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Biographie :

Suzanne Rindell est un étudiant au doctorat en littérature moderniste américaine à l'Université Rice. L'autre dactylo est son premier roman. Elle vit à New York et travaille actuellement sur ​​un deuxième roman.


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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Ils disaient que la machine à écrire nous ôterait toute féminité.

Il suffit de la regarder pour comprendre comment ils – Les gardiens autoproclamés de la moralité et de la vertu féminine – en sont arrivés à cette conclusion. Que ce soit une Underwood, une Royal, une Remington, une Corona, la machine à écrire est un objet austère, plein de gravité, tout en angles et en lignes brisées, carré, dénué du moindre galbe frivole, de la moindre fantaisie féminine.
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Mon intérêt pour Odalie n’avait rien de malsain, seules mes méthodes laissaient peut-être à désirer. De prime abord, Odalie était charmante et, quand elle voulait se montrer amicale, elle était très convaincante. On pouvait aisément la prendre pour une personne sociable, à tort cependant. Dès les premières semaines, je fis une petite découverte quant à sa véritable personnalité : si on l’observait de près, d’un œil acéré – comme le mien –, on devinait que sous ses dehors affables, elle ne tenait pas à se lier avec n’importe qui. Lorsque quelqu’un s’approchait de son bureau, les commissures de ses lèvres se crispaient très légèrement, quoique de façon perceptible, avant qu’elle affiche un grand sourire superficiel, avec la même désinvolture que si elle eût étalé du beurre sur un toast.
Évidemment, tout le monde voulait toujours lui parler. Et si l’on n’avait pas cet honneur, alors on parlait d’elle.
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Ces filles modernes sont admirables, en apparence. Cela, je le concède volontiers. Je sais qu'Odalie passe pour un personnage romantique, ses cheveux d'un noir soyeux auréolés du clair de lune, les perles de sa robe accrochant les rayons des étoiles. Or cette image n'est qu'un leurre. C'était elle qui connaissait les entrées secrètes et les mots de passe des speakeasies, mais c'était elle la pire aveugle. Son charme ensorcelant et son rire musical n'étaient que promesse de romance, illusion d'une vie de rêve. En vérité, Odalie ne possède pas la moindre fibre romantique et n'a que très peu de patience à l'égard des sentiments, quels qu'ils soient. Elle est le mirage reculant devant vous à mesure que vous vous enfoncez toujours plus loin dans le désert.
Non, entre Odalie et moi, c'est moi la romantique. Un vestige d'une époque oubliée. Le monde n'a plus de tolérance aujourd'hui pour la sensibilité féminine.
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Nous dénouerions nos tabliers pour mieux nous boutonner dans des chemises amidonnées et des jupes bleu marine qui, à coup sûr, nous transformeraient en êtres androgynes. Ils craignaient qu’au contact permanent de tout cet attirail technologique – les sténotypes, les duplicateurs, les machines à additionner, les pneumatiques – nous ne nous endurcissions, et que nos tendres cœurs de femmes ne se figent dans une imitation envieuse de ces appareils de fer, de cuivre et d’acier.
De toute évidence, savoir taper à la machine a permis au beau sexe d’être admis dans des environnements professionnels dominés par les hommes – comme le commissariat, où les sténo-dactylographes constituent une minorité féminine. Certes, il y avait déjà quelques femmes policières à Manhattan, ces vieilles matrones employées pour épargner les fausses accusations d’indécence aux hommes chargés d’embarquer chaque jour des troupeaux de prostituées.
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Nous autres dactylographes sommes réputées incapables de nous tromper. Cela est un curieux phénomène, mais dès lors qu’un document est dactylographié, sa véracité, pour le meilleur ou pour le pire, devient irréfutable. J’ai assisté à quelques procès et entendu les mots que j’avais tapés de mes propres mains prononcés par l’avocat général. Lues à voix haute, ces transcriptions acquièrent un caractère aussi sacré que les deux Tables rapportées par Moïse du mont Sinaï – si ce n’est davantage car, après tout, Moïse brisa les Tables de la Loi et dut retourner en chercher de nouvelles, alors que ces actes semblent indestructibles.
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La machine à écrire est bel et bien mon passeport pour un univers d’où moi et mes semblables serions autrement exclues.
Taper à la machine, vous savez, n’est pas une besogne abrutissante. On pourrait même aller jusqu’à avancer que l’activité d’une sténo-dactylo – écrire sous la dictée, pianoter sur les touches de la sténotype – est peut-être l’une des formes de travail les plus civilisées que notre monde moderne ait à offrir. Et nul besoin de s’inquiéter pour le reste ; une bonne sténo-dactylo connaît sa place. Elle est simplement heureuse, en tant que femme, de percevoir un salaire convenable.
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L’ennui, voyez-vous, c’est qu’une fois qu’ils ont abandonné l’idée de nier leurs crimes et décidé de se mettre à table, les suspects sont en général très explicites sur les conséquences de leurs actes. Je suis une personne morale, ces descriptions sordides ne me ravissent pas. Cela dit, je m’en voudrais si le lieutenant détective percevait mon malaise. Sûrement y verrait-il la preuve d’une faiblesse toute féminine. Or, croyez-moi, j’ai l’estomac bien accroché.
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Une fille ordinaire n’attendait pas que l’on se presse autour d’elle, et était tout aussi heureuse de faire poliment la conversation que de tirer un livre des poches de sa jupe et de lire tranquillement dans son coin. Une fille ordinaire n’était pas encline aux idées romantiques – ni, pire encore, ne risquait de susciter par inadvertance des idées romantiques dans l’esprit des garçons, et par là de causer un scandale.
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Comme la machine à écrire, je ne suis là que pour les coucher noir sur blanc, pour produire le procès-verbal officiel et fidèle à partir duquel la cour rendra son jugement. Je suis là pour consigner ce qui en définitive attestera de la vérité.
J’en suis fière, bien sûr, et je dois veiller à ce que ma fierté ne me monte pas à la tête.
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Dans mon travail, je suis fréquemment confrontée à de fortes têtes refusant de se soumettre à la loi et à l’autorité, mais les événements de ce vendredi revêtaient un caractère absurde ; sombre et absurde. Et cette conversation avec le lieutenant détective ! Je me sentais humiliée, rabaissée plus bas que terre.
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