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3.45/5 (sur 43 notes)

Nationalité : Togo
Né(e) : 1962
Biographie :

Naissance en 1962 en Centrafrique, de parents togolais. Enfance dans ce pays de l’Afrique centrale jusqu’à l’âge de douze ans, adolescence au Togo. Il commence à Lomé des études de lettres modernes qu'il termine à Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Maîtrise de lettres modernes puis doctorat en littérature générale et comparée.
Il enseigne le français dans des établissements secondaires de la région parisienne, puis la littérature africaine de langue française à l’université de Cologne. Il vit en Allemagne, tout près de Düsseldorf, depuis 1994. Son premier roman est paru en 2005 chez Gallimard "Continents noirs" Il publie également des comptes rendus de livres sur lacauselitteraire.fr.

Source : maison des écrivains, www.rue-des-livres.com
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http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=52548 THÉO ANANISSOH, SONY LABOU TANSI, AMÉLA ET MOI... Lecture de le soleil sans se brûler de Théo AnanissohBernard Mouralis Préface par Daniel-Henri Pageaux Classiques pour demain Bernard Mouralis sera présent au 31ème Salon du livre et de la presse de Genève Dans ce livre, Bernard Mouralis retrace l'histoire et les conséquences d'une lecture : celle qu'il fit du roman de Théo Ananissoh, "Le soleil sans se brûler" (2015) et qui relate la rencontre d'un étudiant et de son ancien professeur d'université, Améla. Ce roman a fait surgir, chez Bernard Mouralis, « des interrogations et des problématiques enfouies depuis longtemps » dans sa « mémoire » et dans sa « conscience ». Ce sont ces résonnances que le présent essai se propose d'examiner autour de trois pôles : la destinée littéraire d'un écrivain au centre du dialogue ; la relation entre maître et disciple ; et le parcours d'Améla, dont Bernard Mouralis fut le collègue et l'ami. Broché ISBN : 978-2-343-10926-8 ? janvier 2017 ? 212 pages

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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Le regard embrasse des kilomètres à la ronde. L'Atlantique agité illimite le monde.
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"Que faire alors ?
– Raisonner dans les termes qu'impose la situation : faire semblant, et l'enterrer.
– Pardon ?
– Quelqu'un fait semblant de mourir ; vous faites semblant de l'enterrer."
Narcisse tourna la tête vers le corps de Katouka. Le sous-préfet écrasa un sourire.
"Aucune crainte, il est bien mort. Je voulais dire que nous devons jouer le même jeu que son meurtrier : faire disparaître le corps et la voiture avant demain matin."
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Nous sommes musulmans. A ce titre, nous devons avoir les yeux tournés vers la Mecque. Mais aucun pays n'est propriétaire de la parole du Prophète. Nous savons lire et commenter le Coran sans l'aide de quiconque. Et nous pouvons, sans que l'on nous tienne par la main trouver les chemins menant vers nos mosquées.
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Vous me comprenez ?
Narcisse secoua la tête sans même prendre le temps de réfléchir. Il voulait entendre le sous-préfet dire tout ce qu'il avait en tête.
« Non. »
Le sous-préfet émit un soupir.
« Si j'en crois Edith, quelqu'un que nul n'a vu est entré dans cette maison et a surpris mortellement le colonel Katouka. Un saint-cyrien quand même... Tué à coups de couteau... Un simple rôdeur, qui n'aurait pas prévu de croiser le colonel ici, aurait-il été aussi... professionnel ? »
Le sous-préfet laissa passer un instant. Narcisse ne répondit pas.
« Si Edith dit vrai, nous ne pouvons exclure qu'il s'agisse d'une affaire qui remonte à... très haut. (...)
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Gérard pousse un soupir, son verre de vin entre les mains. Il s’apprête à dire quelque chose.
« Vous savez, commence-t-il en me regardant, nous avons emménagé ici à la retraite ; enfin, à ma retraite, car Monique, elle, a continué de travailler encore plusieurs années. Mais nous avions acheté cette maison il y a dix-neuf ans. Et nous y venions en vacances avec notre fils et sa famille en été, à Pâques, ainsi de suite. Pendant ces séjours, surtout en été, Ribassin rentrait d’Afrique, j’imagine pour se reposer du chaos qu’il contribuait à y créer. Il passait plusieurs semaines ici, dans son château. Nous avons un club de tennis du canton ; il venait jouer avec nous.
- Mais il en était membre d’honneur, Gérard ! s’exclame Monique en riant.
- Oui, notre président – comme le monde est petit – qui est le maire de Moisant… »
Monique :
« Et neveu de Ribassin !
- Oui, le maire a fait de lui Ribassin un membre d’honneur du club – l’unique membre d’honneur du reste. »
Gérard marque un temps d’arrêt, lève le doigt pour souligner ce qu’il va ajouter.
« Il faut dire que c’était de bonne politique. Ribassin a fait construire plusieurs terrains de tennis dans le canton. Il est très riche.
- Et très bon joueur », complète Jean-Michel avec ironie.
Gérard hausse les épaules en se retenant de sourire.
« Ça remonte à loin maintenant, feint-il de se dérober. Il n’a plus du tout participé à nos tournois à son retour définitif d’Afrique.
- Il est devenu trop vieux, raille Monique
- Oui, c’est sûr. Il avait, je crois, déjà plus de 70 ans. Non, je parlais des matches d’autrefois, quand il rentrait en été.
- Et alors ? Insiste Jean-Michel, convaincu de la réponse.
- C’était un joueur correct, finit par lâcher Gérard avec un petit sourire.
- Mais vous le laissiez gagner volontiers, dis-je.
- Non, c’est un homme particulier », fait Gérard après les rires.
Il regarde sa femme.
« Une fois, c’était en 1998, je crois, hein ? Monique. »
Elle comprend, le manifeste par un geste de la main et de la tête.
« En 98, il nous a invités Monique et moi à une fête qu’il organisait au Fazao – c’est le nom africain, je pense, qu’il a donné à son château. Il y avait du beau monde.
- Nous nous sommes demandé pourquoi il nous conviait, nous, dit Monique.
- Oui, et on n’a jamais eu la réponse. Il y avait des gens de Paris…
- Des Africains !
- Mais pas de ceux qu’on croise dans les rues de Tours. Non. Des ministres de ces pays africains. Il devait y avoir au moins une cinquantaine d’invités.
- Peut-être plus, estime Monique.
- Il fêtait quoi ainsi ? Demande Jean-Michel.
- On n’a jamais su, répond Monique. Il a juste fait transmettre une invitation à Gérard. Nous étions invités à prendre part à une fête chez lui. C’était magnifique. »
Gérard hoche la tête d’approbation.
« Une très belle soirée. De très bons vins, ajoute-t-il avec respect.
- Il avait invité aussi des gens que nous connaissions, comme son neveu – il n’était pas encore maire – et d’autres membres du club de tennis de Gérard. On ne s’est pas ennuyés du tout. »
Se rappelant une anecdote, Monique fait un geste en direction de Gérard.
« Tu te souviens de cet Africain avec qui tu as causé longuement de tennis ? »
Monique s’adresse à Jean-Michel et à moi :
« Ils causaient depuis un moment Gérard et lui. Puis Gérard, voyant qu’il s’y connaissait bien en tennis, lui demande comme ça, en passant, s’il était professeur de tennis ou quelque chose de ce genre ; et lui de répondre calmement : Ministre des Affaires étrangères !
- Je ne me souviens plus du pays qu’il a nommé. Il m’a donné sa carte de visite.
- Il a même proposé à Gérard un poste de proviseur dans un grand lycée de chez lui !
- Et-tu-as-refusé ! articule Jean-Michel faussement estomaqué.
- Attends, dit Gérard d’un air sérieux. Ce type a été tué même pas trois semaines après dans un coup d’État ! Ribassin n’était pas encore reparti. Je me souviens qu’après un match, je lui ai montré la carte de visite que j’avais apportée pour savoir s’il avait par hasard des nouvelles de cette personne – j’avais lu dans les journaux qu’un coup d’État avait eu lieu… Le pays (il cherche), le Togo… ou le Congo ? Je ne sais plus. Donc, je montre la carte de visite à Ribassin. Il ne la touche pas, lit le nom, et laisse tomber : "Il y est passé." »
Il s’ensuit un temps de silence pendant lequel on n’entend que les bûches crépiter dans la cheminée.
« Vous y allez à son invitation ? me demande Monique.
- Oui, dis-je sans hésiter. Je prends cela comme faisant partie des obligations de ma résidence. »
Cette explication l’amuse.
« J’imagine, dit Jean-Michel, que tu es un peu curieux de le voir de près.
- Oui. Mais je n’aurais pas cherché à le rencontrer s’il ne m’avait pas invité.
- Son secrétaire vous a contacté ? me demande Monique.
- Non.
- En tout cas, l’invitation a bel et bien été envoyée par lettre signée de sa main à la Maison des écritures. Yvonne vous l’a montrée, je pense.
- Oui.
- On l’a reçue avant même votre arrivée ! »
Elle dit peu après :
« Ça nous a quand même mis dans l’embarras, cette invitation. Florence et Jean-Michel ont dit qu’il fallait répondre poliment non sans attendre votre venue.
- C’est à cause de ce qui s’est passé avec Éric, réagit Jean-Michel d’un air grave. Florence et moi, nous avons pensé qu’il fallait éviter un nouveau conflit entre lui et un résident. D’autant que pour les résidents qui ne sont pas Africains, il ne se préoccupe pas de savoir à quoi ils ressemblent. »
Il tourne la tête vers moi.
« Là, tu acceptes d’y aller, Théo ; mais si tu avais dit non, comme Éric ?
- Moi, avoue Monique, je ne sais toujours pas ce qui est mieux : accepter ou pas ?
- Yvonne était pour accepter, observe Gérard.
- Oui, confirme Monique. (Elle rit) C’est qu’elle est très Présidente. Elle prend soin de ne pas désobliger les bailleurs de fonds, finit-elle dans un éclat de rire.
- C’est une chance que vous ayez accepté, reconnaît Gérard. Comme dit Jean-Michel, cela aurait pu être une nouvelle situation embêtante comme ç’a été le cas avec Éric. Il faut dire que cette invitation qu’Éric a refusée et la querelle qui en a résulté avec le secrétaire de…
- L’amant, murmure Monique.
- Enfin le secrétaire supposé disons de Ribassin, cette invitation a pourri la résidence du pauvre Éric. On invite un écrivain, c’est pas pour qu’il soit en conflit avec tel ou tel habitant du village ! »
Jean-Michel observe avec irritation :
« Le fait même que cette invitation crée tant d’embarras la rend déplaisante ! Après le coup avec Éric, il aurait dû s’en tenir là, Ribassin.
- D’autant qu’il ne doit plus être vraiment en état de converser, s’étonne Monique en baissant d’un cran la voix.
- Son cancer de la prostate doit être très avancé, explicite Jean-Michel.
- J’ai essayé de tirer un peu les vers du nez au maire après un match, dit Gérard ; en vain.
- Mais quand même, fait Monique d’un ton presque enthousiaste à mon endroit après un nouveau temps de silence, ça va être quelque chose de vous retrouver en tête à tête avec lui à table ! Ce sera une scène très intéressante. »
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J'avais accordé foi à des écrits bâclés, livrés avec hâte et sans réflexion véritable. Ces romans de la fin sans queue ni tête, ces pièces de théâtre annuelles qu'avaient financées quatre, cinq ans de suite un festival à Limoges, en France... Facilité, politique, manipulation... P.21
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« Mais je voulais aussi vous demander, dit Monique que je découvre hôtesse vivante, chaleureuse, à l’opposé de l’image d’austérité qu’elle donne à première vue. L’état de l’Afrique, dit-elle, l’état de l’Afrique, comment on peut faire ? »
Je pousse un soupir. Jean-Michel plaisante :
« La question à un million, Théo !
- Êtes-vous optimiste ? interroge Monique en me fixant avec sérieux.
- Je suis bien embarrassé de faire une réponse, dis-je d’un ton amusé.
- À mon avis, tout ce que tu peux dire sera inférieur à la réalité, intervient Jean-Michel d’un air fataliste. Déjà même les romans que vous écrivez, toi et d’autres auteurs africains, n’y suffisent pas… »
Gérard approuve vivement d’un hochement de tête.
« Mais on peut au moins répéter avec fermeté qu’il faut que des gens comme Ribassin cessent de torpiller le destin de ces peuples », poursuit Jean-Michel en s’animant.
Je le remercie en silence d’introduire le nom de Ribassin dans la conversation. Monique lève les bras au ciel.
« Ah ! Ribassin ! », Fait-elle. Puis, à moi : « Il a longtemps vécu dans votre pays.
- Son nom y est connu de tous, dis-je. C’est lui qui gouvernait en réalité.
- C’est incroyable quand même ! » dit-elle, perplexe. Puis, un instant après : « Il est rentré à Moisant avec un Africain qu’on dit être son secrétaire.
- Yvonne et Jean-Michel m’ont raconté.
- Est-il toujours en prison ? s’interroge Monique. Ça ne m’étonnerait pas qu’on l’ait déjà relâché. »
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Je l’ai dit; je suis parti de chez moi depuis vingt-deux ans. Je n’y ai jamais eu à mener les luttes et les intrigues de l’âge adulte pour s’assurer une place au milieu des autres. Un pays où l’on est né mais où l’on ne gagne pas sa vie est plus imaginaire que réel. Je rentre avec en tête les réalités d’autrefois. Tout ce que je découvre me désole au nom de ce que j’ai connu. Malgré moi, les parents et les connaissances sont ceux que j’ai laissés deux dizaines d’années plus tôt, c’est-à-dire jeunes ou dans la force de l’âge. Je suis donc surpris de retrouver des vieux décatis et dénutris, de voir des constructions hétéroclites et des rues défoncées là où il y avait jadis un joli terrain vague ou une plantation de cocotiers. Il me faut y penser pour ne pas m’étonner du décès naturel d’une personne déjà adulte à l’époque de mon adolescence. Je calcule et constate que j’ai à présent l’âge qu’avait le défunt quand j’allais au lycée. Le pays reste donc pour moi intact de toute expérience pratique; je n’y peux rien projeter qui n’appartienne à l’innocence de l’enfance. Les rues de notre quartier sont celles où nous jouions au foot et que j’empruntais pour aller à l’école. p.18
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Une troisième fois, dans cette nuit épaisse, Narcisse poussa sa moto sur plusieurs dizaines de mètres, la mit ensuite en marche et prit la direction du quartier où habitait Edith. Il roulait, la mort dans l'âme, accablé, n'ayant pas encore décidé malgré tout d'aller jusqu'au bout. Passé minuit, le centre de la ville qu'il dut traverser était désert. Il prit un itinéraire compliqué, comme s'il voulait semer quelque poursuivant.
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Joséphine était plus âgée que lui (…). A la voir habillée et coiffée avec mesure, on ne devinait pas qu’elle était une personne ardente. Au départ, d’ailleurs, Narcisse, qui ne s’en doutait pas, s’était intéressé à elle presque par amusement. Au guichet de la banque où elle l’accueillait, il avait vite compris que « le coup était jouable » - je reprends son expression. Et dès leur première rencontre, Joséphine révéla une qualité qui euphorisait chaque fois Narcisse : elle gémissait. Elle s’exprimait, chuchotait, câlinait avec des mots qu’il importe peu de reproduire ici. Elle aimait susurrer le prénom de Narcisse. Cela électrisait Narcisse ; il se sentait alors puissant, efficace, performant. Oui, Joséphine avait l’expérience et le talent pour encourager un homme. Son corps était accueillant, et, à la différence de la plupart des femmes de notre pays – les lycéennes en particulier, qui faisaient l’ordinaire de la vie sexuelle de Narcisse -, elle prenait l’initiative, embrassait en retour. Dès la première étreinte, elle avait su découvrir les endroits les plus sensibles de Narcisse, et les exploitait calmement, habilement.
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