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Critiques de Taslima Nasreen (44)
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Femmes, manifestez-vous !



"Mardi 06/20/20 , AFP. Des centaines de manisfestants, pour le 2ème jour consécutif, contre les violences sexuelles après de nouvelles affaires qui ont suscité l'indignation."

Une vidéo, sur les réseaux sociaux montrait des hommes agressant et déshabillant une femme, à Noakhali....





Le 05/06/1994, le Bangladesh avait délivré un mandat d'arrêt , pour "outrage aux sentiments religieux des citoyens." contre Talisma Nasreen. L'Islam y est religion d'état.





Talisma Nasreem a été condamnée à mort, via la charia, parce qu'elle est une femme...

Une femme qui avait pris position en faveur de la liberté d'expression pour Salman Rushdie. Et pour avoir critiqué le port du voile islamique...





Une femme...

Là bas, les cimetières sont interdits aux chiens. Il y a des panneaux, mais les chiens ne savent pas lire, si?

Les femmes non plus...

Car Talisma voit fleurir des panneaux: "Interdit aux femmes", à l'entrée des cimetières. La femme est impure et sa vie ne vaut pas plus que celle d'un chien...

" Elles n'ont donc le droit d'entrer dans un cimetière que lorsque qu'elles sont mortes. Serait-ce que la mort leur permet enfin d'être libres?"





"Nashta": pourriture.

Un mot pour désigner non pas un homme, mais une femme ! Peu importe son degré d'instruction, sa classe sociale ou sa caste.

"Toutes les femmes sont opprimées d'une façon ou d'une autre, et établir entre elles, une distinction de classe, me semble une absurdité."





1994-2020, plus de 25 ans séparent ces 2 affaires...

Rapport de l'UNFPA, en 2003:

65% des hommes au Bangladesh estiment qu'il est légitime de battre leur femme.

38% ignorent ce que veut dire violences physiques.

40% sont favorables au maintien du rôle inactif des femmes...

1192 femmes avaient été victimes de viols et 144 assassinées... Daily Star de Dacca, Bangladesh.
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Lajja

1992. La mosquée Badri a été détruite en Inde par des fondamentalistes (ou des cons comme vous voulez) hindous. Si la tension va monter en Inde, cet acte va donner l'occasion aux fondamentalistes musulmans bengalis(ou des cons si vous préférez) de "se faire " la population d'origine hindoue du Bangladesh. On va vivre ces évènements à travers la vie de la famille Datta, dont le père est médecin à Dacca.



Ce livre , qui a valu une fatwa à son auteur et qui bien sur a été interdit n'est ni plus ni moins que le récit d'un mini génocide , orchestré par la communauté musulmane sur celle d'origine hindoue au Bangladesh.

Au delà du roman , on est dans un livre politique : L'état du Bangladesh et son histoire depuis la partition en 47 puis l'indépendance avec le Pakistan en 71 y prend une part importante, toute comme la place occupée par l'avènement de l'Islam comme religion d'état en 1988.

Les partis politiques sont omniprésents et le communautarisme , clairement dénoncé, est finalement le thème central du livre.

J'étais venu pour un roman et je me suis retrouvé sur internet à lire l'histoire du Bangladesh , en tous les cas celle qui est disponible sur internet nuance.

J'ai notamment vu que depuis 2016 le parti au pouvoir tente de remettre le pays sur les rails de la laïcité, poussé par la montée de l'islamisme radical dans le pays. Attention quand même , parce que le parti au pouvoir ne semble pas "blanc comme neige", commençant par pendre beaucoup d'anciens dirigeants... Bref, je n'irai pas plus loin , ne maitrisant rien.



L'intérêt principal du livre réside en la différence entre l'attitude du père qui a lutté pour l'indépendance du Bangladesh au coté des musulmans pour vivre dans un pays laïc et qui , même si la situation de sa communauté se dégrade lourdement, garde la foi. Parallèlement, son fils semble amorphe , coupé de la vie jusqu'à ce qu'un fait le fasse basculer.

Tout ça est intéressant, émouvant...

Mais trop souvent, ce livre se transforme en récit d'horreurs commises par les musulmans sur les hindous. Bien sur , c'est le sujet , mais les exemples , précis, se multiplient, sans rien apporter au discours. Les hindoues sont violées, les terres sont expropriées au profit des musulmans, les postes à pourvoir sont réservés aux musulmans, les razzia se multiplient, les temples hindous sont rasés et les morts se multiplient.

Pendant que les musulmans ont le droit de se défendre en Inde, pays laïque, les hindous sont soumis au Bangladesh et ne se rebellent pas . On l'a très vite compris et la répétition nuit clairement au livre.





Je vais attaquer un livre birman , ça va être la même , mais dans l'autre sens .

Comme disait Coluche , "Force est de constater que si Dieu existe , le Diable aussi."



Encore un livre qui prouve que la religion est à la source de problème de nombreux pays, de vie dévastées , de massacre, viol, vol, exode... Heureusement qu'elle permet à certains de trouver leur voie.





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Femmes : Poèmes d'amour et de combat

Taslima Nasreen est née au Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres au monde. Un pays où la religion musulmane sert de prétexte pour étouffer et maltraiter les femmes de façon institutionnelle et banale.



Il faut saluer , à mon sens, le travail de la traductrice qui a su rendre la langue de l'auteur fluide (exercice pas forcément facile, surtout avec de la poésie !).

Dans ses poèmes en prose, on sens la rage et l'indignation intact, brute de décoffrage mais pas vindicative. Juste beau et frappant.

J'ai été très touchée et révoltée par cette lecture, que ce soit lorsque Taslima Nasreen nous conte les mésaventures ordinaires de jeunes filles ou femmes qui ont eu le malheur de naître du mauvais côté, ou que ce soit avec la sensualité dont elle parle de l'amour, la colère de la femme désillusionnée par celui qu'elle aimait ou la douleur de la fille devenue femme qui a perdue sa mère et regrette de ne pas l'avoir comprise.



Une très belle découverte.
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Femmes : Poèmes d'amour et de combat



"Femmes, ou Poèmes d'amour et de combat", ce titre à lui seul, résume ce recueil écrit dans l'urgence par Taslima Nasreen, une femme pour qui l'écriture est devenu une arme, un poing levé pour s'exprimer comme une femme libre éprise de liberté.



Taslima Nasreen née au Bangladesh l'un des pays les plus pauvres, s'est rapidement révoltée contre les interdits infligés aux femmes, au nom de la tradition et de la religion, l'Islam dans laquelle, elle a été élevée.

Devenue gynécologue, son combat sera celui des femmes opprimées, de s'élever contre les croyances irrationnelles, pour la dignité femmes, pour les libérer des fondamentalistes, dans ce combat elle ira jusqu'à déclarer que le Coran est dépassé.



Son exil lui permettra d'augmenter son audience et de faire connaître la souffrance des femmes au Bangladesh, notamment celles soumises aux lois islamistes.



J'aime beaucoup ces textes qui racontent une histoire, qui ne se limitent pas à quelques passes poétiques, pirouettes de génie, mais à faire mouche, droit au but là où ça fait mal.

Elle embellit le texte pour se faire comprendre, elle simplifie jusqu'à ne retenir, que quatre petits vers, l'essentiel.

En retour, page 19

Tu m'as donné le poison

que te donnerai-je en retour

j'inclinerai mon pichet d'amour

vers tes lèvres.



La beauté des textes vient surtout de la beauté des combats, ceux notamment qui expriment ce que ressentent les femmes, dans leur relation amoureuse, pour illustrer combien elles s'engagent totalement sans détour : "tout homme peut se pâmer et pétrissant la chair d'une femme ... sans amour aucune femme n'en est capable. Page 70"



Elle ouvre des pages cinglantes contre la prostitution, contre tout ce qui dénature les femmes, avec un langage cru, direct, elle illustre, explique, pour que toutes les femmes comprennent qu'elles ne doivent plus être des marchandises, des putes aux ordres d'hommes odieux et sans scrupules," la voilà piégée, aveuglée par l'amour, elle n'a pas su distinguer le bien du mal " page 75.



D'autres textes émergent par leur beauté, et les par les émouvantes évocations d'amour, ces élans qu'elle adresse à sa mère, sa mère qui meurt semble-t-il dans l'indifférence des hommes ; peu nous importait qu'elle soit malade, qu'elle se noie, qu'elle meure de faim. Page 57.



Puisque tu n'es plus là

pourquoi les sheulis devraient-ils refleurir ?

Quelle est l'utilité de leur parfum ?

Page 59 ( sheulis ou jasmin du soir)



Voilà de très beaux textes dans cette collection Librio, et un choix prodigieusement actuel de réflexions sur les femmes et la place qu'elles devront prendre dans nos sociétés, pour faire échec notamment à tout les obscurantismes religieux



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Scènes de mariage





Au Bangladesh Jhummur a été élevée par un père libéral. Croyant se marier avec un homme lui aussi moderne, elle se retrouve enfermée dans un appartement avec la famille de son mari. Bien qu’ayant un diplôme universitaire elle ne peut travailler, ni voir ses amis, à peine sa famille. Et lorsqu’elle annonce au bout d’un mois et demi de mariage attendre un bébé, son mari l’accuse de s’être mariée déjà enceinte et l’oblige à avorter. Mais il sera puni par où il a péché et finalement Jhummur gagnera une certaine liberté et le droit de travailler.



J’ai bien aimé ce court récit d’une vie de femme qui ne s’avoue pas facilement vaincue et trouve enfin le bonheur dans son mariage.



Cette collection qui ne semble plus exister est toujours une belle découverte.
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Lajja

Lajja signifie la honte, en bengali. C’est le sentiment qu’éprouve Sudhamoy, d’origine hindou, mais qui a toujours été communiste, athée et fervent défenseur de l’indépendance de son pays. Mais les musulmans essayent de chasser tous les hindous et de les faire fuir vers l’Inde. Sudhamoy et sa famille n’a pourtant pas l’intention de quitter leur terre natale, malgré le danger.



Suranjon, le fils aîné d’une trentaine d’années, a les mêmes idées. Mais plutôt que de devenir médecin comme son père, il n’a jamais fini ses études, ne fait rien de sa journée qu’il passe quasiment en entier au lit avant de sortir et discuter avec ses amis. Lorsque les premiers crimes contre les hindous ont lieu, il est totalement indifférent, il ne se considère pas comme un hindou, mais comme un simple humain. Il faudra que les conflits le touche personnellement pour qu’il change enfin de comportement.



Ce roman est intéressant, car il met en lumière les événements qui ont eu lieu au Bangladesh. Malheureusement, ce roman propose un peu trop d’énumération des crimes des muslmans, en citant beaucoup de noms de gens, de lieux et une liste vraiment longue de vols, viols, d’incendies, de destructions, etc. ça ralentit malheureusement le roman et n’apporte pas grand chose, après quelques anecdotes, on a compris.



De plus, j’ai vraiment détesté Suranjon, qui se laisse totalement dorloté par sa famille sans jamais rien faire, ni se remettre en question.



En revanche, j’ai beaucoup aimé Sudhamoy et son amour pour son pays, son envie de faire le bien autour de lui ; sa femme Kironmoyee qui s’occupe de sa famille et de son mari, depuis des années, malgré une vie de couple pas facile ; et Maya, la jeune sœur de 21 ans qui a une folle envie de vivre.



Je suis donc assez partagée concernant ce roman, qui a quand même valu un fatwa à son auteur. L’histoire en elle-même est intéressante et instructive, mais les énumérations sont beaucoup trop longues et cassent vraiment le rythme de l’histoire !



Vous connaissiez ce roman ? Qu’en aviez-vous pensé ?
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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Lajja

Je l'ai lu par curiosité... et je me suis prise au jeu, incapable de le lâcher. Non pas tant parce que le style, les personnages, l'histoire, m'ont passionnée, mais toujours animée par la curiosité de comprendre pourquoi ce livre-là a valu une fatwa à son auteur. Et je n'ai toujours pas compris, mais je dois être rétive aux excès du fanatisme, aux dérives de l'obscurantisme, à l'extrémisme sous toutes ses formes et d'abord à l'extrémisme religieux. L'auteur ne fait rien d'autre que décrire ces excès-là, ces dérives, et c'est bien ce qui lui a valu de devoir se cacher sous la menace d'une mort annoncée. Alors,... livre à lire absolument, ne serait-ce que par solidarité envers ceux qui luttent contre de telles monstruosité et risquent leur vie dès qu'ils sortent de chez eux.
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Lajja

Des milliers de Bangladeshis hindous subirent violences et persécutions par des musulmans en représailles de la destruction de la mosquée, Babri Masjid, à Ayodhya, en Inde, en 1992. Depuis la partition des Indes, en 1947, des vagues d’humiliations, destructions de biens, vols, viols et autres tortures et meurtres s’abattent sur les minorités religieuses. En Inde, ce sont les chrétiens et les musulmans qui en souffrent. Au Bangladesh et au Pakistan, les hindous.





Taslima Nasreen, médecin de formation, publie ce livre, Lajja (La honte), en imaginant le destin d’une famille hindoue au Bangladesh. L’originalité de cette famille est que le fils est détestable (un intellectuel oisif inconscient) et le père arc-bouté dans ses nobles principes qui ont dirigé toute sa vie. Ce roman est aussi un témoignage, qui relate des centaines d’exactions. Tous ceux qui ont lu le livre l’ont précisé : la répétition de ces faits est fastidieuse à lire. J’en ai lu quelques-uns, pour sauter des paragraphes entiers. L’autrice a voulu respecter chaque victime en écrivant son nom. Le lecteur se fera une idée du désastre, sans lire chaque nom, comme nous le faisons tous devant un monument aux morts.



Très sincèrement, la lecture de Lajja est laborieuse. Toutefois, je l’ai lu pour deux raisons.



Tout d’abord, par respect pour l’autrice, qui a reçu une fatwa pour ce livre jugé blasphématoire (je ne vois pas où) et pornographique. Je me suis dit « Ce n’est pas la peine d’afficher son soutien à Salman Rushdie si tu arrêtes de lire le travail d’une autre autrice qui vit à l’étranger depuis la fatwa ».



Ensuite, parce que j’aime l’Histoire et j’ai apprécié mener des recherches pour en apprendre davantage sur le Bangladesh. Lajja appartient à ces livres désagréables à lire, mais qui nous instruisent. C’est un livre politique, pour dénoncer les partis politiques extrémistes au Bangladesh et en Inde et l’hypocrisie des autres.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Enfance, au féminin



Récit autobiographique, témoignage d'une enfance dans un pays dont je ne connais ...rien, cette lecture fut donc de fait instructive.



On suit la vie de la petite Talisma, fille qui a la chance d'avoir été voulue par son père ce qui n'est pas rien. Elle évolue dans une famille musulmane et surtout très déchirée sur les valeurs à transmettre. La famille de sa mère et sa mère elle -même, sont plongées dans la superstition, une religion punitive, des positions sociales héritées et dont on ne sort pas. La place des femmes est inférieure, docile, servile et dépendante du mari puisque les filles sont peu ou pas instruites et n'ont donc accès à aucune autonomie.



Le père qui vient d'un milieu très modeste et a réussi par ses études à devenir médecin. Il n'est pas ultra-libéral pour ses enfants mais il souhaite pour eux, la réussite par les études même pour ses filles. Sa pédagogie prend appui sur les coups, les restrictions et une forme de despotisme familial mais il consacre beaucoup d'efforts à maintenir ses enfants dans le savoir, allant ainsi à contre-courant de ce que dit la mère. Les coups pleuvent dans cette famille, autant que les cris, le conflit est à portée de souffle.



Au long de cette enfance, on découvre des situations violentes, qui vont de l'utilisation du corps des enfants, au mépris de classe sociale à la haine des non-musulmans en passant par un Islam rétrograde et perverti. Le récit se fera surtout du côté des femmes, mal mariées, incultes, dépendantes, transmettant à leurs filles le même fardeau.



Le regard que cette petite fille a porté sur les adultes pendant son enfance est forcément le commencement des choix qu'elle fera adulte et qui lui couteront son exil.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Femmes : Poèmes d'amour et de combat

Taslima Nasreen est devenue célèbre dans le monde entier, bien malgré elle, lorsqu’elle fut victime des fatwas et des autodafés des fondamentalistes ; en 1993, le gouvernement du Bangladesh, son pays natal, interdit même la diffusion de son livre intitulé « Lajja », et elle doit s’exiler en Europe l’année suivante, tant les pressions deviennent insoutenables et menacent son existence.



C’est que Taslima Nasreen n’a cessé de brandir les certitudes rationnelles contre les fanatismes de l’islam, religion dans laquelle elle a été élevée ; en particulier, elle a toujours dénoncé le sort réservé aux femmes dans sa religion : le titre du recueil indique assez quel est son objet ; à la femme, Taslima Nasreen adresse des « poèmes d’amour » ; en son nom, elle adresse aux fanatiques des « poèmes de combat ».



Il s’agit donc d’une poésie engagée, qui n’est pas sans rappeler l’entreprise des Lumières européennes ; cependant, la différence est grande dans la mesure où c’est une femme qui mène ce nouveau combat, celui du féminisme.



Tous les poèmes du recueil, parfois très polémiques, dénoncent l’oppression des femmes qui n’ont pas les mêmes droits que les hommes et qui se doivent d’être soumises, parfois jusqu’à l’asservissement. Pour soutenir ces dénonciations, le registre polémique s’appuie parfois sur un vocabulaire violent, voire choquant ; c’est que la réalité que ces mots décrivent est brutale, si brutale qu’ils ne parviennent pas à la retranscrire dans toute sa violence. Les « Histoires brèves » que raconte l’auteur interpellent ainsi le lecteur, le forcent à regarder en face des scènes qu’il ne voudrait pas connaître.



Pourtant, d’autres poèmes délaissent ce ton très incisif, pour peindre la possibilité d’une relation heureuse entre un homme et une femme, ou pour dire l’amour de l’auteur pour sa mère, dont la figure hante l’ensemble de ces vers.



Reste que, polémiques ou nostalgiques, tous ces poèmes sont écrits dans une langue limpide ), dont l’enjeu, aux yeux mêmes de Taslima Nasreen, est d’être compréhensible pour tous les lecteurs : comme toute poésie engagée, celle de Femmes se veut pédagogique.



Enfin, c’est aussi dans l’histoire de la poésie de son pays que Taslima Nasreen s’inscrit : au Bangladesh, la tradition orale est encore forte, et les poèmes de ce recueil jouent d’une musicalité expressive, sans doute liée à cette origine orale de la poésie.
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Enfance, au féminin

Autobiographie de son enfance rédigée par une femme au parcours exceptionnel, mais qui doit aujourd’hui vivre en exil et surtout se cacher des fondamentalistes islamistes qui ont lancé plusieurs fatwas à son encontre, tant ses écrits sont considérés comme blasphématoires.

Elle nous raconte son enfance dans le Bangladesh des années 70 empreint de violences et la proie d’une guerre d’indépendance sanglante qui verra des millions de réfugiés et fera selon les estimations 3 millions de morts.

Mais c’est à l’intérieur même de sa famille que la fillette va connaitre la violence, entre une mère ultra religieuse et un père fils de paysan pauvre qui a force d’études à réussi à devenir médecin et qui rêve d’un avenir glorieux pour ses enfants.

Mais les 2 ainés qui sont 2 garçons vont terriblement le décevoir et c’est sur les épaules de sa fille que repose ensuite l’honneur de cet homme, il va donc lui inculquer ses leçons à coup de bâton et de fouet.

Mais la fillette est rebelle, et même si elle est timide, elle a un grand pouvoir de compréhension et d’analyse, et à vrai dire la seule chose dont elle a vraiment peur ce sont les fantômes et les djinns.

Et ce n’est pas dans les bras de sa mère qu’elle pourra trouver refuge. Au contraire, elle comprendra vite les contradictions entre les écrits du Coran, les paroles et les actes du pir, ce « saint homme », à qui sa mère voue une dévotion sans borne, et auprès de qui elle essaie d’entrainer désespérément sa fille, mais devant les questions de cette dernière, sa mère finira par en conclure qu’elle a donné naissance à un démon et la traitera comme tel.

Une description sans concession de la société bengalie dominée par la mainmise des hommes et de l’islam, dans laquelle il ne faisait pas bon être un enfant surtout une fille, une domestique qui était bien plus souvent une esclave qu’autre chose, une femme qui n’avait aucun droit et qui pouvait au mieux voir arriver à tout moment une seconde, une troisième ou une quatrième épouse, ou se faire répudier par son mari ou même être tuée par lui dans l’indifférence générale des voisins, ou encore ne pas être musulman mais hindou.

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Lajja

« Lajja » un livre de 285 pages, qui n’est pas facile à lire.

Et j’aurais dû me méfier, à cet échange de livres, car la personne qui me l’a prêtée est une passionnée d’Histoire.

Pour ma part, j’ai dû consulter plusieurs sites pour comprendre les situations politiques très compliquées qu’a vécu la population du Bangladesh.





Car le livre de Taslima Nasreen est écrit comme un reportage journalistique avec beaucoup de références historiques sur Bangladesh, depuis la partition et l’indépendance de l’Inde britannique en 1947.

Depuis cette date, le Bangladesh sera un pays tourmenté et asphyxié par la domination du Pakistan, à majorité musulmane et qui deviendra en 1956, une république islamiste.

Ce pays n’a donc cessé d’être le théâtre de revendications autonomistes et il sombra fatalement dans une guerre civile des plus sanglantes.





Beaucoup d’observateurs et d’historiens ont même parlé de génocide.

Même si les chiffres avancés soient discutés, Amnesty International estime que durant cette guerre impitoyable près de trois millions de civils ont été tués.

Mais c’est surtout huit à dix millions ont suivi les routes de l’exil.

Et pour terminer dans l’horreur et l’ignominie, ce furent plus de 200 000 femmes et jeunes filles qui ont été violées.





La déclaration d’indépendance du Bangladesh fut officialisée en mars 1971. Mais le Pakistan ne la reconnaîtra que trois ans plus tard.

Un tribunal que beaucoup ont dénoncé sa partialité, fut mis en place dans les années 2009, pour juger tous ces crimes. Mais il y eut très peu de condamnations par rapport à toutes les abominations commises.





L’auteure a établi sur des pages, une longue liste sur toutes les atrocités qui furent commises par les soldats et policiers de l’Etat islamique, aidés par des bandes de voyous musulmans.

Des trop longues listes effrayantes, qui me furent un peu rébarbatives et que j’ai parfois lues en travers, énumérant tous les temples hindous et tous les lieux de prière qui ont été démolis, saccagés, pillés de leur richesse.



Une liste où l’auteure dénombre les centaines de centaines de familles hindoues, que les musulmans ont dépossédées de leurs terres, ont ravagés leurs récoltes, ont détruit les ateliers des artisans.

Mais comme ce pillage sauvage ne suffisait pas, les musulmans ont aussi enlevé des membres de famille en exigeant des rançons.

Ils ont obligé parfois des familles entières à se convertir à l’islam. Ceux qui résistaient étaient torturés et assassinés. Ces fanatiques de l’Etat islamique violaient les mères devant leurs filles, violaient les filles devant leurs mères, violaient les sœurs devant leurs frères.





Aujourd’hui, l'islam est désormais la religion officielle du Bengladesh.

Leurs habitants sont à 90% de confession musulmane. Mais le gouvernement se revendique d’un Islam modéré.

Depuis la guerre d’indépendance, les civils hindous, sont en minorité religieuse dans le pays et sont toujours la cible de violences.

C’est pour ces raisons politiques et religieuses que la population hindoue victime de trop de cruautés et cette grande intolérance religieuse, a émigré en masse. Elle fuira la misère, le chômage, les catastrophes naturelles et leurs bourreaux.

La plupart des Bangladais et Bangladaises quittent encore aujourd’hui leur pays pour trouver de meilleures conditions de vie ailleurs et migrent vers les pays voisins.





C’est dans ce lieu de détresse et de misère humaine, où la vie est difficile, où les mariages entre hindous et musulmans sont mal vus des deux communautés, où rôdent continuellement la violence, le sang, les larmes et la mort, que Taslima Nasreen raconte le destin de cette famille hindoue, la famille Datta, en l’année 1992.

Une famille qui vit cloitrée dans leur maison, les volets et les portes cadenassées.

Parce les membres sont considérés comme « hindous », c’est-à-dire comme « des parias », des « bons à rien », comme s’ils avaient une maladie honteuse.



On y rencontre le père Sudhamoy, ancien docteur qui n’a plus de client. Ancien indépendantiste qui fut torturé par le régime islamique. Malgré la peur qui le tenaille, Sudhamoy veut rester sur ces terres qui l’ont vu naitre. Il considère que c’est une honte que de fuir ses racines et de quitter son pays qui est le sien.

Sa femme Kironmoyee, qui craint pour sa vie, celle de son mari et de ses deux enfants, est désespérée de ne pouvoir convaincre son époux de quitter ce pays damné. Elle craint aussi que des hommes puissent venir violer leur fille Maya, une très jolie fille de vingt et un an.

Et puis il y a le fils Suranjon, souvent alité à ne rien faire. C’est un jeune homme désœuvré, désabusé. Ancien journaliste, il s’est retrouvé au chômage et il est honteux d’être encore à la charge de ses parents.

Lui aussi voudrait partir et il en veut beaucoup à son père qui s’entête à rester dans un pays où tous les dangers les guettent.





Un jour, en l’absence de Suranjon, des hommes armés de bâtons débarquent dans la maison de la famille Datta. Cette faction musulmane venue on ne sait d’où, cassent tout le mobilier, maltraitent le père et la mère et enlève Maya…





Je pensais lire un roman dans un fort contexte historique. Et ce fut le contraire, le récit fictif fut noyé dans un intéressant mais long témoignage journalistique sur l’histoire du Bengladesh.

Le style de Taslima Nasreen et son récit ne m’ont pas procuré assez d’émotions pour que je m’attache à l’intimité de la famille Datta, qui fut trop mise en arrière-plan.





Je me pose la question de savoir pourquoi ce livre a valu une fatwa à l’auteure Taslima Nasreen. Sans doute pour y avoir dénoncé le génocide du peuple hindou et la destruction de leurs temples et de leurs biens.

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Rumeurs de haine

Étrange comme une autrice (poèmes, chroniques, romans) persécutée pour féminisme, athéisme anti-religion, et vie privée non conforme, peut déclencher si peu d'empathie ! Difficile de ne pas la trouver "petite fille capricieuse", certes avec une volonté de dire ce qu'elle pense tout à son honneur dans un Bangladesh des années 1990 où monte le fanatisme islamique (aidé par l'avidité de pouvoir de "démocrates" se réveillant un peu tard), mais elle semble tellement le faire par égocentrisme et manque d'estime d'elle-même (elle signe 3 fois pour le mariage parce qu'on lui demande et qu'une signature, ça ne veut rien dire pour elle...). Peut-être est-ce l'effet de la traduction, je n'ai pas non plus trouvé la grande écrivaine qu'est censée être Taslima Nasreen : passé le début sur la vie littéraire au Bangladesh (l'importance de la poésie, déclamée en soirée) et un peu d'histoire de cette partie du monde qu'est le Bengale, je me suis terriblement ennuyée.
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De ma prison

Voici un livre bouleversant. Il est composé de plusieurs textes courts écrits par Taslima Nasreen alors qu’elle est assignée à résidence en Inde sous prétexte de sa sécurité. Mais devant son obstination à ne pas vouloir quitter le pays, le gouvernement n’hésite pas à user de la violence psychologique pour la contraindre à accepter l’exil en Occident.

Ce livre jette un éclairage troublant sur les manœuvres politiques de l’Inde qui cède aux menaces de fondamentalistes musulmans pour satisfaire une partie de leur électorat.

On ne peut que compatir à la situation de l’auteure et admirer son courage pour défendre ses idées et ses droits.

J’ai particulièrement appréciés les poèmes de ce livre qui traduisent bien la détresse de Taslima Nasreen pendant cette période d’isolement et d’enfermement forcé.

Avec cet ouvrage, j’ai découvert une femme courageuse aux idées progressistes qui se bat pour les droits des femmes et contre toutes les formes d’injustice et d’intolérance. Cela m’a donné envie de découvrir la bibliographie de cette auteure et notamment ses romans à cause desquels elle ne peut retourner dans son pays d’origine, le Bangladesh.
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L'alternative

Cette édition regroupe deux récits de Taslima Nasreen, "l'alternative" et "destin de femme".



"L'alternative" est un récit épistolaire : deux soeurs échangent sur leurs conditions de vie, leur famille, leur statut de femme, l'une vivant encore chez ses parents et refusant le mariage, tandis que l'autre s'émancipe de sa famille et de son mariage.

L'argumentaire tourne parfois un peu à un listing didactique mais cela a le mérite d'exposer clairement - mais cela pourrait être plus approfondi - les conditions de vie des femmes et le poids des diktats culturels.



Ce texte d'à peine 90 pages est complètement dans l'air de notre temps, post #metoo... et il date de 1993 ! presque 30 ans (les fondamentalistes d'hier comme d'aujourd'hui doivent toujours y trouver à redire) ! Il m'a fait penser au roman Les impatientes de Djaili Amadou Amal, plus récent. Les deux me semblent de bonnes idées de lecture complémentaire au lycée, le langage et la narration en étant très accessibles.



J'ai beaucoup apprécié de suivre l'évolution vers l'émancipation de la grande soeur.



Le deuxième récit m'a moins convaincue, non à cause du thème (une jeune épouse voit sa vie tourner au cauchemar personnel et social parce que son mari refuse d'admettre qu'il est impuissant) mais à cause du traitement. J'ai trouvé pas mal de répétitions entraînant quelques longueurs alors que le récit n'excède pas 100 pages. On peut tout de même très bien observer (et ça fait froid dans le dos) les mécanismes de transformation du mari idéal en pervers narcissique et de la jeune fille pleine d'avenir en souffre-douleur de sa famille et de sa belle-famille.
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De ma prison

Quel tragique destin que celui de Taslima Nasreen, des années de prison à cause d’extrémistes religieux, obligée de fuir le Bangladesh pour l’Inde, ce dernier ne sera pas plus tendre avec elle. De sa prison, elle écrit pour se souvenir, pour mettre des mots sur ses souffrances, pour garder le contact avec ses proches et la réalité mais surtout pour poursuivre son combat en dénonçant le traitement fait aux minorités. La détresse et la solitude de l’auteure sont fortes de la première à la dernière page, ce n’est pas une histoire qui se finie très bien, il y a également diverses pressions des gouvernements qui se ressentent. Toutes les bassesses et la couardise des politiques en un livre.

Le récit est particulièrement difficile à lire, on y partage l’intimité de l’auteure et toutes ses difficultés, j’ai eu besoin d’un moment de pause après ma lecture pour me remettre de mes émotions.

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A la Recherche de l'Amant Français

Nila, âgée de 27 ans, vient d'arriver de sa Calcutta natale à Paris afin de vivre avec son mari, patron de restaurants.

Mais Nila ne veut pas devenir la parfaite femme de foyer comme l'entend son mari. Comme les parisiens, elle rêve de marcher dans les rues en toute liberté, elle veut gagner son propre argent, vivre sa vie.

Elle finira par prendre des choix qui la conduiront dans un premier temps à quitter le foyer familial. Hébergée chez une amie, elle découvrira l'homosexualité et le mouvement féministe. Mais Nila est une femme impulsive, qui ne réfléchit jamais avant de prendre une décision, son autodestruction est amorcée.



"A la recherche de l'amant français" se décrit comme un roman féministe mais il pourrait être interprété différemment. A travers le personnage de Nila, Paris s'offre à nous sous un autre angle. Une belle lecture.
Lien : https://www.inde-en-livres.f..
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Lajja

Lecture trop complexe pour moi ce qui ne m'empêche pas de respecter l'auteur et ce qu'elle défend.
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Lajja

Lajja, la honte en langue bengali, est le sentiment éprouvé par Mr Sudhamoy Datta à l’idée de quitter son pays, le Bangladesh. Médecin, père de deux enfants- Maya Datta ( âgée de 21 ans) et Suranjon Datta (âgé de la trentaine)- marié à Kironmoyee, Sudhamoy est un fervent militant qui a lutté pour l’indépendance de son pays. Communiste, athé, il rêvait d’un pays indépendant, laique, démocratique où les droits de chacun seraient respectés, les frontières religieuses dépassées. Il rêvait d’un Bangladesh où le sentiment d’appartenance à une communauté religieuse n’entraverait pas le sentiment d’appartenance à une Nation. Il rêvait plus largement d’un pays, d’un monde où l’Humanité dépasserait les frontières superficielles que sont les frontières religieuses. Seulement, quoique furent ces rêves, les gouvernements successifs, de manière progressive, modifient la Constitution établie après l’indépendance du pays; font fi du principe de laïcité qui avait été mentionné et consacrent l’Islam comme religion d’Etat.Progressivement, à cause et à l’aide du politique, le communautarisme s’installe. Les minorités religieuses hindoues et chrétiennes voient leurs droits restreints, subissent discriminations et spoliations. Le sentiment religieux devient un critère d’appartenance à la Nation. La Nation devient une communauté religieuse, oubliant que tous- musulmans, hindous ou chrétiens- avaient ensemble lutté pour l’indépendance du pays, oubliant que tous étaient Bengalis avant d’être croyants. Chaque citoyen est définie au regard de ses croyances religieuses. Dans ce contexte, le Bangladesh, après son indépendance déclaré, connait, nombres de violences inter religieuses. Sous la plume de Taslima Nasreen, les violences sont essentillement exercées contre les Bengalis de confessions hindoues qui, à défaut de réactions, décident de quitter le pays pour l’Inde.



Sudhamoy, lui, refuse de quitter son pays malgré les volontés de sa femme. Fort de ces principes, de ces convictions et de ces idéaux, il pense honteux de quitter le Bangladesh, sa terre, son pays, sa patrie, pour lequel il s’est battu et pour lequel il a payé le prix. Alors que tous ses amis, ses voisins, sa famille ont décidé et décident de quitter le pays à contre coeur, lui optimiste, lui humaniste, lui militant, pense plus utile de lutter pour assurer les droits des citoyens de son pays, lajja pour ceux et celles qui préférent abandonné leurs droits et quitter, de peur et sous la menace, leur terre.



Sudhamoy observe donc avec tristesse l’évolution dramatique de son pays qui s’abandonne à la Religion et, en 1992, à de violentes actions contre les Bengalis hindous. A la destruction d’une mosquée par des fanatiques hindous, en Inde, les fanatiques musulmans Bengalis répondent effectivement par la vengeance. Des milliers de temples sont dévastés, détruits, les hindous du pays sont assassinés, tués, menacés, spoliés, les femmes sont violées, enlevées. La population de confession hindoue au Bangladesh est victime d’un sentiment de haine et de vengeance exprimé par les fanatiques musulmans, dont les actions sont soutenues et approuvées par les autorités politiques qui, si elles appellent à la paix entre les communautés, ne réagissent d’aucune façon, leur silence et absence de réaction valant dans l’effectif approbation et acceptation.



Si Sudhamoy, jusqu’aux derniers instants du livre, préserve sa foi en l’humanité, s’il ne fléchit jamais face à la haine et la colère, si ses idéaux l’emportent sur les vils sentiments qui pourraient fort bien le traverser, son fils, Suranjon, s’abandonne lui au fils des pages. Communiste et athé comme son père, militant pour les droits et libertés des citoyens au Bangladesh, il partageait le combat de son père et travaillait à l’union de tous les Bengalis. Espérant qu’ils passent outre, un jour, les barbelés religieux implantés par le politique, il refusait de quitter le Bangladesh, considérant, comme son père, qu’il en serait une honte. Seulement le sentiment d’injustice puis l’enlèvement de sa soeur, Maya, sans doute violée et assassinée, éveille en lui des sentiments de haine et de vengeance. Progressivement, lui qui se refusait au communautarisme et qui portait de fortes critiques à l’égard de ceux qui s’abandonnaient, forçés, à ce sentiment, devient communautariste et commence à éprouver un vif sentiment de haine à l’égard de la communauté musulmane, ne se considérant plus et ne les considérant plus comme des Bengalis. Lui, homme bon et humaniste, en vient, par vengeance, à violenter et violer une prostituée de confession musulmane. Il est vaincu… De ce pays, il n’en veut plus, il est déçu. En l’Humanité il n’ y croit plus. Du socialisme, du communisme, il se désintéresse, considérant que ce ne fut rien d’autre qu’une perte de temps. Par un geste symbolique, il brûle, aux dernières pages du livre, toute sa bibliothèque. Le savoir, la connaissance, l’espoir, l’humanité se consumment dans le feu de la haine et de l’ignorance. Sudhamoy et Suranjon, vaincus, décident alors de quitter le Bangladesh…. dans la honte.



Par ce livre au départ difficile à lire au vue des descriptions relativement longues et détaillées, que nous fait l’auteur, des exactions commises par les fanatiques musulmans à l’égard de la population de confession hindoue, Taslima Nasreen, nous raconte le combat intellectuel de deux hommes, père et fils, tous deux humanistes et athés qui place l’Homme au dessus de tout mais qui, en raison des comportements humains violents et haineux, vont finalement abandonner tout espoir en l’Humanité.



Fort est celui qui parvient à croire en ces idéaux malgré l’injustice, la violence et la haine dont il pourrait faire l’objet. Fort est celui qui ne s’abandonne pas à la haine de l’autre et en particulier à la haine de celui qui le considère comme ennemi. C’est, à mon sens, le combat le plus difficile et le plus éprouvant. Ne pas faillir à ses idéaux, ses principes, à sa foi en l’Humanité quand tout autour de nous nous y incline. Ne pas faillir devant le sentiment de vengeance, voilà qui, en pratique, parait extrêmement difficile, nous qui, êtres humains, sommes malléables, nous qui sommes plus enclins à résister à l’amour qu’à la haine. Et comment lire ce livre sans se demander, ne serait-ce qu’une seconde, à quoi il servirait de lutter pour un Idéal dans ce monde quand la majorité s’abandonne aux sentiments les plus vils? Ne faut-il pas être soit même idéal pour atteindre l’Idéal? Et comment se préserver des comportements extérieurs, comment parvenir à se maintenir dans un comportement idéal et vivre de cet idéal quand le monde dans lequel on est implanté ne l’est pas?



Ces questions se posent d’autant plus à mon égard que je possède une identité kurde et que le peuple kurde est parmi l’un des peuples les plus opprimés. Car comment ne pas se poser ces questions lorsqu’on est pris dans un conflit qui, dans le cadre de la Turquie, nous oppose à un régime politique qui, par sa propagande et sa répression, nous incline à un sentiment de colère et de haine? Comment ne pas devenir ultra nationaliste, dans le cas du peuple kurde, quand l’autre nous y enclin? Et pourquoi vouloir la création d’un pays qui pourrait, au lendemain de son indépendance, perpétuer un régime d’oppression et de répression comme se fut le cas au Bangladesh? Comment s’assurer que le nouveau régime ne sera pas pire ou le même que le précédent? Doit-on lutter? comment? par quels moyens? pour quels objectifs? Comment résister et ne pas devenir ce que l’autre nous pousse à être? Ce sont autant de questions qui se posent et que Taslima Nasreen me repose dans ce livre, à la fois roman et document.
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De ma prison

Ce recueil de textes courts écrits alors que Taslima Nasreen était en résidence surveillée en Inde est un long cri, oscillant entre force et fragilité.



Un cri d'amour pour la culture bengalie.



Un cri d'étonnement presque naïf et de désillusion face au dévoiement de la démocratie indienne qui cède aux fondamentalismes et utilise l'auteur comme un pion à des fins politiques et électorales.



Un cri déchirant d'appel au secours contre l'oubli et la solitude.



Un cri qui témoigne de toutes les inégalités et injustices faites aux femmes de par le monde.



Un cri de combat militant pour un droit unique et laïc, seul garant de la justice pour tous.



Un cri de résistance malgré l'absurdité de la situation de Taslima qui rendrait fou n'importe qui.



Un cri qui met en garde contre les compromis accordés à ceux qui utilisent la violence contre les libertés fondamentales.



Un cri courageux qui démontre une force de caractère incroyable basée sur la conviction de la justesse de son combat.



Un cri de vie et pour la vie.



Vite, allons lire ses autres livres !!!

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