"La Femme du Tigre" de Téa Obreht par Julie du Furet du Nord de Lille (59)
Julie Gonéra, libraire au Furet du Nord de Lille, nous présente l'un de ses coups de coeur : "La Femme du Tigre" de Téa Obreht (http://www.livredepoche.com/l...
Tenter d’écrire sans lire revient à prendre la mer tout seul dans un petit bateau. C’est une triste et dangereuse aventure. N’aimerais-tu pas mieux voir un horizon de bout en bout gonflé de voiles ? Faire signe aux autres navigateurs ; admirer leur habileté ; chevaucher leur sillage quand cela t’arrange, sachant que tu traces également le tien et qu’il y assez d’eau et de vent pour tous ?
« Le temps ne change pas ,
Les temps non plus.
Seules changent les choses au cours du temps .
Les choses auxquelles on croit, et celles auxquelles
On ne croit pas » ...
James Galvin, Belief.
« L’automne débutait tout juste, et la vallée offrait le spectacle resplendissant de sa propre mort.
Des explosions de jaune se dressaient, pareilles à des feux d’alarme, au- dessus des rivières subductées où les peupliers , au moins, avaient réussi à trouver de l’eau. ».
Ces derniers temps, un ours a saccagé plusieurs resserres dans les environs de Narrow Creek.
Il était extrêmement remarquable qu'un corps humain pût recevoir tant d'impressions simultanées et être en mesure de se concentrer sur chacune d'elles séparément, et sur toutes en même temps.
Les grenouilles-taureaux étaient tout à leurs gambades nocturnes. Leurs appels bouffis résonnaient en amont et en aval de la rivière. Les tiges des prêles s'entrechoquaient, vibrantes, et, pareilles à des fers de lance opinant du chef, certaines formaient une longue ligne que brisait un banc de sable effilé, placé de biais en travers du cours d'eau. Une tortue de vase qui se découpait en ombre chinoise longeait cet obstacle, plaçant une patte griffue devant l'autre.
Lorsqu'on avait le bonheur de jouir d'un certain attrait, on pouvait continuer de hanter une pièce longtemps après l'avoir quittée.
" Il n'aurait pas du dire une chose pareille à Jolly. Vous ferez bien de prendre exemple sur vos mulets: ils ont la sagesse de crainder nos chameaux."
Des années durant, nous avions lutté pour conserver notre insouciance face à la guerre. Dés qu’elle se termina - sans prévenir, sans même nous avoir touchés en Ville -, notre indignation éclata. […] Il nous fallut surtout lutter pour prouver que nous méritions d’en arriver là, donner tort aux journaux qui prophétisaient l’échec de la génération de l’après-guerre.
Plus je vieillis, Burke, plus j’en viens à comprendre que les gens extraordinaires sont rongés par leurs soucis et que les minables sont à jamais portés de l’avant par leurs illusions.