« Nous avons tous un rapport névrotique au réel » (Sylvain Kermici)
Découvrez Sylvain Kermici, l'auteur de « Hors la nuit », paru en octobre dernier dans la collection...
Attention Spoilers !
Croyez-moi, on devient adulte par résignation et conformité à la règle, alors aue l'enfant, lui, est capable de boire votre sang en ricanant. Si le monde tournait rond, les prisons seraient remplies exclusivement de mineurs polymorphes dont le credo est de détruire et de jouir sans entrave. (60-61)
Il vivait encore chez sa mère, une bigote d'une rigidité si vindicative qu'il était remarquable qu'une créature ait pu s'échapper d'entre ses jambes, et plus remarquable encore qu'une autre, neuf mois plus tôt, et quel que soit le degré d'alcool, ait éprouvé le désir d'y entrer. Elle avait beau rouiller sa mort dans le fauteuil télévisé, elle surgissant à tout moment dans sa chambre, dans l'espoir de surprendre quelque acte pervers qui aurait justifié le flot de ses imprécations. (23)
Qui oserait affirmer que la douceur et l'amour ont présidé à l'apparition de la vie ? Qui oserait affirmer que la vie et la violence sont deux choses distinctes ? (7)
Alors j'ai levé le couteau. Trois coups ont suffi. Après le premier, plus de haine. Après le deuxième, la conscience de soi. Après le troisième, le début de la liberté. J'ai gagné ma liberté. Suivez mon exemple. Écoutez la voix du déchirement. Tuez vos parents avant qu'ils ne vous tuent. C'est la loi de la Nature... (16)
Quelques mois plus tard, vous vous retrouvez avec cette créature vagissante dans vos bras, d'une laideur affirmée, dotée d'une belle aptitude à la nuisance et au chaos, ce que je ne peux que saluer bien bas. L'image des anges est d'une justesse étonnante : ce sont les parfaits alliés de l'Apocalypse. (127)
Qui oserait affirmer que la douceur et l'amour ont présidé à l'apparition de la vie? Qui oserait affirmer que la vie et la violence sont deux choses distinctes?
Les gens ont tort de se plaindre des sociétés capitalistes modernes. Elles sont l'image parfaite de la psyché humaine: brutales, cannibales, autoritaires, profondément injustes et inégales, malgré d'apparentes velléités, disons humanistes, auxquelles personne ne croit d'ailleurs. Elles sont d'autant plus fortes qu'elles demeurent instables. Le Tout se nourrit du chaos de l'Un.
Il n'était pas en mesure de déterminer si la moue dédaigneuse était celle de la fille avant la mort, ou celle de la mort après la fille.
Tous les morts affichent le même air moqueur, comme s'ils plaignaient les vivants de demeurer de ce côté-ci du miroir.
Le meurtre l'avait rempli d'un Golgotha d'hormones mâles. Il se sentait invulnérable, omnipotent. (89)