AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4/5 (sur 25 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Santa Monica, Californie , le 20/03/1950
Biographie :

Romancier américain mais également essayiste et critique.

Steve Erickson est diplômé en cinéma à UCLA et en journalisme. Il publie son premier roman en 1985.

En 2010 il est lauréat du prix de littérature de l'Académie américaine des arts et des lettres et la Fondation John Simon Guggenheim lui attribue une une bourse.

Il est considéré comme un représentants majeurs de l'Avant-Pop.

Ajouter des informations
Bibliographie de Steve Erickson   (4)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La glam-rocker éthiopienne de quatre ans est la seule de la famille à ne pas être emballée par le résultat de l'élection. Saba a été la seule, à la maison, à soutenir le candidat adverse, un homme couleur de neige et de la génération des grands-pères, deux choses dont l'enfant ignore tout. Zan a trois théories concernant l'enthousiasme de Saba pour ce candidat. La première, et la plus rassurante, est qu'en effet l'homme lui rappelle le père de Viv, mort deux ans avant sa naissance et qu'elle voit sur toutes les photos de famille. La deuxième théorie, plus agaçante à défaut d'être trop dérangeante, est qu'elle veut emmerder le monde.
La troisième théorie, la plus troublante, est que dans son cerveau de quatre ans elle en vient déjà à croire que la couleur de la neige est préférable à celle de... Eh bien, choisissez votre poison raciste - du chocolat? du café? de la boue? A quel marron s'identifie-t-elle? Depuis qu'elle est venue vivre chez les Nordhoc, c'est plus d'une fois qu'elle a remarqué que sa peau est d'une certaine couleur, et celle de Zan, de Viv et de Parker, d'une autre. Comment se fait-il, demande avec colère la petite fille en rentrant de l'école maternelle où il n'y a aucun autre enfant noir, que vous ayez la peau claire alors que la mienne est foncée?
Commenter  J’apprécie          100
"Est-ce que tu préfères qu'on t'appelle autrement que Saba?
- Quoi? demande la petite.
- Est-ce que tu préfères qu'on t'appelle autrem...
- Mais quoi.
- Ce que tu sens être ton nom."
La petite réfléchit. "Saba, ce n'est pas mon nom?"
Viv répond : "Si. Mais tu pourrais toujours changer d'avis plus tard.
- C'est vrai?
- Oui.
- Peut-être plus tard.
- OK.
- Quand je serai devenue celle que je suis.
- Très bien."
Commenter  J’apprécie          100
Bien sûr que Saba ne s'appelle pas Saba, en réalité. "On est vraiment obligé de l'appeler comme ça? demande Viv.
- Comme la reine de, dit Zan.
- Oui, je sais qui était la reine de Saba. Ce n'est pas ce que je veux dire.
- J'expliquais juste à Parker", dit Zan (...).
Viv dit : "Oui mais quand même." Sur le certificat de naissance fourni lors de l'adoption, le nom de Saba est Zema, ce qui, en amharique, veut dire... Eh bien, Zan et Viv ne savent pas vraiment ce que ça veut dire. La variante la plus proche signifie "mélodie" ou "hymne", mais d'après ce que Zan comprend, les noms éthiopiens ne tirent leur signification que de ceux qui leur sont accolés, de la même manière que les cartes du tarot ne tirent leur sens que de celles qui les accompagnent. Ce n'est qu'en réunissant tous les noms d'une personne qu'on obtient la signification complète.
Commenter  J’apprécie          70
Il rêvasse (si on peut employer ce terme): alors même que son temps est bientôt compté, son heure de gloire, quels que soient le moment et la nature, n'a toujours pas sonné. Il pense à son beau-père, mort six ans plus tôt, et à ses dernières paroles: "C'est passé à une vitesse".
Commenter  J’apprécie          70
Elle n'a encore jamais vu d'enterrement nocturne, plein de torches : Tous les enterrements devraient se faire la nuit, conclut-elle, c'est la seule beauté suffisamment triste pour être digne d'un enterrement.
Commenter  J’apprécie          71
C’était la première ligne d’une petite annonce personnelle qui avait paru dans un journal, juste après le Jour de l’An. Toute froissée et jaunie qu’elle est devenue, elle est épinglée à présent au mur de sa chambre d’hôtel.
Y sont épinglés aussi des articles de magazines de voyage qui évoquent des villes mystérieuses telles que Budapest, Dublin, Reykjavik ou Saint-Sébastien, des villes qu’elle pensait bien ne jamais voir. Mais elle n’aurait jamais cru non plus qu’elle verrait Tokyo un jour. Il y a là également des articles tirés de journaux littéraires et de revues d’art sur Flannery O’Connor, Uum Kulthum, Ida Lupino, Sujata Bhatt, Hannah Höch, Big Mama Thornton, Hedi Lamarr, Kathy Acker et Asia Carrera.
À côté de la petite annonce personnelle se trouve aussi un morceau de journal du même jour qui raconte comment, en Californie du Nord, exactement deux mille femmes et enfants se sont jetés d’une falaise, le soir du Nouvel An, aux douze coups de minuit. En tout cas, c’est ce que raconte ce morceau de journal, mais il n’a pas tout à fait raison au sujet des douze coups de minuit et de quelques autres choses encore. Par exemple, ça n’a pas été tout à fait le suicide collectif bien ordonné qu’il a l’air de dire. Et il n’y en a pas eu exactement deux mille. La jeune Américaine de dix-sept ans qui vit dans cette chambre d’hôtel en sait quelque chose puisque c’était elle la deux millième ; et comme maintenant elle est ici, à Tokyo, ma foi, n’importe qui peut faire le calcul.
Commenter  J’apprécie          10
Le cambrioleur trépigne de rire, content de lui. "Franchement, Lauren Bacall dans Le port de l’angoisse reprend mot pour mot certaines des répliques de Jean Arthur dans Seuls les anges ont des ailes. Mais, en attendant, La poursuite infernale, c’est presque un western-polar avec l’ambiance glauque et tout le merdier, le premier film de Ford après la guerre et les camps de concentration, et peut-être qu’il n’était plus dans son trip habituel sentimentalo-joyeux d’Irlandais bourré. Regarde-moi un peu Henry Fonda en Wyatt Earp, ou Victor Mature en Doc Holliday, ou encore Walter Brennan en Pa Clanton ! Je ne te parle pas du Grandpa McCoy de la télé, je te parle de La poursuite infernale, où Walter Brennan est un enfoiré de tueur absolument dément, tu m’entends ? "Quand tu dégaines, c’est pour tuer un homme !" Putain ! Dans La poursuite infernale, tu retrouves toute la puissance mythique inhérente au western, mais en des termes que les Blancs de l’après-guerre pouvaient comprendre, en partant du principe qu’ils étaient tous plus malins et sophistiqués qu’avant-guerre. L’Ouest archétypal créé par Ford, avec ses codes de conduite que les gens respectaient ou bafouaient – et j’essaie juste de rendre justice à cet enfoiré en mettant de côté, autant que possible en tout cas, le fait qu’il ait joué un membre du Klan dans cette connerie fumeuse qu’est Naissance d’une nation -, enfin, quoi qu’il en soit, la vision de l’Ouest par Ford était tellement aboutie que Hawks, Budd Boetticher ou Anthony Mann n’ont pu que faire des ajouts, tu vois ce que je veux dire ? Mais évidemment le western a évolué avec la manière dont l’Amérique se voyait elle-même, d’une sorte de nation héroïque où tout le monde est libre jusqu’à ce lieu moralement dégénéré et corrompu qu’elle est véritablement, et maintenant imagine-toi que ce sont des Italiens à la noix qui font les seuls westerns encore dignes d’être regardés, parce que l’Amérique blanche est tout simplement trop paumée, elle ne sait plus s’il faut adhérer au mythe ou au non-mythe, et du coup dans un pays où les gens ont toujours cru qu’ils pouvaient échapper à leur passé, aujourd’hui on apprend que l’Amérique est le pays où c’est justement impossible, le seul endroit où, de même que le blabla finit par devenir impossible à distinguer du non-blabla, l’honneur finit par devenir impossible à distinguer de la trahison ou tout simplement, disons, du meurtre de sang-froid… Qu’est-ce que tu fais ?"
Vikar le détache de la chaise. "Ne reviens plus me cambrioler", dit-il.
Le cambrioleur paraît presque vexé, mais il se lève lentement de sa chaise, un peu péniblement, puis cambre le dos et se masse les poignets. "Ok, mec, répond-il calmement. Ca roule.
– Désolé pour ta tête", dit Vikar.
Le regard du cambrioleur est de nouveau attiré par le film. "Pas de problème. Les risques du métier. Au fait, il y a dans sa voix une vague supplique, je peux regarder jusqu’à la fin ?
Commenter  J’apprécie          00
Sa dernière aventure en cartographie, la plus troublante, datait d’il y avait plus de quinze ans, lorsque la ville de Los Angeles l’avait embauché pour faire la carte des rêves disparus de la ville. Dans les mois qui avaient immédiatement suivi le 31 décembre 1999, les résidents de L.A. avaient commencé à se rendre compte que leur sommeil était maintenant totalement dépourvu de rêves, phénomène qui coïncidait avec le pillage systématique, à l’ouest de la ville, des capsules témoins du Black Clock Park. Petit à petit, les habitants de la ville étaient tombés dans un état d’insomnie agitée, puis dans une espèce de folie fonctionnelle. (…) Bien que Carl ne fût encore jamais allé à L.A., il comprit qu’elle n’était rien sinon la ville des rêves délégués, et c’était pourquoi ses responsables avaient littéralement transformé le paysage urbain en une vaste salle de projection où constamment, nuit et jour, sur la façade des buildings, sur les murs des chambres, sur le ciment des trottoirs, sur l’asphalte des rues, on projetait de vieux films.
Commenter  J’apprécie          10
Pour la première fois de la soirée, l'enfant de chœur au sang chaud est à l'unisson de ses yeux tristes et ardents: "Je ne crois pas qu'un homme puisse tout changer, dit-il. Peut-être qu'aucun homme ne peut rien changer, et moi encore moins. Je suis un accident. Mais je pense que, parfois, même les hommes qui ne sont pas de grands hommes doivent trouver le moyen d'essayer de faire de grandes choses. Les gens pensent que je n'ai peur de rien, alors qu'en vérité j'ai peur de tout et il n'y a pas si longtemps que ça, j'ai juré devant un Dieu que j'aime, et en qui je crois un peu moins qu'avant, que je ferais toutes les choses dont j'ai peur, car je crois que n'importe qui peut changer une partie des choses, et cette partie des choses change autre chose, et très vite la ride sur le lac devient la vague sur la plage."
Commenter  J’apprécie          10
C’était quand elle avait commencé à aller au jardin d’enfants qu’il s’était mis à accrocher tous les matins une pancarte à sa porte, avec un simple mot. Au début, c’était un jeu pour elle d’aller tout excitée au réveil voir ce qui l’attendait. Ce mot quotidien fut d’abord un reflet des attentes et des aspirations de son père, avec les premiers mots d’anglais qu’il s’était attribués lors de son expatriation du Japon aux Etats-Unis : EXCELLENCE, AMBITION, DÉTERMINATION, SUCCÈS. Mais, les années passant, le mot sur la porte se mit à suivre de près à la fois sa chute de fillette dans les vulgarités de l’adolescence et la détérioration constante et mesurée de son approbation, stigmatisant sa vie selon ses manquements : DÉCEPTION, PARESSE, STUPIDITÉ. ÉCHEC.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Steve Erickson (27)Voir plus

Quiz Voir plus

L'inconnu du donjon d'Evelyne Brisou-Pellen

Comment se prénomme notre jeune héros?

Guilhem
Garin
Trousse quelquechose
Torticolis

20 questions
419 lecteurs ont répondu
Thème : Garin Trousseboeuf, tome 1 : L'inconnu du donjon de Evelyne Brisou-PellenCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..