j’ai pris conscience que ce n’étaient pas eux que je haïssais, mais la société dans laquelle nous vivons.
— Et si nous voulons que les choses bougent, c’est de l’intérieur qu’il faut s’attaquer à cette société
Tu crois qu’il suffit de transpercer un orque pour l’empêcher de t’arracher la tête ? Autant essayer de trucider un loup au moyen d’un cure-dents !
Nous pouvons nous montrer têtus, moi y compris. Othello, en revanche, est beaucoup plus sage que la plupart d'entre nous. Le jour où il a accepté d'être évalué par l'Inquisition, je lui ai dit qu'il s'apprêtait à pactiser avec l'ennemi. Sais-tu ce qu'il m'a répondu ? Que le pire ennemi d'un guerrier pouvait aussi être son meilleur professeur. Je n'en suis pas revenu.
Pourquoi cachez-vous vos visages ?
— Pour qu’on nous épouse par amour, pas pour notre apparence, expliqua Briss. Un mari ne découvre le visage de sa femme que le jour des noces. Ce voile est également une marque de modestie, et nous empêche de faire étalage de notre beauté.
- Comment osez-vous entrer dans ce tribunal montée sur un démon ? Mettez pied à terre sur-le-champ, ou vous serez accusée d'outrage à magistrat !
Ave un air de mépris, Lovett lâcha le coutelas, qui tomba à terre.
- Je ne le peux.
- Vous ne le pouvez ou ne le voulez ? aboya l'inquisiteur en se redressant, hors de lui.
- Je ne le peux, répéta l'invocatrice en écartant ses longs cheveux de son visage. Je suis paralysée de la taille aux pieds.
Je me demande quel genre de monture ils arriveront à chevaucher s’ils se retrouvent dans la cavalerie… Avec leurs petites jambes, ils doivent être incapables de talonner ne serait-ce qu’un poney !
Fletcher suivit les instructions du capitaine Lovett, et le pentacle se mit à luire d'un éclat pourpre qui se stabilisa aussitôt.
-Sens-tu l'esprit de ton démon? demanda le professeur en lui posant une main rassurante sur l'épaule.
-Oui, il est là, murmura Fletcher, ébloui par la lumière que diffusait la forme étoilée.
-Attire-le en toi, à présent. Au début, il risque de résister, mais la première fois, c'est normal, précisa Lovett, dont la voix lui paraissait venir de très loin.
A chaque battement de son coeur, il avait l'impression que l'énergie du démon palpitait dans ses veines et vibrait à ses tempes. Le lien qui l'unissait à Ignatius était comme obstrué. Puis il s'empara de la conscience de la créature et, fournissant un effort inouï, la tira à lui. L'espace d'un instant, Ignatius se rebiffa, poussant un sifflement, avant de s'apaiser. Au bout d'un moment qui lui parut s'éterniser, le jeune homme perçut une sorte de déclic, et la conscience du démon se fondit enfin dans la sienne: il eut la sensation de s'enfoncer dans un bain tiède.
- Félicitations, Fletcher, chuchota le professeur à son oreille. Détends-toi, maintenant.
Le front plaqué contre le vélin, empli d'un bonheur et d'une clarté d'esprit inhabituels, le garçon inspira une bonne bouffée d'air, entendant à peine la clameur de joie de ses camarades.
-L'infusion de sa salamandre a procuré à Fletcher une exaltation qui ne va pas durer, expliqua le capitaine Lovett. D'ici quelques minutes, il sera à peine conscient de la présence du démon. Celui-ci va voir tout ce que son maître voit, il va éprouver des émotions similaires, sans forcément tout comprendre. Cela peut se révéler fort utile s'il vous faut invoquer votre démon lors d'une bataille, car il sera déjà informé de la situation lorsqu'il surgira de vous.
Quand il revint à lui, Fletcher entendit un sifflement aigu. Il ouvrit les yeux : Ignatius était assis près de lui, les yeux rivés sur Jeffrey et Caulder, lesquels observaient la créature depuis l’autre bout de l’arène. Le maître d’armes jurait, et une odeur de brûlé planait dans l’air.
- Fichus démons, on devrait tous les abattre ! Ce ne sont pas ces abominables créatures qui nous débarrasseront des orques, mais nos bonnes vieilles méthodes de combat, grommelait-il en triturant un pan carbonisé de son surcot.
Ignatius avait dû s’en prendre à Caulder quand Fletcher avait perdu connaissance. Frottant sa gorge endolorie, il s’assit, se demandant pourquoi tous ceux qu’il rencontrait cherchaient à l’étrangler – Didric, Arcturus, et maintenant Caulder. Sans oublier Ignatius, qui aimait tant s’entourer autour de son cou.
- Vous oubliez un détail, messire, dit le garçon d’une voix enrouée. Les chamans orquiens possèdent deux fois plus de démons que nous. Croyez-vous que vos « bonnes vieilles méthodes » suffiraient face à ces abominables créatures, ainsi que vous les appelez ? Et si vous les détestez tant, pourquoi enseignez-vous à l’Académie Vocans ?
"L'académie Vocans accepte tout le monde à présent, répliqua Fletcher, qui ressentait de la compassion pour le nain. Même les filles et les plébéiens! Il n'y a que des plébéiens à notre table, vois-tu. Les nobles n'arriveront que demain." (p. 108)
"Nous autres plébéiens sommes d'emblée défavorisés: les démons qui nous sont confiés sont plutôt faibles. Les nobles, en revanche, les héritent de leurs parents, qui prennent soin de capturer des créatures puissantes pour leurs enfants. [...] J'ignore tout des caractéristiques de la salamandre de Fletcher, car c'est la première fois que j'en vois une. " (p. 110)
"le pire ennemi d'un guerrier [peut] aussi être son meilleur professeur" (p. 307)
-Fletcher Wulf, annonça-t-il en lui mettant les menottes au poignets. Je t'arrête pour tentative de meurtre contre Didric Cavell.
(...)
-Tu as voulu jouer au plus fin, mais c'en est terminé, gronda l'inquisiteur. Il est temps que tu retournes à Pelt!