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Critiques de Stéphane Servant (1152)
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Le masque

"Mais, où sont les masques ? On cherche à savoir, face au virus qui menace, où sont les masques..." Chantait Patrick Juvet.





Dans ce livre étrange, petit frère a trouvé un masque blanc...





"Il n'y a plus de masque, même aux urgences, tout le monde craque, face à l'arnaque.

On cherche à savoir où sont les masques, les masques, les masques"





Petit frère n'a pas un masque de carnaval, chirurgical ou un FFP2, mais avec, il peut transformer en animal: un ocelot, un cerf ou même un... pangolin!





En oustiti: "une galipette, 2 sauts de mains et 3 pirouettes", il amuse les filles. "En ours grondant: bras de fer et sauts périlleux", il force l'admiration des garçons... Mais, parce qu'il se comporte mal, filles et garçons le chassent!





Vexé, il se change alors en loup terrifiant, dents jaunes et yeux rouges...





"C'est l'angoisse, mais il faut faire face.

Dans toutes les villes, sur toutes les places, partout chacun se les arrache.

Les masques !"





En 2010, il y avait un milliard de masques chirurgicaux et 600 millions de FFP2... Et Macron qui fait dire à N'diaye Sibbeth (Si bête ? Pardon !) qu'on n'a pas besoin de masque, au lieu d'avouer qu'on n'en a pas...

Ou de proposer aux gens d'en confectionner!





"Il y a quelque chose qui m'échappe!

Où sont les masques, les masques, les masques?"





La chorégraphie fut exécutée grâce aux soignant/es. Un grand Merci à eux/elles!
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Félines

Une transformation mystérieuse affecte les adolescentes qui voient leur sens s'aiguiser et leur aspect évoluer. Dans une société où le corps féminin est soumis à des normes rigides, ces transformations s'avèrent hautement perturbantes. D'abord pour les intéressées elles-mêmes. Mais lorsqu'elles décident de s'assumer et de s'élever contre l'oppression qui les vise, c'est toute la société qui s'en trouve bouleversée et la réaction est d'une violence inouïe. Un bras de fer terrible s'enclenche…



Un titre intriguant, évoquant à la fois la féminité et quelque chose d'animal, de fauve. Doublé d'une couverture magnétique qui interpelle et semble déjà appeler à la rébellion. Pendant l'été, Stéphane Servant avait entretenu le mystère en postant des chansons et des citations composant un générique empreint de rébellion. Autant dire que notre curiosité était maximale... Mon fils aîné a donc dévoré ce roman d'un trait dès sa sortie (fin août) et j'ai fait de même sans délai – un roman décidément difficile à lâcher !



« Je veux remercier mon éditeur pour son courage.

Le seul fait de publier cet ouvrage constitue une infraction à de nombreux articles de loi et nous expose, lui comme moi, à la censure et à de nombreuses sanctions pénales.

Mon éditeur et moi-même assumons les conséquences de cette publication, en toute conscience. »



Stéphane Servant met soigneusement en scène son roman, qui nous est livré comme la transcription du récit de l'une des protagonistes du mouvement des Félines. On découvre peu à peu les circonstances de la narration, qui se veut une restitution des faits alternatives aux versions déformées par les médias. Les péripéties s'enchaînent avec beaucoup de rythme. Comme dans Sirius, j'ai été impressionnée par la puissance révélatrice de cette parabole qui nous donne beaucoup à réfléchir aux grandes questions de notre époque. L'imaginaire subversif de Stéphane Servant nous interroge sur la pesanteur de normes, révèle la fragilité et la force de la différence de ces jeunes filles. Une manière de nous inviter à accepter, et même à revendiquer nos propres différences. le roman met en relief la peur des épidémies, les mécanismes d'oppression des minorités, la recherche de boucs émissaires dans un contexte de désindustrialisation dévastatrice et leur instrumentalisation par les forces populistes. Mais il s'agit aussi - et c'est ce qui rend ce texte lumineux - des conditions d'émergence d'un mouvement subversif, du pouvoir de l'entraide et de la solidarité. Puisque la transformation des Félines leur fait prendre conscience de la condition sociale des femmes.



« Le monde de demain déjà leur appartient. » J'ai lu Félines en pensant à beaucoup de militant(e)s rencontré(e)s au fil des années, aux Femen, mais aussi à Greta Thunberg qui fait l'objet d'attaques incessantes montrant à quel point il reste difficile aujourd'hui pour une jeune femme d'être prise au sérieux.



Un très beau livre plein d'espoir que je suis heureuse de pouvoir partager avec mon fils qui apprécie énormément ce type de lectures et les échanges qu’elles peuvent susciter. Un texte que l'on dévore, puis referme, plus que jamais attaché(e) aux valeurs d'émancipation, de tolérance et de liberté d'expression. Car, comme le souligne le prologue : « Réfléchir, c'est commencer à désobéir. Lire, c'est se préparer à livrer bataille ».
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Monstres

Ce village étrange est littéralement au bout du monde. Alors l’arrivée d’un cirque est la promesse d’une distraction qui sorte de l’ordinaire ! Il paraît que dans une cage dissimulée par une étoffe, se trouverait un monstre tel qu’on n’en a jamais vu…



Texte et illustrations (exécutées au stylo bille, extraits disponibles via le lien ci-dessous !) se complètent, se relaient ou se font écho avec quelques dissonances dans un ballet noir et blanc, hypnotique comme un rêve. Nous avons adoré la manière subtile dont ils placent ce récit sous tension. Bien sûr, on a envie de savoir ce qui se cache dans cette cage. Mais en fait, depuis la toute première page, on sent bien que quelque chose cloche, on se sentirait presque observé. Notre perplexité va grandissante jusqu’à ce que les choses se précisent ! En re-relisant le livre, on repèrera bien les mots et les multiples détails qui nous ont mis la puce à l’oreille…



En nous précipitant dans une sorte d’upside-down oxymorique un peu creepy, Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis font vaciller nos repères et nous invitent à une sorte d’expérience de pensée. Celle-ci révèle l’arbitraire des codes, la peine infligée à ceux qui diffèrent, les cages qu’on peut briser et la force tirée de l’amitié : on est tous le monstre de quelqu’un, les pratiques les plus monstrueuses visent d’ailleurs certainement ceux qui sont perçus comme tels.



C’est dans l’air du temps et ça m’a fait penser, sur des registres très différents, au génial Moi ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris, à Max et les Maximonstres bien sûr, ainsi qu’à la sauvagerie avec laquelle les soi-disant sauvages amenés de Nouvelle-Calédonie sont traités dans les zoos humains décrits par le dernier roman d’Annelise Heurtier. Mais c’est amené de manière vraiment inattendue !



Un roman émouvant et délicieusement bizarre : n’hésitez pas à vous y risquer.
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Sirius

Malgré les critiques très positives que j’ai pu lire sur Sirius, je n’ai pas vraiment accroché à ce road trip post-apocalyptique. Et cela à cause d’un personnage… ce qui est fort dommage car dans l’ensemble le roman est criant de vérité et porte un puissant message.



Le problème avec moi, c’est que si je n’adhère pas à un personnage principal, ma lecture est totalement biaisée. J’entends par là que je perds le plaisir de découverte, me focalise sur ce point négatif et il est difficile d’apprécier réellement le reste. Pourtant, avec du recul, je trouve que le roman mérite d’être lu et comme j’ai pu le constater beaucoup n’ont pas trouvé ce personnage si enquiquinant que cela.



Je parle de Kid. Agaçant à souhait dès le départ. Irritant au possible. Je sais qu’il est petit, dans les six ou sept ans, mais il n’empêche que je ne sais pas comment Avril, sa sœur adoptive, arrive à autant garder son calme. Désobéissant et entêté, le gamin n’en fait qu’à sa tête, ne croyant pas sa sœur, et les mettant en danger à plusieurs reprises. D’accord, il est jeune. D’accord la situation n’est pas facile. D’accord, c’est un comportement qui peut chez certains enfants de cet âge être normal mais… ouhhh ! la crispation totale et cela jusqu’à plus de la moitié du tome. J’ai pensé à abandonner d’ailleurs. Chose qui ne m’arrive que très rarement car je déteste ne pas finir un roman…Mais j’ai poursuivi, et fort heureusement, les choses s’arrangent.



Kid évolue et devient moins agaçant. C’est peut-être aussi dû au fait qu’Avril accepte petit à petit ce qu’est devenu l’enfant. Plus animal, moins homme. Avril qui porte tellement de poids sur ses épaules, qui subit énormément mais qui a une volonté de fer et cet amour pour ce frère qui déplace toutes les montagnes que la vie place devant eux. J’ai beaucoup aimé ce personnage d’ailleurs. Forte et fragile à la fois, il est facile de s’identifier à elle et de voir l’évolution qui se produit au fur et à mesure en elle. Il y a tellement de prises de conscience, de remises en question, de choix qui feront ou non la différence. Elle n’a pas eu une vie facile, mais elle n’a jamais baissé les bras, jamais été tenté par la facilité. Réfléchie et volontaire, elle a pourtant des défauts qui font d’elle un être humain tout simplement.



Outre Avril, j’ai aussi apprécié le côté animal du roman. Il y a une grande part de réflexion sur la condition animale, ce qu’ils représentent pour nous, la façon dont on les traite, nos ressemblances. L’auteur ne juge personne, il expose juste des faits. Il y a aussi dans le traitement utilisé par Stéphane Servant quelque chose de bienveillant et d’enfantin. Un émerveillement qu’il est si facile d’oublier. La présence des animaux est ainsi vraiment sublimée et permet de vraiment entrer dans la réflexion.



Un autre point aussi : la psychologie humaine. Le contexte de roman, un monde post-apocalyptique, est assez dur à imaginer. Et pourtant, à travers tous ces personnages, je me suis dit que l’auteur avait très bien su dépeindre les différentes réactions que l’espèce humaine pourrait avoir. Et même si certains se comportent de façon civilisé, d’autres plongent dans la folie et l’horreur. Certains passages m’ont dégoûtée tellement le fanatisme et la violence étaient virulents. L’épisode de la ferme notamment où l’on comprend l’ampleur de la démence de certains. Il n’y a plus cette limite entre le bien et le mal. Juste une folie pure, dangereuse et meurtrière. Et c’en était glaçant.



Mais nécessaire, car le roman est un tout. La violence était nécessaire pour montrer le réalisme de ce monde, tout comme les moments de joie. Et c’est une des forces de ce livre. Les derniers chapitres nous montrent aussi une plus grande étendue de l’explication que l’auteur donne à son cataclysme et j’ai vraiment adhéré à cette idée. Tout comme le fait que la fin soit assez ouverte. Pour moi, Sirius est un peu le début d’une aventure comme l’annonce le compte à rebours des chapitres, d’ailleurs. Car après chaque fin, il y a un nouveau commencement.

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Félines

Tout a commencé dans les vestiaires de la piscine, plus précisément dans la dernière cabine… Alors que les filles du lycée se déshabillent et se mettent en maillot de bain, l'une d'elles, Alexia, manque à l'appel du professeur de sport. Dévouée, Louise décide d'aller la chercher et la découvre recroquevillée, enveloppée dans son immense serviette. Ne répondant pas à ses appels, l'adolescente la motive, pensant qu'elle devait être juste malade. La convainquant alors, c'est là qu'elle remarque un rasoir jetable sur le sol. Tentant d'expliquer au prof qu'Alexia ne pouvait sûrement pas aller dans l'eau, un cri jaillit dans les vestiaires. Quelqu'un avait retiré la serviette qui l'enveloppait. Tout le monde a le souffle coupé de voir la jeune fille recouverte de poils… avant que certains ne finissent pas éclater de rire. Ce n'est que plus tard, alors que Louise passe son après-midi avec son ami Tom au lac, qu'elle découvre que quelqu'un a pris Alexia en photo et l'a partagée sur les réseaux sociaux. Le soir, Sara l'appelle et lui apprend que celle-ci s'est suicidée… Bien vite, dans le monde entier, des vidéos, dont notamment celle d'une jeune asiatique se faisant lyncher, et des photos circulent et sont partagées. Le cas d'Alexia est loin d'être le seul…



Ce roman n'est autre que la retranscription du témoignage de Louise lorsque Stéphane Servant l'a rencontrée, au cours d'un entretien qui a duré des heures. Neutre et objectif, l'auteur a voulu, avant tout, raconté les événements tels qu'ils se sont passés, au plus près de la réalité, et qui ont secoué le pays et le monde entier. Un mal, une maladie, un virus, une épidémie… il est difficile, encore aujourd'hui, de nommer ce qui touche les adolescentes. Recouvertes de poils, plus fortes, les sens aiguisés, ces adolescentes, appelées Félines ou Obscures, vont très vite ébranler la population, au point de l'inquiéter et l'effrayer. Mises à l'écart, rejetées parfois, même par leur propre famille, ces jeunes filles n'auront d'autre choix que de se battre contre les idées reçues, revendiquer ce qu'elles sont et faire front commun malgré leurs différences. Habilement mené, l'auteur n'hésitant pas à se mettre en scène ainsi que sa fille, abordant des thèmes intelligents tels que le féminisme, la ségrégation, le racisme, la religion, la condition des femmes, la tolérance, l'entraide, le chômage, le deuil, le viol, la dictature… , ce roman, à la fois fort et émouvant, se révèle d'une grande justesse. Les personnages, fort bien dépeints et travaillés, sont particulièrement touchants.

Un roman captivant, engagé et féministe...



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Trois soeurs

Trois sœurs écorchées, fauves, ensevelies sous le désespoir de leur mère. Leur mère dont les larmes se mêlent aux flots qui ont pris son homme, dans une tempête qui emporte tout sur son passage. Les trois sœurs parviendront-elles à tenir bon dans la tourmente et à conjurer le sort ?



Leur histoire nous a tenus en haleine, mon moussaillon aîné et moi. Pourtant, c’est un livre qu’il serait dommage de lire trop vite. Chaque mot compte, résonne, bouscule : ce court roman, c’est un peu la poésie de Sirius qui rencontre la force des femmes en devenir que Stéphane Servant évoquait déjà si bien dans Félines.



Avec la force d’évocation brute de la poésie, ces pages disent l’adolescence, le corps qui s’affirme dans une bestialité délectable. L’amour tour à tour fascinant, effrayant, impérieux comme une pulsion de vie face à la perspective de la mort. Le besoin vital de prendre ses distances quand on grandit. Le réconfort de l’amour sororal. La douleur salvatrice d’une page qui se tourne.



C’est intense et très juste, en parfait accord avec la mélancolie des illustrations en noir et blanc de Lisa Zordan. Un bel hymne à la vie que ce roman lyrique et imagé, au cœur de l’adolescence !
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Sirius

Ce que j’ai ressenti: « Nous sommes lé zétoiles de la Constellation. »



« -Moi, en attendant d’être mort, j’espère qu’on sera vivants. »



Il est temps de rallumer les zétoiles et d’aller en direction de Sirius avec l’adorable Kid et sa grande soeur Avril. En plus Kid, lé un garçon trop attendrissant, hyper sensible, et surtout un des derniers enfants à naître sur Terre. Alors le suivre, c’est suivre encore un peu d’innocence dans un monde en déclin. En effet, un terrible virus inexpliqué a tué la vie autant que l’espoir. Plus rien ne pousse, plus rien ne naît, plus rien de bon n’arrive. Reste le chaos. Alors mû par un courage et une étincelle de volonté, ses deux enfants traqués entame un long chemin vers ce qui leur parait, comme un eldorado possible, aller au devant de leurs souvenirs dans une quête d’illusion utopique, que la Montagne sera leur nouveau foyer…Mais le monde se meurt, les étoiles tombent du ciel, et l’humanité semble être pris dans une tourmente de folie….



« Kid alors compris que la beauté ne pouvait se départir de la liberté. Ce que l’on possède finit par perdre tout éclat. Comme si la liberté était l’essence même de la beauté. »



Avec une plume magnifique, Stéphane Servant nous conte un monde post-apocalyptique effrayant et désenchanté, mais dans la douceur et la naïveté de ses deux enfants, ce livre Jeunesse devient une étoile resplendissante, aussi brillante que son nom l’indique: Sirius. C’est un road-trip d’une beauté ravageuse, un livre qui sensibilise sur l’environnement, et une formidable histoire de fratrie. Il est dans ce livre des instants de poésie pure et une connexion avec la Nature qui redonne un souffle de vie dans ce panorama où règne le désespoir et la violence. Cette lecture, elle m’a bouleversée parce qu’il y a cet espoir candide mélangé à un désespoir infini, et cette histoire va longtemps résonner en moi…



"A quoi pourrait bien ressembler le monde si le ciel se vidait de ses étoiles? A quoi pourrait bien ressembler la vie si plus jamais on ne pouvait faire un vœu?"



Cet auteur sublime l’anticipation de son récit avec l’idée d’un lien plus « instinctif » avec la Nature mais, aussi dans son antagonisme avec la « communication » entre les espèces vivantes. J’ai trouvé cela magnifique, d’autant plus que ces pages bien « spéciales » sont d’une beauté lyrique lumineuse et viennent enrichir le compte à rebours des chapitres allant decrescendo vers une fin où, l’avenir est incertain…Il y a une certaine bienveillance dans ces pages, sans doute, parce qu’il est classé en Jeunesse, mais cette étiquette ne doit pas en refréner certains, parce que ce livre offre de puissantes émotions et réflexions sur nos comportements irréfléchis envers notre chère planète, mais je dirai aussi que l’auteur possède un œil plutôt avisé sur les relations humaines. En abordant des thèmes forts comme le fanatisme et la folie du désespoir, l’altruisme et la transmission du savoir, Stéphane Servant montre les deux facettes de l’espèce humaine et finalement, le monde qu’il réinvente dans Sirius, est un idéal intéressant à atteindre…



« Depuis que la vie s’était tue, le monde n’était que silence. »



En bref, c’était une très belle lecture! Si jamais, vous voyiez une étoile turquoise briller sur les étals, n’oubliez de la prendre entre vos mains, il se pourrait que vous alliez bientôt faire partie de la Constellation…Sirius a éclairé mon p’tit monde, et y laissera une traînée scintillante dans mon cœur de lectrice…







Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Gronouyot

Gronouyot est bien différent de ses frères et sœurs lapins, il n’a pas d’oreilles, pas de petite queue de lapin, pas de museau, mais une grande bouche au milieu d’un drôle de tête. Et il ne prononce qu’un mot : Gronouyot.





Monsieur Gronouyot avait fait une drôle de tête en voyant la drôle de tête de son enfant, mais différent ou pas, un enfant reste un enfant, même si le regard d’autrui en dit peut-être long ! Et notre pauvre Gronouyot subit les moqueries en classe, et le seul mot qu’il connaît ne suffit pas à s’exprimer clairement. Et Gronouyot ne veut plus être Gronouyot. Mais la lunes est bonne conseillère ! Elle va le guider et lui montrer que l'on peut s'accepter comme on est.





Un joli album aux dessins naïfs pour montrer qu’il n’est pas si facile de s’intégrer quand on est différent, pour montrer combien papa et maman déploient tout leur amour pour aider leur enfant, combien on est riche de ses différences. Un beau récit poétique simplement exprimé sur la tolérance et l'estime de soi.
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Félines

Après avoir lu des éloges sur cet ouvrage faisant partie de la sélection finale du PLIB, j’ai eu envie de plonger dans cet univers où, pour des raisons inconnues, les adolescentes ont brusquement des poils qui poussent sur le corps… J’ai été fascinée par cette idée de métamorphose en femmes-chattes. Au fil du récit, je me posais une myriade de questions, que ce soit sur l’origine de ces transformations insolites, sur les réactions de la populace et sur le fait que seules les Femmes soient concernées. Il faut avouer que ces changements sont perturbants, puisqu’ils ne concernent pas uniquement le physique des demoiselles en pleine puberté, mais aussi leurs capacités, comme leurs sens qui vont s’affûter ! Mais ce qui est le plus intéressant, c’est bien la montée en puissance de ce phénomène qui va totalement ébranler l’opinion public. En effet, très vite, les autorités vont se positionner dans une lutte sans merci contre ces « Obscures »/« Félines » jugées anormales et dangereuses. Ainsi, c’est une véritable dictature qui va émerger, puis qui va créer des émeutes. Ségrégation, oppression, violence, rejet d’autrui, délation, fascisme, … On assiste à une montée en puissance de la haine faisant fortement songer aux événements historiques que nous avons autrefois traversés. Si le concept atypique de mutation n’est que fiction et véritable allégorie du passage à l’âge adulte, l’idée de telles réactions est crédible. On imagine aisément cette guerre civile possible, puisque l’Homme a toujours tendance à se montrer violent, puriste, radical et terrifié dès qu’il est face à la différence…



L’un des autres points forts de ce one-shot fantastique est tout le travail autour de la psychologie, notamment celle de masse, que ce soit du côté des « humains » ou des personnes infectées par cet étrange mal. Avec émoi, on se sent emporté par ce combat que va mener Louise et ses nouvelles camarades. Il faut dire qu’en tant que Femme, j’ai été sensible face à certaines thématiques féministes qui touchent d’autres sujets d’actualité comme le racisme, l’émancipation, la sexualité, la religion, le port du voile, l’acceptation de la différence et d’autres engagements militants que je vous laisse découvrir. Stéphane Servant n’hésite pas à apporter ses opinions, tout en proposant un scénario fluide et addictif. Certes, j’ai trouvé que l’on manquait cruellement d’effet de surprise dans les rebondissements toutefois, cela ne m’a pas empêchée de tourner les pages avec intérêt. En outre, j’ai aimé l’idée de mise en scène du roman, puisque l’auteur a fait en sorte que son histoire sonne comme un témoignage. L’héroïne s’adresse directement aux lecteurs et donne l’impression que les chapitres sont sa déclaration : l’histoire de ses changements, de sa version des faits, de son nouveau camp, de sa révolution selon sa méthode et de sa perception du futur. Elle est, en quelque sorte, la vérité face à tout ce que l’on a pu entendre à travers des médias fictifs, prônant l’agressivité et la peur face aux Félines.



De façon générale, j’ai aimé ma lecture pour son originalité ainsi que pour son engagement dans certains sujets. Par ailleurs, le final m’a séduite ! Pourtant, on est sur une conclusion très ouverte, ce qui a tendance à d’habitude me refroidir… Mais pas ici ! Curieusement, une autre fin m’aurait agacée. C’est donc une belle découverte qui mérite d’être lue ! J’ai cependant quelques réserves, que ce soit sur le récit cousu de fil blanc et sur le rythme. J’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs. De plus, je n’ai pas spécialement adhéré à la romance. Il faut dire que le personnage de Tom ne m’a pas convaincue. Je l’ai trouvé très paradoxal et assez lisse… Bien évidemment, ce ressenti n’engage que moi et j’ai lu peu de ressentis pointant du doigt cette relation dérangeante et un peu trop rapide à mon goût ! Heureusement, ces éléments n’ont pas entaché mon envie de tourner les pages ou encore la puissance des réflexions amenées par Stéphane Servant. Un roman coup de poing !… Ou plutôt, coup de griffes ?
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Sirius

Dans un monde où un mystérieux virus tue la vie en provoquant la stérilité des humains mais également de toute vie terrienne, Avril, jeune adolescente tente d'élever son petit frère, Kid. Vivants isolés dans une cabane perchée dans un arbre, ils vont devoir fuir un danger qui les poursuit depuis longtemps et partir à la recherche d'une promesse de vie plus paisible dans la Montagne où le passé n'aura plus sa place.



Un peu comme la série Le Chaos en marche de Patrick Ness, Stéphane Servant nous livre avec Sirius un roman adolescent particulièrement dur et où les personnages sont loin d'être chouchoutés. L'objectif sera compliqué à atteindre et peu d'aide sera proposée à nos deux jeunes personnages. Les moments d'espoir céderont souvent la place au désespoir et à l'envie de tout abandonner. Tout le long du récit, on apprend à connaître nos différents personnages. On admire leur courage tout en découvrant leurs défauts et leur cruauté. Stéphane Servant nous propose une palette de personnages très intelligente et très vraie. Ces personnages authentiques sont très émouvants et la relation qui lie Kid et Avril est très poignante et émouvante. de plus, il ne faut pas oublier les animaux qui ont une place très importante dans ce récit (ce sont eux d'ailleurs les vrais protagonistes de cette histoire !).



Sirius est le genre de roman que l'on déguste. Assez lent à la lecture et assez contemplatif, ce roman a un je ne sais quoi de captivant. On est subjugué par la plume poétique de l'auteur et on suit ce road-trip jalonné par la cruauté des hommes avec beaucoup de peur et d'effroi. Malgré la cruauté des hommes, les descriptions de la nature et des paysages sont magnifiques et remplies d'une poésie très pure. Sirius nous fait beaucoup réfléchir sur le monde en général et sur le sens d'être un humain.



Sirius est un roman assez particulier qui ne plaira pas à tout le monde. Je pense que je l'ai lu au bon moment, car c'est le genre de moment où il faut faire un effort pour le comprendre et pour rentrer dedans. On peut très facilement rester extérieur au récit et cela serait bien dommage.



Je découvre l'auteur Stéphane Servant avec ce roman qui est son dernier sorti. Je continuerai bien sûr la découverte de cet auteur avec La Langue des bêtes et le Coeur des louves qui ont tous deux su rencontrer leur petit succès.
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Félines

Lu dans le cadre d'un Comité de Lecture Ado.

Cette histoire aux frontières du fantastique est présentée comme un entretien entre Louise R., figure emblématique des Félines, et l'écrivain qui recueille son témoignage.

De nos jours, dans la société que nous connaissons, une jeune fille de 17 ans qui ne veut pas sortir de sa cabine à la piscine, lors d'un cours de natation. La faute à un banal complexe, si fréquent à cet âge-là ? Quand elle finira par céder à Louise, venue la convaincre, toute sa classe va découvrir qu'Alexia est recouverte de duvet, semblable à un pelage. Fragile et moquée de tous, Alexia se suicide peu après. Mais elle n'est pas la seule à présenter cette singularité, très vite les réseaux sociaux relaient des images d'autres jeunes filles couvertes de poils, et Louise elle-même ne tarde pas à être atteinte par cette « mutation ». Le pelage n'est pas le seul « symptôme », les sens se développent, et une certaine férocité se manifeste quand on cherche trop noise aux « Obscures », le nom que leur donne l'opinion publique effrayée par ce phénomène. Assez rapidement, Oscar Savini, un leader charismatique va s'emparer de cette peur et créer « La ligue de la lumière », un mouvement qui se targue de remettre ces filles dans le droit chemin, puisque d'après lui, c'est Dieu qui leur inflige ce châtiment. Louise et certaines de ses amies vont se révolter contre l'ostracisme dont elles font l'objet...Elles se baptisent Les Félines et vont mener le combat contre l'intolérance et l'ignorance.



Ce que j'en ai pensé : je peux parler de coup de cœur pour ce roman jeunesse, qui fait passer des messages très forts et qui devrait particulièrement nous parler en ces temps troublés : la peur de la différence, de la contagion, des femmes qui osent parler, dénoncer les agressions dont elles ont été victimes... De l'autre côté, la récupération de ces peurs par des « gourous » sans scrupules, ces pseudos idéalistes fachisants qui prônent une société lisse et sans éléments perturbateurs ni étrangers, où les minorités ont intérêt à filer doux pour être tout juste tolérées. Heureusement que les valeurs d'entraide et de solidarité restent vivaces, et que certains n'ont pas peur de se dresser contre la majorité moutonnière pour tenter d'aider ces jeunes filles opprimées. Cela m'a fait penser aux personnes qui apportent leur soutien aux migrants, au risque de lourdes sanctions lorsque ceux-ci entrent illégalement dans le pays. On aborde là le concept de désobéissance civile, cher à un autre Stéphane (Hessel). Un autre thème abordé est celui de la destruction des emplois dans l'industrie, facteur de fragilisation des populations qui dès lors sont plus faciles à manipuler. Un roman bien ancré dans notre temps, même si les Félines ne sont qu'une émanation de l'imaginaire de l'auteur. A moins que...Minette, tu me sembles parfois très humaine...

Mon (petit) bémol : l'histoire d'amour entre Tom et Louise n'est pas complètement crédible, je trouve que Tom n'est pas vraiment à la hauteur, son personnage me paraît un peu faible par rapport à celui de Louise.



Conclusion : Je ne peux que recommander ce roman qui véhicule des messages très positifs de tolérance, d'ouverture aux autres et qui permettra peut-être aux adolescents de relativiser les métamorphoses de leur physique ! Il s'adresse autant aux filles qu'aux garçons, ces derniers seront sensibilisés à certains comportements inacceptables, tels que se passer du consentement d'une fille, par exemple. La multiplication d'ouvrages de ce genre pourrait contribuer à changer la vision de l'autre, celui qui est différent, et à réduire l'ostracisme bien trop présent dans notre société. Je le recommanderais à partir de 13-14 ans.

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Boucle d'ours

Ce joli album est conseillé dès 4 ans. Il rassemble les animaux de la forêt et surtout la famille Ours. Pourquoi les garçons ne peuvent-ils pas se déguiser comme les filles et inversement? Ce petit livre nous parle de libre arbitre et du choix d'être ce lui que l'on souhaite, de combattre les préjugés qui sont parfois bien ancrés. Adapté aux enfants, cet album nous montre que l'on peut s'amuser comme on le souhaite. Les illustrations sont colorées et réalistes. Mes filles ont aimé les commenter. Le texte est simple, clair et est en plusieurs polices d'écriture. L'histoire est parsemée d'humour parfaitement dosé. Le message de tolérance est tout simplement très beau. (...)



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Monstres

Voici mon retour de lecture sur l'ouvrage Monstres de Stéphane Servant.

Lorsqu’un cirque itinérant débarque dans son village, le jeune Otto s’y rend, intrigué par l’annonce d’une bête terrifiante, d’un Monstre en lettres majuscules !

Mais sous le chapiteau, quand le rideau se lève enfin, c’est la surprise totale, autant pour les spectateurs que pour le lecteur…

Monstres est un ouvrage difficile à classifier, à mi chemin entre le roman graphique et le roman illustré.

Les illustrations sont en noir et blanc. Ce n'est pas mon genre préféré, je suis plus adepte pour la couleur toutefois il faut bien avouer qu'ici cela fonctionne parfaitement.

Les dessins sont vraiment magnifiques, avec une particularité : pendant une grande partie de notre lecture nous ne voyons les personnages que de dos. Ce sont des silhouettes, on ne distingue pas leurs traits.

Les textes sont pertinents, l'écriture est jolie, très poétique. J'ai aimé comment l'auteur nous rappelle que nous sommes tous le monstre de quelqu’un.

Monstres est un bel ouvrage, dont je vais cessé la chronique ici car il est à lire ; difficile de le décrire.

En tout cas j'ai été charmé par ma lecture, je n'hésiterais à l'offrir et je le note cinq étoiles.
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Félines

Alerte avis non objectif !!!! Il s'agit de mon premier méga coup de cœur de cette année !!!

Je découvre cet auteur avec ce livre. J'avais entendu parler de lui avec son Sirius (que je n'ai pas encore lu). Et je l'avoue sans honte la couverture de Félines ne me donnait que très moyennement envie, même si après la lecture, je la comprends beaucoup mieux tant au niveau du lettrage du titre qu'au niveau des couleurs, même si ce n'est absolument pas comme ça que je m'imagine Louise en lisant ce livre.



La forme déjà. J'ai aimé le côté témoignage dans un monde fictif aux multiples similitudes avec le nôtre pourtant. On sent l'urgence, on sent le danger, on sent l'empressement de raconter cette période de sa vie qui n'a pas été facile c'est le moins que l'on puisse dire. J'ai aimé l'originalité de ne pas faire un "journal intime" mais une confession à un tiers. Ce côté documentaire qui ancre le récit dans la réalité, et par bien des aspects, cette histoire est en plein dans notre réalité.



Les personnages ensuite. J'ai beaucoup apprécié l'évolution de Louise au fil du temps, à travers cette Mutation, elle passe du statut d'ado écervelée et un brin inconsciente à celui de jeune femme qui s'assume et assume ses actes, s'engage et se bat pour ce en quoi elle croit. Les personnages secondaires ne sont pas en reste j'ai particulièrement aimé le personnage de La Rouquine, dont l'espièglerie et la loyauté ont été de vraies bouffées de fraîcheur dans cette histoire très dure au demeurant. La relation avec Tom est pleine de douceur et de compréhension mais aussi de passion, tout à fait le mélange qui convient à cette période charnière de l'adolescence.

Les autres Félines m'ont beaucoup touchée. Chacune a son histoire, sa vie, ses doutes, ses croyances, son caractère. Rayonnantes et solaires, elles illuminent les pages.



L'intrigue et le contexte. Je ne sais même pas comment en parler tant il y a de thèmes forts abordés dans ce roman. La différence, l'exclusion, la privation, le manque, la violence de l'Autre face à ce qu'il ne connaît pas et qui l'effraie, la puissance terrible de la foule, l'embrigadement, le pouvoir des médias et leurs faiblesses, le rapport à la science et à la religion, la quête de l'identité et ses balbutiements, l'acceptation / le refus de soi, le suicide, le deuil, la révolte, l'exil, le mensonge, le militantisme, le féminisme, les rapports homme / femme dans tout ce qu'ils ont de complexe, les querelles intestines, le consentement, le viol, le harcèlement scolaire... Oui, il y a tout ça dans ce roman, par petites touches qui vous terrassent comme des chiquenaudes portées au visage jusqu'à ne plus tenir debout. Un raz de marée émotionnel qui apporte tout un tas de réflexions sur ces thèmes. Je ne saurai que trop conseiller cette lecture à tous en fait car chacun y trouvera une part de lui-même, une situation vécue ou observée, un "tiens c'est vrai que ça existe". C'est la force de ce roman qui, dans ce monde où la Mutation fait rage, imaginaire donc, met le lecteur en face de sujets d'actualité brûlants et terribles, de catastrophes contemporaines mais aussi de leviers d'espérance potentiels.



Le style. Parce que je me devais de finir sur cette écriture. Là encore je manque de mots pour la décrire. Il faut le lire pour comprendre la force de ces mots, où tout est émotion forte. Pas de répit, on ne vous épargnera rien. C'est pourquoi j'ai lu ce livre sur plusieurs semaines pour distiller l'intensité et le poids de cette histoire.



Que dire de plus ? Lisez ce livre, vous n'en ressortirez pas indemne !!
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Souviens-toi de la lune

On ne choisit pas où l’on va naître et grandir.

S’il avait eu le choix, David aurait soigneusement évité Carrefour, ses odeurs de vases et de marécage, ses vapeurs de raffineries, sa moiteur viciée.

Carrefour, un bled paumé en plein cœur du bayou, dans les derniers méandres du Mississipi où «tout ce que la mer urbaine n’avait pas englouti était venu s’échouer» ; un cul-de-sac peuplé de pauvres bougres et constitué essentiellement de caravanes, de mobil-home, de baraques en tôle ou en bois.

Mais David n’a pas eu le choix et c’est à Carrefour que le destin ou la fatalité l’a fait naître et grandir, dans un mobil-home avec un père cloué dans un fauteuil roulant et « pour seules perspectives de bosser comme ouvrier dans une raffinerie ou finir noyé dans une bouteille de whisky ».

Dans cette ambiance plus que maussade, David peut heureusement se raccrocher à quelques joies vraies et sincères : l’amitié indéfectible de Paul son meilleur pote, l’amour quasi maternel de Rosalie, les beaux yeux de Jessica, et par-dessus tout, sa passion de l’écriture grâce à laquelle il espère pouvoir quitter bientôt l’univers fangeux de Carrefour.

« Parce qu’écrire, c’est ouvrir de nouvelles routes, tracer de nouveaux chemins, élargir l’horizon des possibles », David, à l’aube de ses 18 ans, a décidé de devenir écrivain.

La visite programmée au lycée, dans sa classe de français, de Lebreton, un ancien romancier à succès, le remplit alors d’espérance. Il va pouvoir soumettre ses textes à cet écrivain reconnu, et qui sait, peut-être pourra-t-il se faire assister dans ses démarches d’édition par celui qui a écrit un véritable chef-d’œuvre voilà quelques années?

Malheureusement, la rencontre tant prisée avec le romancier n’est qu’un échec de plus à rajouter à la longue liste affichée des loosers de Carrefour. Non seulement Lebreton est devenu un minable alcoolique mais il humilie David en rejetant le travail littéraire du jeune garçon avec un mépris et une malveillance totalement irraisonnés.

Pour David, cette humiliation est un électrochoc…esprit qui se fissure, révolte qui gronde, colère qui bouillonne…le jeune garçon sent s’éveiller au fond de lui une créature étrange, ancestrale, à la soif de puissance et à la haine démesurées. Une entité trop longtemps restée en sommeil qui, maintenant qu’elle est réveillée, risque bien de faire des dégâts…

Rajoutons à cela la disparition mystérieuse de plusieurs adolescents dans la région, des dealers armés et revanchards, un garagiste libidineux, un ouragan dévastateur soufflant sur la Nouvelle-Orléans, et Carrefour devient alors le théâtre d’un terrible roman noir…



Né en 1975, l’auteur français Stéphane Servant écrit principalement pour la jeunesse.

Mais on aurait tort toutefois de classer « Souviens-toi de la lune » dans la seule niche « littérature jeunesse » ; s’il vise un public adolescent à partir de 14-15 ans, le roman, finement élaboré, l’écriture travaillée, belle et juste, l’histoire tortueuse, sombre et captivante, absorbent tout autant un public largement plus étendu et adulte, sans qu’on y remarque de quelconque différences stylistiques.



Roman d’initiation ? principalement, mais pas que…Roman noir ? assurément…Roman versant dans l’irrationnel ? oh oui, également…

L’auteur brasse et métisse habilement les genres et insuffle à son récit des références musicales et littéraires qui donnent une réelle ampleur à une histoire couleur d’ébène, noire et profonde. Une histoire qui débute dans les décors misérables des marécages de Louisiane, au sein d’une atmosphère opaque, sans perspective d’avenir pour les pauvres hères qui y subsistent. Une histoire qui s’infiltre alors dans la pure veine du roman noir, climat sombre et violence latente, et qui bifurque ensuite dans un créneau surréaliste, fantastique, où l’imaginaire s’emballe dans un tourment de rage folle avec autant de brutalité que l’ouragan qui s’annonce et qui gonfle ses grosses joues pour libérer son souffle dévastateur sur cet endroit de misère qu’est Carrefour.

Les influences sont nombreuses : on pense à « La Métamorphose » de Kafka, au « Docteur Jekyll et Mr Hyde » de Stevenson…la folie s’en mêle et c’est « Le Horla » de Maupassant qui vient s’inviter entre les lignes, suivant les traces du jeune David et de son double maléfique…

La musique, elle-aussi, se fait très présente, et l’on n’est pas du tout surpris d’entendre la voix chaude et suave de Jim Morrison s’élever au cœur du bayou et le lézard, symbole du chamane-chanteur, s’immiscer sous la peau du jeune David, le pousser dans les affres de la déraison, de l’hallucination et du délire, dans une initiation troublante et démoniaque.



Doit-on se laisser totalement habiter par son double créateur ? Se laisser investir par le seul pouvoir d’une ambition démesurée sans se soucier des êtres qui nous aiment ? Pour sortir de sa condition, doit-on dévoiler le mal qui habite en soi ?

« Souviens-toi de la lune » fait très habilement miroiter les lueurs blafardes d’une intrigue riche en imagination et en valeurs morales, soulignant l’importance de se construire psychologiquement et artistiquement, de se développer et d’évoluer avec la compréhension fine et sensible de ce qui vit et gît en soi, et enfin, de la nécessité de s’imposer des garde-fous afin que l’insondable noirceur de notre âme profonde de nous entraîne pas irrémédiablement dans le ressac houleux de ses abîmes.

Un beau roman à la puissance incantatoire, au charme vespéral, attirant comme un songe crépusculaire dans la moiteur de la Louisiane…

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Le Coeur des louves

"Une histoire impressionnante de secrets de famille, d'amitiés enfantines, de légendes et de malédictions, sur trois générations. le coeur des louves est un roman-fleuve qui tient le lecteur en haleine de bout en bout."

Ce n'est pas moi qui ait écrit ceci, mais j'ai trouvé que cela résumait plutôt bien "Le coeur des louves", que j'ai achevé hier soir. :)



Je connaissais déjà l'auteur, de qui j'avais lu "Félines" il y a environ un an (un de mes rares 'coups de coeur absolu' de ces deux dernières années) et "Sirius" (que j'ai lu récemment). En voyant "Le coeur des louves" à la bibliothèque, je l'ai emprunté un peu sans réfléchir. La quatrième de couverture m'intriguait et j'aimais bien la plume de l'auteur, aussi me voilà à commencer cette lecture.



Je dois bien reconnaitre que j'ai eu du mal à rentrer dans le récit et à m'attacher au personnage principal de Célia. Et là, j'ai terminé ce livre, et il m'est difficile d'écrire un avis dessus. Je suis partagée, j'avoue. D'un côté j'ai aimé ; l'histoire n'avait rien de vu et revu, non : c'était prenant, orignal, particulier. Un livre qui sort du lot, je trouve.

Mais d'un autre côté, je n'ai pas adoré. Je n'ai pas ressenti plus d'attachement que ça envers les personnages, n'ai pas été transportée dans le récit...

Peut-être que, quelque part, j'aurais voulu l'apprécier davantage, car je pense que c'est un très bon livre pour adolescents. Mais personnellement, ce n'est pas un coup de coeur. Simplement une découverte originale que j'ai bien aimé.
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Guadalquivir

Le héros est un adolescent rebelle qui s'engouffre dans la violence, il fait partie d'une "meute de loups", des jeunes en perdition.



Un éclair de conscience et il décide de s'embarquer pour l'Andalousie afin de rejoindre sa grand-mère qui a fait une fugue.



Il fera la rencontre d'une jeune femme qui déclenchera chez lui des sentiments contradictoires.



On suit le héros à travers ses pérégrinations, c'est un roman bourré d'actions, on ne s'ennuie pas.

La première partie développe le personnage de l'adolescent paumé, en opposition totale à la société.

Notre esprit se pose, se repose dans la seconde partie dans le voyage au long cours en suivant le Guadalquivir, le jeune homme renoue enfin avec sa famille et l'amour et se retrouve lui-même.



C'est un roman d'initiation cathartique qui devrait plaire aux jeunes gens.







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Guadalquivir

Une belle lecture jeunesse ! Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est la sensation de partir pour un road-movie à travers l’Espagne. L’auteur nous dépeint tellement bien les paysages, les citronniers et les orangers qu’on se sent en total immersion dans la cavale de Pépita et Frédéric.



La plume de Stéphane Servant allie à la fois violence et tendresse. En effet, ce roman a un côté très dur, car il traite de fascisme-drogue-racisme-chômage et haine de l’étranger. Mais ces instants de violence sont contrebalancés par la tendresse d’une grand-mère… Lorsque Pépita parle à son petit-fils, lorsqu’elle essaye de lui faire comprendre que la rancune et la haine ne sont pas des voies à suivre, on sent l’amour et la bienveillance de cette mamie gâteau qui perd l’esprit…



L’histoire est émouvante, les personnages sont attachants et même si parfois l’auteur s’autorise quelques raccourcis et quelques facilités, l’ensemble est très agréable à lire ! Quant au message de fond, appel à la tolérance et au pardon, il n’y a rien à y redire !
Lien : https://ogrimoire.com/2019/0..
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Sirius

Quelle écriture !

On a ici un roman pour adolescents, à la base, mais ce n'est pas une raison pour que les adultes passent à côté !

Sirius est un récit post-apocalyptique, avec beaucoup de poésie, d'onirisme, d'émotions. Avril et Kid, Sirius, Esope et le Conteur, Darius et les Etoiles Noires, madame Mô... C'est tout un monde que nous crée Stéphane Servant, avec brio, comme toujours, mais plus accessible. La poésie de la langue, la beauté de l'animalité, la perversion des hommes, les dérives de la modernité, la nécessité du retour à la nature, le questionnement autour de la culture...

C'est beau, c'est intelligent, c'est prenant, c'est addictif, c'est pertinent, c'est émouvant, c'est juste. Je dois préciser que j'ai adoré ou pas ?
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Sirius

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, je vais vous parler d’un roman intitulé Sirius et signé Stéphane Servant.



Or donc, dans un monde dévasté par un virus mystérieux et désormais stérile, Avril, jeune femme déterminée, s’occupe tant bien que mal de Kid, son petit frère. Hélas, ils sont contraints de quitter leur abri dans la forêt pour fuir de mystérieux agresseurs. Une longue route commence…



-Vraiment très longue, la route.



-Rhôôh, n’exagère pas, ce n’était pas si ennuyeux que ça…



-Non, d’accord. Mais il y a à redire.



-Donc, il y a donc plein de choses positives…



-Et plein d’autres négatives…



-Mais ça suffit ! On n’y arrivera jamais si tu m’interromps tout le temps ! Bon!



Alors, un point positif pour commencer : dès le début de la narration j’ai trouvé l’immersion efficace. Les longs passages décrivant la vie d’Avril et de Kid sont bien menés et le mystère est savamment distillé, car très vite, il devient évident qu’Avril cache un Terrible Secret. Quel est-il ? Voilà l’un des enjeux de l’intrigue qui m’a poussée à poursuivre.



-Ben moi, dès le début de la narration, j’ai trouvé Kid insupportable. Je ne savais pas comment faisait Avril pour tenir avec ce gamin têtu, immature et inconscient jusqu’à la mettre en danger comme s’il n’avait pas deux sous de jugeote et qu’il était imperméable aux émotions de sa grande sœur.



-T’es un peu dure quand même. Ce n’est qu’un enfant !



-Un enfant dont les gaffes et le babil m’horripilent. Et son évolution m’a mise très mal à l’aise par la suite.



-Et un autre point intéressant, c’est l’ancrage du roman dans l’actualité !

Avec la ville isolée des réfugiés, le fanatisme et le propos clairement horrifié sur la pollution et l’abattage…



-Ce qui nous mène à un nouveau point gênant : le spécisme. Ou plutôt, l’antispécisme dans ce cas.



-Le quoi ?



-L’antispécisme. C’est un courant de pensée qui refuse de hiérarchiser la vie humaine et la vie animale. Toutes les deux se valent et l’une ne doit pas être privilégiée aux dépends de l’autre.



-Bah, c’est plutôt sympa, non ?



-Oui, tout à fait, en théorie. Cependant, dans un monde où il n’y a plus rien à manger parce que les animaux sont morts et que rien ne pousse, je ne vois guère comment tu peux te passer de viande quand tu en trouves. Si à la rigueur tu trouvais un champ de blettes et/ou de pommes de terre de temps en temps, d’accord, mais il n’y a rien de rien ! Là-dessus, le texte ne me convainc pas. Pas par idéologie, mais par souci de réalisme. Dans la même veine, les métaphores sur la fécondité anéantie d’Avril m’ont fait soupirer, je les trouve vieilles et usées.



-En revanche, les portraits humains sont réussis ! Comme le voyage fournit maintes occasions de rencontrer des gens, le lecteur en a pour son argent : des rencontres douces-amères, horrifiantes ou terrifiantes… La palette d’émotions et de caractères est large, et j’ai vraiment été surprise sur ce point. J’ajoute que le style est plaisant, multiforme ; sobre et efficace quand il s’agit de raconter, tronqué, abîmé lorsque Kid s’exprime, et capable de belles envolées poétiques.



-Hélas, cela ne suffit pas à me faire complètement vibrer. J’ai passé un bon moment, étonnant, surprenant, bref, plaisant. Cependant, le personnage de Kid m’a trop irritée pour que je me plonge totalement dans le roman.



-Tu es sans un monstre sans cœur !



-Absolument. »

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