
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Mais si on se décide à écrire, l'amigo, on donne pas dans la carte postale, mon Dieu non, faut y mettre sa rengaine, Môssieur, et aller bite au vent direction la Vérité ! Et la Vérité, tu la trouveras pas à la fête à Neu-Neu en te bâfrant de roudoudous... elle est dans la souffrance, la Vérité ! Elle est chez les malades, chez les persécutés ! les pillés ! les soumis !... les salis ! les avilis ! les bannis ! les calomniés ! les miséreux ! les ruinés ! les liquidés ! les infectés ! les naufragés ! les reclus ! les proscrits ! les cramoisis ! les damnés ! les frelatés ! les emboucanés ! les avortés ! les tarés !... oui les tarés, les tarés comme moi et tarés de père en fils avec ça !... Un peu qu'elle est dans la souffrance, la Vérité !... et elle est dans la peur aussi... Oui, dans la bonne grosse peur qui traverse les yeux du gamin éduqué à coup de torgnoles... et dans le regard du chien de traîneau qui veut pas tomber dans la crevasse... Elle est partout où ça pue, la Vérité... fosses poisseuses.... pissotières chiasseuses... et elle est dans la MORT, la vérité ! Voilà ce que je pense au fond du fond :dans la mort elle est, la Vérité !
P192+193
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Les pensionnaires adoraient rivaliser pour gagner des points et des prix. Les bons Pères rangeaient les meilleurs pensionnaires dans le clan des A (ils étaient 20, classés de 1 à 20), et des B (ils étaient 23, classés de 21 à 43). Ceux qui avaient très peu de points ou pas de point du tout étaient dans le clan C (ils étaient toujours 2, classés de 44 à 45). Les A détestaient les B, qui le leur rendaient bien. Mais sitôt qu'un B gagnait des points (ce qui lui permettait de rejoindre les A), ce dernier détestait aussitôt les B plus encore que les A l'avaient détesté quand il n'était qu'un B.
Dans chaque clan, il y avait un chef et un sous-chef.
Les A et B étaient toujours d'accord sur une chose : ils se fichaient bien des C, dont j'avais été nommé sous-chef le jour de mes seize années de jours.
P154
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Je ramassais juste mon cœur de pierre devant mes pieds (c’était un cœur de pierre blanc comme un renard blanc si futé qu’il attraperait par la peau du cou les chiots, chatons, poules, coqs, et tous les poussins étrangers comme nous) et je le lançais par la fenêtre, ce qui faisait tout en bas de La Petite Place un vacarme plus grand et des tas de petits vacarmes plus petits autour, avec des reflets transparents sur les côtés.
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Ah, le monde est un curieux endroit pour l’homme, condamné à n’entendre, ne voir et ne rien ressentir de ce que voit, entend, ressent son semblable. Ainsi sommes-nous renvoyés à notre impuissante solitude, jusqu’à ce que la destinée nous anéantisse.
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Sa bouche tremblait au milieu de sa barbichette picorante qui sanglotait de larmes scintillantes. Dans ma tête, je récitais du faux charabia moelleux à Dieu-fâché pour que Tateh ne déguerpisse pas avec les Képis et le Sans-Képis. Je le regardais tellement Tateh. Il était beau. Il me regardait à travers ses larmes scintillantes. Il replaça la planche magique et la colline d'habits gris, car quelqu'un hurla dans la ruelle alentour. Les deux moitiés de Képis attrapèrent Tateh par la peau du cou et ils l'apportèrent devant la porte d'entrée.
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– Pour vivre, me dit-elle, il ne faut pas se sauver de quelqu'un ou de quelque chose, il faut de sauver de tout.
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Tout le monde veut être heureux, n'est-ce pas, et celui qui souffre plus que tout autre !
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"Mon père a aimé ma mère comme un enfant perdu. Un matin, elle a décidé de ne plus partager sa vie et elle a quitté la maison dans un grand soupir de soulagement, nous laissant seuls avec lui. Il avait quarante-huit ans. Quelques mois plus tard, il avait cent ans. D'hôpital psychiatrique en cures de sommeil, il s'est effondré comme une vieille bâtisse, lui qu'enfant je voyais en château-fort imprenable".
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La patience, c'est l'angoisse qui sait enfin respirer.
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