Citations de Sylvie Tenenbaum (77)
Se taire face à un interlocuteur est une forme de communication.
Une mère n’a pas à être parfaite (ce terme ne veut rien dire) – ni une victime sacrifiée sur l’autel de la maternité. C’est une femme qui vit avec son histoire et surtout des besoins qu’elle ne doit pas négliger. Être une « mère suffisamment bonne », selon l’expression du grand psychologue pour enfants Donald W. Winnicott, est déjà très bien. Y parvenir est un chemin, car, pour plagier Simone de Beauvoir : « On ne naît pas mère, on le devient. »
Témoignage de Maïa:
"Dans ma famille, on m'a toujours reproché d'être une pile électrique, trop rapide, de trop aimer la complexité, d'être trop indépendante, trop directive aussi, très autoritaire. On m'en voulait de prendre des décisions à la place des autres, de vouloir contrôler tout le monde - et de trop me contrôler moi aussi".
La dépression ne doit pas être confondue avec la « déprime », sorte de « coup de grisou », de mal-être passager (qui ne facilite pas la vie mais ne dure généralement pas longtemps), ni avec le stress, terme tellement utilisé, dont la définition a changé de sens : de syndrome d’adaptation généralisé (SAG) à un changement, même heureux, il est devenu synonyme de malaise, de mal-être.
Personne ne sait combien peut durer une seconde de souffrance.
L’emprise émotionnelle est une domination de l’esprit, de la volonté, de la morale et de l’intellect d’une personne par une autre,
Les Fées Clochette semblent, pour la plupart, atteintes du "syndrome de Superwoman".
Elles ne savent pas s'arrêter: elles veulent tout faire, tout contrôler, sans jamais se donner le droit de souffler.
Promettre la "guérison" de la souffrance grâce au pardon est un leurre qui, l'expérience le démontre, se révèle être un mensonge.
La toxicité d'une relation n'est pas l'apanage des pervers ou autres psychopathes mais naît de situations qui se reproduisent, encore et encore, avec des incompréhensions mutuelles, et chaque interlocuteur peut devenir toxique pour l'autre.
Je restai longtemps sur mon confortable fauteuil dont j’avais surélevé les pieds, car à mon âge il est difficile de se relever de nos sièges égyptiens, très bas, tandis que mes pensées me ramenaient toujours vers Cléopâtre. Malgré son maquillage, je la savais experte en cet art que les Égyptiens avaient su magnifier, sa peur et sa douleur transparaissaient. J’ignorais qui, de la Reine, de la femme ou de la mère, souffrait davantage. Les trois, sans doute. César avait été assassiné deux ans auparavant ; jamais plus il ne veillerait sur la Reine, ni la femme, ni la mère. Qui protégera leur fils, Ptolémée Philopatôr Cæsar, d’un sort contraire ? Qu’allait devenir Cléopâtre ? Puissante et riche, elle l’était. Mais cela ne suffit pas. Combien de temps cette Reine pourrait-elle lutter à la fois contre Rome, les nobles Alexandrins et les courtisans, contre les factions qui désiraient l’affaiblir, sans parler des complots ourdis en secret ? Qu’adviendra-t-il de cette petite femme à la fois grecque et égyptienne ? Ces pensées ne me quittèrent pas, troublant ma nuit, et l’aube ne m’apporta aucun réconfort.
L’abandonnisme est un ressenti chargé d’atteintes morales profondes, dont la plupart remontent à la prime enfance. Les négligences parentales (voire la maltraitance), les séparations douloureuses, comme aussi l’indifférence des proches, sont vécues comme des formes d’abandon. Sans oublier ce qui est transmis dans les inconscients familiaux ou collectifs. Toutes ces blessures d’abandon, beaucoup plus fréquentes qu’on n’imagine, sont difficiles à cicatriser, car elles impriment une immense souffrance.
Être une femme seule aujourd’hui n’a rien de rare, il s’agit même d’un véritable fait de société. Quel que soit leur âge, qu’elles soient divorcées ou célibataires « depuis toujours » comme l’expriment certaines, qu’elles aient ou non des enfants, nous voyons de plus en plus de femmes qui vivent seules – entendons par là qu’elles n’ont ni mari ni compagnon attitré dans la durée.
L’oubli de soi se traduit généralement par deux grandes catégories de comportement : se sacrifier totalement à l’autre, aux autres, à une cause, au détriment de sa propre vie, ou bien vivre en mode automatique, coupé de ses besoins profonds, sans désirs et dans l’ignorance de son authenticité, car « la vie, c’est comme ça, il n’y a rien à en attendre ». Jusqu’au jour où l’on n’en peut plus, où l’on a le sentiment de « passer à côté de sa vie ».
Lorsqu'elles refusaient de regarder lucidement leurs propres imperfections, elles supportaient très mal les imperfections d'autrui, qui étaient bien souvent le miroir des leurs.
Je dis souvent à mes patients que la véritable force d'un être humain réside justement dans l'acceptation de sa vulnérabilité.
Certains "accidents" de la vie ont ceci de bon qu'ils donnent aux personnes "arrêtées" l'occasion de faire connaissance avec elles-mêmes.
La reconnaissance des blessures, la compréhension des séquelles, des cicatrices psychiques qu'elles ont laissées, et la réparation émotionnelle du passé sont des éléments essentiels à toute thérapie réussie. Car malgré le refoulement; malgré l'oubli, le passé ne disparaît jamais.
Les Clochette ont depuis plusieurs décennies enfoui au plus profond d'elles-mêmes bon nombre d’évènements: il faut donc sortir du silence. Le passé ne pourra pas cicatriser s'il n'est pas dit, s'il n'est pas écouté.
Seul l'offensé possède la légitimité du pardon car l'offense ou les crimes sont toujours accomplis de personne à personne, même s'ils sont collectifs. De nombreux crimes resteront ainsi à jamais impunis, ceux dont les victimes sont mortes, au cours des siècles, des dernières années ou ce jour d'aujourd'hui [...].
Le seul "pardon"qui soit absolument, impérativement nécessaire est le pardon à soi-même, qui est une réhabilitation.
On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts.