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3.84/5 (sur 389 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Boston, Massachusetts , le 07/11/1943
Biographie :

Stephen Jay Greenblatt est un universitaire américain, critique littéraire et théoricien de la littérature.

Il est lauréat du prix Pulitzer de l'essai 2012 pour "Quattrocento" ("The Swerve: How the World Became Modern").

Après des études secondaires au lycée de Newton North, il fait des études supérieures à l'université Yale, où il obtient son baccalauréat ès arts en 1964; il entame alors des études de lettres, obtenant un master en 1968, et un doctorat en 1969.

Parallèlement il obtient le titre de bachelier ès arts à Pembroke College de l’Université de Cambridge en 1966 où il passe également un master en 1968.

Greenblatt est nommé sur un poste d'enseignement (Class of 32) à l'Université de Californie à Berkeley où il restera 28 ans, en tant que professeur à partir de 1980.

Il accepte ensuite un poste à Harvard, où il occupe à partir de 1997 la chaire Harry Levine de littérature anglaise. En 2000, il reçoit le titre de Professor of the humanities (Lettres et Sciences humaines) de l'Université John Cogan.

Greenblatt est auteur et éditeur de nombreux ouvrages et articles liés au New Historicism, à l'étude de la culture, aux travaux sur la Renaissance et à la critique shakespearienne.

Son ouvrage le plus connu est "Will le Magnifique" ("Will in the World", 2004), biographie de Shakespeare qui figura pendant neuf semaines sur la New York Times Best Seller list

On lui doit également un essai novateur sur la Genèse, intitulé "Adam & Eve, l'histoire sans fin de nos origines" ("The Rise and Fall of Adam and Eve", 2017).

Il est également co-fondateur du magazine littéraire "Representations" qui publie de nombreux tenants du New Historicism.

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Source : Wikipedia, Le Monde des Religions
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Citations et extraits (139) Voir plus Ajouter une citation
Au milieu du VIe siècle, au cours de la guerre des Goths et dans la période plus sombre qui suivit, les derniers ateliers de fabrication de livres fermèrent et ce qui restait du marché du livre périclita. Tout commerce avec les fabricants de papyrus d'Egypte avait cessé depuis longtemps, et en l'absence d'un marché commercial de livres, les ateliers de parcheminerie, où les peaux d'animaux étaient transformées en supports d'écriture, étaient tombés en désuétude. Les moines durent alors apprendre l'art difficile de restaurer le parchemin existant et d'en fabriquer de nouveaux. Leur objectif n'était pas d'imiter les élites païennes en plaçant les livres ou l'écriture au centre de la société, ni d'affirmer l'importance de la rhétorique ou de la grammaire, ni de valoriser l'érudition ou le débat, mais de fait ils devinrent les principaux lecteurs, bibliothécaires, producteurs et conservateurs des livres dans le monde occidental.
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La réapparition d'un livre perdu est rarement un événement palpitant, mais celle-ci a pour toile de fond l'arrestation et l'emprisonnement d'un pape, la condamnation d'hérétiques au bûcher et une vague d'intérêt exceptionnelle pour l'Antiquité païenne. En soi, cette découverte assouvissait la folle passion d'un brillant bibliophile. Sans jamais le vouloir ni le savoir, ce bibliophile est devenu le maïeuticien de la modernité.
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Quand j'étais étudiant, je passais souvent à la coopérative de Yale, à la fin de l'année universitaire, pour trouver de quoi lire pendant l'été. J'avais très peu d'argent, mais la librairie bradait régulièrement ses invendus qui s'entassaient pêle-mêle dans des caisses que je fouillais, sans idée préconçue, attendant qu'un titre attire mon attention. Lors d'une ce ces explorations j'ai été frappé par la couverture extrêmement étrange d'un livre de poche, illustré par le détail d'un tableau su peintre surréaliste Max Ernst. Sous un croissant de lune, très haut au-dessus de la Terre, deux paires de jambes - les corps manquaient - étaient engagés dans ce qui ressemblait à un coït céleste. L'ouvrage - une traduction en prose du poème de Lucrèce, De la nature (De rerum natura), vieux de deux mille ans - coûtait dix cents. Je l'ai acheté, je l'avoue, autant pour la couverture que pour l'exposé classique qu'il contenait sur le matérialisme de l'Univers.
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Le Pogge n'aimait pas les moines. Il connaissait pourtant des frères remarquables, des hommes érudits et d'une grande rectitude morale, mais de manière générale, il les trouvait superstitieux, ignorants et d'une paresse désespérante. Pour lui, les monastères étaient des repaires d'individus inaptes à la vie dans le monde. Les nobles y envoyaient les fils qu'ils jugeaient inadaptés, trop frêles ou bons à rien ; les marchands y envoyaient leurs enfants attardés ou paralytiques ; et les paysans, des bouches impossibles à nourrir. Les plus robustes avaient au moins l'avantage de pouvoir exploiter les jardins ou les champs adjacents, mais pour la plupart, pensait le Pogge, c'était un ramassis de fainéants. Derrière les murs épais des cloîtres, ils marmonnaient leurs prières et vivaient des revenus de ceux qui exploitaient les vastes terres de leur monastère.
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Il s'agit de souligner un fait plus surprenant, l'impression, évidente à chaque page de De la nature, que la vision scientifique du monde - celle d'atomes se déplaçant au hasard dans un univers sans bornes - a, à l'origine, été inspirée par l'émerveillement d'un poète. Cet émerveillement ne doit rien à des dieux ou des démons, ni au rêve d'une vie après la mort ; chez Lucrèce, il vient de la prise de conscience que nous sommes faits de la même matière que les étoiles, les océans et de tout ce qui est. Ce qui, d'après lui, doit déterminer la façon dont nous menons notre vie.
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Une fois le poème de Lucrèce revenu à la lumière, les vers de ce poète visionnaire, si près de l'expérience humaine, se mirent à résonner dans les oeuvres des artistes et des écrivains de la Renaissance, dont beaucoup se considéraient comme des fidèles chrétiens. Pour les autorités, les échos de cette rencontre étaient beaucoup moins inquiétants quand ils apparaissaient dans la peinture ou dans le roman épique, plutôt que dans les écrits scientifiques ou philosophiques. La police ecclésiastique de la pensée était rarement sollicitée pour examiner des oeuvres d'art soupçonnées de véhiculer des idées hérétiques.
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"De la nature" n'est pas une lecture facile. Le poème est composé de sept mille quatre cents hexamètres non rimés, la forme choisie par les poètes latins Virgile et Ovide, lesquels imitaient Homère. Divisé en six livres dépourvus de titres, il alterne des passages d'une impressionnante beauté lyrique avec des méditations philosophiques sur la religion, le plaisir et la mort, des réflexions complexes sur le monde physique, l'évolution des sociétés humaines, les dangers et les joies du sexe, et la nature de la maladie. La langue est souvent difficile, la syntaxe complexe, et l'ambition intellectuelle considérable.
Il en fallait davantage pour décourager le Pogge et ses savants amis. Ces hommes maîtrisaient parfaitement le latin, ils étaient prêts à résoudre toutes sortes d'énigmes textuelles et s'aventuraient avec plaisir et curiosité dans les arcanes plus impénétrables encore de la théologie patrisque. Un unique coup d'oeil aux premières pages du manuscrit de Lucrèce suffit sûrement à convaincre le Pogge qu'il avait découvert un ouvrage remarquable.
Mais sans doute ne comprit-il alors que cette oeuvre menaçait tout son univers mental. S'il avait perçu la menace, il aurait peut-être remis le poème en circulation malgré tout : retrouver les traces perdues du monde antique était son but suprême, le seul principe - ou presque - qui échappât à la désillusion et au rire cynique. Ce faisant, il aurait pu prononcer ces mots murmurés par Freud, dit-on, à l'oreille de Jung, alors qu'ils pénétraient dans le port de New York pour recevoir l'accolade de leurs admirateurs américains : "Ne savent-ils pas que nous leur apportons la peste?"
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Si l'homme parvient à garder en tête cette simple vérité — les atomes, le vide et rien d'autre, les atomes, le vide et rien d'autre —, sa vie peut changer. Il n'aura plus peur de la colère de Zeus au moindre grondement de tonnerre, ni de celle d'Apollon à la moindre épidémie de grippe. Il sera libéré de cette affection terrible que Hamlet, des siècles plus tard, nommera « la terreur de quelque chose après la mort, / Contrée inexplorée dont, la borne franchie, / Nul voyageur ne revient ».
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Dans la Rome païenne, le paroxysme de cette recherche du plaisir se jouait dans l'arène des gladiateurs, où elle croisait le paroxysme de la douleur infligée et endurée. Si Lucrèce proposait une version moralisée et purifiée du principe romain de plaisir, le christianisme proposait une version moralisée et purifiée du principe romain de la douleur. Les premiers chrétiens, méditant sur les souffrances du Sauveur, les péchés de l'homme et la colère d'un Père juste, jugeaient absurde et dangereuse l'idée de cultiver le plaisir. Au mieux, le plaisir était une distraction sans intérêt, au pire, un piège démoniaque, représenté par ces femmes séduisantes sous les robes desquelles on aperçoit des pattes griffues dans l'art médiéval. La seule vie digne d'être imitée, celle de Jésus, témoignait largement de la présence inévitable de la douleur et de la tristesse dans l'existence mortelle, mais pas de celle du plaisir. Les premières représentations picturales de Jésus partagent une même sobriété mélancolique. Comme le savait tout lecteur pieux de l'Evangile de Luc, Jésus pleure, mais aucun verset ne le montre riant ou souriant, encore moins à la recherche d'un quelconque plaisir.
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Les bibliothèques monastiques du Moyen Âge les plus célèbres étaient petites par rapport aux bibliothèques antiques ou celles qui existaient à Bagdad ou au Caire. Avant l'invention de l'imprimerie, pour rassembler un nombre modeste d'ouvrages, il fallait créer ce qu'on appelait des scriptoria, ces ateliers où les moines restaient assis des heures durant pour exécuter les copies. Au début, cette tâche s'effectuait dans un endroit du monastère jouissant d'une bonne lumière, même si le froid engourdissait parfois les doigts. Avec le temps, des pièces spéciales furent aménagées ou construites à dessein. Dans les grands monastères, ceux qui cherchaient à rassembler de prestigieuses collections de livres, il s'agissait de vastes salles pourvues de fenêtres en verre transparent sous lesquelles les moines, dont le nombre pouvait aller jusqu'à trente, s'installaient face à des pupitres individuels parfois séparés par des cloisons.
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